James A. Garfield, 20ème Président des Etats-Unis.

James Abram Garfield, né le 19 novembre 1831 à Orange (Ohio) et mort assassiné le 19 septembre 1881 à Elberon (New Jersey), est un homme d’État américain, 20e président des États-Unis.

Après neuf élections consécutives à la Chambre des représentants des États-Unis dans l’Ohio entre 1863 et 1881, Garfield accède à la présidence sous l’étiquette du Parti républicain. Son mandat, fortement écourté par son assassinat, est marqué par une résurgence controversée de l’autorité présidentielle sur la préséance du Sénat concernant les nominations  fédérales, une relance de la puissance navale américaine, l’élimination de la corruption au sein du service postal et la nomination de plusieurs Afro-Américains à de hautes fonctions fédérales.

Garfield grandit dans le milieu modeste d’une ferme de l’Ohio où il est élevé par sa mère veuve et son frère aîné. Pour financer ses études, Garfield exerce de nombreux métiers avant d’être diplômé en 1856 du Williams College dans le Massachusetts. Un an plus tard, il entre en politique au sein du Parti républicain et fait campagne contre l’esclavage dans l’Ohio. Il épouse Lucretia Rudolph en 1858 et est admis deux ans plus tard au barreau tout en étant élu au Sénat de l’Ohio, entre 1859 et 1861. Garfield s’oppose à la sécession des États du Sud et devient major général dans l’armée de l’Union, avec laquelle il participe aux batailles de Shiloh et de Chickamauga. Il est élu au Congrès en 1862 en tant que représentant du 19e district de l’Ohio.

Tout au long de sa longue carrière au Congrès après la guerre de Sécession, il s’oppose avec véhémence aux greenbacks et gagne une réputation d’orateur talentueux. Il est président du comité sur les affaires militaires et de celui sur les affectations du budget ainsi que membre du comité des affaires fiscales. Garfield est initialement proche des vues des républicains-radicaux concernant la Reconstruction puis favorise une approche plus souple sur l’application des droits civiques des esclaves affranchis. En 1880, la législature de l’Ohio l’élit au Sénat des États-Unis ; la même année, les principaux prétendants républicains à l’élection présidentielle, Ulysses S. Grant, James Blaine et John Sherman, ne parviennent pas à rassembler un soutien suffisant lors de la convention. Garfield devient le candidat du compromis pour l’élection présidentielle de 1880 et décline alors la nomination au Sénat fédéral pour entrer dans la course à la présidence dans laquelle il bat le candidat démocrate Winfield Hancock.

La présidence de Garfield dure seulement 200 jours, du 4 mars 1881 jusqu’à sa mort le 19 septembre 1881, après s’être fait tirer dessus par Charles J. Guiteau le 2 juillet précédent. Seule la présidence de William Henry Harrison, de 31 jours, est plus courte, et Garfield est le deuxième des quatre présidents américains à être assassiné. Il propose une profonde réforme de la fonction publique qui est finalement promulguée en 1883 par son vice-président et successeur Chester A. Arthur sous la forme du Pendleton Civil Service Reform Act.


Au début de la guerre de Sécession, Garfield fut frustré par ses échecs à obtenir un poste d’officier dans l’armée de l’Union. Le gouverneur de l’Ohio, William Dennison, lui confia la mission de se rendre dans l’Illinois pour acquérir des armes et négocier avec les gouverneurs de l’Illinois et de l’Indiana pour renforcer les troupes. À l’été 1861, il fut finalement nommé colonel dans l’armée de l’Union et reçut le commandement du 42e régiment de volontaires de l’Ohio.

Le général Don Carlos Buell confia à Garfield la tâche de chasser les forces confédérées de l’est du Kentucky en novembre 1861 et lui accorda la 18e brigade pour cette campagne. En décembre, il quitta Catlettsburg dans le Kentucky avec les 40e et 42e régiments d’infanterie de l’Ohio, les 14e et 22e du Kentucky et le 2d de cavalerie de Virginie. Le déplacement se fit sans incidents jusqu’à l’arrivée des forces de l’Union à Paintsville dans le Kentucky le 6 janvier 1862 lorsque la cavalerie de Garfield engagea les confédérés à Jenny’s Creek. Garfield déploya habilement ses troupes pour faire croire à l’ennemi qu’il était supérieur en nombre alors qu’il ne l’était pas32. Les confédérés menés par le général de brigade Humphrey Marshall se replièrent à Middle Creek à environ 3 km de Prestonsburg sur la route de Virginie. Garfield attaqua le 10 janvier 1862. À la fin de la journée, les soldats confédérés se replièrent mais Garfield ne les poursuivit pas et se retira à Prestonburg pour ravitailler ses troupes. Ses victoires lui apportèrent une certaine reconnaissance et il fut promu au grade de brigadier-général le 11 janvier.

