Jean Guehenno, écrivain et critique littéraire.

Jean Guéhenno (pour l’état civil Marcel-Jules-Marie Guéhenno), né le 25 mars 1890 à Fougères (Ille-et-Vilaine) et mort le 22 septembre 1978 à Paris, est un écrivain et critique littéraire français.

Marqué profondément par son enrôlement durant la première guerre mondiale, il est par la suite une des figures du pacifisme. Il participe à la mise en place des Mouvements de jeunesse à la libération.

Fils de Jean-Marie Guéhenno, cordonnier, et de Jeanne Girou, piqueuse de chaussures, il naît dans une petite ville industrielle de Bretagne. Son père étant gravement malade, il est contraint d’abandonner l’école à quatorze ans pour s’engager comme employé dans une usine de galoches, mais continue à étudier seul, après ses journées de travail.

Il réussit à obtenir le baccalauréat en 1907.

L’historien et membre de l’association « Les Amis de Jean Guéhenno », Florent Le Bot, en fait l’une de ses sources pour son histoire industrielle de la chaussure en France.

Jena Guehenno, carte maximum, Fougères, 14/03/1990.

Jean Guéhenno a raconté son enfance dans son livre Changer la vie, ou il se remémore ses souvenirs de son enfance ouvrière, évoquant l’image de sa mère qui ne quittait guère de la journée sa machine à piquer, et la figure de son père, compagnon du Tour de France. Il reste profondément marqué par la pauvreté voire la misère dans laquelle la famille vivait.

La longue grève qui éclata à Fougères durant l’hiver 1906-1907 le marqua pour toujours. Il écrivit plus tard dans Changer la vie qu’elle « reste en moi comme la plus grande épreuve humaine à laquelle j’aie assisté ». Cette grève dura 98 jours : « C’était une affaire de pain, bien sûr, mais autant une affaire d’honneur, un dur combat ».

Son père Jean-Marie, qui avait fondé à Fougères un des premiers syndicats en France, décède en 1910.

A la mort de son père, il monte à Paris au lycée Louis-le-Grand grâce à une bourse d’externat. Jean Guéhenno passe avec succès en 1911 le concours d’entrée à l’École normale supérieure, mais la Première Guerre mondiale, va interrompre sa carrière universitaire.

Il est mobilisé dans le 77ème régiment d’infanterie dans lequel il sert comme officier d’infanterie.

Jean Guehenno, épreuve de luxe.

Le 15 mars 1915, il est blessé grièvement d’une balle en plein front à Ypres, en Belgique. Il est décoré par la Croix de Guerre.

Cependant, il refuse d’être réformé et travaille à la censure postale de Lyon, puis dans un centre de rééducation d’officiers et de soldats devenus aveugles à Tours.

« La jeunesse morte », achevé en 1920 est son premier ouvrage, roman autobiographique. « La jeunesse morte » est également le titre d’un chapitre du « Journal d’un homme de 40 ans » (1934) dans lequel Jean Guéhenno ose « dire la seule chose qu’on n’ose jamais dire, parce qu’elle fait crier d’horreur les mères, les épouses, les enfants, les amis… Je dirai donc que cette mort innombrable fut inutile. Je dirai donc que j’ai conscience que mes amis sont morts pour rien. Douze millions de morts pour rien ». En 1968, dans la « La Mort des autres », il parle encore de 14-18 comme de « cette grande erreur où nous avons gaspillé notre jeunesse et perdu nos amis ».

Guéhenno sortit de la guerre avec cette conviction pacifiste qui le guidera par la suite.

Il se maria le 17 avril 1916 avec Jeanne Maurel (décédée en 1933), agrégée d’Histoire et de Géographie, et dont il eut un enfant, Louise.

Il est reçu 3e en 1920 à l’agrégation des Lettres. Jean Guéhenno commença sa carrière de professeur de lettres au lycée de Douai, puis à celui de Lille où il inaugura la première khâgne. Puis il est nommé professeur de première supérieure au Lycée Lakanal et, par la suite, aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand à Paris.

C’est à cet humanisme que ressortit son engagement politique entre les deux guerres.

En juillet 1919, il signa la « Déclaration d’indépendance de l’esprit ».

