Honoré Victorin Daumier, peintre, graveur, caricaturiste, lithographe.

Honoré Victorin Daumier, né le 26 février 1808 à Marseille et mort le 10 février 1879 à Valmondois, est un graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXe siècle. Dessinateur prolifique, auteur de plus de quatre mille lithographies, il est surtout connu pour ses caricatures d’hommes politiques et ses satires du comportement de ses compatriotes. Il a changé la perception que nous avons sur l’art de la caricature politique.

La valeur de son œuvre peint, quelque cinq cents tableaux, a elle aussi été reconnue, bien qu’à titre posthume seulement : Daumier est considéré denos jours comme l’un des plus grands peintres français du XIXe siècle.

Daumier est né à Marseille de Marc Louis Daumier et de Cécile Catherine Philippe. Son père était un vitrier que les aspirations littéraires ont amené à monter à Paris en 1814 pour tenter de faire publier ses poésies. En 1816, le jeune Daumier et sa mère le suivent à Paris. Honoré Daumier montre une prédisposition pour la carrière artistique, vocation dont son père tente vainement de le détourner, en le plaçant d’abord chez un huissier. En 1822, il devient le protégé d’Alexandre Lenoir. L’année suivante, Daumier entre à l’Académie Suisse. Il fait ses premiers pas dans le domaine de la lithographie chez l’éditeur Belliard, puis produit des plaquettes pour les éditeurs de musique, ainsi que des illustrations pour des publicités. Il travaille dans l’anonymat pour les éditeurs, en imitant le style de Charlet.

Honoré Daumier, carte maximum, Paris, 20/05/1961.

En 1829, il rencontre Charles Philipon pour qui il fait ses premiers dessins pour la revue La Silhouette. En 1830, il commence une carrière de caricaturiste politique, en faisant des lithographies pour la revue satirique La Caricature où il connaît le succès pour ses portraits charge des politiciens de la monarchie de Juillet. En 1832, à cause de sa caricature de Louis-Philippe représenté en Gargantua, il est condamné à six mois de prison et cinq cents francs d’amende. Il purge d’abord sa peine dans une maison de santé de la rue Pigalle puis, à partir du 17 mars, chez l’aliéniste Casimir Pinel, à Chaillot, avant d’être transféré le 31 août à la prison Sainte-Pélagie.

Il continue son activité de caricaturiste politique jusqu’en 1835, date de la loi de sur la censure de la presse, et de la cessation de parution de La caricature. Il commence par se consacrer à la satire des mœurs bourgeoises qu’il poursuivra jusqu’en 1848. Il fait la connaissance la même année du marchand d’art Adolphe Beugniet qui vient d’ouvrir une galerie au 10, rue Laffitte, et qui deviendra un ami intime. Ce dernier lui achètera nombre de dessins. Daumier lui dédicacera l’un de ses tableaux en remerciement.

Il expose une de ses premières peintures Le Meunier, son fils et l’âne au Salon de 1849. Suivront plusieurs tableaux dans un style proche du réalisme social de Gustave Courbet. Il fait aussi plusieurs toiles sur le thème de Don Quichotte.

À partir de 1865, il connaît des difficultés financières : il quitte Paris pour vivre avec sa femme à Valmondois dans une maison au centre du village que Jean-Baptiste Corot a mis à sa disposition en 1865, sur l’insistance d’un de ses amis, le sculpteur Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume. Il fait encore des caricatures politiques dans les années 1870, mais il perd progressivement la vue. En 1877, il reçoit une pension de l’État.

Honoré Daumier, carte maximum, Marseille, 20/12/1966.

Avant de perdre entièrement la vue, il compose sa dernière lithographie, Les Châtiments. Ses peintures n’ont jamais été estimées de son vivant : un an avant sa mort, elles sont regroupées (au nombre de 94) avec 200 dessins pour une exposition chez Durand-Ruel, que préside Victor Hugo. La bourgeoisie et les classes moyennes n’appréciaient guère la façon dont Daumier les ridiculisait; elles l’ont persécuté et se sont toujours refusées à voir en lui autre chose qu’un caricaturiste. Pourtant, son universalité est incontestable : Daumier est le premier grand artiste contemporain à se pencher sur le sort des opprimés en dénonçant les raisons profondes de leur misère matérielle et morale.

Henri Daumier, essais de couleurs, feuille complète datée du 19/07/1966.