Garfield commanda ensuite la 20e brigade de l’Ohio sous la direction de Buell à la bataille de Shiloh où ses troupes, retardées par le mauvais temps, renforcèrent les unités du major-général Ulysses S. Grant menacées par une attaque surprise du général confédéré Albert S. Johnston. Il servit ensuite sous les ordres de Thomas J. Wood lors du siège de Corinth dans le Mississippi puis participa à la poursuite des forces confédérées en retraite menée par l’excessivement prudent major-général Henry W. Halleck. Cela permit la fuite du général P. G. T. Beauregard et de ses hommes et engendra chez le furieux Garfield une méfiance tenace vis-à-vis de l’entraînement à l’académie militaire de West Point. La philosophie militaire de Garfield en 1862, de porter agressivement la guerre contre les civils du Sud, n’était pas encore acceptée par les généraux de l’Union. La tactique fut ensuite adoptée et appliquée dans les campagnes des généraux Sherman et Sheridan.

Garfield fit le commentaire suivant concernant l’esclavage en 1862 : « Si un homme est noir, qu’il soit ami ou ennemi, il est préférable de le garder à distance. Il est à peine possible que Dieu nous permette de réussir alors que de telles énormités sont pratiquées ». Pendant l’été 1862, sa santé se détériora brusquement, il développa un ictère et perdit beaucoup de poids ; le biographe Peskin avance qu’il aurait été victime  d’une hépatite infectieuse. Garfield dut rentrer chez lui où sa femme s’occupa de lui et il récupéra. Il retourna dans l’armée à l’automne et participa au jugement en cour martiale de Fitz John Porter. Garfield fut ensuite envoyé à Washington pour recevoir de nouveaux ordres. À sa grande frustration, il reçut diverses affectations provisoires en Floride, en Virginie et en Caroline du Sud qui furent toutes successivement annulées. Durant son inactivité à Washington en attente d’une affectation, Garfield passa beaucoup de temps à correspondre avec des amis et sa famille. Une rumeur d’aventure extraconjugale non confirmée causa une certaine tension dans son couple mais Lucretia lui pardonna.

Alors qu’il servait dans l’armée, Garfield fut approché au début de l’année 1862 par des amis à propos d’opportunités politiques liées au redécoupage du 19e district congressionnel de l’Ohio ; le titulaire, John Hutchins, était en effet considéré comme vulnérable. Garfield était partagé, il était certain qu’il serait plus utile au Congrès que sur le champ de bataille mais il ne voulait pas que sa position militaire soit un tremplin pour sa carrière politique. Il exprima donc sa volonté de servir s’il était élu mais ne ferait pas campagne pour celle-ci, laissant cela à d’autres. Garfield fut nommé par la convention républicaine au bout du 75e tour de vote. En octobre 1862, il battit D.B. Woods avec une large majorité dans l’élection pour le siège de représentant du 19e district de l’Ohio au sein du 38e Congrès.

Après l’élection, Garfield avait hâte d’obtenir sa prochaine affectation militaire et se rendit à Washington pour cela. Alors qu’il s’y trouvait, il se rapprocha de Salmon P. Chase, le secrétaire au Trésor de Lincoln. Garfield rejoignit les républicains-radicaux menés par Chase en opposition à l’aile modérée du parti représentée par Lincoln et Montgomery Blair. Garfield était également frustré par le manque d’agressivité de Lincoln dans la poursuite de l’armée confédérée comme cela avait été le cas avec le général George McClellan. Chase et Garfield partageaient le même dédain pour West Point et le président bien que Garfield l’ait félicité pour la Proclamation d’émancipation. Garfield partageait également une vision négative du général McClellan qu’il considérait comme le symbole des généraux démocrates pro-esclavagistes et mal-entraînés issus de West Point.

Garfield se passionna pour les discussions concernant les politiques financières et économiques dans le bureau de Chase et ces sujets devinrent son domaine d’expertise. Comme Chase, Garfield devint un farouche partisan d’un « argent honnête » soutenu par l’étalon-or et était donc un opposant des greenbacks ; Il regretta mais comprit la nécessité d’une suspension des paiements en monnaie devant l’urgence provoquée par la guerre de Sécession.

Même s’il voulait poursuivre sa carrière militaire, Garfield accepta avec réticence son siège au Congrès en démissionnant de ses fonctions militaires en décembre 1863. Sa première fille Eliza mourut le même mois alors qu’elle n’avait que trois ans. Bien qu’il ait initialement pris une chambre seule, son chagrin vis-à-vis de la mort d’Eliza le poussa à trouver un colocataire en la personne de son collègue, Robert C. Schenck. Après la fin du mandat de Garfield, Lucretia déménagea à Washington pour être avec son époux et les deux ne se séparèrent plus.

