Jan van Eyck, peintre.

Jan van Eyck, né vers 1390 peut-être à Maaseik et mort à Bruges le 23 juin 1441, est un peintre né dans les territoires soumis à l’autorité du prince-évêque de Liège Jean de Bavière (1390-1417), qui devient son protecteur. Il est célèbre pour ses portraits d’un naturalisme minutieux. Ses tableaux les plus connus sont Les Époux Arnolfini et La Vierge du chancelier Rolin. Il termina par ailleurs le fameux retable de L’Agneau mystique, commencé par son frère Hubert van Eyck. Il est l’un des premiers artistes à signer ses œuvres.


La date et le lieu de naissance exacts du peintre restent inconnus. Selon les écrivains et historiens flamands Lucas D’Heere (1559) et Marcus van Vaernewijck (1568), Jan van Eyck serait né à Maaseik, dans la région mosane, à l’époque située dans la principauté de Liège et actuellement dans la Province de Limbourg (Belgique). Cette information est corroborée par le fait que quelques textes de la main du peintre sont écrits en dialecte mosan et par le fait qu’en 1449, la fille de Jan entre dans un couvent de Maaseik. Il pourrait être né aux alentours de 1390.

Très peu de choses sont connues de sa famille. Plusieurs Van Eyck sont signalés pendant cette période à Maastricht. On lui connaît deux frères : Hubert, peintre, est installé à Bruges et entame la réalisation du retable de L’Agneau mystique à Gand, décédé en 1426 ; Lambert, lui aussi peintre, est mentionné dans un livre de compte du duc de Bourgogne en 1431 et est sans doute l’auteur d’un portrait de Jacqueline de Bavière dont on conserve une copie dessinée. Il pourrait être aussi lié au peintre de René d’Anjou, lui aussi d’origine mosane et portant le même nom : Barthélemy d’Eyck.

Dans les années 1422-1425, il est employé à La Haye, à la cour de Jean III de Bavière, comte de Hollande et de Zélande, prince-évêque élu de Liège depuis 1389, en qualité de peintre de la cour et valet de chambre. En 1424, il est désigné sous le nom de « Mayster Jan den Maelre », peintre de cour alors qu’il réalise la décoration avec son atelier, du palais du Binnenhof, alors résidence des comtes de Hollande. Il ne reste aucune œuvre de Jan van Eyck

de cette période hollandaise sinon des copies d’œuvres perdues. C’est le cas de L’Homme à l’œillet de la Gemäldegalerie (Berlin), copie ancienne qui comporte les insignes de l’ordre de Saint-Antoine, protecteur de la maison de Wittelsbach, famille de Jean de Bavière, le dessin de la partie de pêche conservé au Louvre attribué à un suiveur et parfois au maître lui-même, représentant la cour hollando-bavaroise et enfin quelques miniatures extraites des Heures de Milan-Turin issues de son atelier.

Le 6 janvier 1425, le prince-évêque meurt et Jan van Eyck quitte aussitôt La Haye pour rejoindre Bruges. Le 19 mai 1425, une lettre patente le fait peintre de cour et valet de chambre au service de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Sa mission n’est pas attachée à une résidence du duc ni pour des travaux traditionnels de décorations pour des fêtes, il est chargé de missions exceptionnelles et secrètes comme l’indiquent les archives bourguignonnes à son sujet. Une rente annuelle fixe lui est régulièrement attribuée jusqu’à sa mort. Il doit pour cela rester proche du duc et déménage à Lille, résidence ducale habituelle, où il est mentionné avant le 2 août 1425.

Parmi ces missions, il est payé le 26 août 1426 pour un pèlerinage et un voyage lointain et secret, puis le 27 octobre pour « certains loingtains voyages secrez ». Il pourrait s’agir d’un voyage de repérage et pèlerinage en Terre sainte pour le duc. Certains tableaux issus de son atelier, tel que Les Trois Maries au Sépulcre de Rotterdam, comportent en effet des vues topographiques précises de la Jérusalem de l’époque. Il obtient à chaque déplacement des sommes beaucoup plus importantes que sa rente annuelle. En juillet et août 1427, il perçoit de nouveau des sommes pour des missions diplomatiques à l’étranger. L’une d’entre elles pourrait être un voyage à la cour d’Alphonse V d’Aragon, à Valence pour lui demander la main de sa nièce Isabelle d’Urgel pour Philippe le Bon. Le roi d’Aragon lui achète par la

suite plusieurs œuvres et lui envoie son peintre attitré, Lluís Dalmau, pour qu’il soit formé auprès de lui entre 1431 et 1436. Entre le 19 octobre 1428 et le 25 décembre 1429, il est de nouveau envoyé en ambassade, la seule attestée par les textes, mais cette fois-ci au Portugal, afin de négocier le mariage entre le duc de Bourgogne et Isabelle de Portugal auprès du père de celle-ci, Jean Ier de Portugal. À cette occasion, en janvier 1429, il réalise deux portraits de la future duchesse, au château d’Aviz, expédiés au duc le 12 février. Le peintre fait sans doute aussi un passage par l’Espagne, peut-être à Saint-Jacques-de-Compostelle, à Valladolid à la cour de Jean II de Castille et à Grenade, auprès de Mohammed VIII al-Mutamassik.

