Jean Zay, avocat et homme politique.

Jean Zay, né le 6 août 1904 à Orléans et mort assassiné par la Milice le 20 juin 1944 à Molles (Allier), est un avocat et homme politique français. Il est sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, député du Loiret et conseiller général.

Pendant ses quarante-quatre mois au gouvernement du Front populaire, Jean Zay institue, au titre de l’Éducation nationale : les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école, les œuvres universitaires4 ; et au titre des Beaux-Arts : le CNRS, le Musée national des arts et traditions populaires, le Musée d’Art moderne, la Réunion des théâtres lyriques nationaux, le festival de Cannes.

Jean Zay s’engage très tôt en politique. Dès ses études secondaires, il adhère aux Jeunesses laïques et républicaines, puis, à sa majorité (21 ans) s’inscrit au Parti radical. Il fréquente les cercles républicains, devient membre de la Ligue des droits de l’homme, responsable de la Ligue de l’enseignement et se fait initier, en 1926, à la loge maçonnique Étienne Dolet de l’obédience maçonnique du Grand Orient de France.

En 1932, à 27 ans, il est élu député du Loiret sous l’étiquette radical-socialiste, battant Maurice Berger, député sortant du Parti démocrate populaire. C’est à cette époque que paraît dans un journal conservateur du Loiret, son poème Le Drapeau, volé et monnayé par des activistes d’extrême droite.

Jean Zay, carte maximum, Orléans, 18/02/1984.

Zay constitue l’un des piliers des « Jeunes Turcs », ces membres du Parti radical qui souhaitent le rénover. Vite remarqué, il devient l’un des espoirs du parti et c’est à lui qu’est confié le rapport de politique générale du congrès de 1935 qui décide l’adhésion du parti radical au Front populaire. En 1936, le président du Conseil, Albert Sarraut, le nomme sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil. Quelques mois plus tard, il est réélu et devient, à 32 ans, le 4 juin 1936, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du Front populaire. En mars 1937, il est élu conseiller général du canton d’Orléans-Nord-Est.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean Zay démissionne le 2 septembre 1939 pour rejoindre l’armée française et suivre le sort de sa classe d’âge. Son courage et son dévouement au sein de la IVe armée sont attestés par ses chefs militaires : volontaire pour les missions les plus périlleuses et les plus délicates.

Sous-lieutenant rattaché à l’état-major de la IVe armée, il séjourne en Lorraine pendant la « drôle de guerre » de 1939-1940. En juin 1940, avec l’autorisation de ses supérieurs, il rejoint Bordeaux pour participer, le 19 juin 1940, à la dernière session du Parlement qui s’y est replié avec le gouvernement et qui débat de la question d’un abandon de la métropole aux troupes allemandes et d’un transfert du gouvernement français en Afrique du Nord. Aucune décision n’est prise, mais, le 21 juin 1940, en fin d’après-midi, Camille Chautemps, vice-président du Conseil, les présidents des deux chambres, Jean Zay et Pierre Mendès France, ainsi que vingt-cinq autres parlementaires embarquent au Verdon à bord du Massilia. Arrivés à Casablanca, au Maroc, le 24 juin 1940, en raison d’une grève de l’équipage puis de l’attente d’une demande d’asile au gouvernement britannique, les passagers du Massilia sont d’abord consignés par le résident général Charles Noguès dans un grand hôtel, puis quatre d’entre eux, dont Jean Zay, sont arrêtés, le 15 août 1940, pour désertion devant l’ennemi. Renvoyé en métropole, Jean Zay est interné, le 20 août 1940, à la prison militaire de Clermont-Ferrand.

Pendant des mois, Jean Zay devient « la cible notoire de la campagne antisémite » et une violente campagne de presse orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l’Information du gouvernement de Vichy, réclame la condamnation à mort du « juif, Jean Zay » comme juif, franc-maçon, anti-munichois, anti-hitlérien et ministre du Front populaire. À cette occasion, on ressort son poème de jeunesse, Le Drapeau, volé préalablement et monnayé par des militants d’extrême-droite, qui le présentent comme une preuve d’antipatriotisme.

Le 4 octobre 1940, le tribunal militaire permanent de la 13e division militaire, siégeant à Clermont-Ferrand, le condamne en tant qu’officier pour désertion en présence de l’ennemi à la déportation à vie et à la dégradation militaire, contre six ans de prison pour Pierre Mendès France, huit ans de prison avec sursis pour Pierre Viénot et un non-lieu pour Alex Wiltzer. Pour Olivier Loubes, « bouc émissaire idéal », Jean Zay a été condamné « à une peine qui vise à rappeler celle d’Alfred Dreyfus ». Transféré, le 4 décembre 1940, au fort Saint-Nicolas à Marseille pour être déporté, sa peine de déportation dans un bagne est muée par le régime de Vichy en simple internement en métropole et, le 7 janvier 1941, il est incarcéré au quartier spécial de la maison d’arrêt de Riom.

Durant sa captivité, Jean Zay, qui a pour compagnon de cellule le rabbin Édouard Gourévitch, peut continuer à recevoir régulièrement sa femme, Madeleine Dreux Zay, et ses deux filles, l’aînée, Catherine Martin-Zay, et la cadette, Hélène Mouchard-Zay, née en 1940 après l’arrestation de son père. On lui permet d’écrire et de communiquer avec ses amis. Il ne cherche pas à s’évader comme la force de la résistance intérieure française dans la région l’aurait sans doute permis. Il continue à travailler, préparant les réformes qu’il pense pouvoir mettre en œuvre après la Libération.

Le 20 juin 1944, trois miliciens viennent le chercher à la prison de Riom. Il s’agit d’Henri Millou, responsable de la sécurité de la Milice à Vichy, Charles Develle et Pierre Cordier. Les trois miliciens présentent un ordre de transfert pour Melun signé par le directeur de l’administration pénitentiaire, Baillet, également milicien. Ce document contient aussi des instructions de Raymond Clémoz, alors chef de cabinet de Joseph Darnand à Vichy. Les trois miliciens lui laissent entendre qu’ils sont des résistants déguisés qui ont pour mission de lui faire rejoindre le maquis, et l’assassinent dans un bois, près d’une carrière, au lieu-dit Les Malavaux, dans la faille du Puits du diable, à Molles, dans l’Allier.

Jean Zay est abattu par Charles Develle. Puis, afin qu’il ne soit pas identifié, les tueurs le déshabillent, lui ôtent son alliance, jettent sa dépouille dans la crevasse du Puits-du-Diable et y lancent quelques grenades pour cacher le corps par des éboulis.

Le 22 septembre 1946, son corps et ceux de deux autres personnes sont retrouvés, enfouis sous un tas de pierres, par des chasseurs de Molles et de Cusset et enterrés sur ordre de la municipalité de Cusset dans une même fosse du cimetière communal.

Faisant le rapprochement entre le cadavre et la disparition de Jean Zay, les enquêteurs retrouvent l’identité du milicien qui a signé le registre de levée d’écrou, Charles Develle, et l’interpellent à Naples, en Italie, où il s’est réfugié. Exhumés, fin 1947, les restes de Jean Zay sont identifiés grâce à sa fiche dentaire et aux mensurations données par son tailleur. Jugé en février 1953, Develle est condamné aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Lyon puis libéré deux ans plus tard.

Jean Zay est inhumé dans le grand cimetière d’Orléans, du 15 mai 1948 à 2015, année de son transfert au Panthéon.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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