Garfield démontra immédiatement sa capacité d’attirer l’attention de la Chambre indisciplinée. Selon un journaliste, « lorsqu’il se lève pour prendre la parole, la voix de Garfield dépasse celle des autres. Toutes les oreilles se tournent vers lui… Son éloquence touche les cœurs, convainc la raison et indique aux faibles et aux indécis la voie à suivre ». Il était l’un des républicains les plus belliqueux de la Chambre et il siégea au comité des forces armées dirigé par Schenck et chargé des questions urgentes de la guerre. Garfield défendait agressivement le besoin d’une conscription, un sujet évité par beaucoup d’autres.

Au début de son mandat, il se distingua de son parti sur plusieurs points : il fut le seul républicain à voter pour mettre un terme à l’usage de primes lors du recrutement. Certaines recrues aisées pouvaient en effet payer pour éviter la conscription, ce qu’il considérait comme répréhensible. Après de nombreux échecs, Garfield, avec le soutien de Lincoln, obtint le passage d’un loi sur la conscription qui mettait fin à ce système. En 1864, le Congrès adopta une loi pour recréer le grade de lieutenant général. Garfield, de même que Thaddeus Stevens, n’était pas favorable à cette action car le grade était destiné à Grant et ce dernier avait démis Rosecrans de ses fonctions. De plus, le récipiendaire recevrait ainsi un avantage dans une possible élection contre Lincoln. Garfield était cependant hésitant quant à son soutien à une réélection du président.

Garfield était parfois proche des idées des républicains-radicaux comme sur l’abolition et il considérait, au début de son mandat, que les dirigeants de la Confédération devaient être déchus de leurs droits constitutionnels. Il soutenait la confiscation des plantations sudistes et même l’exil ou l’exécution des chefs confédérés afin d’empêcher tout retour de l’esclavage. Il considérait que le Congrès avait l’obligation de « déterminer quelle législation était nécessaire pour assurer un traitement égal de toutes les personnes honnêtes, quelle que soit leur couleur ». Pour l’élection de 1864, Garfield ne considérait pas que Lincoln méritait une réélection mais il n’y avait aucune alternative : « Je n’ai aucun candidat pour la présidence. Je suis un triste et malheureux spectateur des événements ». Il participa à la convention de son parti et soutint Rosecrans pour la nomination à la vice-présidence ; il fut accueilli par l’indécision caractéristique de ce dernier et Andrew Johnson fut choisi. Garfield vota avec les républicains-radicaux en faveur de la loi Wade-Davis (en) qui excluait tous les parlementaires ayant participé à la Confédération mais celle-ci fut refusée par Lincoln.

Lors de l’élection à la Chambre de 1864, la base partisane de Garfield s’était affaiblie du fait de son manque de soutien à la réélection de Lincoln mais elle se renforça lorsqu’il démontra son traditionnel dédain pour l’esprit partisan ; Il fut nommé par acclamation et sa réélection fut assurée. Alors qu’il se reposait après son élection, Lucretia lui envoya une lettre indiquant qu’ils n’avaient été ensemble que 20 semaines sur 57 depuis le début de son premier mandat ; il décida immédiatement de faire venir sa famille à Washington. Comme la fin de la guerre approchait, les activités du comité des forces armées commencèrent à ralentir ; cela accrut sa lassitude concernant les politiques partisanes et Garfield se concentra sur ses activités personnelles. Garfield s’était associé au représentant de l’Illinois, Ralph Plumb, dans des activités de spéculation foncière mais ils ne rencontrèrent qu’un succès limité. Il rejoignit les frères Phillips basés à Philadelphie dans des activités de prospection pétrolières qui furent moyennement profitables. Garfield reprit l’exercice de la loi en 1865 pour améliorer ses finances personnelles.

Le radicalisme de Garfield se modéra après la fin de la guerre de Sécession et l’assassinat de Lincoln ; il assuma un rôle temporaire de conciliation entre le Congrès et Andrew Johnson. Il commenta à ce moment la réadmission des États confédérés : « La charge de la preuve repose sur eux et ils doivent démontrer s’ils sont capables d’entrer dans le cercle fédéral avec tous les privilèges. Ils doivent nous donner une preuve, aussi solide que les saintes écritures, qu’ils ont changé et qu’ils sont à nouveau dignes de notre confiance ». Lorsque le veto de Johnson mit fin aux activités du Freedman’s Bureau, le président était effectivement entré en conflit avec le Congrès et Garfield rejoignit le camp radical.