En 1878 est organisée dans la galerie Durand-Ruel la première exposition rétrospective de ses œuvres. Il meurt le 10 février 1879 ; un an plus tard, son corps est exhumé du cimetière de Valmondois pour être transféré à Paris au cimetière du Père-Lachaise, où il repose aux côtés de ses amis Jean-Baptiste Corot et Charles-François Daubigny, dans la 24e Division.

La ville de Marseille lui a rendu hommage en érigeant un buste en bronze au pied de l’Hôtel-Dieu.

En 1828, Daumier réalise ses premières lithographies pour le journal La Silhouette. En 1830, durant le règne de Louis-Philippe, lorsque Charles Philipon lance le journal humoristique, La Caricature, Daumier rejoint son équipe, qui comptait aussi Achille Devéria, Auguste Raffet et Grandville, et commence sa série de dessins satiriques, en prenant pour cible la bourgeoisie, la corruption des magistrats et l’incompétence du gouvernement. En 1831, il y fait publier sa célèbre caricature de Louis-Philippe Ier Les Poires.

Entre 1830 et 1835, Daumier réalise des bustes en terre crue colorée (dont 36 sont conservés au musée d’Orsay à Paris) caricaturant les principaux personnages politiques du début de la monarchie de Juillet. Ces bustes servaient à l’artiste à réaliser ses lithographies destinées à être publiées dans La Caricature. Ses caricatures lui apportent une immédiate célébrité, mais lui valent également des ennuis avec la justice. Sa caricature de Louis-Philippe intitulée Gargantua, où tel un ogre le roi avale tout l’or rassemblé en imposant le peuple, pour le défèquer en autant de nominations politiques et rétributions au profit de la classe privilégiée, conduit Daumier à la prison Sainte-Pélagie pour une peine de six mois de détention en 1832.

Peu de temps après, La Caricature cesse de paraître, mais Philipon offre un nouveau champ d’action à Daumier en fondant Le Charivari, journal qui joue un rôle important dans la vie politique de l’époque, et est spécialement dirigé contre Louis-Philippe. Daumier produit pour Le Charivari des caricatures sociales, dans lesquelles il tourne en ridicule la société bourgeoise personnifiée par la figure de Robert Macaire, héros d’un mélodrame populaire. Dans une autre série, L’histoire ancienne, il s’en prend au pseudo-classicisme de l’art pendant cette période. Il se fait aussi le témoin de certains événements tragiques ou de scènes fortes se déroulant à Paris (Rue Transnonain, 15 avril 1834, Le Ventre législatif).

À la suite de l’adoption des lois sur la censure en 1835, Daumier renonce à la satire politique pour se tourner vers la caricature de mœurs, genre dans lequel il excelle (Les Gens de Justice, Les Bons Bourgeois).

En 1848, Daumier lance une nouvelle série politique, toujours par l’intermédiaire du journal Le Charivari, qu’il quitte en 1860, avant d’y revenir en 1864.

En plus de sa prodigieuse activité dans le domaine de la caricature — la liste des planches de lithographies réalisées par Daumier et compilée en 1904 ne comporte pas moins de 3 958 numéros — il était également peintre : on recense plus de cinq cents tableaux qui lui sont attribués, dont la plupart ne sont pas datés.

Son style diffère de son travail graphique, il est difficile de reconnaître le créateur de Robert Macaire, des Bas bleus, des Bohémiens de Paris, et des Masques, dans les tableaux du Christ et ses Apôtres (Rijksmuseum d’Amsterdam) ou, dans son Bon Samaritain, son Don Quichotte et Sancho Panza, son Christ moqué, ni même dans les esquisses de la collection Ionides de South Kensington.

Daumier est l’un des premiers peintres qui ait abordé des sujets réalistes, quand bien même son style en est fort éloigné ; l’on pourrait parler de réalisme intériorisé : « Il est plus un réaliste d’intention qu’un réaliste de fait, et cette étiquette, qui lui est fréquemment apposée, n’est généralement due qu’à l’énoncé de ses œuvres. […] Contrairement à Courbet, il prend toujours du recul par rapport à la réalité, lui imposant l’empreinte profonde de son individualité11. » Sa peinture, restée souvent confidentielle, mais néanmoins connue des plus grands, n’a guère rencontré de succès jusqu’à l’année qui a précédé sa mort, en 1878, lorsque Paul Durand-Ruel a accueilli ses œuvres dans ses galeries pour démontrer l’étendue du talent de celui qui fut surnommé le « Michel-Ange de la caricature ».

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.