Hermann Hesse, romancier, poète, peintre et essayiste.

Hermann Karl Hesse, né le 2 juillet 1877 à Calw dans le royaume de Wurtemberg (Empire allemand) et mort le 9 août 1962 à Montagnola (Suisse), est un romancier, poète, peintre et essayiste allemand puis suisse. Il obtint le prix Bauernfeld en 1905, le prix Gottfried Keller en 1936 et, en 1946, le prix Goethe ainsi que le prix Nobel de littérature.


Hermann Karl Hesse est issu d’une famille de missionnaires chrétiens de confession protestante. Ses parents furent tous deux engagés pour la Mission de Bâle en Inde, où sa mère, Marie Gundert, était née en 1842. Son père, Johannes Hesse, né en 1847 dans la famille d’un médecin, était d’origine germano-balte et la famille vécut à Weissenstein (aujourd’hui Paide en Estonie). Dans la petite ville de Calw, en Forêt-Noire, la famille tint à partir de 1873 une maison d’édition missionnaire sous la direction du grand-père maternel de Hesse, Hermann Gundert. Hermann eut huit frères et sœurs, dont trois moururent prématurément. Il grandit avec Adèle, Marulla et Hans Hesse, ainsi qu’avec leurs deux demi-frères, Theodore et Karl Isenberg, que leur mère avait eus de son premier mari Charles  Isenberg.

Le monde dans lequel Hermann Hesse vécut ses premières années était totalement imprégné de l’esprit du piétisme souabe. En 1881, la famille s’installe à Bâle pour cinq années, mais revient ensuite à Calw. Après avoir achevé ses études latines avec succès à Göppingen, Hesse rejoint en 1891 le séminaire protestant de Maulbronn (dont il fera le cadre de son roman L’Ornière). Là se révèle en mars 1892 son caractère rebelle : échappé un jour du séminaire, le garçon de quinze ans ne sera rattrapé que le lendemain, en pleine nature.

Dès lors, sur fond de violents conflits avec ses parents, commence une odyssée à travers divers établissements et écoles. Hermann Hesse était en fait dans une phase dépressive de son trouble bipolaire, au point d’exprimer dans une lettre du 20 mars 1892 des pensées suicidaires (« Je voudrais partir comme le coucher de soleil »). En mai suivant, il fait une tentative de suicide dans l’établissement de Bad Boll dirigé par le théologien et directeur de conscience, Christoph Friedrich Blumhardt. À la suite de cela, Hermann est placé dans la maison de santé de Stetten im Remstal, et plus tard dans un établissement pour enfants à Bâle. Fin 1892 il entre au lycée de Cannstatt, à Stuttgart. En 1893, il y obtient son diplôme probatoire de première année, mais interrompt ses études.

Il commence alors à Esslingen am Neckar un apprentissage de libraire qu’il abandonne après trois jours, puis devient au début de l’été 1894 apprenti mécanicien pour quatorze mois, dans la fabrique d’horloges Perrot à Calw. Le travail monotone de soudage et de limage renforce chez Hermann Hesse le désir de se tourner à nouveau vers une activité spirituelle. En octobre 1895, il se sent prêt à entamer un nouvel apprentissage de libraire, à Tübingen, et à s’y consacrer sérieusement. Plus tard, il relatera ces péripéties de son enfance dans son roman L’Ornière (Unterm Rad).

Hesse travaille, à partir du 17 octobre 1895, dans la librairie Heckenhauer à Tübingen. L’essentiel du fonds traitait de théologie, de philosophie et de droit. La tâche de l’apprenti Hesse consistait à collationner, emballer, classer et archiver les livres. Après sa journée de travail de douze heures, il continue à enrichir sa culture en solitaire, et les livres compensent encore son absence de contacts sociaux pendant les longs dimanches fériés. Hesse lit des écrits théologiques, puis l’œuvre de Goethe, et plus tard Lessing, Schiller et des textes de la mythologie grecque. En 1896, son poème Madonna est publié dans une revue viennoise.

