Indro Montanelli, écrivain, historien et patron de presse.

Indro Montanelli, né le 22 avril 1909 à Fucecchio en Toscane et mort le 22 juillet 2001 (à 92 ans) à Milan, est un écrivain, historien, journaliste et patron de presse italien.

D’abord chroniqueur fort célèbre au Corriere della Sera, Montanelli fonde en 1974 le quotidien Il Giornale qu’il dirige pendant vingt ans. Il est  notamment l’auteur d’un best-seller : un roman situé à l’époque de la Résistance italienne et inspiré d’une histoire authentique, Il generale della Rovere. Le livre a été adapté au cinéma par Roberto Rossellini en 1959 sous le titre Le Général Della Rovere. Le film a obtenu le Lion d’or du festival de Venise.


Montanelli termina ses études secondaires au lycée de Rieti en 1925 et passa ensuite sa licence en droit à Florence, une année plus tôt que la durée  normale des cours, avec une thèse sur la réforme électorale du fascisme ; il y soutenait que c’était une abolition pure et simple des élections, ce qui lui  valut une évaluation de cent dix points sur cent dix et les félicitations du jury. Il se peut que ce soit dû aux professeurs antifascistes de l’Université. Plus tard, il suivit à Grenoble un stage de sciences politiques et sociales. Il fit ses débuts dans la revue Frontespizio de Piero Cover Bargellini, avec un article sur Byron et le catholicisme1 (juillet-août 1930). Il lisait attentivement les autres revues, en particulier L’Italiano de Leo Longanesi (destiné, depuis 1937, à devenir son grand ami et, après la Seconde Guerre mondiale, son éditeur) et Il Selvaggio de Mino Maccari : deux périodiques qui, bien que fascistes, furent parmi les premiers à « faire fronde », c’est-à-dire à mettre une note discordante dans le chœur conformiste du régime. Mais il fut aussi profondément influencé par la lecture de La Voce (1909-1914) de Giuseppe Prezzolini (destiné à être un de ses meilleurs amis après la Seconde Guerre mondiale). En 1932, il collabora au périodique de Florence L’Universale de Berto Ricci, dont le tirage était d’environ mille cinq cents exemplaires.

Il débuta à Paris en 1934 comme journaliste de faits divers à Paris-Soir, collaborant avec le journal franco-italien dirigé par Italo Sulliotti L’Italie nouvelle. Il fut ensuite envoyé comme correspondant en Norvège, de là au Canada, puis attaché à la United Press aux États-Unis, tout en poursuivant sa collaboration avec Paris-Soir. C’est pendant cette période qu’il  interviewa le magnat Henry Ford, qu’il décrivit d’une façon très originale. Il fut proposé comme envoyé en Éthiopie, mais l’agence n’y consentit pas, ce qui le poussa à y partir comme volontaire, poussé par ses idéaux fascistes, en tant que commandant d’un bataillon d’Àscaris.

Pendant la campagne, Montanelli épousa une jeune Érythréenne de 12 ans, payant à son père la somme convenue de 500 livres, selon les coutumes locales. Cette première femme le suivit tout le temps qu’il resta en Afrique. Avant de revenir en Italie il la céda au général Alessandro Pirzio Biroli qui la fit entrer dans son petit harem privé. La coutume d’épouser un « sujet colonial », ce qu’on appelait en Italie « madamato », fut interdite en avril 1937, pour éviter les contacts entre Italiens et Africains, mesure qui fut suivie l’année suivante de la proclamation des lois raciales.

De retour en Italie, il repartit pour suivre la guerre civile espagnole, étant le correspondant soit du quotidien romain Il Messaggero, soit de  l’hebdomadaire Omnibus de Longanesi. En Espagne, sa position contre le régime se radicalisa. Il publia un article critique sur la bataille de Santander dans lequel il la définit comme une promenade, avec un seul ennemi : la chaleur. Sa sympathie pour les anarchistes espagnols le conduisit alors à aider l’un d’eux, en franchissant avec lui la frontière.

Une fois qu’il fut revenu en Italie, le ministère de la Culture populaire le raya de la liste des journalistes en raison de son article sur la bataille de  Santander ; il le considérait comme offensant pour l’honneur des forces armées. Montanelli fut également suspendu du Parti fasciste.

