John Ruskin, écrivain, poète et peintre.

John Ruskin, né le 8 février 1819 à Bloomsbury à Londres, mort le 20 janvier 1900 à Coniston (Cumbria), est un écrivain, poète, peintre et critique d’art britannique.

Fils unique d’une riche famille, il est éduqué à domicile, avec une insistance particulière sur l’art et la religion. Il poursuit son éducation en dilettante, en tant qu’auditeur libre à Oxford. Malgré des problèmes de santé, il y obtient son MA en 1843. Surtout, il s’y lie d’amitié avec nombre d’intellectuels.

Il est publié dès son adolescence. Grâce à la fortune de sa famille, il peut consacrer sa vie à l’écriture. Il devient rapidement célèbre dans les années 1840 grâce à son travail de critique Modern Painters (1843 à 1860) où il propose une nouvelle façon d’appréhender l’art. Il écrit ensuite The Seven Lamps of Architecture en 1849 et surtout The Stones of Venice en 1853.

Ruskin sera influencé par Eugène Viollet-le-Duc et utilisera son  Dictionnaire qu’il enseignera à ses élèves, comme le confirme sa lettre à un de ses élève Percy Holder en 1887  : “le seul livre de valeur en architecture est celui de Viollet le Duc“.

Il participe à la création de l’University Museum, donne des cours de dessin au Working Men’s College, un établissement de formation continue fondé par ses amis socialistes chrétiens. Il en donne aussi dans une école pour jeunes filles et par correspondance. En 1870, il devient le premier titulaire de la chaire Slade pour l’enseignement des beaux-arts à Oxford.

Son mariage avec Effie Gray, annulé pour non-consommation, continue à alimenter de nos jours des légendes et des suppositions variées. Effie épouse très vite le peintre John Everett Millais, qui est membre du mouvement préraphaélite dont Ruskin est le mécène et le soutien après s’être engagé pour Turner.


Jusqu’à ses quatorze ans, John Ruskin fut éduqué à domicile, soit par ses parents, soit par des précepteurs. Son père lui transmit son goût pour le romantisme (Walter Scott, Lord Byron ou Wordsworth). John James Ruskin avait dû arrêter ses études avant l’université où il avait désiré faire du droit, pour se mettre à travailler. Il semblerait qu’il ait tenté de se consoler de la frustration qu’il avait alors ressentie en permettant à son fils de faire ce qui lui plaisait. Le jeune John était encouragé par son père à dessiner et à écrire. Chacun de ses poèmes lui était ainsi payé un demi-penny le vers. Dès ses douze ans, il avait entrepris d’écrire un dictionnaire, manuscrit, de minéralogie.

Sa mère lui donna une stricte éducation religieuse, de tendance évangélique. Dès ses trois ans, elle lui faisait lire des passages de la Bible tous les matins. Il en apprit aussi par cœur. Cette éducation eut des conséquences sur le reste de la vie de John Ruskin. Elle lui fournit la base de ses réflexions aussi bien littéraires que juridiques. Il semble que le puritanisme fut à l’origine de son attrait sensuel pour l’art et de son rejet des choses du corps.

Dès le début, cette éducation fut complétée de deux façons. D’abord, ses parents lui firent régulièrement visiter les hauts-lieux culturels de Grande-Bretagne : paysages ou demeures célèbres. À partir de 1833, ces voyages furent élargis au continent (France, Suisse puis Italie). Dès lors, entre deux voyages, il passa ses matinées dans une école proche de chez lui, tenue par le révérend Thomas Dale. Au début de 1836, alors que ce dernier était devenu professeur de littérature britannique au King’s College de Londres, Ruskin commença à y suivre des cours. En octobre de la même année, il s’inscrivit au Christ Church (Oxford) en tant qu’auditeur libre. Il suivit les cours à partir de janvier de l’année suivante. Il ne quitta cependant pas le giron familial car sa mère vint s’installer à Oxford, rejointe par son époux tous les week-ends. Elle disait qu’elle était venue pour veiller sur la santé fragile de son fils.