En 1898, il devient assistant libraire et dispose désormais d’un revenu respectable, lui assurant une indépendance financière vis-à-vis de ses parents. À cette époque, il lit surtout les œuvres des romantiques allemands, et tout particulièrement de Clemens Brentano, Joseph von Eichendorff et Novalis. Dans une lettre à ses parents, il exprime sa conviction que « la morale est chez les artistes remplacée par l’esthétique ». Alors qu’il était toujours libraire, Hesse publie, à l’automne 1898, son premier petit recueil de poèmes, Romantische Lieder (Chants romantiques), et à l’été 1899 le recueil en prose Eine Stunde hinter Mitternacht (Une heure après minuit). Les deux ouvrages furent des échecs commerciaux. En l’espace de deux ans, seuls cinquante-quatre des six cents exemplaires de Romantische Lieder seront vendus. Eine Stunde hinter Mitternacht est également tiré à seulement six cents exemplaires et ne se vendit que très lentement. L’éditeur leipzigois Eugen Diederichs est cependant convaincu de la valeur littéraire de l’œuvre, et voit ces publications dès le départ comme des encouragements pour le jeune auteur, plutôt que comme une entreprise rentable.

A partir de l’automne 1899, Hesse travaille dans une librairie d’occasion à Bâle. Ses parents ayant d’étroits contacts avec les familles bâloises érudites, un royaume spirituel et artistique des plus stimulants s’ouvre à lui. En même temps, le promeneur solitaire qu’est Hesse trouve à Bâle l’occasion de retraites grâce aux nombreuses possibilités de voyages et promenades, ce qui servit sa quête artistique personnelle, en développant en lui l’aptitude à transcrire littérairement une observation sensorielle, aptitude sans cesse confrontée à une aventure nouvelle. En 1900, Hesse est exempté du service militaire en raison de sa faible vue. Ses difficultés de vision dureront toute sa vie, de même que sa névralgie et ses maux de tête.

En 1901, Hesse peut réaliser l’un de ses grands rêves en voyageant pour la première fois en Italie. La même année, il entre chez un nouvel employeur, le libraire Wattenwyl, à Bâle. À la même époque, les occasions de publier des poèmes et de petits textes littéraires dans des revues se multiplient et, désormais, les rémunérations de ces publications contribuent à ses revenus. Très vite, l’éditeur Samuel Fischer s’intéresse à lui, et le roman Peter Camenzind, pré-publié en 1903 et publié officiellement en 1904 chez Fischer, marque une rupture : Hesse peut maintenant vivre de sa plume.

La consécration littéraire permet à Hesse d’épouser, en 1904, la  photographe Maria Bernoulli (1868–1963), de s’installer avec elle à Gaienhofen au bord du lac de Constance, et d’y fonder une famille comptant trois fils, Bruno, Heiner et Martin. Il y écrit son deuxième roman L’Ornière, paru en 1906. Par la suite, il rédige surtout des nouvelles et des poèmes. Son roman suivant, Gertrude (1910), évoque la crise de créativité de Hesse. Il achève péniblement cette œuvre, et la considèrera plus tard comme ratée. Les désaccords se multiplient aussi dans son ménage, et pour prendre de la distance, Hesse fait en 1911, avec Hans Sturzenegger, un long voyage à Ceylan et en Indonésie. Il n’y trouve pas l’inspiration spirituelle et religieuse espérée, mais ce voyage imprègnera fortement ses œuvres ultérieures, à commencer par Carnets indiens (1913). Après le retour de Hesse, la famille déménage en 1912 à Berne, mais ce déplacement ne résout pas les  problèmes du couple, comme le dépeint Hesse en 1914 dans son roman Roßhalde.

