James Clark Ross, explorateur et naturaliste.

Sir James Clark Ross, né le 15 avril 1800 à Londres et mort  le 3 avril 1862 à Aylesbury, est un officier de la Royal Navy, un explorateur polaire et un naturaliste britannique. Il a exploré l’Arctique avec son oncle Sir John Ross et avec Sir William Edward Parry avant de conduire sa propre expédition en Antarctique.


James Clark Ross est né à Londres. Il est le troisième enfant de l’homme d’affaires George Ross, et de sa femme Christian Clark. Son père vient d’une éminente famille du Wigtownshire en Écosse et est le frère aîné de l’explorateur de la Royal Navy John Ross.

Très influencé par son oncle John Ross, Ross entre dans la marine peu avant ses douze ans. Il est alors engagé comme « volontaire de première classe » sur le HMS Briseis mais sous l’impulsion de son oncle, il est promu rapidement comme « midshipman » sous son propre commandement. Après six années, ils partent tous les deux sur le HMS Actaeon, naviguant notamment en mer Baltique, en mer Blanche et dans la Manche. Ils sont ensuite affectés au HMS Driver basé sur la côte ouest de l’Écosse.

En 1818, James Clark Ross accompagne John Ross, qui à la demande de George Johnstone Hope, part sur le HMS Isabella et le HMS Alexander dans un voyage à la recherche du passage du Nord-Ouest de la mer de Baffin au détroit de Béring. Après les guerres napoléoniennes, les effectifs de la Royal Navy sont faibles et une grosse récompense de 5 000 livres est promise à l’équipage qui dépassera les 110° de longitude ouest. James Clark Ross prend part activement aux recherches scientifiques.

John Ross ne parvient cependant pas à trouver le passage du Nord-Ouest et, à son retour au Royaume-Uni, il est vivement critiqué pour son échec et ne conduira plus d’autres expéditions.

William Edward Parry, second de John Ross lors de l’expédition, relève cependant le défi en organisant quatre expéditions successives de 1819 à 1828, où Ross prendra une part très importante.

L’amirauté renvoie presque immédiatement en 1819 le HMS Hecla et le HMS Griper sous le commandement de Parry dans une expédition arctique et James Clark Ross l’accompagne. Là encore, Ross prend part activement aux recherches scientifiques et Parry l’honore en nommant le cap James Ross de l’île Melville de son nom2. Les navires sont régulièrement bloqués par la glace en hiver dans ces zones froides, imposant aux équipages d’hiverner. Ross passe ainsi son premier hiver dans l’Arctique, chose dont il deviendra rapidement coutumier.

Bien que l’expédition, partie pour trouver le passage du Nord-Ouest, soit stoppée à 112° 51′, c’est la plus réussie des expéditions arctiques du début du xixe siècle2. En ayant dépassé le 110° ouest, l’équipage empoche la récompense et environ 1 000 km de côtes sont cartographiés.

En mai 1821, Ross accompagne de nouveau Parry dans une expédition avec les navires HMS Hecla et HMS Fury. L’expédition part de la baie d’Hudson mais stoppe au golfe de Boothia en ayant passé deux hivers bloquée par les glaces, le premier à l’île de Winter et le second près d’Igloolik. Effectuant notamment la cartographie des terres, Ross sert également comme naturaliste et botaniste, étudiant les oiseaux, les mammifères marins et les plantes2. Il sera le premier à étudier un spécimen de mouette rosée qui, en anglais, prendra son nom (« Ross’s Gull », la « mouette de Ross »). De retour en Angleterre à l’automne 1823, il apprend qu’il a été promu au grade de lieutenant, le 26 décembre 1822. Son travail comme naturaliste est également récompensé en étant accueilli comme membre de la Société linnéenne de Londres.

La troisième expédition de Parry en 1824 et 1825, qui utilise les deux mêmes navires, est un désastre car la navigation est particulièrement difficile, retardant la progression vers l’Ouest. Au premier hiver, ils atteignent la crique du Prince Regent. Ross est cette fois-ci second d’Henry Parkyns Hoppner sur le HMS Fury tout en continuant ses études sur la faune, notamment grâce à la taxidermie, et faisant des observations plus diverses telles que sur les températures, le magnétisme, les longitudes ou sur des calculs sur l’épaisseur de la glace d’eau salée. Il participe également aux excursions et explorations sur les terres.

