Jim Morrison, chanteur et poète.

James Douglas Morrison, dit Jim Morrison, né le 8 décembre 1943 à Melbourne (Floride) et mort le 3 juillet 1971 à Paris, est un chanteur et poète américain, cofondateur du groupe de rock américain The Doors, dont il fut membre de 1965 à sa mort.

Sex-symbol provocant au comportement volontairement excessif, devenu une véritable idole du rock, mais aussi intellectuel engagé dans le mouvement du protest song, en particulier contre la guerre du Viêt Nam, il ne revendique toutefois aucune idée politique. Attiré par le chamanisme, on lui attribue une réputation de « poète maudit » que sa mort prématurée, à Paris, dans des circonstances mal élucidées, transforme en légende, notamment fondatrice de ce qui est connu sous le nom de Club des 27.

Le culte que lui vouent ses fans éclipse cependant une œuvre poétique d’une grande richesse que Morrison lui-même a pu considérer comme sa principale activité, au moins à partir de l’été 1968.


Au cours du mois de juillet 1965, Jim Morrison, alors sans emploi, vit sur le toit d’un entrepôt non loin de Venice Beach, à Los Angeles. Il raconte, dans un des poèmes du recueil Far Arden : « I left school & went down/to the beach to live./I slept on a roof./At night the moon became/a woman’s face./I met the Spirit of Music. » (« Je quittai l’école et descendis/à la plage pour vivre./Je dormis sur un toit./La nuit la lune devint/un visage de femme./Je rencontrai l’Esprit de la Musique. ») L’allusion explicite au titre de Friedrich Nietzsche, The Birth Of Tragedy from the Spirit of Music (en français : La Naissance de la tragédie – Hellénisme et pessimisme) vaut presque programme : dans le cadre de la théorie esthétique nietzschéenne, la tragédie grecque provient des célébrations en l’honneur du dieu grec Dionysos.

Jim Morrison, carte maximum, Allemagne, 1988.

Morrison commence à écrire des chansons, dont plusieurs figurent sur les trois premiers albums de The Doors. Un jour qu’il se promène sur la plage de Venice Beach, il croise Ray Manzarek, lui aussi fraîchement diplômé en cinéma. Les deux anciens élèves de l’UCLA discutent, en viennent à parler musique. Ray Manzarek qui joue de l’orgue dans un groupe de rock, demande à Morrison de lui chanter une de ses compositions. Morrison aurait alors chanté Moonlight Drive, un titre qui figurera sur Strange Days, le deuxième disque de The Doors. Immédiatement séduit par l’intensité lyrique des paroles, Ray Manzarek se serait exclamé : « Hey, man, let’s form a rock band and make a million dollars ! » (« Eh, mec, formons un groupe de rock et gagnons un million de dollars ! »). Jim Morrison propose alors immédiatement le nom de « The Doors », en le justifiant de cette façon : « Il y a le connu. Il y a l’inconnu. Et entre les deux, il y a la porte, et c’est ça que je veux être ». Il fait ainsi référence au livre de Aldous Huxley, Les Portes de la perception, titre lui-même tiré d’une citation de William Blake : « If the doors of perception were cleansed everything/would appear to man as it is – infinite. » (« Si les portes de la perception étaient nettoyées toute chose/apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est – infinie. », tiré de The Marriage of Heaven and Hell).

Manzarek fréquente le groupe de Méditation transcendantale fondé par Maharishi Mahesh Yogi. Il y rencontre le batteur John Densmore qui quitte le groupe des Psychedelic Rangers pour rejoindre The Doors. Densmore est bientôt imité par le guitariste des Rangers, Robbie Krieger. The Doors désormais au complet enregistrent une première démo. À la fin de l’été, Jim Morrison rencontre Pamela Courson (1946–1974), étudiante en art et fille de militaire comme lui, ils s’installent ensemble, en novembre 1966, à Rothdell Trail dans le quartier de Laurel Canyon. Elle restera sa compagne et l’inspiratrice de certains de ses textes jusqu’à la fin de sa vie, malgré une relation tumultueuse alternant querelles violentes et retrouvailles passionnées. Ensemble, ils expérimentent LSD, amphétamines et mescaline, elle se pique à l’héroïne (Jim Morrisson qui déteste les piqûres y est plus réticent) et prend pour amant son dealer Jean de Breteuil. En septembre, après une réunion de famille particulièrement ratée, Jim Morrison rompt toute relation avec ses parents. Il ne les reverra jamais.