L’immédiat après-guerre ne fut pas facile pour Montanelli : les anti-fascistes ne lui pardonnaient pas le fait d’avoir été fasciste, tandis que les anciens fascistes n’avaient pas oublié son attitude lors du « 8 septembre ». Les portes du Corriere della Sera lui furent fermées au début et il dut  repartir en travaillant pour l’édition populaire du Corriere, La Domenica del Corriere, dont il assuma la direction en 1945. Ce n’est qu’à la fin de l’année suivante qu’il put revenir Via Solferino.

La même année 1946, en collaboration avec Giovanni Ansaldo et Henry Furst, il aida son ami Leo Longanesi à fonder la maison d’édition qui  porterait son nom, et pour laquelle il commença à publier à partir de 1949 (Morire in piedi). Montanelli, ainsi que Longanesi, nouèrent une profonde amitié avec un autre personnage important dans la culture italienne de l’époque, Dino Buzzati. Le troisième intellectuel qu’unit à Montanelli une amitié forte et durable fut Giuseppe Prezzolini, qui appréciait son indépendance de pensée.

Dans les années cinquante Montanelli accepta la demande de Dino Buzzati de revenir collaborer à la Domenica del Corriere. Buzzati lui confia une page entière, et c’est ainsi que naquit la rubrique « Montanelli pensa così », qui devint par la suite « La Stanza di Montanelli », un espace où le journaliste répondait aux lecteurs sur les sujets les plus brûlants de l’actualité. En très peu de temps elle devint l’une des rubriques les plus lues en Italie.

Le succès de cette rubrique poussa Montanelli à écrire sur l’histoire des Romains, puis sur l’histoire des Grecs et c’est ainsi qu’il commença une carrière d’historien qui fit de lui le plus vendu des écrivains italiens.

Le premier livre fut l’Histoire de Rome, publiée en épisodes dans La Domenica del Corriere qui furent ensuite rassemblés en un volume pour Longanesi (1957). À partir de 1959 cette série à succès fut publiée par Rizzoli Editore. Elle se continua avec l’Histoire des Grecs, puis reprit avec l’Histoire de l’Italie du Moyen Âge à nos jours.

Le travail de celui que beaucoup considéraient comme le plus grand  journaliste italien fut reconnu et récompensé également à l’étranger (il reçut le prix Princesse des Asturies en Espagne en 1996, une décoration en Finlande, et des États-Unis lui vint le prix du meilleur journaliste  international de l’année). Il était un chroniqueur de l’histoire italienne qui faisait autorité, et il interviewa des personnalités comme Winston Churchill, Charles de Gaulle, Luigi Einaudi, Jean XXIII.

Sa pratique du journalisme était influencée par l’expérience qu’il avait eue en Amérique, et il gardait à l’esprit ce que lui avait dit le directeur du journal de l’époque, c’est-à-dire que chaque article devait pouvoir être lu et  compris de n’importe qui, même d’un « crémier de l’Ohio » . Il devint membre honoraire de l’Accademia della Crusca, pour laquelle il se battit sur les pages du Giornale, en essayant de faire bien comprendre à ses lecteurs qu’il fallait que ne disparût pas l’un des centres les plus anciens et les plus importants pour l’étude de la langue italienne.

En 1991, Francesco Cossiga, président de la République, lui offrit d’être nommé sénateur à vie, mais Montanelli ne voulut pas accepter, afin de garantir sa totale indépendance.

Dans ses dernières années, Montanelli se caractérisa par la position résolument critique qu’il avait adoptée vis-à-vis de Silvio Berlusconi, le leader de Forza Italia, son ancien éditeur ; il le considérait comme un  adversaire de la démocratie, enclin à mentir et auteur d’un projet politique qui, contrairement à ce qu’on écrivait, n’avait rien à voir avec la droite. Il entendait mettre en garde les Italiens, en rappelant le danger d’un nouvel « homme providentiel » capable de résoudre tous les problèmes, et il faisait remarquer, en rappelant l’exemple de Benito Mussolini qu’il en avait déjà connu un dans le passé et que c’était assez pour lui. Parmi ses  considérations les plus connues, l’une date de peu avant les élections législatives de mai 2001, quand, se rendant compte que la victoire électorale de Berlusconi était proche, il l’assimila à une maladie et déclara que ce serait une sorte de vaccin et que l’Italie serait guérie à la suite de son exercice du pouvoir. Deux mois plus tard, le 22 juillet 2001, il mourut à Milan dans la clinique de La Madonnina (là même où 29 ans plus tôt avait disparu une autre figure historique du Corriere, Dino Buzzati). Le lendemain, le directeur du Corriere della Sera publia en première page la nécrologie que Montanelli avait rédigée lui-même quelques jours avant sa mort.

Source : Wikipédia.

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