Jorge Juan y Santacilia, officier de marine et scientifique.

Jorge Juan y Santacilia (Novelda, province d’Alicante, 1713 – Madrid, 1773), autrefois souvent francisé en Georges Juan, était un officier de marine, ingénieur naval, scientifique, espion industriel et diplomate espagnol, l’une des grandes figures des Lumières d’Espagne.

Issu de la petite noblesse levantine, orphelin de père à l’âge de trois ans, il fut pris en charge d’abord par un oncle chanoine à Alicante, qui l’envoya étudier au collège de jésuites, ensuite par un autre oncle, chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Saragosse, qui le fit poursuivre des études supérieures à l’université de cette ville, puis l’envoya dans l’île de Malte, où Juan devint page du grand maître de l’Ordre. Rentré en Espagne, Juan entra en 1730 à l’école des officiers de marine de Cadix et, à l’issue de son cursus (qui avait comporté des cours de mathématiques, d’astronomie, de navigation et de cartographie), participa à plusieurs missions navales.

De retour à terre, il fut désigné, avec son ancien condisciple Ulloa, pour participer à l’expédition géodésique française organisée par l’Académie royale des sciences de Paris, et à ce titre débarqua en Équateur où l’équipe scientifique française se proposait de mesurer le degré d’arc de méridien au niveau de l’équateur, afin d’en inférer la forme de la Terre. Juan resta au Pérou de 1736 à 1744, période durant laquelle les deux jeunes scientifiques espagnols consignèrent leurs observations non seulement scientifiques, mais aussi politiques, sociales et militaires, en plus de découvrir l’élément chimique du platine. En 1745, leur mission scientifique terminée, Ulloa et Juan retournèrent en Espagne, sur deux navires différents, afin de  minimiser le danger de perdre le fruit de leurs travaux.

Revenu en Espagne, Juan fut sollicité par le ministre Ensenada de se rendre en Angleterre comme espion politique et industriel. Voyageant incognito, il s’enquit des nouvelles méthodes anglaises de construction navale et des nouvelles technologies d’armement. Bientôt découvert, il dut rentrer en 1750, non sans avoir préalablement débauché plusieurs techniciens anglais spécialisés, invités par lui à travailler pour la Couronne espagnole. Juan fut alors chargé, d’une part, de réformer la construction navale espagnole (ce qu’il fera par la modernisation des chantiers navals et de l’armement, par la rationalisation de la production, et en privilégiant désormais les vaisseaux légers et véloces), et d’autre part, de remodeler la formation des officiers de marine (en offrant aux futurs officiers une solide base scientifique). Il fonda en 1757 l’Observatoire national espagnol à Madrid et fit construire un observatoire à Cadix. Cependant, à la suite de la chute d’Ensenada, plusieurs de ses projets de réforme n’aboutiront pas. En 1767, il se vit confier une importante mission diplomatique au Maroc, et exerça comme directeur du Séminaire des nobles à Madrid de 1770 à sa mort.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont notamment, en collaboration avec Ulloa, les comptes-rendus de ses péripéties et observations (scientifiques et politiques) au Pérou, et surtout, dans ses dernières années, Examen Marítimo, son maître-livre, traité de navigation de haut niveau qui, plusieurs fois traduit, connut une large diffusion en Europe.


Né le 5 janvier 1713, Jorge Juan avait pour père Bernardo Juan y Canicia et pour mère Violante Santacilia y Soler, issus tous deux de la petite noblesse provinciale d’Alicante. Le 3e centenaire de sa naissance donna lieu à une polémique à propos de son lieu de naissance, polémique où s’affrontaient les municipalités de Novelda et de Monforte del Cid, situées dans la province d’Alicante à peu de kilomètres l’une de l’autre. Il apparaît certain qu’en dépit de sa naissance dans le manoir natal d’El Fondonet (ou El Hondón, en castillan), sis à égale distance des deux localités précitées, mais sur le territoire de Novelda, son baptême eut bien lieu à Monforte. Ce qui a alimenté la polémique est le fait que, d’une part, l’acte de baptême ne mentionne pas le lieu de naissance, et que d’autre part, le seul document écrit officiel où figure son lieu de naissance, à savoir la lettre d’affiliation à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, mentionne le nom de Monforte, sous la forme de l’énoncé suivant, écrit de la main de Jorge Juan lui-même : « Je suis originaire de l’université de Monforte » (Soy natural de la Universidad de Monforte, le mot universidad étant à prendre ici au sens de conjonction de hameaux et de villages placés sous une même juridiction) ; toutefois, un registre familial privé, retrouvé en 1920, où étaient consignés les événements les plus importants survenus dans la famille Juan, atteste de la naissance de Jorge Juan à Novelda. Cette discordance entre lieu de naissance et paroisse de baptême s’explique par une stratégie familiale transmise de parents à enfants et ayant pour seul but d’assurer à ses membres les plus défavorisés (en particulier les puînés, tels que Jorge Juan) une série d’avantages sociaux et économiques.