Avec un agenda réduit au comité des forces armées, Garfield entra au comité des voies et moyens de la Chambre, une opportunité pour lui de se consacrer aux questions économiques et financières. Il reprit immédiatement son opposition aux greenbacks, déclarant « tout parti qui se tourne vers la monnaie papier tombera au milieu d’un désastre généralisé et sera maudit par la population ruinée ». Il appela les greenbacks, « les mensonges imprimés du gouvernement » et devint un partisan acharné de la moralité et de la légalité du paiement en monnaie métal et de la mise en place de l’étalon-or. Cette politique était contraire à ses intérêts personnels car ses investissements dépendaient de l’inflation qui était une conséquence des greenbacks. Sa demande pour un étalon-or était fondamentalement déflationniste et la plupart des hommes d’affaires et des politiques s’y opposaient. Pour un temps, Garfield sembla être le seul politicien de l’Ohio à défendre cette idée.

En tant que partisan du laissez-faire dans le domaine économique, il déclara, « le rôle principal du gouvernement est de maintenir la paix et de se tenir à l’écart de l’ensoleillement du peuple ». Cette vision était en contraste flagrant avec son idée du rôle du gouvernement dans la Reconstruction. Une autre incohérence dans sa philosophie de laissez-faire était sa position sur le libre-échange car il défendait les droits de douane lorsqu’ils permettaient de protéger les produits de son district.

Garfield, carte maximum, USA.

Garfield fut l’un des trois avocats de la défense lors du célèbre jugement Ex parte Milligan rendu par la Cour suprême en 1866. Il s’agissait, malgré ses nombreuses années d’exercice de la loi, de la première apparition de Garfield dans un tribunal. Le juge Jeremiah S. Black l’avait choisi comme partenaire un an auparavant et lui confia l’affaire à la lumière de ses talents d’orateur très réputés. Les accusés étaient des nordistes pro-confédérés qui avaient été jugés coupables et condamnés à mort par un tribunal militaire pour trahison. La question était de savoir si les accusés auraient dû être jugés par un tribunal civil ; Garfield fut victorieux et gagna immédiatement une réputation d’éminent avocat de cour d’appel.

Malgré l’attrait de cette pratique lucrative, Garfield n’hésita pas lorsqu’il décida de se représenter en 1866 du fait de l’urgence créée par la Reconstruction. La compétition fut plus rude car Garfield avait pris des positions qui le poussaient sur la défensive comme la législation sur la conscription et les droits de douanes et son implication dans l’affaire Milligan. La convention du parti se prononça néanmoins en sa faveur et Garfield remporta l’élection avec une large avance. Au même moment, les républicains remportèrent les deux tiers des sièges au Congrès.

Garfield retourna à Washington très morose malgré son succès car il avait mal pris les critiques reçues lors de la campagne. Il était également déçu par ce qu’il considérait comme des débats fous concernant l’impeachment du président Johnson. En ce qui concernait la Reconstruction, il jugeait que le Congrès avait été magnanime dans ses offres envers le Sud. Lorsque les anciens confédérés considérèrent cela comme un signe de faiblesse et cherchèrent à l’exploiter avec d’autres demandes, il était tout à fait disposé à les reconsidérer comme des ennemis de l’Union. Cette vision était populaire dans son district et des militants envisagèrent de présenter Garfield au poste de gouverneur de l’Ohio mais il déclina l’offre.

Garfield espérait que son nouveau mandat lui permettrait d’être nommé président du comité sur les voies et les moyens mais ce ne fut pas le cas largement du fait de ses positions fortes sur les questions monétaires qui ne reflétaient pas le consensus à la Chambre. Il fut en revanche nommé président du comité des forces armées dont la principale mission était la réorganisation et la réduction des forces armées après la fin de la guerre de Sécession. Garfield approuva le fait que le Sénat, par le biais du Tenure of Office Act, ait le dernier mot sur les nominations au Cabinet, une position qui évolua largement lorsqu’il devint président.

La position de Garfield évolua concernant le président et il défendit les articles d’impeachment contre Johnson sous le motif d’accusation qu’il avait violé le Tenure of Office Act en limogeant le secrétaire à la Guerre Edwin M. Stanton. Garfield était absent lors du vote du fait de ses activités de juriste. Si la plupart des sénateurs étaient convaincus de la culpabilité de Johnson, ils ne souhaitaient pas que le président pro tempore du Sénat des États-Unis Benjamin Wade, un républicain radical aux positions extrêmes pour l’époque, devienne président. Garfield sentit que les sénateurs étaient plus intéressés par les discours que par la direction d’un véritable procès. Finalement, le juge en chef Salmon P. Chase qui présidait le procès, aurait permis l’acquittement de Johnson grâce à ses déclarations. Par conséquent, l’ami très proche de Garfield devint un adversaire politique même s’il continuait de suivre les visions économiques et financières qu’il avait appris auprès de lui. En 1868, Garfield donna un discours de deux heures sur les questions monétaires qui fut alors très largement salué comme son meilleur discours jusque-là ; dans ce dernier il défendit la reprise graduelle de la monnaie métal.

