John von Neumann, mathématicien et physicien.

John von Neumann (János Lajos Neumann), János Lajos Neumann en hongrois), né le 28 décembre 1903 à Budapest et mort le 8 février 1957 à Washington, est un mathématicien et physicien américano-hongrois. Il a apporté d’importantes contributions en mécanique quantique, en analyse fonctionnelle, en théorie des ensembles, en informatique, en sciences économiques et dans beaucoup d’autres domaines des mathématiques et de la physique. Il a de plus participé aux programmes militaires américains.


Aîné d’une fratrie de trois, János Neumann naît à Budapest dans une famille d’origine juive, de Margit Kann et de Miksa Neumann, un avocat originaire de Pest qui deviendra le conseiller juridique principal puis le directeur de la Banque de crédit et d’hypothèque hongroise. Miksa Neumann est anobli le 1er juillet 1913 et intégré à la noblesse hongroise avec le prédicat de Marghita (marghitai Neumann en hongrois ; Neumann von Marghita en allemand). Les enfants Neumann grandissent dans une famille qui côtoie et reçoit chez elle l’élite intellectuelle hongroise et où l’on discute autant sciences, musique et théâtre que littérature. János et ses deux jeunes frères, Mihály (1907) et Miklós (1911), apprennent ainsi, en plus du hongrois, l’allemand et le français dès leur plus jeune âge. Intellectuels liés au mouvement des Lumières juif (la Haskala), le jeune Neumann ne prête guère attention à ses origines juives, sinon pour son répertoire de blagues.

Von Neumann, entier postal, Hongrie.

János est un enfant prodige : à deux ans, il sait lire ; à six ans, il converse avec son père en grec ancien et peut mentalement faire la division d’un nombre à huit chiffres. Une anecdote rapporte qu’à huit ans, il a déjà lu les quarante-quatre volumes de l’histoire universelle de la bibliothèque familiale et qu’il les a entièrement mémorisés : Il aurait été capable de citer de mémoire des pages entières de livres lus des années auparavant. Il entre au lycée luthérien de Budapest (Budapesti Evangélikus Gimnázium) qui était germanophone en 1911.

En 1913, son père achète un titre nobiliaire austro-hongrois et le jeune Neumann János devient margittai Neumann János, puis prend le nom Johann von Neumann qui sera anglicisé, dans les années 1930, en John von Neumann au moment de l’émigration aux États-Unis (alors que ses frères choisiront pour patronymes Newman et Vonneumann).

C’est âgé d’à peine 22 ans qu’il reçoit son doctorat en mathématiques (et en physique expérimentale et en chimie comme matières secondaires) de l’université de Budapest. En parallèle, il obtient un diplôme en génie chimique de l’École polytechnique fédérale de Zurich (à la demande de son père, désireux que son fils s’investisse dans un secteur plus rémunérateur que les mathématiques), et aussi sur les conseils de Theodore von Kármán. Neumann ne fréquente ces deux universités que pour passer les examens. Il est le major de sa promotion pour les deux universités.

Entre 1926 et 1930, il est le plus jeune au monde à recevoir à 25 ans le titre de privatdozent à Berlin et à Hambourg. Il reçoit une bourse de la fondation Rockefeller pour travailler également à l’université de Göttingen — à l’époque capitale mondiale des mathématiques et de la physique théorique — avec Robert Oppenheimer sous la direction de David Hilbert. Durant cette « période allemande », l’une des plus fécondes de sa vie, il côtoie également Werner Heisenberg et Kurt Gödel.

En 1930, Neumann est professeur invité à l’université de Princeton. Il dispense des cours pendant peu de temps entre 1930 et 1933.

De 1933 à sa mort en 1957, il est professeur de mathématiques à la faculté de l’Institute for Advanced Study qui vient d’être créée. Il est alors le plus jeune professeur de cette institution où des personnalités telles Albert Einstein, Kurt Gödel, Paul Dirac et Alan Turing ont leur bureau. Pendant les années précédant la guerre, il se consacre à la recherche fondamentale. En collaboration avec Garrett Birkhoff, il publie en 1936 La logique de la mécanique quantique et, entre 1936 et 1937, à l’Institute for Advanced Study de Princeton, Continuous Geometry, qui va jeter les bases du  développement de la théorie des treillis.

En 1937, il est naturalisé américain, l’année même où il commence sa collaboration avec le Laboratoire de recherche balistique (Balistic Research Laboratory)

La guerre devenant inévitable, il s’oriente vers les mathématiques appliquées (statistiques, analyse numérique, balistique, détonique, hydrodynamique). Il développe la méthode de Monte-Carlo pour faire l’économie de temps de calcul et participe à la création des premiers ordinateurs pour raccourcir ce temps de calcul qui devient une ressource essentielle de la guerre moderne.

À partir de 1940 et jusqu’à sa mort, il est membre du comité consultatif scientifique du Ballistic Research Laboratory (laboratoire en recherches balistiques de l’US Army). De 1943 à 1955, il est consultant scientifique au laboratoire national de Los Alamos et participe au projet Manhattan, calculant notamment la hauteur optimale de l’explosion pour assurer un impact optimum. Il entame ses travaux sur la logique probabiliste au lendemain d’une conférence Macy en 1946, où Walter Pitts avait présenté les modèles biologiques. Plus tard, avec Pitts et Warren McCulloch, il introduit une notion d’aléatoire dans les réseaux de façon à les rendre capables de fonctionner en présence d’erreurs et de bruits affectant les calculateurs élémentaires et leurs connexions. Il inspirera au cinéaste Stanley Kubrick le personnage du Docteur Folamour.

En 1952, il devient membre du Comité consultatif général (General Advisory Committee) de la Commission américaine à l’énergie atomique (United States Atomic Energy Commission) dont il prend la direction en 1955. Il est l’un des théoriciens de la guerre froide et de la destruction mutuelle assurée. En 1956, peu avant son décès, il reçoit le prix Enrico Fermi.

À la fin de sa vie, von Neumann est confronté à deux conséquences de son engagement dans la phase destructrice de l’énergie nucléaire, l’une d’ordre psychologique, l’autre d’ordre physique. La première se traduit par un pessimisme croissant. La seconde conséquence est qu’il souffre d’un cancer, probablement le résultat d’un contact prolongé avec des sources radioactives, lors de travaux sur des armes nucléaires au Laboratoire national de Los Alamos ou lors d’essais sur la bombe A auxquels il a assisté dans le Pacifique. Ceci ajouté à un excès de confiance qui le conduit à ne jamais respecter les mesures de sécurité requises.

Il meurt en 1957 à l’âge de 53 ans dans l’hôpital militaire du Walter Reed Army Medical Center, d’un cancer des os ou du pancréas. Son lit d’hôpital est sous haute surveillance militaire car on craint que, fortement drogué pour supporter la douleur, il ne divulgue accidentellement des secrets militaires dont il a eu connaissance. Il est inhumé dans le cimetière de Princeton.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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