Au début de l’année 1966, The Doors gagnent un maigre salaire en animant un bar de Los Angeles, The London Fog, mais ils y acquièrent un grand professionnalisme qui jouera ensuite un rôle déterminant dans leur succès. Le groupe apprend en effet à se confronter à des publics parfois difficiles ou peu enthousiastes. Jim Morrison, d’abord très timide dans son rôle de chanteur, tourne le dos à la salle et chante à voix basse, presque inaudible, mais progressivement, il gagne en assurance, commence à se déhancher de manière suggestive, apprend à jouer avec le public, à obtenir des réponses, à plaisanter au bon moment, puis ose des cris, des sauts, des chutes, dans un style rappelant les danses amérindiennes ou la transe chamanique. Les mélodies du groupe mêlent des influences très diverses, musique classique de Ray Manzarek, jazz apporté par John Densmore, flamenco et musique indienne qu’affectionne Robbie Krieger, et servent beaucoup ces prestations scéniques et l’atmosphère à la fois tribale et religieuse des concerts.

The Doors, remarqués par Jac Holzman de la maison de disques Elektra, signent en juin 1966 un accord de production pour six albums. Le mois suivant, Jim Morrison commet son premier incident sérieux : lors d’un concert donné au Whiskey A Go Go, pendant la partie mélodique centrale d’une longue et mélancolique composition, The End, le chanteur improvise l’histoire d’un assassin qui traverse une maison puis parvient à la porte d’une salle où se trouvent ses parents. S’inspirant alors probablement du complexe d’Œdipe cher à Freud, Morrison déclare : « Father, I want to kill you. Mother, I want to fuck you all night long » (« Père, je veux te tuer. Mère, je veux te baiser toute la nuit. ») Le groupe ne pourra pas terminer la chanson : le patron du bar les jette dehors. Ils n’en ont pas moins créé l’événement : la chanson, qui paraîtra sur le premier disque (intitulé The Doors), conservera le texte audacieux et deviendra un morceau culte de l’histoire du rock.

The Doors enregistrent leur premier album au cours de l’automne 1966. Dans la notice biographique destinée à la presse, Morrison déclare que ses parents sont morts. En juin 1967, la sortie du single Light My Fire, qui devient rapidement un tube, apporte un succès presque immédiat et fait décoller les ventes de l’album. Un deuxième album est enregistré au cours de l’été. Tandis que le groupe multiplie les apparitions scéniques, Morrison pose pour plusieurs magazines. Son physique d’éphèbe, son sourire désarmant, sa coupe de cheveux rappelant celle d’Alexandre le Grand (Morrison s’est peut-être souvenu de Plutarque) le transforment en sex-symbol aussi adulé que James Dean ou Marilyn Monroe.

La musique psychédélique des Doors nous plonge dans un univers étrange, proche de celui du chamanisme, dans lequel on alterne entre ‘conscience endormie’ et ‘rêve éveillé’. On a le sentiment que Morrison, la plupart du temps en état modifié de conscience (rendu possible par l’absorption quasi-quotidienne de psychotropes divers), n’était jamais réellement réveillé, jamais réellement endormi. Cet état se reflète pleinement dans la musique du groupe.

L’année 1967 est également marquée par l’engagement progressif des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam : 500 000 « boys » sont stationnés au Viêt Nam sur l’ordre du président Lyndon Johnson. Morrison écrit, à l’automne 1967, ses chansons les plus expressément engagées, en particulier Unknown Soldier qui figurera sur le troisième opus de The Doors, Waiting for the Sun.

Le succès fulgurant des Doors, leur notoriété soudaine et les avantages qui suivent déstabilisent pourtant rapidement Morrison, d’autant que les paroles de ses chansons, qui prônent l’amour libre, l’usage de la drogue, la consommation d’alcool, le rejet de la morale puritaine, la révolte contre l’autorité, le militantisme contre la guerre, en font un personnage remuant que les services de police décident de surveiller de près. Supportant très mal l’intrusion des agents en uniforme dans les concerts, Morrison profite souvent d’être sur la scène pour improviser quelques railleries, voire pour provoquer la foule à se rebeller. Un incident plus grave conduit, le 9 décembre 1967, à New Haven, à une interpellation en plein milieu d’un concert. Morrison est arrêté pour « comportement immoral », « trouble à l’ordre public » et « refus d’obtempérer ».

Le procès du concert de Miami s’ouvre le 10 août 1970. Morrison a décidé de plaider non coupable. Le 14, Patricia Kennealy, présente à ses côtés, lui annonce qu’elle est enceinte. Après une discussion tendue, la journaliste accepte d’avorter. Morrison lui promet d’être présent lors de l’opération. Il ne tiendra pas sa promesse : en novembre, Patricia Kennealy subira seule l’intervention.

