James Tissot, peintre et graveur.

James Tissot, pseudonyme de Jacques-Joseph Tissot, né à Nantes le 15 octobre 1836 et mort à Chenecey-Buillon le 8 août 1902, est un peintre et graveur français.

Il a passé une partie de sa vie en Angleterre où il était apprécié comme peintre de la haute société de l’époque victorienne.

Après des études à l’École des beaux-arts de Paris, il expose au Salon de 1859 des œuvres plutôt traditionnelles avant de devenir le peintre des toiles féminines et de la société mondaine de la fin du Second Empire. Après la guerre de 1870 et la Commune de Paris, il s’installe à Londres en 1871 où il réussit brillamment comme peintre de l’élégance féminine et comme caricaturiste pour Vanity Fair. À la mort de sa compagne Kathleen Newton en 1882, il revient à Paris et expose avec succès des portraits de femmes de diverses conditions sociales dans leur environnement quotidien. À partir de 1888, il vit une révélation religieuse et se consacre dès lors jusqu’à la fin de sa vie à des sujets bibliques, nourrissant son art d’observations effectuées lors de voyages en Palestine et à Jérusalem : ces œuvres chrétiennes largement éditées en français et en anglais lui assurent alors une grande renommée.


La famille de James Tissot est originaire de Franche-Comté (villages de Maîche et Trévillers, près de la frontière suisse) mais son père soucieux de réussite commerciale s’est installé à Nantes comme drapier : il fait suffisamment fortune pour acheter et aménager dans sa région d’origine le château de Buillon, au bord de la Loue, dans le département du Doubs, à l’emplacement de l’ancienne abbaye cistercienne. Fils de ce marchand de drap prospère et d’une modiste, Jacques-Joseph Tissot naît à Nantes le 15 octobre 1836 : il gardera des activités de ses parents le goût des tissus et de la mode dont il fera son thème de prédilection comme il aimera peindre des scènes de port (The Captain and the Mate, 1873 – The Captain’s Daughter, 1873, Southampton City Art Gallery (UK) – Ball on Shipboard, c. 1874, Tate Britain, London – The Gallery of H.M.S. ‘Calcutta’ (Portsmouth), ca. 1877, Tate Gallery, Londres…). Sa famille très catholique l’envoie au collège des Jésuites de Vannes2, de la même promotion qu’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam (1856), et accepte à regret sa vocation d’artiste.

En 1856, il gagne Paris pour suivre les cours de Hippolyte Flandrin et de Louis Lamothe à l’École des beaux-arts : il devient alors l’ami de Edgar Degas et James Abbott McNeill Whistler.

En 1859, Tissot (qui a pris par anglophilie le prénom de James), expose pour la première fois au Salon de Paris, deux portraits de femmes et trois scènes en costume médiéval inspirées par Faust comme La Rencontre de Faust et de Marguerite, 1860 (musée d’Orsay) où apparaît l’influence du peintre belge Henri Leys qu’il a rencontré à Anvers en 1859. Dans les années 1860, James Tissot se spécialise dans les portraits de femmes, le plus souvent représentées en costume moderne, exemples de ce goût d’homme raffiné qui lui permet de devenir le portraitiste de la société élégante de son temps, comme l’illustre le Portrait du marquis et de la marquise de Miramon (1865) ou Le Cercle de la rue Royale (1868). En 1860, il voyage en Italie et découvre Londres en 1862.

Comme ses contemporains Alfred Stevens, George Hendrik Breitner, ou Claude Monet, James Tissot explore aussi le « japonisme », qu’il est le premier à prendre pour sujet en peinture en 1864 avec Whistler. Le tableau Japonaise au bain, l’un de ceux qu’il réalise cette année là, est un « nu à la fois élégant et provocant » conservé au musée des beaux-arts de Dijon. Y sont inclus divers objets et costumes japonais, comme dans le portrait de l’artiste, peint par Degas à cette époque, où un tableau japonais est accrocher au mur.

En 1864, Tissot expose à nouveau au Salon à Paris, où il rencontre un certain succès avec deux portraits : Les Deux sœurs (1863, musée d’Orsay) et le Portrait de Mlle L. L. (1864, musée d’Orsay)7. Il expose également en 1864 certaines de ses toiles à la Royal Academy de Londres et collabore comme caricaturiste à Vanity Fair à partir de 1869. En 1870, James Tissot participe à la guerre franco-prussienne dans les Tirailleurs de la Seine puis à la défense de Paris durant la Commune (il a laissé un dessin représentant les Éclaireurs de la Seine). Peut-être à la suite de cet engagement ou simplement par opportunité, il quitte Paris pour Londres en 1871 et emménage dans une imposante villa à Saint John’s Wood. Ayant déjà travaillé pour le magazine Vanity Fair comme caricaturiste sous le pseudonyme de « Coïdé » et exposé à la Royal Academy en 1864, James Tissot dispose de solides relations sociales et artistiques dès son arrivée en Angleterre et développe rapidement sa réputation de peintre de l’élégance féminine avec une certaine théâtralisation du monde et un jeu sur les apparences qu’on retrouvera chez Marcel Proust. Il rencontre cependant quelques réticences comme celle de John Ruskin qui décrit les œuvres de Tissot comme de « simples photographies en couleurs de la société vulgaire. » En 1874, il refuse de participer à l’exposition des Impressionnistes, mais conserve de bons rapports avec les peintres français : il reçoit Berthe Morisot à Londres en 1874 et visite Venise avec Édouard Manet la même année, il continue également à fréquenter régulièrement Whistler.

