Jean Messagier, peintre, graveur et sculpteur.

Jean Messagier (Paris, 17e, 13 juillet 1920 – Montbéliard, 10 septembre 1999) est un peintre, graveur, sculpteur français. En 1947 a lieu sa première exposition personnelle à Paris, Galerie Arc-en-Ciel. De 1945 à 1949, l’artiste s’était montré sous l’influence de Pablo Picasso et de François Desnoyer qui fut son professeur à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Messagier a été révélé de nouveau au public lors de l’exposition organisée par Charles Estienne à la Galerie de Babylone, en 1952, sous le titre La Nouvelle École de Paris. L’année suivante, Messagier rompt délibérément avec le post-cubisme à tendance expressionniste. Il s’appuie alors sur Jean Fautrier et Pierre Tal Coat pour élaborer une vision personnelle dans laquelle il restitue “la lumière… une lumière différente de celle des impressionnistes” qu’il avait “pressentie abstraitement”. Réalisant aussi bien des sculptures, tapisseries, chars de carnaval, des montgolfières, étiquettes de bouteilles de vin, il fut encore poète, compositeur de musique, écologiste, un humaniste militant et surtout peintre. Rattaché à l’École de Paris d’après-guerre, on le qualifie confusément d’abstrait lyrique, de nuagiste, de tachiste, de paysagiste abstrait. Lui-même n’a jamais voulu se définir, il a toujours renoncé à la dualité abstraction – figuration.

Après ses études secondaires à Montbéliard, Jean Messagier intègre en 1942 l’École Nationale des Arts Décoratifs de Paris où il étudie avec Roland Oudot, Maurice Brianchon, Raymond Legueult et François Desnoyer, ayant pour condisciple Jean Labellie dont il restera l’ami. Parallèlement, il suit les cours de poétique de Paul Valéry au Collège de France.

En 1944, Jean Messagier réalise ses premières gravures et épouse la céramiste Marcelle Baumann qu’il fréquente aux Arts Déco. Ils ont en commun la Franche-Comté, puisque cette dernière est l’une des filles de Walter Baumann, directeur de la chaiserie de Colombier-Fontaine. Les parents de Jean Messagier habitent alors Valentigney, son père étant employé aux cycles Peugeot de Beaulieu-Mandeure, tout près du berceau familial des Messagier qui est le village de Mathay. C’est grâce à la famille de sa mère originaire d’Alsace et habitant Paris, au sein de laquelle il voit le jour, qu’il sillonne très jeune la capitale avec son grand-père, agent d’assurances, mais surtout photographe amateur. Ce dernier lui apprend à regarder – pendant des temps interminables – confie Jean Messagier dans son journal. C’est lui qui l’emmène voir les spectacles de Guignol présentés dans les squares parisiens. De cette période naîtra la passion de Jean pour les marionnettes qu’il collectionnera toute sa vie et son envie d’amener l’art dans la rue. Cet aspect ne le quitte pas.

En 1947, Messagier réalise ses premières sculptures, voyage en Italie et Algérie. Sa première exposition personnelle a lieu à la galerie Arc-en-Ciel, Paris. Il devient Sociétaire du Salon d’Automne, section gravure, en 1948. L’année suivante, naissance de Matthieu (poète). Réalisation d’une série de dessins et collages entre les verres de diapositives photographiques, et en 1952, aménagement du nouvel atelier du Moulin, précédemment dans la pièce du haut de l’ancien moulin puis définitivement dans un bâtiment en bois indépendant. Messagier est membre fondateur du Salon d’Octobre qui se réunira deux fois, en 1952 et en 1953.

Les années 1953 et 1954 “marquent un tournant décisif dans l’itinéraire de Messagier”, selon Bruno-Pascal Lajoinie, “les formes allusives et en état de dissolution qu’il affectionnait jusque-là font place à de vastes étendues indéterminées, le plus souvent monochromes, où se lit l’attachement indéfectible qu’il porte à la nature, à l’air et à la lumière. Au fil des années, le geste se fait plus ample – plus délié aussi – et trouve finalement son épanouissement au cours de la décennie 60 dans de larges et élégantes “girations” : les œuvres ne sont plus qu’un réseau de boucles, boucles s’enroulant et se mêlant inlassablement les unes aux autres.”

Oeuvre de Jean Messagier, carte maximum, Paris, 31/03/1984.

Pour lui, un artiste se doit d’être un acteur social, un « aiguillonneur » pour reprendre ce néologisme confié à un journaliste du journal La croix. Pour cela, Jean Messagier devient organisateur de fêtes monumentales à l’instar de l’inauguration de son moulin de Lougres, sa demeure principale depuis 1962. Les familles Messagier et Baumann sont entourées des officiels nationaux, des artistes amis venus de Paris, des galeristes les plus connus (un match de football artistes – marchands de tableaux fait partie des festivités), des officiels locaux mais aussi des ouvriers qui ont construit la demeure, de toute la population des villages de Lougres et Colombier-Fontaine que Jean a conviée. Ainsi, le menuisier a côtoyé le député, le gamin du village a parlé à un monsieur au fort accent russe s’appelant Serge Poliakoff, l’architecte (Jean-Louis Véret, élève de Le Corbusier) a dansé avec la « nounou » Marguerite. Le peintre Pierre Alechinsky s’est essayé aux joies du tir à l’arc. Jean Messagier renouvellera cet esprit autant qu’il le pourra.

1954 : Naissance de Thomas (taxidermiste) – Mort de son père – Changement d’appartement au 8 rue Pierre et Marie Curie (Paris) : du rez-de-chaussée au 5e. En 1957, il voyage en Sardaigne et réalise des dessins sur le sable. L’année suivante, naissance de Simon (artiste-peintre avec un intermède entomologique de 1976 à 1986). En 1959, Messagier devient membre du comité du Salon de Mai.

