Josef Hybes, homme politique.

Josef Hybes naquit le 29 janvier 1850 à Dasice et mort le 9 juillet 1921 à Brno dans la famille d’un tisserand à domicile qui, après la fondation d’une usine de textile à Dasice, devint ouvrier dans cette usine où il mena son fils âgé de neuf ans. En 1867, Josef alla travailler à Vienne comme tisserand et, en décembre 1867, devint un des membres fondateurs de l’association d’éducation ouvrière. Il prit en 1869 une part active à la grève des tisserands viennois ainsi qu’à la manifestation dé décembre, organisée devant le « Reichsrat » (Conseil d’Empire) pour demander le suffrage universel. Il appartenait au groupe d’opposition dirigé par Emil Reinthal. Après leur exclusion, en novembre 1871, ils fondèrent une nouvelle société «  Brüderlichkeit » dont les adhérents se composaient — d’après les souvenirs de. Hybes — en grande partie d’ouvriers tchèques. Un des collaborateurs de Hybes affirme qu’il avait été membre de la Première Internationale et les Souvenirs de Hybes datés de l’année 1900 paraissent authentifier cette affirmation.

Après la constitution du Parti social-démocrate autrichien, 5-6 avril 1874. Hybes fut un des responsables de l’organisation viennoise du Parti. L’action qu’il exerça jusqu’à son expulsion par la police de Vienne, le 30 janvier 1884, est un exemple suggestif de la collaboration fonctionnelle de l’organisation autonome du Parti social-démocrate tchécoslave avec le Parti autrichien. Hybes fut l’un des fondateurs de la société tchèque « Delnicka jednota » (Union des ouvriers) à Vienne, en 1877, et était correspondant des journaux socialistes de Prague Budoucnost (L’Avenir) et Delnické listy (Journal ouvrier). Au congrès constitutif du Parti social-démocrate tchécoslave dans le faubourg pragois Brevnov, le 7 avril 1878, il fut élu membre de la commission de contrôle du Parti dont le siège était à Vienne. Très rapidement, il devint le plus important leader social-démocrate tchèque à Vienne. Quand le siège du Comité central de l’organisation autonome du Parti social-démocrate tchécoslave fut transféré à Vienne, Hybes fut délégué, au printemps 1881, à la tête du comité de propagande. Après l’arrestation de J.B. Pecka, il se chargea, dès le 7 septembre 1881, de la rédaction de l’organe central de presse Delnické listy qui paraissait à Vienne depuis février 1881. En même temps, Hybes était un militant de premier plan au sein du mouvement socialiste de l’Autriche tout entière. Il représenta non seulement le Parti social-démocrate tchécoslave au congrès autrichien à Mürzzuschlag, le 15 août 1881, mais, avant le congrès même, il assuma une fonction au journal Die Zukunft (L’Avenir) et, en 1880, il devint, pour quelques mois, le rédacteur de ce périodique.

Hybes, carte maximum, Tchécoslovaquie.

Avec la recrudescence des persécutions contre le mouvement socialiste en Autriche, Hybes fit trois mois de prison en 1882, et six mois en 1884. A l’occasion de la proclamation de l’état de siège à Vienne et aux environs du 30 janvier 1884, il fut expulsé dans sa commune natale.

Il se rendit en Moravie, où les persécutions contre les socialistes étaient relativement moins intenses. Il milita tout d’abord à Protejov, à la rédaction du journal Duch casu (L’esprit du temps), puis, à partir de septembre 1886, en qualité de rédacteur du nouveau périodique Hlas lidu (La Voix du peuple). En novembre 1887, il alla habiter Brno, capitale de la Moravie, où il se chargea de la rédaction du journal Rovnost (L’Egalité) qui paraissait depuis le 20 août 1885. Sous sa direction, on prépara le congrès de fusion de la social-démocratie tchécoslovaque à Brno-Luzanky les 25 et 26 décembre 1887. Au congrès, Hybes présenta les rapports sur la situation des ouvriers, sur la question nationale et sur le programme du parti.

A la suite de ce congrès Josef Hybes fut pour quelques années à la tête du mouvement ouvrier tchèque. Au congrès de fusion du Parti social-démocrate autrichien à Hainfeld, fin 1888, Hybes fut élu, en sa qualité de « représentant des camarades slaves », troisième président du congrès.

En tant que représentant des ouvriers tchèques, Hybes prit part au congrès constitutif de la IIe Internationale à Paris, en 1889, où il fit une intervention sur la tradition de lutte pour la justice sociale au sein de la nation tchèque. Par la suite, il fut délégué à plusieurs congrès internationaux socialistes et c’est grâce à lui que la social-démocratie tchécoslave se vit attribuer une représentation dans la IIe Internationale.

D’août 1894 à septembre 1895, Hybes milita à Plzen en tant que rédacteur du journal du parti Posel lidu (Le Messager du peuple). Puis il retourna à Brno où il resta jusqu’à la fin de sa vie. Il devint tout d’abord rédacteur du périodique syndical Textilnik (L’Ouvrier du textile) et, à partir de janvier 1896, le président pour tout l’Empire de l’Union des ouvriers du textile d’Autriche. Les expériences qu’il avait acquises au cours de son travail syndical, il les fit valoir non seulement lors de la fondation de sections locales en Moravie, mais également en tant que leader de la grève des ouvriers du textile de Moravie qui dura de mai jusqu’en juillet 1899. Il représenta également les ouvriers tchèques aux congrès internationaux des ouvriers du textile. Après la scission des syndicats au cours des années 1910-1918, il fut élu président de l’Union des ouvriers tchèques du textile en Autriche et rédacteur de l’organe syndical Zajmy textilniku (Les intérêts des ouvriers du textile).

C’est l’activité parlementaire de Hybes qui fut cependant la plus importante. Il fut le seul député social-démocrate élu au « Reichsrat » (Conseil d’Empire) autrichien quatre fois de suite (1897, 1901, 1907 et 1911). En même temps, à partir de 1907, il siégea, en sa qualité de député, à la Diète de Moravie. Son passé révolutionnaire ne l’incitait pas à surestimer le parlementarisme. « Le droit de vote constitue pour nous un moyen de propagande pour un but plus élevé », déclara Hybes en 1894, à une manifestation pour le suffrage universel.

Sa maladie, en 1909, et notamment en 1914, l’écarta, pour une période assez longue, de la politique active, Mais, après la constitution de la République tchécoslovaque, il reprit sa place au Parlement et prêta serment en janvier 1919, en tant que membre de l’Assemblée nationale révolutionnaire. Aux élections d’avril 1920, il fut élu au Sénat.

Âgé de soixante-dix ans, Hybes intervint de nouveau activement et sur un point essentiel dans le développement du mouvement ouvrier tchécoslovaque en se ralliant à la gauche marxiste au sein du Parti social-démocrate et en faisant cause commune avec la Russie soviétique ainsi qu’avec la République hongroise des soviets. C’est grâce à son influence qu’en 1920, dans la région de Brno, la gauche prédomina d’une manière décisive et que le journal Rovnost devint son organe et plus tard celui du Parti communiste. Au XIIIe congrès du Parti social-démocrate tchécoslovaque de gauche, en septembre 1920, Hybes fut élu président honoraire et, dans son discours au congrès, il condamna de nouveau la direction de droite du Parti. Il confirma cette orientation dans la proclamation Socialne demokratickym volicum (Aux électeurs sociaux-démocrates) datée du 9 novembre 1920 ainsi que dans son dernier discours public prononcé au Sénat le 16 décembre 1920 au cours duquel il fut frappé d’apoplexie.

Source : Maîtron.

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