La compétition pour la réélection fut plus simple en 1868 que deux années auparavant car les adversaires de Garfield avaient peu de choses à lui reprocher. Sa nomination se passa facilement et il donna plus de 60 discours de campagne avant d’être réélu avec une confortable avance. Au même moment, Grant remporta la présidence. Dès le départ, les relations de Garfield avec le nouveau président étaient assez fraîches ; Grant refusa une nomination que Garfield avait conseillé et ce dernier continuait à avoir une pointe de ressentiment concernant le limogeage de Rosecrans. Après avoir logé sa famille dans des appartements en location de Washington, Garfield décida de construire sa propre maison pour un coût total de 13 000 $. Son proche ami, David G. Swaim lui prêta la moitié de l’argent.

Alors que Garfield s’était imposé comme un excellent orateur lors des débats à la Chambre, il démontra peu d’intérêt pour l’humeur des membres ou la capacité à contrôler les débats sur les points qu’il avançait. Il continua d’espérer une nomination à la présidence du comité sur les voies et les moyens mais il fut encore une fois déçu et reçut le poste de président du comité bancaire de la Chambre mais regretta la perte de la présidence du comité des forces armées. L’une de ses priorités dans ce quatrième mandat était une loi destinée à mettre en place un département de l’Éducation ; cette loi fut adoptée mais sa mise en place fut difficile en partie du fait de la mauvaise gestion du commissaire à l’éducation, Henry Barnard.

Garfield proposa également une loi transférant le bureau des Affaires indiennes du département de l’Intérieur vers le département de la Guerre. Il considérait en effet que la culture amérindienne serait plus facilement « civilisée » avec l’aide d’une structure militaire. La proposition fut mal reçue mais Garfield ne s’en rendit pas compte et la loi fut rejetée. Garfield fut nommé président du sous-comité du recensement dont il réorganisa le processus et modifia largement le questionnaire. Ces améliorations furent présentées devant la Chambre qui les accepta mais le Sénat les rejeta. Dix ans plus tard, un texte similaire reprenant une grande partie des idées de Garfield fut adopté.

En septembre 1870, Garfield était le président du comité congressionnel chargé de l’enquête sur le Black Friday qui avait vu un effondrement spectaculaire du marché de l’or le vendredi 24 septembre 1869. L’enquête révéla une large corruption mais ne déboucha sur aucune inculpation. Garfield refusa, car il la jugeait hors de propos, une assignation à comparaître visant de la sœur du président dont le mari aurait été impliqué dans le scandale. Il profita de l’occasion pour accuser les greenbacks au cours fluctuant d’avoir créé la spéculation ayant mené au scandale. Garfield poursuivit également sa campagne anti-inflationniste contre les greenbacks à travers ses travaux sur un système de banque nationale. et il exploita cette loi pour réduire le nombre de greenbacks en circulation. Les tensions entre le président Grant et Garfield continuèrent car le comité enquêta sur les comptes de son épouse, Julia Grant.

Lors de l’élection de 1870, Garfield fut critiqué, en particulier par les sidérurgistes de son district, pour son refus de mettre en place des droits de douanes plus élevés. De l’autre côté, les commerçants critiquaient son soutien aux droits de douanes. Ses opposants l’accusèrent de dépenses somptuaires pour la construction de sa maison de Washington qui coûtait 13 000 $ alors que le coût moyen dans son district était de 2 000 $. Néanmoins, sa nomination se fit sans problèmes et il remporta l’élection avec presque deux tiers des votes.

Comme lors de ses précédents mandats, Garfield espérait obtenir la présidence du comité sur les voies et les moyens mais encore une fois il ne l’obtint pas du fait de l’opposition de l’influent éditeur Horace Greeley. Il fut nommé président du comité de l’affection des fonds publics, une position qu’il avait auparavant rejeté avec mépris. Finalement, cette fonction le passionna et lui permit d’améliorer ses talents de gestionnaire. La vision de Garfield des partis démocrate et républicain était alors très négative. Il déclara que la « mort des deux partis est presque certaine ; les démocrates, car toutes les idées qu’ils ont proposées lors des douze dernières années sont mortes ; et les républicains, car leurs idées ont été mises en place ». Il continua néanmoins de voter en accord avec ses collègues républicains.

Garfield considérait que les octrois de terres aux compagnies ferroviaires alors en pleine expansion étaient injustes. Il s’opposait à certaines pratiques monopolistiques de ces sociétés de même qu’aux pouvoirs demandés par les syndicats ouvriers. À ce moment, sa philosophie concernant la Reconstruction s’était modérée. Il avait salué le passage du 15e amendement comme un triomphe et il était en faveur de la réintégration de la Géorgie sur des bases constitutionnelles et non politiques. En 1871, Garfield refusa cependant de soutenir le Ku Klux Klan Act en déclarant : « Je n’ai jamais été plus perplexe vis-à-vis d’un texte de loi ». Il était partagé entre son indignation envers « ces terroristes » et ses inquiétudes concernant la mise en danger des libertés par cette législation qui autorisait le président à suspendre l’habeas corpus pour faire appliquer cette loi.