Le HMS Fury s’échoue après avoir été bloqué par les glaces le 1er août sur l’île Somerset à un lieu qui sera baptisé plus tard Fury Beach (la « plage Fury »). Une partie des vivres sont récupérées et le reste est laissé sur place afin de servir éventuellement de dépôt pour d’autres expéditions. Parry ne disposant plus que d’un navire est obligé de regagner le Royaume-Uni pour ne pas risquer d’être bloqué un autre hiver, et le 12 octobre 1825 il est en Angleterre.

C’est le Norvégien Roald Amundsen qui le premier franchit le passage entre 1903 et 1906 après qu’une expédition britannique eut prouvé l’existence du passage. Ross s’engage de nouveau pour une expédition avec William Edward Parry mais celle-ci n’est pas à la recherche du passage du Nord-Ouest mais veut atteindre le pôle Nord. Ross est alors fait second de Parry. Depuis le Nord-Ouest du Svalbard, l’expédition doit utiliser des canots en les faisant glisser sur des traîneaux jusqu’à l’espérée et mythique mer polaire ouverte.

Le 4 mars 1827, le HMS Hecla fait route et au 21 juin, les canots quittent le navire2. Après 100 milles de voile, la partie sur glace du voyage commence mais s’avère vite impossible à cause des conditions climatiques désastreuses, d’une charge par homme trop élevée et de la dérive vers le Sud des glaces qui annihile la progression vers le Nord. Parry est rendu temporairement aveugle par la réverbération de la lumière sur la glace et Ross est blessé en se faisant coincer entre un bateau et un morceau de banquise. L’expédition, gravement ralentie n’atteint pas le degré 83 de latitude nord et Parry rebrousse chemin le 26 juillet, démoralisé après avoir découvert qu’en cinq jours ils n’avaient gagné qu’un kilomètre et demi. Néanmoins, la latitude record de 82° 45′ atteinte tiendra jusqu’en 1875, bien qu’étant à environ 500 milles du pôle. Le 6 octobre 1827, Ross a ramené le navire dans la Tamise après que Parry l’eut quitté aux Orcades.

William Edward Parry prend sa retraite militaire peu après pour devenir hydrographe et Ross se retrouve l’officier le plus expérimenté en milieu polaire. Ross est promu commandant le 8 novembre 1827 et devient membre de la Royal Society le 11 décembre 1828.

Son oncle John Ross prépare une expédition financée par des fonds privés pour enfin découvrir le passage du Nord-Ouest. Le bateau à vapeur à roues à aubes Victory appareille d’Écosse le 13 juin 1829 avec en remorque le tender Krusenstern (le Victory était pourvu de roues à aubes démontables et d’un moteur expérimental construit par John Ericsson. L’engin posera des problèmes durant le premier hiver et sera démonté pour être abandonné). Après un arrêt sur la côte ouest du Groenland, l’expédition file à l’Ouest jusqu’à la crique du Prince Regent où les restes du HMS Fury permettent de se ravitailler. Là encore, le bateau peine à se mouvoir et doit se résigner à hiverner à Felix Harbour.

Durant cet hiver, James Clark Ross explore les terres et découvre que la terre où il se trouve est, comme le lui avait dit les autochtones inuits, une péninsule et non une île malgré son espoir de la contourner par le côté nord ou le côté sud. Il traversa le détroit, qui porte aujourd’hui son nom, entre cette péninsule et la future île du Roi-Guillaume découvrant ainsi l’île Matty et le cap Felix.

John Ross nomme la péninsule « Boothia » en l’honneur de Felix Booth, le dirigeant britannique d’une distillerie de gin qui finance son expédition. John Ross rencontre une importante communauté inuite qu’il a décrite comme vivant dans des « snow cottages » (littéralement des « chalets de neige », c’est-à-dire les igloos). Ces premiers contacts seront primordiaux pour la survie de l’expédition et les observations ethnologiques faites seront d’importance. En effet, la glace ne permet pas au Victory de bouger lors de l’été 1830, obligeant à un nouvel hivernage. John Ross découvre lors de ce second hiver le moyen de se prémunir du scorbut, c’est-à-dire en mangeant beaucoup de gras selon le régime alimentaire des Inuits qui s’étaient installés près du bateau.

Le 1er juin 1831, James Clark Ross parvient, au cours d’une virée à terre de 28 jours, à situer le pôle Nord magnétique sur un point de la côte ouest de la péninsule Boothia, érige l’Union Jack et un cairn et nomme la terre « île du Roi-Guillaume » en l’honneur de Guillaume IV du Royaume-Uni. La découverte est d’importance car elle permet aux navigateurs du monde entier d’utiliser leur boussole avec une plus grande précision.