À la différence de nombre de ses condisciples, John Ruskin passait son temps dans les livres, ce qui lui valut l’animosité de certains. Il devint cependant rapidement proche des spécialistes de lettres classiques, comme Charles Thomas Newton et Henry Liddell, mais aussi des géologues comme Henry Acland. Ruskin attira l’attention du géologue et théologien William Buckland pour les cours duquel il fournit des dessins. Il adhéra aussi à l’Oxford Society for the Preservation of Gothic Architecture et se présenta au prix Newdigate de poésie qu’il finit par remporter lors de sa troisième tentative en 1839. Ce fut Wordsworth lui-même qui lui remit son prix. Cependant, ce furent ses dernières productions poétiques.

À l’automne 1839, ses professeurs lui suggérèrent de se présenter en candidat libre aux examens de baccalauréat. Il était amoureux d’Adèle Domecq, fille d’un des partenaires dans la firme paternelle. Quand il apprit son mariage en avril 1840, il se mit à tousser du sang et dut renoncer à passer ses examens. Il ne put se présenter qu’en avril 1842. L’université lui accorda alors un diplôme honoraire. Il obtint cependant son MA en octobre 1843 ce qui lui permit de signer ses premiers ouvrages d’un « Graduate of Oxford » (« diplômé d’Oxford »).

Pendant sa convalescence, en 1840-1841, John Ruskin voyagea avec ses parents en Italie, principalement à Naples et Rome. Dans cette dernière ville, il fit la connaissance du peintre Joseph Severn, un ami de John Keats. Severn épouserait plus tard Joan Agnew Ruskin, une cousine de John Ruskin. Il veillerait sur les derniers jours de celui-ci. Il rencontra aussi le  peintre George Richmond qui lui fit découvrir les peintres italiens et que Ruskin consulterait à de nombreuses reprises lors de sa rédaction de ses Modern Painters.

L’année suivante, la famille Ruskin se rendit en Suisse avant de descendre le Rhin. Au cours de ce séjour, John Ruskin eut l’idée d’écrire un pamphlet de critique artistique. Le premier tome de Modern Painters: their Superiority in the Art of Landscape Painting to the Ancient Masters parut en mai 1843, le second en 1846, le quatrième en 1856. Le cinquième tome parut en 1860. En 1845, il voyagea pour la première fois sans ses parents, en Suisse, en Italie : Florence, Pise et Venise où il découvrit les primitifs italiens, Fra Angelico et Le Tintoret (dont ses œuvres à la Scuola Grande de San Rocco), ainsi qu’en France où il passa beaucoup de temps au Louvre. À Venise, Ruskin observa que la ville subissait les assauts délétères de deux forces opposées : la restauration et le délabrement. Ce voyage nourrit le deuxième tome de ses Modern Painters.

Les deux premiers tomes furent appréciés par Charlotte Brontë,  Wordsworth ou Elizabeth Gaskell, mais la critique établie, comme George Darley dans The Athenaeum fut moins favorable. Malgré tout, la carrière littéraire de Ruskin était lancée. Il entra dans les cercles littéraires de Richard Monckton Milnes ou Samuel Rogers.

Son voyage en Italie lui avait fait découvrir la beauté et le délabrement des monuments romans et gothiques de ce pays. De retour en Grande-Bretagne, il se tourna vers l’étude de l’architecture, principalement celle du Gothic Revival. Dès 1844, il avait travaillé avec l’architecte George Gilbert Scott à la restauration d’une église de Camberwell. Avec un de ses anciens condisciples, Edmund Oldfield, Ruskin en dessina un des vitraux. À l’été 1848, il visita la cathédrale de Salisbury puis à l’automne les églises de Normandie. Cependant, ce voyage, qui était aussi son voyage de noces, n’alla pas plus au sud à cause des événements parisiens et surtout vénitiens. De ses réflexions et voyages, naquit en mai 1849 The Seven Lamps of Architecture, le premier ouvrage à être ouvertement signé John Ruskin. En 1849, Edmund Oldfield était présent avec Ruskin à la fondation de l’Arundel Society (en). En 1853, George Gilbert Scott fit appel aux lumières de Ruskin lors de son réaménagement dans le style roman d’une église de Camden.