Garfield soutint la proposition de création d’une fonction publique pour éviter les nombreuses demandes de nomination, parfois agressives, que recevaient les élus. Il voulait en particulier éliminer la pratique courant par laquelle les fonctionnaires reversaient une part de leur salaire en tant que « contributions politiques » en échange de leur nomination.

Durant son mandat, Garfield fut déçu par la fonction d’élu et il envisagea un retour à l’exercice de la loi ; il déclina cependant une offre de partenariat après qu’on l’ait averti que son possible partenaire avait la réputation d’être « alcoolique et immoral ». Garfield était également moins prêt à sacrifier sa famille et il dit à sa femme en 1871 : « Lorsque tu es malade, je suis comme les habitants d’un pays ravagé par les tremblements de terre. Comme eux, je perd foi en l’ordre éternel et l’immuabilité des choses ».

Il s’associe à quelques autres politiciens et à l’établissement bancaire de Jay Cooke pour s’emparer de la direction des Travaux publics du district de Columbia et y détourner 17 millions de dollars via des contrats frauduleux. L’agent de Jay Cooke précise à celui-ci dans un câble que « L’organisation est au complet. J’ai encore du mal à croire que le général Garfield est avec nous ! C’est un rare succès et des plus gratifiants, car toutes les attributions de contrats du district doivent passer par lui ».

Garfield n’était pas enthousiasmé par la réélection de Grant en 1872 jusqu’à ce qu’Horace Greeley n’émerge comme seule alternative. Sa propre réélection se passa quasiment sans opposition. Il fut nommé par acclamation et remporta presque les trois quarts des votes. La même année, il réalisa son premier voyage à l’ouest du Mississippi pour signer un accord concernant la réimplantation des Têtes-Plates.

En 1872, il fut l’un des nombreux politiciens impliqués dans le scandale du Credit Mobilier of America. Dans le cadre de leur expansion, les dirigeants de l’Union Pacific créèrent le Credit Mobilier of America et émirent des actions. Celles-ci furent vendues à des prix inférieurs à ceux du marché à des membres du Congrès ce qui s’apparentaient à de la corruption car le Congrès vota plusieurs lois pour augmenter les fonds versés à l’Union Pacific. Le représentant Oakes Ames du Massachusetts certifia que Garfield avait acheté dix parts du Credit Mobilier pour une valeur de 1 000 $ et qu’il avait reçu 329 $ (33 %) de dividendes entre décembre 1867 et juin 1868. La crédibilité d’Ames fut mise en cause par ses nombreux revirements sous serment et par le manque de preuves qu’il apporta. Peskin, le biographe de Garfield, écrivit « d’un point de vue strictement juridique, le témoignage d’Ames n’avait aucune valeur. Il se contredit lui-même à de nombreuses reprises sur des points essentiels ». Selon le New York Times, Garfield avait des dettes et avait dû hypothéquer sa résidence. Bien que Garfield ait été interrogé sur l’achat de ces actions, il les avait déjà rendues au vendeur. Le scandale n’entacha pas sérieusement sa carrière politique même s’il se défendit maladroitement des accusations car les détails étaient complexes et ne furent jamais clairement prouvés4.

À la mort du juge en chef Salmon P. Chase le 7 mai 1873. Garfield proposa qu’il soit remplacé par Noah H. Swayne mais Grant nomma Morrison Waite. Plus tard dans son mandat, Garfield dut voter pour une loi du comité d’affectation des fonds publics qui incluait une clause visant à augmenter les salaires des membres du Congrès et du président, ce à quoi il s’opposait. Cette proposition controversée fut adoptée en mars 1873 mais la violente réaction de la presse et du public entraîna son abrogation. Ce vote accrut les critiques envers Garfield qui fut néanmoins reconduit à la présidence du comité d’affectation des fonds publics.

Garfield et son conseiller Harmon Austin perçurent le besoin d’une organisation de campagne plus structurée pour l’élection de 1874. Des fonctionnaires nommés par Garfield se portèrent volontaires pour participer à sa campagne et sa nomination semblait assurée. Il fut cependant à nouveau accusé de corruption dans le cadre d’un contrat de pavage des rues de Washington réalisé par un entrepreneur nommé DeGolyer McClelland. Des contributions de 90 000 $ faites à des membres du Congrès, dont 5 000 $ à Garfield, furent révélées. Il répondit à ces attaques en déclarant de manière précaire qu’il s’agissait d’honoraires légaux obtenus dans le cadre de l’appel d’offres et que techniquement aucun fonds fédéral n’avait été utilisé. Plusieurs années plus tard, en 1880, la correspondance montra que l’influence de Garfield avait été obtenue dans le cadre de l’appel d’offre. Malgré les informations disponibles à ce moment, Garfield réalisa une excellente performance à la convention de 1874 en rassemblant les deux tiers des délégués avant de gagner l’élection face aux candidats démocrate et indépendant avec néanmoins une avance moins importante qu’auparavant.