Le 19 septembre, les juridictions de Floride émettent une sentence curieuse : les chefs de « comportement indécent » et « d’ivresse publique » sont écartés (alors que Morrison admettait avoir été ivre), mais Morrison est reconnu coupable « d’outrage aux bonnes mœurs » et « d’exhibition indécente ». Il écope de huit mois de prison ferme et de 500 dollars d’amende. L’avocat de Morrison, Max Fink, engage aussitôt une procédure d’appel et obtient la libération de Morrison moyennant une caution de 50 000 dollars.

Une ambiance macabre domine alors le monde du rock : Brian Jones meurt le 3 juillet 1969 (Un poème sera écrit par Morrison à ce sujet : “Ode à L.A., en songeant à feu Brian Jones”), Jimi Hendrix le 18 septembre 1970, et Janis Joplin le 4 octobre de la même année. Morrison plaisante : à ses compagnons de beuverie, il déclare, mi-figue mi-raisin : « Vous êtes en train de boire avec le no 4 ».

Le 8 décembre, pour son anniversaire, Jim Morrison se rend seul au studio. Il passe la journée à enregistrer une lecture de certains poèmes, notamment le long travail An American Prayer déjà publié par le magazine Rolling Stone, mais également d’autres poèmes divers qui seront plus tard publiés sous le titre Far Arden. The Doors donnent des concerts à Dallas et à La Nouvelle-Orléans les 11 et 12 décembre : ce seront les dernières apparitions publiques de Morrison.

Au printemps 1971, juste après avoir fini l’enregistrement du sixième album de The Doors, L.A. Woman, Jim Morrison quitte Los Angeles pour Paris, où il rejoint Pamela Courson. Il semble avoir l’intention de se consacrer à la poésie et de réduire sa consommation d’alcool. Épuisé par le star-system, il voudrait aussi prendre de longues vacances. Au cours du printemps, Jim Morrison et Pamela Courson visitent la France, l’Espagne, le Maroc, la Corse. Pendant ce temps, aux États-Unis, l’album LA Woman, sorti en avril, est reçu par une critique unanime comme « le meilleur » des Doors. À Paris, il fréquente l’actrice Zouzou et le journaliste Hervé Muller.

Le 5 juillet, cependant, une rumeur court à Los Angeles selon laquelle Jim Morrison serait mort. Rien de bien alarmant : au cours des années 1967-1968, il s’était rarement écoulé un mois sans que de telles rumeurs ne courussent. Néanmoins dépêché à Paris le 6 juillet, le manager des Doors, Bill Siddons, ne peut que constater la mort du chanteur, retrouvé sans vie dans la baignoire du petit appartement qu’il occupait au troisième étage du 17-19, rue Beautreillis (4e arrondissement de Paris). En présence de cinq personnes, l’inhumation a lieu le 7 juillet, au cimetière du Père-Lachaise, où se trouve toujours la tombe de Morrison.

Elle est située non loin de celle d’Oscar Wilde, son auteur préféré. Pendant plusieurs années, il ne s’agit que d’un tas de terre. Un monument funéraire est finalement érigé. En 1981, l’artiste croate l’orne d’un buste, qui disparaît en 1988. En 1990, la tombe est rénovée. La famille du défunt fait graver dessus, en grec, l’inscription « Fidèle à ses démons ». En 2004, des barrières de sécurité sont installées. En effet, des rassemblements de groupe païens qui y laissaient des bouteilles d’alcool avaient conduit à la dégradation de la tombe18. Il s’agit de nos jours de l’une des sépultures les plus visitées du cimetière19. Une des dernières scènes de l’épisode 5 de la saison 4 de la série télévisée Dix pour cent est tournée à l’aube autour de la tombe.

Les circonstances de la mort de Morrison ont donné lieu à de nombreuses spéculations, d’autant plus qu’à son arrivée, Bill Siddons n’a pas vu le corps de Jim Morrison mais le cercueil censé le contenir. Aucune autopsie ni examen n’ont été pratiqués sur le cadavre, la cause officielle du décès étant une simple crise cardiaque. La vie d’excès menée par Morrison pendant six ans (il abusait de l’alcool, participait volontiers à des orgies et se vantait d’avoir pris deux cents fois de l’acide) accrédite cette version des faits. Des témoins, notamment son ami Alan Ronay, ont rapporté qu’il était suivi de près par un cardiologue et qu’il démontrait des signes d’insuffisance cardiaque et d’œdème pulmonaire et de profonde dépression la veille de sa mort (difficulté à respirer, toux avec rejets sanguinolents, hoquets). La version officielle (entretenue par la succession Morrison et par Patricia Kennaely) de la crise cardiaque dans son bain est la plus répandue, car elle correspond à ce que les pompiers et le médecin légiste ont finalement conclu.

