Jón Arason, évêque catholique et poète.

Jón Arason (1484 – 7 novembre 1550) était un évêque catholique et un poète islandais. Il devint prêtre vers 1504 et ayant attiré l’attention de Gottskálk Nikulásson, l’évêque de Hólar, il fut envoyé par ce prélat en Norvège pour deux missions.

En 1522 il succéda à Gottskálk sur le siège de Hólar, mais il en fut bientôt chassé par l’autre évêque islandais, Ögmundur de Skálholt. Cet évêque devait plus tard s’opposer lui aussi au luthéranisme, mais étant alors vieux et aveugle son opposition fut peu efficace.

À ce moment Jón Arason s’était fait connaître par ses grands talents si ce n’est par sa foi, assez suspecte. Il eut un grand nombre d’enfants qui luttèrent à ses côtés d’abord au sens figuré et plus tard au sens propre. Et pourtant on était à une époque où les évêques catholiques étaient tenus au célibat, mais l’Islande était assez loin de Rome pour suivre ses propres particularités. Après un bref exil en Norvège il entra en litige avec son souverain Christian III, le roi du Danemark, parce qu’il refusait de laisser le luthéranisme progresser davantage dans l’île. Bien que dans l’affaire sa position eût été au départ plus défensive qu’offensive, il changea  radicalement d’attitude en 1548. À ce moment-là lui et Ögmundur joignirent leurs forces pour combattre les luthériens. Vieux et aveugle Ögmundur ne put continuer longtemps la lutte et fut rapidement forcé de s’exiler au Danemark. Quant à Jón sa résistance obstinée était dictée par une sorte de nationalisme primitif et par la simple ambition

autant que par la religion. Il en voulait aux Danois de bouleverser le paysage religieux de l’Islande et pensait que le pays serait moins violenté dans sa culture s’il demeurait catholique. C’est pourquoi le pape Paul III lui écrivit une lettre d’encouragement pour qu’il continuât ses efforts contre les luthériens. Pour le pape il s’agissait sans doute d’un moyen de s’opposer à la propagation du protestantisme beaucoup plus que d’un soutien au particularisme islandais. Quoi qu’il en soit, cet encouragement contribua à renforcer l’opposition contre les luthériens dans une sorte de Guerre civile. Son zèle pour sa cause ne connaissait aucune limite car il estimait combattre contre les Danois dans une lutte pour le catholicisme, pour l’Islande et pour lui-même. Dans cette lutte il pouvait compter sur ses enfants illégitimes qui combattirent à ses côtés dans plusieurs batailles. Pourtant sa tentative de capturer son plus grand adversaire, Daði Gudmundsson, le conduisit lui-même à être fait prisonnier et conduit devant le bailli du roi.

La légende veut qu’ayant appris la nouvelle une de ses filles parmi les plus hardies rassembla ses forces pour le sauver, mais quoi qu’il en soit ses efforts s’avérèrent infructueux. En 1550 l’évêque de Hólar et deux de ses fils prisonniers furent décapités. Le bailli du roi, nommé Christian Skriver, devait plus tard être tué par des pêcheurs qui avaient embrassé la cause de Jón.

Jón Arason fut le dernier évêque catholique en Islande. Il est célébré comme un poète et comme une sorte de héros populaire pour avoir lutté contre l’impérialisme danois. L’auteur Gunnar Gunnarsson a écrit un roman sur sa vie. Certains critiques, en Islande et ailleurs, soulignent qu’en fait il aurait pu viser à conserver son propre pouvoir. Dans les années 1540, alors qu’il était virtuellement le maître de l’Islande, il profitait de la situation pour favoriser la nombreuse progéniture que lui avait donnée sa concubine, Helga Sigurðardóttir : ceux qui n’étaient pas entrés dans les ordres étaient mariés dans des familles aisées et influentes, ceux qui étaient prêtres recevaient de riches paroisses1. Mais il est aussi l’homme qui a introduit l’imprimerie dans l’île.

Devenu un être de légende, il est aussi responsable d’une des expressions les plus solidement ancrées dans la langue islandaise. Comme il était sur le point d’être décapité, un prêtre appelé Sveinn se tenait à ses côtés pour lui offrir le réconfort spirituel. Comme il avait dit à Jón : « Líf er eftir þetta, herra! » (« Il y a une vie après celle-ci, Monseigneur ! ») Jón se tourna vers lui et lui répondit : « Veit ég það, Sveinki! » (« Cela, je le sais, mon petit Sveinn ! »). Et depuis « veit ég það, Sveinki » est resté dans le trésor des expressions islandaises, et on l’emploie dans les cas où l’on vient d’entendre quelque chose d’absolument évident.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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