De 1730 jusqu’à la fin de 1733, Juan participa à plusieurs missions navales, dont la campagne d’Oran en 1732, à bord du vaisseau Castilla, sous le  commandement de Juan José Navarro, futur marquis de la Victoria, ou l’escorte navale qui accompagna l’infant don Carlos, futur Charles III d’Espagne, pendant son voyage vers Naples. Juan eut comme général, parmi d’autres maîtres dans l’art de naviguer, le marquis de Mari, son capitaine à l’académie de Cadix, et comme commandants, outre Juan José Navarro, déjà mentionné, le comte de Clavijo et le célèbre don Blas de Lezo. Fin 1733, alors qu’il faisait partie de l’escadre commandée par Blas de Lezo, il fallut le débarquer à Malaga, avec d’autres marins, pour cause de maladie, conséquence d’une alimentation déficiente. Sa santé rétablie, il revint à Cadix pour y poursuivre ses études à l’Académie. Son séjour à Cadix fut cependant de courte durée, car en 1734 il fut désigné, aux côtés d’Antonio de Ulloa y de la Torre-Giralt, pour accompagner l’expédition organisée par l’Académie des sciences de Paris, laquelle expédition, placée sous les ordres de l’astronome Louis Godin, se proposait de séjourner dans la vice-royauté du Pérou, plus exactement dans la Real Audiencia de Quito (actuel Équateur) pour effectuer des mesures géodésiques en vue de mesurer le degré de l’arc de méridien terrestre sur la ligne équatoriale en Amérique du Sud et de déterminer ainsi la forme de la Terre.

Malgré leur jeunesse, les deux Espagnols rejoignirent l’expédition dotés d’une bonne expérience de la mer (Ulloa s’était déjà senti une vocation d’aventurier dès 1730, s’embarquant en effet pour l’Amérique avant même de s’immatriculer à l’Académie navale de Cadix en 1733) et, aux dires de quelques-uns des académiciens présents, avaient une bonne préparation mathématique. Le 26 mai 1735, tous deux appareillèrent de Cadix, Juan sur le navire El Conquistador et Ulloa sur la frégate Incendio. La mission qui leur avait été confiée comprenait non seulement la participation aux travaux de l’expédition, — pour les besoins de laquelle l’on avait fait acquisition à Paris d’une panoplie d’instruments pareille à celle  qu’emportaient les Français —, mais aussi la surveillance de possibles actes d’espionnage ou de commerce illicite commis par ceux-ci, ainsi que la détermination de la position géographique et le dressement d’un plan des villes et ports abordés par l’expédition, en plus de la collecte de toute donnée d’intérêt. Ils entamèrent leurs activités dès le voyage d’aller, notamment en étudiant les erreurs du loch et de l’aiguille nautique.

Jorge Juan resta dix-neuf ans aux Amériques à étudier ces territoires sur ordre de la Couronne. À son retour, il fut élevé au grade de capitaine de vaisseau par Ferdinand VI. À partir de ce moment, les destinées de Juan et d’Ulloa allaient diverger ; en 1748, ils seront envoyés séparément à l’étranger, chargés chacun de missions d’espionnage scientifique et industriel.