En 1962, Pierre Alechinsky et Jean Messagier, qui se connaissent depuis 1953, réalisent une toile à 4 mains rehaussée de phrases du critique Charles Estienne. En 1962, il représente la France à la Biennale de Venise aux côtés de Alfred Manessier, Serge Poliakoff, André Marfaing et James Guitet.

Entre 1963 et 1965, Messagier voyage en Italie, et à Lougres, le Moulin, réalise des sculptures d’herbes, des dessins sur la neige. Il obtient la médaille : Pour un été, La Monnaie de Paris. À Sao Paulo, 8e biennale d’art, Messagier est un des cinq peintres représentant la France. L’année suivante Messagier crée un concours de tir annuel, et devient membre titulaire du Comité National de la gravure française, Paris. En 1965, il invite Hugh Weiss au Salon de mai. En 1967, il participe à la sortie d’une série de timbres artistiques et à la réalisation d’une fresque collective dans le cadre du Salon de Mai (timbre = Printempstigre).

Mai 1968 introduit une nouvelle rupture dans l’œuvre de Messagier qui revient partiellement à la représentation. Chevalier de l’Ordre National des Arts et Lettres – Alexandrie : 7e biennale d’art. 2e prix – Rijeka : 1re exposition internationale de dessins originaux. Prix de la galerie d’art contemporain de Zagreb – Vela Luka : Participation à la réalisation d’une mosaïque collective dans le cadre de la rencontre internationale d’artistes. Il investit la Maison d’Art et Loisirs de Sochaux (MALS) avec la complicité de son directeur, Yves Deschamp, en 1969. Il participe aux carnavals de Montbéliard, il invente le ZNUP, architecture de thermoformages investie par les habitants de la ZUP de la Petite Hollande de Montbéliard. Il contribue grandement aux « fêtes du futur » de la Saline royale d’Arc-et-Senans durant les années 1970 et propose au Grand Palais à Paris en 1972 lors du festival d’automne son Grand palais des conversations de framboises et des collines respirantes.

1973 : Pétition contre la pollution du Doubs réunissant 3 000 signatures. Délégué pour le Pays de Montbéliard de l’APEDI (association pour la protection des eaux et des ressources naturelles du bassin inférieur du Doubs) – Pochette d’un disque de Vinko Globokar (d’après la toile Paysages à imaginer) – Tapisserie : Dolman pour un pêcheur – Lougres, Le Moulin : Sculptures de glace moulée dans des thermoformages. 1974 : Montbéliard : Réalisation de chars pour le carnaval – Paris, festival d’automne : Sculpture commémorative pour l’édition 1974 – Vaucresson : Décoration de l’école maternelle – Mougins : Réalisation, avec l’aide d’André Villers, des premiers dévelofixers : objets ou éléments végétaux jetés sur le papier photographique peint à l’aide du révélateur.

1975 : Chevalier de la Légion d’Honneur – Médaille : Hommage à Watteau, La Monnaie de Paris – Etupes : Prix de caisses à savon – Metz : Décoration du collège de Metz-Queuleu – Montbéliard : Réalisation de chars pour le carnaval – Montbéliard, école maternelle du Petit-Chênois : Un jardin dans le ciel : décoration en thermoformages – Paris : Lancer du RAVNI (RAdis Volant Non Identifié) dans le cadre de l’exposition à la galerie Beaubourg. 1976 : Etupes : Prix de caisses à savon – Lougres, Le Moulin : Sculptures de glace moulée dans des thermoformages et dessins dans la neige à l’aide de bombes aérosol de peinture. 1977 : Arc-et-Senans, Fête du Futur : Hommage au sel, sculpture réalisée en thermoformages – La Colle-sur-Loup : Organisation du match de football artistes – marchands de tableaux dans le cadre de l’exposition à la fondation Maeght de Saint-Paul de Vence – Paris : Illustration du Théâtre de Beaumarchais pour l’Imprimerie Nationale. 1978 : Arc-et-Senans. Décoration de la montgolfière “La Futurible” dans le cadre du championnat de France de montgolfières et réalisation d’une médaille pour l’occasion Colombier-Fontaine. Char pour la fête du bois. Vitry-sur-Seine : Décoration des tribunes du stade et match de football artistes – marchands de tableaux.

En 1979, Messagier réalise une étiquette pour une série de bouteilles de Santenay choisie par Jean Lenoir à Remigny. Danemark. Réalisation d’une boîte à gâteaux pour la firme Irma (25 000 exemplaires). Montbéliard : Inauguration de la salle permanente d’exposition “Messagier Maintenant II” au musée. Réalisation de la maison à assassiner les idées reçues, principes et tabous avec Christian Tchirakadzé et Denys Schwechlen dans le cadre d’une manifestation du Pap’Circus. 1981 : Officier de l’Ordre National des Arts et Lettres. Réalisation de l’épée d’académicien du Professeur Marcel Bessis remise le 8 octobre à la Sorbonne Paris.

Le peintre se tourne alors vers des thèmes ironiques ou absurdes et n’hésite pas à revisiter l’Histoire de l’Art en empruntant des images aux Grands Ainés.

Après une vie entièrement consacrée à la création, Jean Messagier s’éteint à Montbéliard le 10 septembre 1999. Il repose au cimetière de Valentigney (Doubs) sous l’épitaphe qu’il s’était choisie : “Ci-git Jean Messagier, Docteur ès printemps”.

Dans la mémoire de ceux qui l’ont côtoyé, Jean Messagier restera également l’amoureux de la nature, le pêcheur, le chasseur, le mycologue, l’organisateur de fêtes, l’amateur de bonne chère et le passionné de sports (football plus particulièrement).

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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