Jérôme Savonarole, frère dominicain et prédicateur.

Jérôme Savonarole, en italien Girolamo Savonarola, en latin Hieronymus Savonarola, né le 21 septembre 14521 à Ferrare et mort exécuté le 23 mai 1498 à Florence, est un frère dominicain, prédicateur et réformateur italien, qui, de 1494 à 1498, a dirigé un régime théocratique dans la république de Florence.

Prêchant de façon véhémente contre la corruption morale du clergé catholique, sans pour autant remettre en cause le dogme, il est  particulièrement connu pour son « bûcher des vanités » (7 février 1497) dans lequel ont disparu de nombreux livres et œuvres d’art.


Il consacre ses premières années à Florence à l’étude, à l’ascèse et à la prédication. À cette époque, il est plus reconnu pour les deux premières que pour la dernière.

En 1487, il occupe un poste de maître d’études à Bologne, puis est envoyé prêcher dans plusieurs villes de la région, notamment dans la république de Florence, dont le gouvernement est contrôlé par la famille Médicis, qui a écrasé l’opposition après la conjuration des Pazzi (1478).

C’est alors que commence sa carrière de prédicateur intransigeant, exhortant les masses populaires à revenir aux préceptes de l’Évangile et n’hésitant pas à s’attaquer aux Médicis. Son ascendant sur les foules grandit et trouve un écho auprès de certains savants de l’époque, notamment le comte Pic de la Mirandole, dont il devient le confesseur.

En 1490, Laurent de Médicis use de son influence pour le faire revenir à Florence, dans l’espoir de contrôler ce nouvel ennemi.

À cette époque, les gens d’Église se font marchands d’indulgences. En opposition à ces pratiques, Savonarole s’éloigne du monde, et se replie de plus en plus sur l’étude de la Bible et des Pères de l’Église. À Florence, le couvent San Marco suit une règle sévère, comme le montrent ses vêtements et ses cilices.

Un an après son retour à Florence, Savonarole est élu prieur du couvent (1491)7.

Savonarole n’est pas un théologien ; il ne veut pas mettre en place une nouvelle doctrine théologique, comme le feront Martin Luther ou Jean Calvin. Il prêche simplement, mais avec flamme, que la vie des chrétiens doit comporter plus de bonté, plutôt que d’étaler une splendeur excessive. Il ne cherche pas à affronter l’Église de Rome, mais à en corriger les défauts moraux. Savonarole prêche contre le luxe, la recherche du profit, la dépravation des puissants et de l’Église, la recherche de la gloire.

Mais assez vite, il est amené à dénoncer le comportement du pape Alexandre VI qu’il présente comme l’Antéchrist.

Cependant, Laurent de Médicis, dit « le Magnifique », maître du gouvernement de Florence et mécène de nombreux artistes, est aussi la cible des prêches de Savonarole. Il engage Fra Mariano, prédicateur populaire, pour prêcher contre Savonarole. Mais, malgré son éloquence, l’impression faite sur les Florentins est telle qu’il démissionne après son premier sermon.

Selon une légende, alors qu’il se trouvait sur son lit de mort en 1492, Laurent de Médicis aurait réclamé de se confesser à Savonarole. Celui-ci hésitant à venir, il lui aurait fait la promesse que, s’il venait, il ferait tout ce qu’il demanderait. Il aurait déclaré regretter les mauvais traitements envers Savonarole, et trois crimes jamais oubliés : le sac de Volterra, le pillage du Monte della Fanciulle, et le massacre des Pazzi.

Après la mort de Laurent, son successeur Pierre II de Médicis, continue d’être attaqué par Savonarole.

Au cours de ses prêches, Savonarole prédisait qu’un nouveau Cyrus traverserait l’Italie pour y remettre de l’ordre ; l’irruption de l’armée française de Charles VIII en Toscane en 1494 semble confirmer cette prophétie.

Les pamphlets violents de Savonarole contre les Médicis contribuent à l’expulsion de Pierre de Médicis par les Florentins. Savonarole prend le contrôle du gouvernement de la cité.

