Jean de Vienne, premier amiral de France

Jean de Vienne naît à Dole vers 1341 et meurt sur le champ de bataille de Nicopolis le 25 septembre 1396. Issu de la lignée franc-comtoise des comtes de Vienne, il fut, entre autres, seigneur de Roulans et de Chevigny-Saint-Sauveur. Marié en 1356 à Jeanne d’Oiselay, dame de Bonnencontre, il eut vraisemblablement trois enfants : Philippe, Pierre et Jeanne. On l’a souvent confondu avec son oncle et homonyme, Jean de Vienne (mort le 4 août 1351 à Paris), gouverneur et défenseur de Calais lors du siège de la place entrepris par Édouard III en 1346-1347 (cf. Les Rois maudits). Son frère Guillaume fut archevêque de Rouen et sa sœur Jeanne eut comme fils Jean de Nant qui sera archevêque de Paris. Tous ces personnages appartiennent à l’illustre Maison de Vienne (voir aussi l’article Ste-Croix pour l’organisation de cette noble famille)

Fils de Guillaume Ier ou II de Vienne (vers 1305-1360) et Claudine (ou Marguerite) de Chaudenay (vers 1315-1349), ses jeunes années demeurent obscures. Le testament de son père révèle qu’il fut l’aîné d’une fratrie de huit enfants. Il eut trois frères (Guillaume, Simon et Odet) et quatre sœurs (Jeanne, Jaquette, Marguerite et Catherine). Orphelin de mère à huit ans1, il perd son oncle à l’âge de dix ans1 et son père à dix-neuf ans. Tout ceci devait contribuer à forger chez notre homme un caractère bien trempé, que l’on devine aisément au travers des actes et des expéditions militaires dont il fut à l’origine.

Guillaume († 1407), son frère, était archevêque de Rouen, évêque d’Autun et de Beauvais, abbé de Saint-Martin d’Autun et de Saint-Seine. Leur neveu Jean de Nant, archevêque de Vienne puis évêque de Paris.

Sa carrière militaire débute alors qu’il n’a que dix-sept ans. Il est signalé aux alentours d’Avallon en 1358 sous le commandement de son parent Jacques de Vienne, seigneur de Longwy, capitaine général du comté de Bourgogne. De 1358 à 1364, il participe à la lutte contre les grandes compagnies, bandes de combattants et de mercenaires jetées sur les routes du royaume à la suite du traité de Brétigny (1360). Il est signalé à la bataille de Brignais (1362) à la suite de laquelle il est fait chevalier. Il participe également à la bataille de Cocherel, aux côtés de Bertrand du Guesclin, et qui devait déboucher sur le sacre de Charles V.

Jean de Vienne (x2) sur lettre avec oblitération du Croiseur Jean de Vienne du 27/11/1942.

De 1365 à 1367, il participe à la croisade du Comte Vert Amédée VI de Savoie. Il devient par la même occasion chevalier de l’ordre de l’Annonciade. De retour en France, il prend part une nouvelle fois à la lutte contre les Compagnies avant de se lancer, aux côtés du duc d’Anjou, frère de Charles V, dans la reconquête du royaume. Ainsi, entre 1369 et 1373, il est signalé, entre autres, à Montpon-Ménestérol et Sainte-Sévère. Il prend une part active dans la libération de l’Aquitaine et de l’Anjou. On le retrouve sur mer, en 1372, aux côtés du capitaine de galères Reynier Grimaldi.

En 1373, lors de la désastreuse chevauchée duc de Lancastre, il réussit à surprendre un détachement anglais à proximité d’Oulchy-le-Château et parvint à capturer plusieurs chevaliers. Ce fait d’armes a certainement dû finir par convaincre le roi de sa haute valeur militaire.

En 1373, Charles V le nomme amiral de France. Il réorganise la marine, met en place un important programme de construction, créé les garde-côtes, organise des surveillances sur les côtes et délivre des licences pour la construction et vente des bateaux.

Jean de Vienne est le premier à comprendre que les opérations navales peuvent faire fléchir l’Angleterre, de sorte qu’il conduisit plusieurs expéditions contre les côtes sud anglaises de Plymouth en passant par l’île de Wight jusqu’à Rye.

Entre 1381 et 1385, il se bat contre les Flamands, notamment lors de la bataille de Roosebeke. En 1385, sur sa demande, il débarque en Écosse avec 180 navires afin d’envahir l’Angleterre mais, au terme d’une expédition désastreuse3 pour son armée abandonnée par les Écossais, il doit faire retraite.

Après que Charles VI succéda à son père Charles V sur le trône de France, la Marine déclina car Charles VI ne partageait pas l’intérêt de son père. Jean de Vienne rejoint alors la croisade du roi Sigismond de Hongrie contre l’Empire ottoman. Il est tué lors de la bataille de Nicopolis en Bulgarie. Son corps sera rapatrié et inhumé dans la chapelle familiale dans l’abbatiale de l’abbaye cistercienne de Bellevaux en Franche-Comté.

Jean de Vienne est le premier marin français à avoir conçu et mis en œuvre une véritable stratégie navale. Trois bâtiments de la Marine nationale ont porté son nom.

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