Cependant, des témoins affirment avoir vu Morrison ce soir-là dans un bar parisien branché de la rive gauche, le Rock ‘n’ Roll Circus. Selon cette version, Morrison, venu chercher de l’héroïne pour Pamela Courson auprès de deux hommes travaillant pour Jean de Breteuil10, dealer alors connu des services de police, aurait délibérément pris de l’héroïne pure et serait mort d’une surdose dans les toilettes du bar. Par crainte du scandale et de la fermeture administrative du club, il aurait été ramené en voiture déjà mort jusqu’à l’appartement de la rue Beautreillis qu’il partageait avec Pamela Courson. D’après Sam Bernett, à l’époque gérant du Rock ‘n’ Roll Circus, les deux dealers qui lui avaient vendu l’héroïne l’auraient emmené eux-mêmes dans son appartement parisien du 17-19 rue Beautreillis après qu’un médecin, présent dans la boite de nuit, eut constaté le décès, et l’y auraient mis dans un bain froid dans l’espoir de le ranimer. Cette histoire est confirmée en 2019 par Philippe Manœuvre, qui explique qu’Agnès Varda aurait ensuite été appelée pour maquiller l’histoire avec un médecin. Cette version tend vers celle d’un suicide par overdose préméditée.

Une troisième version, développée dans la biographie de Stephen Davis, explique que Jim Morrison a bu toute la journée du 2 juillet en compagnie d’Alain Ronay. En fin de journée, le journaliste le laisse dans un café et prend le métro pour aller rejoindre la chanteuse Marianne Faithfull avec qui il doit dîner. Il se retourne une dernière fois vers son ami, il ne le reverra jamais. Il aurait ensuite emmené sa compagne, Pamela Courson, dîner au restaurant puis voir au cinéma le film La Vallée de la peur. De retour dans leur petit appartement du 17-19 rue Beautreillis très tard dans la nuit, ils dansent sur des disques de The Doors, ils prennent de l’héroïne ramenée de Chine par Jean de Breteuil, de la China White.

Vers 3 heures du matin, le couple s’endort et, deux heures plus tard, Jim Morrison se réveille, souffrant. Il décide de prendre un bain et se met à vomir des bouts d’ananas et l’alcool ingérés la veille. Pamela Courson se réveille en sursaut pour lui porter secours mais se rendort aussitôt. Vers 6 heures, Jim appelle Pamela toujours endormie, ce sera sa dernière phrase : « Are you still there ? » (« Es-tu toujours là ? »), puis il meurt dans la baignoire. Deux heures plus tard, Pam se réveille précipitamment et constate que Jim n’est pas avec elle. Elle se rue vers la salle de bains, mais s’aperçoit que la porte est fermée à clé. Elle contacte son ami, Jean de Breteuil, pour lui demander de l’aider à appeler la police car Pam ne parle pas français. Jean arrive chez elle une demi-heure plus tard, appelle les pompiers, puis repart rapidement et quitte le sol français. Jim Morrison aurait été trouvé mort dans sa baignoire, le corps couvert d’hématomes. Pensant qu’il souffre d’une hémorragie interne, ils essayent de le ranimer, en vain. Le décès sera constaté environ 45 minutes plus tard, par le Dr Max Vassille, médecin requis par les services de police prévenus par les pompiers, qui conclut en accord avec les services de police à une mort naturelle par crise cardiaque. Aucune autopsie ne sera ordonnée.

En 2014, Marianne Faithfull qui était au moment des faits la compagne de Jean de Breteuil, fournisseur en héroïne et cocaïne du couple Morrison, accuse Jean de Breteuil d’avoir tué Morrison en lui fournissant une dose trop forte provoquant son overdose. On s’étonne du caractère très sommaire de l’enquête de police alors que la mort de Jim Morrison pouvait facilement être associée aux importants réseaux de trafic de cocaïne et d’héroïne à Paris, et de la fuite concomitante au Maroc de Jean de Breteuil, là où ce fils de notable bénéficiait de facilités diplomatiques grâce à son père Charles de Breteuil.

Voir aussi cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=1F3Oyy-KTuQ

Sources : Wikipédia, YouTube.

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