En 1927, il signe, avec notamment Alain, Lucien Descaves, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains et Séverine, la pétition contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre, loi qui abroge, selon les signataires, toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion4. Cette pétition paraît dans le numéro du 15 avril 1927 de la revue Europe.

Guéhenno devient le directeur de la publication de la revue Europe en 1929. Il assure cette fonction jusqu’en mai 1936. Sous sa responsabilité, la revue est devenue un acteur majeur de la vie culturelle française, de nombreux écrivains d’horizons très divers pouvant alors s’y exprimer librement. Il en démissionne lors de la prise de contrôle par les communistes.

Il participe en 1930 au troisième cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands.

Jeanne Guéhenno meurt de maladie le 24 avril 1933.

En 1935, il fonde l’hebdomadaire Vendredi. Il dirige cet hebdomadaire au service du Front populaire, qui s’est voulu indépendant des pouvoirs financiers et des partis politiques, de 1935 à 1938.

Pendant l’Occupation, il s’engage dans la Résistance intellectuelle : membre fondateur du Comité national des Écrivains et du groupe des Lettres Françaises, il est proche de Jean Paulhan, Jacques Decour, Jean Blanzat, Édith Thomas.

Refusant de publier en se soumettant à la censure de l’Occupant, il commence une biographie de Jean-Jacques Rousseau. Sous le pseudonyme de « Cévennes », il transmet donne un ouvrage aux Éditions de Minuit clandestines : Dans la prison.

À la rentrée de 1943-1944, le régime de Vichy le rétrograde en classe de 4ème au lycée Buffon.

Après la Libération, Jean Guéhenno fut nommé inspecteur général de l’Éducation nationale.

En 1944, le gouvernement provisoire de la France le charge d’organiser la Direction de la Culture populaire et des Mouvements de jeunesse nouvellement crée au sein du Ministère de l’Éducation Nationale dont René Capitant était alors Ministre.

Reprenant des idées élaborées dans la clandestinité, il met en place avec Christiane Faure les premiers instructeurs d’animateurs de jeunesse. Avec André Philip et des responsables clandestins d’associations de jeunesse, de partis et de syndicats, il crée la République des jeunes. Cette association réfléchit à la transformation des maisons des jeunes du régime de Vichy en Maisons de la jeunesse et de la culture (MJC) affiliées aux mouvements d’Éducation populaire. En 1948, après la fusion de la Direction de la Culture populaire et des Mouvements de jeunesse avec la Direction de l’Éducation physique et des activités sportives, Guéhenno se rend compte qu’il n’aura pas suffisamment d’autonomie et démissionne de son poste.

Suite à sa démission, il exerça son métier d’Inspecteur général de l’Éducation nationale, jusqu’en septembre 1961.

En juin 1949, l’UNESCO le chargea de parler de l’éducation populaire à la Conférence internationale de l’éducation des adultes à Elseneur.

Le 31 mars 1947, Jean Guéhenno reçoit la médaille de la Résistance.

Il collabore au journal Figaro de 1944 à 1977 puis au journal Le Monde de 1977 à 1978 ou il écrivit ses derniers articles.

Il épouse Annie Rospabé, résistante sauvée par un arrêt forcé du train qui l’emmenait vers les camps de la mort, le 20 décembre 1946. Leur fils, Jean-Marie, naît en 1949.

Jean Guéhenno est élu à l’Académie française le 25 janvier 1962 avec 15 voix au fauteuil d’Émile Henriot, et reçu le 6 décembre 1962 par Jacques Chastenet 8(c’était la première cérémonie de réception à se tenir dans l’Académie rénovée), suscitant cet hommage de François Mauriac dans son Bloc-notes : Quelque mal que vous pensiez de l’Académie, dans une vie exemplaire comme celle de Guéhenno, elle apporte une consécration irremplaçable. Le petit ouvrier breton qui, par la puissance de son esprit et par sa persévérance, est devenu ce maître éminent, ce haut fonctionnaire, et surtout cet écrivain, dessine sous nos yeux une image d’Épinal où la Coupole doit apparaître dans la dernière case.

Jean Guéhenno est mort à Paris le 22 septembre 1978. Ses cendres sont dispersées en mer au large des Sept-Îles, en Bretagne.

Source : Wikipédia.

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