En 1875, Tissot rencontre une Irlandaise divorcée, Kathleen Kelly, épouse Newton, qui devient sa compagne et lui sert fréquemment de modèle : il la peint en particulier dans le jardin de son élégante maison ou dans le salon japonais qu’il a fait aménager avec soin. Elle vivra à ses côtés jusqu’à sa mort due à la tuberculose le 9 novembre 1882 : très affaiblie par la maladie, elle se suicide. Cette liaison hors mariage, choquante pour la société victorienne, entraînera pour le peintre une vie sociale moins intense, mais animée par les échanges avec des artistes plutôt bohèmes. Kathleen a eu deux enfants, élevés par sa sœur, dont le second né en 1876, l’année où elle vient habiter la villa de Saint John’s Wood, pourrait être le fils de l’artiste. Cette large décennie londonienne fait de James Tissot l’un des peintres admirés de la haute société anglaise dont il est l’un des plus célèbres portraitistes avec Lawrence Alma-Tadema : il conserve en Angleterre une grande réputation pour ses « social conversation pieces » qui constituent des documents sur l’époque et qui ont été également diffusées par la gravure. En 1880, nostalgique de ses amis parisiens, il réalise la Suite de l’enfant prodigue, constituée de quatre tableaux : Le départ, En pays étranger (Japon), Le retour et Le Veau gras, déposée au Musée des beaux-arts de Nantes, qui reprend le thème de sa série de deux tableaux de 1862-1863, conservée au Petit Palais à Paris, en le transposant non plus à l’époque médiévale, mais à l’époque moderne.

Le 31 juillet 1880, Tissot est l’un des membres fondateurs de la Royal Society of Painter-Etchers, une société promouvant l’art de la gravure dans une société anglaise qui ne le considère que comme un artisanat de reproduction, la Royal Academy n’acceptant pas les graveurs (sauf s’ils sont aussi peintres ou sculpteurs).

En 1898, il est à New-York où on le rencontre en compagnie d’Antonio de La Gandara au Waldorf Astoria. Les deux peintres, curieux de japonisme, se fréquentaient régulièrement chez Robert de Montesquiou à Versailles, mais aussi dans les exercices de table tournante chez M. Fleury ou dans le salon de Madeleine Lemaire.

Une semaine après la mort de sa compagne en 1882, James Tissot quitte Londres et n’y reviendra jamais. Il retourne à Paris et renoue rapidement avec la notoriété : il monte en particulier une exposition de ses portraits au Palais de l’Industrie en 1883 et une grande exposition lui est consacrée en 1885 à la Galerie Sedelmeyer. Intitulée Quinze tableaux sur la femme à Paris, cette exposition présente, contrairement à la période londonienne centrée sur la « gentry », des portraits de femmes de conditions sociales plus variées dans leur contexte, avec une influence des estampes japonaises dans les cadrages et les perspectives comme La Demoiselle de magasin (The Shop Girl), (1882-1885).

En 1888, alors qu’il étudie une toile dans l’église Saint-Sulpice de Paris pour saisir l’atmosphère de celle-ci, James Tissot a une révélation religieuse qui le conduit à consacrer la fin de sa vie à l’illustration de la Bible. Dans ce but, il voyage (en 1886, 1889 et 1896) au Moyen-Orient, en Palestine et à Jérusalem en particulier, pour découvrir les paysages et les habitants dont il crayonne les portraits. Ses séries de 365 gouaches illustrant la vie du Christ ont été accueillies avec enthousiasme lors des expositions de Paris (1894-1895), Londres (1896) et New York (1898-1899), avant d’être acquises par le Brooklyn Museum en 1900. Ces œuvres sont diffusées avec grand succès en français en 1896-1897 et en anglais en 1897-1898. James Tissot passe les dernières années de sa vie à travailler sur des sujets de l’Ancien Testament : les tableaux dont la série est inachevée sont aujourd’hui regroupés au Jewish Museum de New York. Ils ont été exposés partiellement à Paris en 1901 et édités sous forme de gravures en 1904. Le peintre a décoré également la chapelle des Dominicains du faubourg Saint-Honoré à Paris, inaugurée le 3 décembre 1897, en y peignant, entre autres, L’Annonciation et a réalisé quelques objets décoratifs en émail cloisonné comme La Fortune, modèle de couronnement de fontaine (1878-1882) (Paris, musée des Arts décoratifs).

James Tissot finit sa vie dans le château familial de Buillon dans le Doubs : il y meurt le 8 août 1902. Sa notoriété est plus grande en Angleterre ou en Amérique qu’en France et l’on a pu dire qu’il était plus présent dans les histoires du costume que dans les histoires de la peinture, mais on redécouvre en France l’art de la mise en scène qu’il démontre dans ses tableaux et une subjectivité décelable derrière les sujets mondains et les peintures de genre qui retient l’attention. Ainsi une exposition James Tissot a été organisée au Petit Palais, à Paris, du 5 avril au 30 juin 1985, et une autre au musée des beaux-arts de Nantes en 2006 intitulée James Tissot et ses maîtres. On peut voir une preuve de l’intérêt nouveau pour James Tissot dans l’acquisition par le musée d’Orsay à Paris en avril 2011, pour 4 millions d’euros, de son célèbre Le Cercle de la rue Royale, grand portrait de groupe réalisé en 1868 qui dépeint les figures de membres éminents du club aristocratique où l’on reconnaît le Baron Rodolphe Hottinguer à qui échut le tableau, le prince de Polignac, le général marquis de Gallifet, qui rétablit l’ordre de manière sanglante lors de la Commune de Paris ou Charles Haas qui servit de modèle au Charles Swann de Marcel Proust.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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