Les démocrates reprirent le contrôle du Congrès lors de l’élection de 1874 pour la première fois en 20 ans. Durant la lame duck session, le Congrès vota une mesure de compromis prévoyant la remise en place de la monnaie métal en 1879. Dans le nouveau Congrès, Garfield fut nommé au comité des voies et moyens et au comité des chemins de fer du Pacifique. Garfield et le représentant John Coburn de l’Indiana révélèrent la corruption au sein du poste commercial de Fort Sill dans l’Oklahoma où le contrôle du ravitaillement avait été monopolisé et était surtaxé. Les abus furent corrigés par l’enquête mais Garfield et d’autres furent suspectés d’avoir permis au secrétaire à la Guerre William W. Belknap d’échapper aux poursuites. Belknap démissionna par la suite pour éviter une procédure d’impeachment lorsque les détails de son implication furent révélés.

À l’approche de l’élection présidentielle de 1876, Garfield était favorable à la candidature du président de la Chambre, James Blaine. Cependant, ses problèmes de santé et surtout la révélation de plusieurs scandales empêchèrent sa nomination au profit de Rutherford B. Hayes ; Garfield se rallia immédiatement au candidat de son parti. En ce qui concernait sa propre réélection, Garfield souhaitait ardemment quitter la vie politique mais devant les difficultés de son parti, il se sentit obligé de se représenter. Encore une fois la nomination fut aisé et il remporta 60 % des voix lors de l’élection. Cependant la fête fut de courte durée car le plus jeune enfant de Garfield, Neddie, mourut soudainement de la coqueluche.

L’élection présidentielle fut particulièrement serrée et lorsqu’il apparut que le candidat républicain Rutherford B. Hayes avait perdu de justesse face au démocrate Samuel Jones Tilden, les républicains se lancèrent dans le recomptage des voix. Grant demanda à Garfield de servir d’« observateur neutre » au recomptage en Louisiane. Son rôle se transforma rapidement en mission d’enquêteur sur les rifle clubs (« clubs de tir ») que les républicains accusaient d’avoir été créés par les démocrates pour intimider les électeurs noirs. Le rapport de Garfield et ceux d’autres observateurs mirent en doute les résultats en Louisiane, en Caroline du Sud, en Floride et dans l’Oregon qui avait été entachés de larges fraudes de la part des deux partis. Aucun des deux candidats n’ayant la majorité des voix au sein du Collège électoral, la décision finale revenait, selon la Constitution, au Congrès. Ce dernier mit en place une commission chargée de désigner un vainqueur. Bien qu’il se soit opposé à cette commission, Garfield y fut nommé. Hayes fut désigné vainqueur par 8 voix contre 7 et la décision fut confirmée malgré une tentative d’obstruction parlementaire de la part des démocrates. Comme James G. Blaine avait quitté la Chambre pour le Sénat, Garfield devint le chef de la minorité républicaine à la Chambre.

Garfield ne rencontra pas de grande opposition lors de sa réélection en 1878 malgré la présence d’un candidat du Parti Greenback et le redécoupage du district par les démocrates pour affaiblir les républicains. Garfield rassembla 60 % des voix lors de l’élection.

Garfield acheta une résidence à Mentor dans l’Ohio qui fut par la suite renommée Lawnfield par les journalistes et depuis laquelle il réalisa sa « campagne de perron » pour la présidence. La maison est aujourd’hui préservée par le National Park Service en tant que James A. Garfield National Historic Site.

Le dernier mandat de Garfield fut essentiellement consacrée à la  confirmation des vetos de Hayes aux décisions d’affectations des démocrates. Avec l’approche de l’année 1879, sans élection dans l’Ohio, Garfield chercha à sécuriser le siège de sénateur de l’Ohio laissé vacant par John Sherman lors de sa nomination au poste de secrétaire au Trésor. La première étape était d’obtenir une majorité républicaine à la législature de l’Ohio, qui allait choisir le sénateur. Après la victoire républicaine, la nomination de Garfield ne faisait plus aucun doute et il fut élu au Sénat par acclamation.