À la fin de 1851, le célèbre artiste aquarelliste William Turner mourut. Ruskin qui en avait été très proche devint son exécuteur testamentaire. Cependant, la tâche se révéla rapidement insurmontable. Il découvrit aussi des aspects sombres de l’artiste qu’il ne soupçonnait pas. Lorsque la succession fut définitivement réglée, toutes les œuvres de William Turner rejoignirent la National Gallery en 1856.

L’atelier du peintre recelait plus de 20 000 aquarelles. Ruskin obtint le droit d’en exposer 400, de son choix, dans des salles qu’il dessina et fit aménager lui-même dans la National Gallery. Il se chargea aussi de publier des  catalogues de ces œuvres. On a longtemps pensé que Ruskin avait donné son accord pour que soient détruits certains des dessins et esquisses de l’artiste dont la possession aurait pu être illégale en raison de leur caractère pornographique, mais cette thèse est controversée.

La plupart des biographes de Ruskin s’accordent pour dire que la fin des années 1850 et le début des années 1860 fut pour lui une période charnière : sa foi évolua tout comme son attitude vis-à-vis des peintres de la Renaissance italienne. Il se libéra un peu de l’emprise parentale et éprouva du désir sexuel.

En 1858, il séjourna en Suisse et Italie, seul. À Turin, il fut frappé par l’énorme différence entre l’étroite simplicité du service et de la chapelle protestante où il suivait la messe et la grandeur des Véronèse qu’il étudiait. Il renonça même à son sabbatarianisme en dessinant le dimanche. Dans son autobiographie, il écrivit plus tard qu’il avait alors mis définitivement de côté son évangélisme. Il perdit même un temps sa croyance en une vie après la mort. Il ne devint cependant pas athée. Il évolua aussi dans ses goûts artistiques. Il délaissa le néogothique et réévalua les peintres vénitiens du XVIe siècle. Il réintégra même la Grèce antique dans son histoire de l’art occidental.

Il prit alors sous son aile le jeune Edward Burne-Jones qui vint en Italie étudier les artistes de la Renaissance, financé par Ruskin dans les affections duquel il remplaça peu à peu Rossetti. Ruskin devint le parrain de Philip, le fils aîné des Burne-Jones. La famille l’accompagna lors d’un nouveau voyage en Italie en 1862. Burne-Jones fut aussi impliqué par Ruskin dans l’expérience de Winnington Hall School : il fournit des dessins pour les tapisseries à broder. Ruskin lui commanda aussi en 1863 des gravures pour illustrer son essai d’économie politique Munera pulveris. Cependant, l’amitié se refroidit à la fin des années 1860 quand le critique attaqua Michel-Ange qu’adorait l’artiste.

En 1859, Ruskin et ses parents firent leur dernier voyage ensemble, en Allemagne. Il fut pénible à tous points de vue : physiquement, la santé des parents déclinait ; moralement, les différences religieuses entre la mère et le fils créèrent des tensions. Le père de Ruskin, dont la santé déclinait, insista pour que son fils terminât Modern Painters avant sa mort. En 1860, la mère de Ruskin se brisa le col du fémur. Il s’éloigna alors autant qu’il le pouvait de la résidence familiale et passa de plus en plus de temps à Winnington Hall School, une école moderne pour jeunes filles fondée par Margaret Bell à Northwich, ce qui lui fut reproché, principalement à cause de l’argent qu’il dépensait à financer cette expérience éducative. Il passa aussi beaucoup de temps à voyager sur le continent, principalement dans les Alpes. Il envisagea même d’acheter une propriété à Brizon. Seule la mort de son père en mars 1864 mit un terme à ses voyages.

Il hérita de 157 000 £, d’une collection de tableaux estimée à 10 000 £ et de nombreuses propriétés (maisons et terres). Il en dépensa une partie dans divers projets philanthropiques, dont ceux d’Octavia Hill. Cette fortune allait lui permettre de continuer à vivre et à écrire sans soucis. La pression paternelle ayant disparu, il se sentait intellectuellement plus libre. Il continua à vivre avec sa mère, et une cousine, Joan (ou Joanna) Agnew vint s’installer avec eux comme dame de compagnie, lui facilitant la vie.

Il mourut dans sa résidence de Brantwood à Coniston près du Lake District, et, conformément à son souhait, fut inhumé là, ayant refusé la place qui lui avait été offerte dans l’abbaye de Westminster.

Source : Wikipédia.

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