En plus d’un compte rendu de leurs observations scientifiques, Juan et Ulloa rédigèrent un rapport non destiné à la publication et intitulé Noticias secretas de América, portant sur la situation politique, militaire, civile et religieuse des territoires par eux visités. En 1823, le Britannique David Barry sut mettre la main sur une copie du rapport, et le publia à Londres trois ans après. L’ouvrage fut démagogiquement exploité à renforcer la vision négative que l’on cherchait à propager sur la colonisation espagnole en Amérique.

Conscient que la marine espagnole commençait à se faire vétuste, le marquis de la Ensenada chargea Juan en 1748 de se rendre, accompagné de deux gardes-marines, en Angleterre comme espion afin de se renseigner sur les nouvelles techniques navales anglaises. Sa mission consistait à s’informer des avancées britanniques en matière de construction navale et de faire parvenir ses renseignements en Espagne, et en outre de recruter des experts des chantiers navals de la Tamise qui seraient disposés à enseigner ces techniques en Espagne. Il était chargé également de recueillir des informations sur le commerce maritime britannique, en particulier sur celui qui s’effectuait à l’abri du navire de permission, qui voguait vers l’Amérique espagnole en vertu d’une concession obtenue par l’Angleterre aux termes du traité d’Utrecht. La mission était ardue, attendu que ces questions se trouvaient sous le sceau du secret, et que l’accès aux arsenaux avait été interdit aux étrangers.

Juan, ayant adopté la fausse identité de Mr. Josues et de Mr. Sublevant, arriva à Londres le 1er mars 1749, et tout au long d’un peu plus d’un an y déploiera une inlassable activité. En moins d’une semaine, il parvint à réaliser ce que l’inexpérimenté ambassadeur d’Espagne n’avait pas réussi à obtenir en plusieurs années. Il alla jusqu’à lier connaissance avec l’amiral George Anson et avec le premier ministre John Russell, 4e duc de Bedford, et partagea ses repas avec eux ; cependant, peu après, ce dernier ordonna à la police de lui faire la chasse comme espion. Ses rapports, expédiés en Espagne au moyen de lettres cryptées, eurent pour effet de rendre Ensenada plus convaincu encore de la nécessité de changer de politique et de concentrer l’effort sur la construction d’une flotte puissante et moderne. Comme lui, Jorge Juan avait eu l’intuition que tôt ou tard la suprématie espagnole sur les mers s’évanouirait au profit de la flotte anglaise, et que sans une transformation de la marine, il n’y aurait plus d’Amérique espagnole. Juan apporta un compte rendu circonstancié de la construction navale britannique, qui en fait apparaissait plus obsolète que celle d’Antonio Gaztañeta alors en cours en Espagne, et de la division moderne du travail qualifié, Juan copiant pièce par pièce les plans de navires, informant ses commanditaires sur les recherches faites sur la cire et sur les premières utilisations des machines à vapeur pour le dragage des ports, parmi d’autres applications préindustrielles.

Sa mission prévoyait aussi de recueillir des renseignements sur les instruments de navigation, notamment sur le chronomètre de marine mis au point par John Harrison, qui se verra octroyer plus tard par le parlement anglais le prix promis à celui capable de résoudre le problème de la détermination de la longitude géographique d’un vaisseau hors de vue de la côte. En Espagne, la consommation de bois était énorme en comparaison de l’efficace système britannique, à quoi s’ajoutait la qualité et la résistance de leurs cordages, voiles, et autres composantes navales, auxquelles du reste Jorge Juan lui-même apportera par la suite ses propres améliorations. D’autre part, il informa sur les projets concrets de la Grande-Bretagne visant à attaquer l’Amérique espagnole.

Cependant, la police britannique eut bientôt vent de l’affaire et quelqu’un de ses contacts fut mis en détention sur ordre du ministre Bedford. Avant de s’échapper, Juan eut à vivre encore mille péripéties et à planifier le voyage pour l’Espagne de dizaines d’importants ingénieurs navals et d’ouvriers qualifiés avec leurs familles, pour aller y travailler pour la Couronne espagnole, après les avoir convaincus que cela ne mettrait pas en péril l’industrie navale britannique. Pour ne pas éveiller de soupçons, ces personnes embauchées par Juan passèrent par Porto ou par des ports de France, puis furent concentrées à Ferrol en Espagne. En juin 1750, il réussit, déguisé en marin, à franchir la Manche incognito sur un navire, le Santa Ana de Santoña, et parvint à Paris, où il séjourna brièvement.

