Ismaïl Kadaré, écrivain.

Ismaïl Kadaré (souvent orthographié Ismail Kadare) est un écrivain albanais, né le 28 janvier 1936 à Gjirokastër, dans le Sud de l’Albanie.

Kadaré étudie les lettres à l’université de Tirana et à l’Institut de littérature Maxime-Gorki de Moscou. En 1960, la rupture avec l’Union soviétique l’oblige à revenir en Albanie où il entame une carrière de journaliste. Il commence à écrire très jeune, au milieu des années 1950, mais ne publie que quelques poèmes dans un premier temps.

En 1963, la parution de son premier roman Le Général de l’armée morte lui apporte la renommée, d’abord en Albanie et ensuite à l’étranger grâce à la traduction française de Jusuf Vrioni. Dès lors, son œuvre est vendue dans le monde entier et traduite dans plus de quarante-cinq langues. Kadaré est considéré comme l’un des plus grands écrivains et intellectuels européens du xxe siècle et, en plus, comme une voix universelle contre le totalitarisme.

Il reçoit le prix international Man-Booker en 2005, le prix Prince des Asturies de littérature en 2009, le Prix Jérusalem en 2015, et le Prix Park Kyung-ni en 2019.


Kadaré commence de publier très jeune, en 1953. Au sortir du lycée, il suit des études de littérature à l’université de Tirana et obtient une bourse pour l’institut Gorki de littérature à Moscou. En raison du jeu des alliances, c’est un passage obligé pour tout intellectuel en herbe. A l’institut Gorki, les auteurs de valeur côtoient les médiocres, les marginaux, les « écrivains officiels », sous le sceau unificateur du réalisme socialiste. Kadaré comprend ce qu’il ne faut pas écrire, ce qui n’est pas littérature. Rejetant les canons du réalisme socialiste, il s’engage intérieurement à faire le contraire de ce que les dogmatiques enseignent en matière de « bonne » littérature.

En 1963, Kadaré publie le roman Le Général de l’armée morte. Son roman suivant, Le Monstre, est fortement critiqué lors de sa publication, en 1965, dans une revue littéraire. Interdit, le texte ne paraîtra d’ailleurs pas sous forme de livre avant la fin de 1990, après vingt-cinq années de patience. Entre-temps, l’écrivain lui-même n’aura pas le droit de parler de ce texte, qui ne sera plus cité nulle part. En 1967, l’Albanie lance sa Révolution culturelle ; le régime oblige les écrivains à vivre dans les campagnes, à la rencontre du peuple. Kadaré passe ainsi deux années à Bérat, dans les montagnes du Sud, de 1967 à 1969. Il n’en continue pas moins sa lutte constante contre le totalitarisme. Il poursuit un temps sa carrière d’écrivain, nonobstant la charge corrosive de ses textes contre la dictature. Son œuvre est publiée et accueillie très favorablement à l’étranger.

Le Général de l’armée morte paraît en France en 1970. Après la parution du poème Les Pachas Rouges en 1975, Kadaré se voit interdire de publier des romans. Le poème est interdit et son auteur accusé d’incitation à la rébellion. Kadaré vit ses heures les plus graves. L’écrivain doit se soumettre à une période de travail manuel, sorte de stage de rééducation à la chinoise, au fin fond des campagnes. C’est ainsi qu’il se retrouve dans une coopérative de village, dans la région de la Myzeqe. Après son retour à Tirana, il accumule dans ses tiroirs des manuscrits qu’il publiera par la suite sous le label « récits ».

En 1981, il publie Le Palais des rêves, un roman anti-totalitaire écrit et publié au cœur d’un pays totalitaire. L’ouvrage est sévèrement critiqué et interdit. Kadaré finit par être qualifié d’« ennemi » lors du Plénum des écrivains en 1982. Le dictateur albanais lui-même pense que Kadare est un agent de la France. La presse mondiale réagit aux condamnations visant le roman et des protestations s’élèvent pour défendre son auteur, qui échappe aux sanctions. Entré en disgrâce pour ses écrits subversifs, conçus comme une critique détournée du régime, il est finalement contraint d’éditer ses romans à l’étranger. Se sentant menacé, il émigre en France où il obtient l’asile en octobre 1990. Aujourd’hui, il partage sa vie entre la France et l’Albanie.

Ismail Kadaré publie ses fables au centre même de la dictature. Il réussit le tour de force que n’auraient jamais pu réussir, dans l’URSS stalinienne, des Pilniak ou des Mandelstam. Avec ses romans à double fond, il porte la critique plus loin que les dissidents soviétiques qui ont écrit après la mort de Staline, alors que le totalitarisme était déjà sur le déclin. La dénonciation dans l’œuvre kadaréenne vise l’essence même du système et non sa périphérie. L’analyse de l’écrivain surpasse souvent en pessimisme et en visions macabres celles des maîtres du genre.

Son œuvre considérable, reconnue par le public et la critique comme une pièce maîtresse de la littérature contemporaine, concentre romans, nouvelles, essais, poésie et pièces de théâtre. Ses thèmes essentiels sont l’histoire des Balkans et de l’Albanie et la dénonciation du totalitarisme à travers des métaphores habiles et des légendes anciennes. Avec le souci d’un observateur scientifique et d’un ethnographe, il puise ses images romanesques dans le passé yougoslave et ses souvenirs d’enfance. Kadaré revisite les grandes étapes historiques, le folklore et les mythes de son pays natal dans une prose dramatico-bouffonne d’une ironie mordante. Son talent de conteur volubile se double d’un rôle de moraliste corrosif et percutant dans la dénonciation du totalitarisme à travers des fictions situées à des époques révolues. Son style puise son inspiration dans les grands classiques de l’histoire littéraire : Homère, Eschyle, Dante Alighieri, William Shakespeare, Miguel de Cervantes ou encore Nicolas Gogol.

Depuis 1996, il est membre associé (à vie) de l’Académie des sciences morales et politiques, où il a remplacé le célèbre philosophe Karl Popper.

En 1992, il reçoit le prix mondial Cino-Del-Duca.

En 2005, il devient lauréat du premier prix international Man-Booker.

En 2009, il remporte le prix Princesse des Asturies, une des plus prestigieuses récompenses littéraires internationales. « Écrivain, essayiste et poète, Ismail Kadaré, l’une des plus grandes figures de la littérature albanaise, a traversé les frontières pour s’ériger en voix universelle contre le totalitarisme », a souligné le jury du prix. La même année, il a reçu un diplôme honorifique en sciences sociales et de la communication institutionnelle de l’université de Palerme, en Sicile, demandée et vivement souhaitée par les Arberèches de Piana degli Albanesi.

En 2015, il remporte le prix Jérusalem.

Il est l’auteur albanais le plus lu à l’étranger. Kadaré est considéré comme l’un des plus grands écrivains contemporains et son nom a d’ailleurs été plusieurs fois cité comme favori au prix Nobel de littérature sans jamais l’obtenir toutefois, à l’instar de Philip Roth, Amos Oz, Milan Kundera, Yves Bonnefoy, Adonis, Haruki Murakami et Claudio Magris10. En Albanie, Kadaré est souvent présenté et désigné comme le “Victor Hugo Albanais”, ou le “Charles Dickens Albanais” du fait de ses vues à caractères sociétales.

En 2019, il remporte le prix Neustadt.

Sources : Wikipédia, YouTube.

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