Le matin du 2 juillet 1881, le président Garfield se rendit au Williams  College, où il avait étudié, pour donner un discours. Il était accompagné de James G. Blaine, Robert Todd Lincoln et de ses deux fils, James et Harry. Alors que le président traversait la rue, pour se rendre à la gare de la Baltimore and Potomac Railroad à Washington à 9 h 30, Charles J. Guiteau s’approcha de Garfield et lui tira deux balles dans le dos, à bout portant. Ce dernier était contrarié d’avoir vu sa candidature de consul à Paris être refusée à plusieurs reprises car il n’avait aucune qualification. Il souffrait de troubles mentaux et était convaincu d’avoir donné un discours décisif pour l’élection de Garfield. Quand sa nomination fut rejetée, Guiteau se mit à croire que le parti républicain et le pays avaient été trahis et que Dieu lui avait affirmé qu’il pourrait sauver la nation et le parti si Garfield était « éliminé ». Guiteau suivit le président pendant des semaines avec un revolver Webley Bulldog. Lors de son arrestation, il s’écria « Je suis le stalwart des stalwarts… Arthur est maintenant président ! ». Cela généra des rumeurs vite écartées selon lesquelles Arthur ou ses partisans avaient poussé Guiteau à agir. Guiteau considérait également qu’il serait acquitté et serait élu président après son procès.

Garfield s’écria immédiatement après avoir été touché : « Mon Dieu, qu’est-ce donc1 ? ». La première balle érafla Garfield au bras et la seconde se logea près de son foie, mais les médecins ne parvinrent pas à la localiser avec précision ; l’autopsie révéla qu’elle se trouvait derrière le pancréas.

Alexander Graham Bell mit au point un détecteur de métaux afin de trouver la fameuse balle dans le corps du président, mais les interférences provoquées par le lit à armatures en fer empêchèrent l’appareil de fonctionner. L’état de Garfield se détériora fortement dans les semaines qui suivirent, en raison de l’infection, qui affaiblit son cœur. Il resta alité à la Maison-Blanche, souffrant de fièvres et de fortes douleurs. Afin de soulager le blessé de la chaleur étouffante de l’été à Washington, des ingénieurs de la marine mirent au point l’un des premiers dispositifs de climatisation. Des ventilateurs forçaient la circulation de l’air à travers une caisse pleine de glace jusque dans la chambre du président. Le système fonctionna de manière satisfaisante et permit d’abaisser la température d’environ dix degrés Celsius.

Des messages de soutien arrivèrent de tout le pays et du monde entier. Le roi Humbert Ier d’Italie et la famille Rothschild envoyèrent des messages de condoléances et le gouverneur démocrate du Kentucky Luke P. Blackburn ordonna un jour de « jeûne et de prières publiques206 ». Si la clause 6 de l’article II de la Constitution prévoyait qu’en cas d’« incapacité du président à exercer les pouvoirs et de remplir les devoirs de sa charge », celles-ci revenaient au vice-président, Chester A. Arthur était réticent à agir en tant que président, alors que Garfield était encore en vie, et les deux mois suivants connurent un vide avec Garfield trop faible pour mener ses devoirs, et Arthur refusant de les assumer. Cependant, les activités fédérales étaient assez limitées durant la période estivale et le président avait peu de missions à accomplir et cela ne se traduisit pas par une crise majeure.

Le 6 septembre, Garfield fut emmené sur la côte du New Jersey dans l’espoir ténu que l’air frais puisse aider à sa guérison. En quelques heures, des habitants construisirent un embranchement ferroviaire pour le train de Garfield.

Le lundi 19 septembre 1881, à 22 h 20, Garfield décéda d’un infarctus du myocarde ou d’une rupture d’anévrisme de l’artère splénique, consécutive à une septicémie et une pneumonie. La mort de Garfield fut prononcée à 22 h 35 à Elberon. Lucretia resta auprès de son époux pendant une heure jusqu’à ce qu’elle soit raccompagnée à l’extérieur de la chambre. Il décéda exactement deux mois avant son cinquantième anniversaire et est donc le second plus jeune président à mourir assassiné durant son mandat, après John Fitzgerald Kennedy. Pendant les 80 jours, entre l’attentat et sa mort, son seul acte officiel fut la signature d’un acte d’extradition. Ses derniers mots furent « Mon travail est accompli ».

De nos jours, la plupart des historiens et experts médicaux pensent que Garfield aurait probablement survécu à ses blessures si ses médecins avaient eu accès aux techniques et modes opératoires actuels. Comme la pratique médicale de l’époque le conseillait, plusieurs médecins tentèrent de récupérer la balle dans le corps de Garfield, mais ils le firent avec leurs doigts, ou avec des instruments non stérilisés, ce qui causa la septicémie, alors incurable. Les travaux de Joseph Lister sur la stérilisation dans les années 1860 n’étaient pas encore complètement acceptés par les médecins américains, et les historiens s’accordent pour dire que l’infection a été l’une des principales causes de la mort de Garfield211. Le biographe Peskin avance néanmoins que la blessure était si grave, que même sans infection, elle aurait été mortelle.

Guiteau fut formellement inculpé pour le meurtre de Garfield le 14 octobre 1881. Malgré sa défense fondée sur la folie, le jury le condamna à mort le 5 janvier 1882 et il fut pendu le 30 juin.

Source : Wikipédia.

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