À son retour, Juan put constater que travaillaient déjà en Espagne quatre des meilleurs constructeurs anglais, une demi-centaine de techniciens et des dizaines d’ouvriers qualifiés. Protégé par Ensenada, il fut nommé en 1752 directeur de l’Académie des gardes-marines de Cadix, où il achèvera d’expérimenter toutes ses théories sur la construction navale en les étayant mathématiquement. Il supervisait aussi bien l’abattage des arbres que les arsenaux et les chantiers navals, se chargeant personnellement de leur modernisation, en commençant par Carthagène. Les résultats produits par son activité étaient si remarquables que peu d’années après les Anglais à leur tour lui rendirent visite pour étudier ses améliorations.

Durant son séjour à Londres, Juan avait conçu deux projets appelés à avoir une répercussion importante. Le premier aboutit à la création, en annexe de l’Académie de gardes-marines de Cadix, d’un observatoire astronomique doté des meilleurs instruments. Le marquis de la Ensenada avait envisagé que les deux gardes-marines qui avaient accompagné Juan aillent suivre à Londres des études avancées en physique et en astronomie, à l’issue desquelles l’un d’eux serait retourné en Espagne, tandis que l’autre y resterait en tant que tuteur d’un garde-marine suivant ; ainsi serait formée une chaîne ininterrompue, qui aurait permis une formation avancée dans ces matières. Juan en revanche, faisant remarquer au marquis que ni à Londres, ni ailleurs, ne se trouvaient des professeurs aptes à dispenser l’instruction recherchée, lui sollicita une partie des fonds que l’on se disposait à investir dans ce plan, afin qu’il puisse se procurer des ouvrages et des instruments, de sorte à accomplir cette tâche de formation à l’Académie de Cadix. C’est ainsi qu’en 1753, avec le concours du marquis d’Ureña, l’Observatoire royal de la Marine fut établi à San Fernando, non loin de Cadix, dans une tour du château des Gardes-marines, avec pour élément principal un mur en quart de cercle, de six pieds de rayon, édifié par John Bird, constructeur alors célèbre, à côté d’autres instruments de pointe. Une autre initiative de Juan fut d’obtenir que Louis Godin, qui avait séjourné à Lima comme cosmographe et y avait été professeur titulaire de la chaire de mathématiques, fût recruté au titre de nouveau directeur de l’Académie, ce qui fut chose faite dès 1747, encore que Godin retardât jusqu’en 1753 son incorporation dans l’institution.

L’autre projet de Juan était de mener une approche et un examen rationnels de la construction des navires, ce qui déboucha sur la formulation d’un nouveau concept pour la construction navale espagnole. Dans ce domaine justement, Juan s’était approprié de bonnes connaissances en côtoyant lors de l’expédition géodésique l’ingénieur constructeur Pierre Bouguer, et à Londres Richard Rooth, lui aussi ingénieur naval et l’un de ces spécialistes qui passèrent en Espagne. Schématiquement, Juan avait observé que les vaisseaux anglais n’étaient pas très rapides et se révélaient d’un maniement malaisé, à cause de leurs proportions et de leur artillerie excessive, alors que les vaisseaux français, munis d’un armement plus restreint, répondaient à un format où primait la vélocité ; Juan fit le pari d’un concept intermédiaire entre les deux, mais mis en œuvre sous la direction de techniciens anglais — d’où le nom de « système anglais » qui a pu parfois lui être donné.

Cependant les intrigues à la cour provoquèrent à l’été 1754 la chute et le bannissement du marquis de la Ensenada, par suite notamment des menées de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Madrid, Benjamin Keene. La disgrâce d’Ensenada entraîna une perte d’influence pour Juan, qui, quand même on continuera à faire appel à lui pour rédiger des rapports et diriger les commissions les plus diverses, et qu’il sera en outre promu chef d’escadre en 1760, verra ses initiatives antérieures frustrées et son système de construction navale finalement être supplanté par le système dit français — moins avancé, mais défendu avec ardeur par les nouveaux ministres, en particulier par Julián de Arriaga, secrétaire à la Marine —, qui sera institué en Espagne à travers l’embauche de l’ingénieur François Gautier, placé à la tête du Corps des ingénieurs de marine fondé en 1770.