Encore une fois, le Victory ne peut bouger lors de l’été suivant, décidant John Ross à abandonner son navire dès que les conditions climatiques se feraient plus clémentes, jusqu’à Fury Beach. Cependant, malgré cela, un quatrième hivernage doit être pris à la crique du Prince Regent où un abri est bâti6. Les chaloupes abandonnées du HMS Fury échoué sont réparées et le 14 août 1833, la mer se dégage lentement, permettant à l’expédition d’être récupérée en mer, le 26 août par le baleinier HMS Isabella. Coïncidence, il s’agit du navire que pilotait John Ross à sa première expédition.

À leur retour en Angleterre, le roi Guillaume IV du Royaume-Uni reçoit les deux Ross2. Les membres de l’expédition sont les premiers à survivre pendant une aussi longue période dans l’Arctique, tout en ayant limité les pertes humaines à trois hommes James Clark Ross reçoit le 28 octobre 1834 une promotion au grade de captain et est affecté au HMS Victory basé à Portsmouth. Il est remercié officiellement par la « Court of Common Council » de la municipalité de Londres et reçoit en présent une médaille plaquée en argent des membres de l’Arctic Land Expedition, un des groupes qui s’était organisé pour effectuer une opération de recherche et de sauvetage de l’expédition si elle n’était pas revenue2. Son oncle John Ross est également unanimement félicité et devient notamment consul de Grande-Bretagne en Suède de 1839 à 1846 et se lancera dans une dernière expédition. John Ross s’exprime publiquement sur la faiblesse du moteur du Victory, ce qui lui vaut un duel par médias interposés avec le fabricant.

En septembre 1843, à son retour au Royaume-Uni, il accepte finalement d’être fait « chevalier » et se marie à Ann Coulman le 18 octobre 1843 assurant à sa nouvelle femme de ne plus faire d’expédition. Le livre The Zoology of the Antartic Voyage of HM Ships Erebus and Terror (La Zoologie du voyage antarctique des navires Erebus et Terror), publié en 1843 par J.E. Gray et John Richardson, donne la première description de référence du manchot empereur. Faute d’observations scientifiques, cet animal fut considéré plusieurs décennies comme la forme transitionnelle probable entre reptiles et oiseaux.

Il vit cinq années à Aylesbury et a quatre enfants puis écrit A Voyage of Discovery and Research to Southern and Antarctic Regions (Un voyage de découverte et d’étude des régions australes et antarctiques), publié en 1847.

Il faudra près de cinquante ans pour que l’Antarctique, malgré ses découvertes, ne soit réellement remis au centre des attentions des explorateurs, notamment par l’exploration de sa surface. Seuls les baleiniers et les phoquiers suivront ses traces durant cette période.

Il est élu à la Royal Society en 1848 et part, malgré sa promesse, à la recherche de l’ancien gouverneur de Tasmanie John Franklin. Franklin tentait lui aussi de trouver le passage du Nord-Ouest dans une troisième tentative personnelle à bord des navires utilisés par Ross lors de sa grande expédition. John Ross, l’oncle de James Clark Ross est l’un des premiers à s’inquiéter publiquement de la disparition de Franklin. James Clark Ross navigue en tant que capitaine du HMS Enterprise et est accompagné du HMS Investigator. Une forte récompense est promise à celui qui le retrouvera et une quarantaine de bateaux se lancent également à la recherche de l’expédition de Franklin. Malgré un hivernage, la recherche de Ross est infructueuse et il retourne en Angleterre en 1849.

Parmi les hommes qui l’accompagnaient dans cette mission de recherche se trouvaient notamment Robert McClure, qui prouvera plus tard l’existence du passage du Nord-Ouest, et Francis Leopold McClintock qui trouvera bien plus tard les restes de l’expédition de Franklin. Les Inuits fournissent des informations permettant de réduire le champ des recherches, lesquelles se portent sur l’embouchure de la « Great Fish River » (la rivière Back dans le Nunavut actuel). Un cairn est retrouvé dix ans après le départ de Franklin, avec des messages qui permettent de retracer le parcours de l’expédition. Les réserves de vivres pour trois ans de l’expédition auraient été mal mises en conserve, des défauts dans leur soudure au plomb compromettant leur étanchéité et provoquant saturnisme et botulisme. Franklin et ses 129 hommes sont ainsi morts sur la glace, bien que certains aient tenté de rejoindre la civilisation par voie de terre.

En 1856, Ross est fait contre-amiral de la Royal Navy. Sa femme meurt en 1857 et il meurt quelques années plus tard le 3 avril 1862 à Aylesbury.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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