Pendant cette période, Jan van Eyck effectue aussi des déplacements personnels. Il est invité le 18 octobre 1427 lors de la Saint Luc à Tournai. La corporation locale des peintres y organise un banquet en son honneur. Il y rencontre sans doute à cette occasion Robert Campin et Roger de la Pasture, futur Rogier van der Weyden, ou encore Jacques Daret, tous membres de cette corporation. Il retourne d’ailleurs à Tournai le 23 mars 1428.

En 1430, un document ducal fait penser que Van Eyck réside de nouveau à Bruges. Van Eyck conserve par ailleurs des commandes privées en parallèle de son travail pour le duc. En 1432, il achève à Gand le retable de L’Agneau mystique entamé par son frère Hubert pour le bourgeois Joost Vijdt. Cette année-là, il paie des intérêts d’hypothèque à l’église Saint-Donatien de Bruges pour une maison qu’il a achetée : il y a sans doute installé à demeure son atelier. Il y reçoit entre le 17 juillet et le 16 août, la visite du bourgmestre et des échevins de la ville qui rétribuent de petites gratifications ses commis.

Il réalise pour la ville plusieurs commandes : il réalise notamment en 1435 la polychromie de plusieurs statues représentant des comtes et comtesses de Flandre pour la façade de l’hôtel de ville. C’est aussi à cette époque qu’il réalise ses commandes privées les plus célèbres : le portrait de Tymothéos en 1432, sa plus ancienne œuvre signée, L’Homme au turban rouge en 1433, Les Époux Arnolfini en 1434 et La Vierge au chanoine Van der Paele entre 1434 et 1436.

Van Eyck, entier postal, Belgique, 1975.

Vers 1433, le maître se marie à une « damoiselle Marguerite », qui est peut-être d’origine noble et dont il réalise le portrait en 1439, alors qu’elle est âgée de 33 ans. Leur premier enfant nait en 1434, le duc en est le parrain et lui donne en cadeau six tasses en argent. Jan van Eyck continue de travailler pour le duc : il voit sa rente annuelle transformée en rente à vie en 1435 et augmentée, passant de 100 à 360 livres par an. La cour des comptes de Lille refuse d’entériner cette augmentation, et, devant la menace de Van Eyck de renoncer à sa charge, le duc prend la défense de son peintre par un courrier venu de Dijon en date du 2 mars : « nous le voulons entretenir pour certains grans ouvraiges, en quoy l’entendons occuper cy après et que nous trouverions point le pareil à nostre gré ni si excellent en son art et science ».

Il effectue en effet toujours des travaux pour le duc : il participe à la décoration de ses résidences de Hesdin en 1432, Bruxelles en 1433 et Lille en 1434. Il continue toujours à effectuer des missions pour lui jusqu’à la fin de sa vie : il est envoyé à Arras en 1435, à l’occasion de la négociation de la paix entre la Bourgogne, l’Angleterre et la France. En 1436, il effectue une dernière fois, « certains voyaiges loingtains es estranges marches », sans doute en terre non chrétienne, alors que Philippe le Bon envisage de mener une croisade. En hiver 1440, les comptes bourguignons signalent que le peintre remet au duc « certaines tables ainsi que d’autres objets secrets » qu’il a achetés pour lui.

Jan van Eyck meurt le 23 juin 1441 et est inhumé dans le cloître de l’église Saint-Donatien. Le 21 mars 1442, Lambert, son frère, demande et obtient le droit de transférer sa tombe dans l’église, près des fonts baptismaux.

L’historien d’art néerlandais Boudewijn Bakker formule l’hypothèse fertile que les chefs-d’œuvre de la peinture flamande, truffés d’autant d’énigmes et de mystères que les cathédrales européennes, se lisent « à plusieurs niveaux », tout comme l’exégèse biblique de l’époque faisait appel à une méthode de lecture ancestrale, dite « à quatre niveaux »: littéral, allégorique, allusif et mystique. Origène (185-254), puis Ambroise de Milan au ive siècle, reprennent cette méthode pour la Lectio divina, c’est-à-dire l’exercice de la lecture spirituelle visant, par la prière, à pénétrer le plus profondément possible un texte sacré.

On pense que le théologien Denys le Chartreux, confesseur du duc de Bourgogne, a pu conseiller le peintre sur le contenu iconographique de certains grands retables. Dans son œuvre, De l’attractivité du monde et de la beauté de Dieu, le théologien affirme que la beauté du monde visible n’est que prégustation de la sagesse divine. Le peintre, en peignant, devient l’instrument du créateur pour chanter l’éloge de Dieu. La nature qu’il peint est elle-même une vaste théophanie.

L’apport technique de Van Eyck à la peinture occidentale est capital. Il a porté la technique de la peinture à l’huile à la perfection (sans pour autant la créer). Le liant utilisé par Van Eyck était à base d’huile siccative et d’un autre élément qui rendait le liant consistant, ce qui était l’une des difficultés rencontrées par les utilisateurs de la peinture à l’huile auparavant. Il a porté la technique de la peinture à l’huile et le réalisme des détails (notamment le rendu des matières) à un sommet jamais atteint avant lui, la technique flamande permettant aussi la netteté de ceux-ci.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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