D’autres projets conçus à cette époque par Juan tarderont encore davantage à se réaliser. L’un d’eux était le dressement d’une carte d’Espagne au moyen d’une série de triangulations géodésiques, en vue de quoi il rédigea vers 1751 des instructions détaillées, qui prévoyaient notamment la mise en place de vingt groupes de travail composés chacun d’un directeur, de deux assistants et de quatre commis ; mais l’exécution de ce projet sera repoussée jusqu’au siècle suivant.

Entre 1751 et 1754, il fut actif à Ferrol où, de concert avec l’ingénieur militaire Francisco Llobet, il projeta et aménagea l’arsenal, et peu après dessina les premiers plans de ce qui deviendra le quartier de la Magdalena, projet dont Llobet prendra ensuite le relais.

Entre-temps, la santé de Jorge Juan se détériorait. Selon ce que rapporta son secrétaire, Miguel Sanz, il fut frappé de deux attaques « qui le mirent aux portes de la mort, la seconde lui laissant des séquelles sous la forme d’une paralysie des mains, dont il ne se rétablit jamais ». Ainsi dut-il en 1761 demander son congé pour récupérer en prenant des eaux à Busot, à une vingtaine de kilomètres d’Alicante, puis, plusieurs années plus tard, en 1768, à Trillo, dans l’Alcarria.

En 1766, il se rendit à Gênes pour y négocier la construction d’un navire dans ses chantiers navals. L’année suivante, en 1767, il fut nommé ambassadeur extraordinaire de Charles III au Maroc pour une mission difficile. Il partit le 15 février 1767 en compagnie de Sidi-Hamet-el-Garcel, ambassadeur du Maroc, avec des présents à l’intention du souverain musulman et avec des consignes concrètes concernant sa mission. Il fit un séjour de plus de six mois dans ce pays, y menant plusieurs pourparlers, notamment sur l’obtention de concessions de pêche. Il réussit à conclure avec le Maroc un premier traité de 19 articles, qui faisait droit à toutes les revendications importantes de la Couronne espagnole. Il parvint par ailleurs à recueillir des informations secrètes et de grand intérêt pour le monarque. Juan consigna tous les détails et particularités de son voyage dans un journal manuscrit.

Dans ses dernières années, il élabora le plan pour une expédition chargée de réaliser le calcul de la parallaxe du soleil, c’est-à-dire de mesurer avec exactitude sa distance à la Terre. Le phénomène astronomique susceptible de contribuer le plus à la solution de ce problème était le passage de Vénus par le disque solaire. Aussi une expédition dirigée par Vicente Doz y Funes quitta Cadix en 1769 et le 3 juin mesura, depuis le littoral de Californie, ledit phénomène astronomique. Les résultats des différentes mesures étaient parfaits et mirent un terme au problème de la détermination exacte de l’échelle du système solaire.

Le 24 mai 1770, Juan fut nommé directeur du Séminaire des nobles de Madrid, établissement d’enseignement sous la tutelle de la Compagnie de Jésus et destiné à la jeune noblesse, où Juan succéda au maréchal des camps Eugenio Fernández de Alvarado. Juan eut pour mission de réorganiser les enseignements, pour lesquels on manquait de professeurs. De cette ultime phase de sa vie date ce qui fut sans doute son dernier projet, à savoir le recours à une machine à vapeur pour actionner les pompes à chapelet des bassins de radoub de l’arsenal de Carthagène, jusque-là manœuvrées par des forçats ; le plan et l’installation de cette machine seront accomplis par son collaborateur, l’ingénieur militaire et architecte Julián Sánchez Bort.

Depuis ses douze ans, Juan était étroitement lié à l’ordre des chevaliers de Malte, par le fait de son oncle, qui y occupait l’une des plus hautes charges. Jorge Juan sera finalement fait commandeur d’Aliaga de cet ordre.

À sa mort, ses restes furent inhumés dans le Panthéon des marins illustres à San Fernando près de Cadix, le 2 mai 1860. Jorge Juan était resté célibataire et n’eut pas de descendance.

Source : Wikipédia.

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