Il rencontre le roi Charles VIII, négocie les conditions de la paix et évite le sac de la ville. Les Florentins sont autorisés à choisir leur propre mode de gouvernement. Mais le ralliement de Savonarole aux Français en fait un des principaux ennemis non seulement des Médicis, mais aussi du duc de Milan Ludovico Sforza, et du pape Alexandre VI.

Il institue alors un régime qu’il décrit comme une « République chrétienne et religieuse » ; il déclare Jésus-Christ « roi du peuple florentin ». Son régime comporte des réformes sociales et politiques : il modifie le système d’imposition, abolit la torture, renforce les lois contre l’usure, établit une cour d’appel et un système de secours aux pauvres.

Mais il a aussi un aspect moral : il rend également la sodomie, auparavant punie d’amende, passible de la peine de mort. Il prend en main la jeunesse : les jeunes adolescents, revêtus de robes blanches, parcourent les rues pour inciter les Florentins à l’aumône et à la charité.

En 1497, Savonarole et ses partisans élèvent le bûcher des Vanités (7 février 1497). Des jeunes garçons sont envoyés de porte en porte pour collecter tous les objets liés à la « corruption spirituelle » : les miroirs et cosmétiques, les images licencieuses (les femmes nues peintes sur les couvercles des cassoni), les livres non religieux, les jeux, les robes les plus splendides, les livres de poètes jugés immoraux, comme Boccace et Pétrarque. Tous ces objets sont brûlés dans un grand bûcher élevé sur la place de la Seigneurie. Des chefs-d’œuvre de l’art florentin de la Renaissance disparaissent ainsi, y compris des peintures de Botticelli, que l’artiste a lui-même apportées.

Cependant, la population de Florence se lasse des excès de Savonarole. Lors du sermon de l’Ascension (4 mai 1497), des bandes de jeunes déclenchent une émeute, qui devient une révolte : les tavernes rouvrent, les jeux reprennent publiquement.

Savonarole a perdu son ascendant sur Florence, mais reste libre en tant que moine de San Marco.

Le 23 mai 1497, il est excommunié par Alexandre VI.

En 1498, le pape lance un procès d’Inquisition, l’accusant d’hérésie, de prophétisme, de sédition et d’erreur religieuse. Le procès est mené par les dominicains, l’ordre de Savonarole, comme le veut la tradition.

Arrêté, il passe cinquante jours en prison et y subit deux séances de tortures, administrées l’une par la ville de Florence, l’autre par un émissaire spécial du pape. Son corps blessé et ses bras brisés, il dicte en prison deux interprétations du Livre des Psaumes : Infelix ego et Tristitia obsedit me.

Savonarole a perdu néanmoins toute crédibilité depuis qu’il a refusé de se soumettre à une disputatio que réclamaient ses partisans pour lui permettre de prouver sa bonne foi.

Peu de preuves d’hérésie sont apportées, en dehors du fait qu’il affirme être un prophète parlant sous l’inspiration divine. Il est néanmoins condamné à mort avec deux de ses soutiens, Domenico et Silvestro Buonvincini.

Le jour de sa mort, il parle de sa profonde misère d’avoir déclaré sous la torture qu’il n’était pas inspiré par Dieu : « Je me rétracte. J’ai menti de peur de la torture et je veux que cela soit su publiquement. Que les abysses de mes péchés se dissolvent dans les abysses de votre merci. »

Il parle ensuite aux frères Buonvincini, Domenico, qui se rétractait, et  Silvestro, qui a peur de mourir.

Le légat du pape leur déclare ensuite qu’ils sont condamnés comme hérétiques et schismatiques, et donc exclus de l’Église militante et de l’Église triomphante, de l’Église sur terre et de l’Église des cieux.

Ils sont alors remis au bras séculier, pendus puis brûlés. Leurs cendres sont jetées dans l’Arno.

Même après sa mort, Savonarole continue d’exercer une influence sur ceux qui l’ont connu : ainsi, Botticelli ne peint plus de nu après l’épisode du bûcher des Vanités.

Source : Wikipédia.

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