À la déclaration de la Première Guerre mondiale en 1914, Hesse se présente comme volontaire à l’ambassade d’Allemagne, car il ne peut supporter de rester inactif, pendant que d’autres jeunes écrivains meurent au front. Il est néanmoins déclaré inapte au combat et affecté à Berne à l’assistance aux prisonniers de guerre, auprès de l’ambassade d’Allemagne. Dans sa  nouvelle fonction, Hesse est dès lors occupé à rassembler et expédier des livres pour les prisonniers de guerre allemands. À cette époque, il était coéditeur de la Deutsche Interniertenzeitung (Journal des internés allemands, 1916-1917), éditeur du Sonntagsbote für die deutschen Kriegsgefangenen (Courrier dominical des prisonniers de guerre allemands, 1916-1919), et responsable de la « Librairie des prisonniers de guerre allemands ».

Le 3 novembre 1914, il publie dans la Neue Zürcher Zeitung l’article « O Freunde, nicht diese Töne » (« O mes amis, pas sur ce ton ! », premier vers de l’Ode à la joie), dans lequel il appelle les intellectuels allemands à ne pas tomber dans les polémiques nationalistes. Il en résulte ce que Hesse qualifiera plus tard de grand tournant de sa vie : pour la première fois, il se retrouvae au milieu d’une violente querelle politique, la presse allemande l’attaque, il reçoit des lettres de menace et de vieux amis se désolidarisent de lui. Il est soutenu par son ami Theodor Heuss, mais aussi par l’écrivain français Romain Rolland, à qui Hesse rend visite en août 1915.

Ces conflits avec le public allemand n’étaient pas encore apaisés, que Hesse subit une suite de coups du sort qui le plongent dans une crise existentielle plus profonde encore : la mort de son père le 8 mars 1916, la grave maladie de son fils Martin et la crise de schizophrénie de sa femme. Il doit  interrompre son travail d’assistance aux prisonniers et commencer un traitement psychothérapeutique. L’intense travail de psychanalyse qui s’ensuit, au cours duquel Hesse fait la connaissance de Carl Gustav Jung, débouche finalement sur un nouveau point culminant de sa créativité : en septembre-octobre 1917, Hesse rédige en trois semaines d’un travail frénétique son roman Demian. Le livre est publié après la guerre, en 1919, sous le pseudonyme d’Emil Sinclair.

Lorsque Hesse peut reprendre sa vie civile, son couple est désuni. Une grave psychose s’étant entre-temps déclarée chez sa femme et, même après sa guérison, Hesse ne peut envisager aucun avenir commun avec Maria. La maison de Berne est vendue, et Hesse emménage mi-avril dans le canton du Tessin, où il habita tout d’abord une petite maison paysanne à l’entrée de Minusio près de Locarno. Puis il vit du 25 avril au 11 mai à Sorengo. Le 11 mai, il s’installe dans le village de Montagnola, près de Lugano, comme locataire de quatre petites pièces dans un bâtiment ressemblant à un château, la « Casa Camuzzi ». Là, il ne reprend pas seulement son activité d’écriture, mais commence aussi à peindre, ce qui apparaît clairement en 1920 dans son grand récit suivant, Le Dernier Été de Klingsor. En 1922 parait le roman indien Siddhartha, où s’exprime son amour de la culture indienne et des sagesses orientales auxquelles il avait été familiarisé déjà dans la maison de ses parents. Hesse épouse en 1924 Ruth Wenger, fille de la femme de lettres suisse Lisa Wenger et tante de Meret Oppenheim (après le  mariage avec Hesse, elle eut comme fils l’acteur Ezard Haußmann). Hesse obtient cette année-là la nationalité suisse.

Les principales œuvres qui suivent, Le Curiste en 1925 et le Voyage à Nüremberg en 1927, sont des récits autobiographiques teintés d’ironie, dans lesquels s’annonce déjà le plus célèbre roman de Hesse, Le Loup des steppes (1927). Pour son cinquantième anniversaire, qu’il fête cette année-là, parait également sa première biographie, publiée par son ami Hugo Ball. Peu après le succès de son roman, la vie du solitaire loup des steppes Hesse prend un nouveau tour par sa relation avec Ninon Dolbin, originaire de Czernowitz en Bukovine, et qui devient plus tard sa troisième femme. Le résultat de cette conversion à la vie de couple est le roman Narcisse et Goldmund (1930).

Hesse quitte, en 1931, la Casa Camuzzi, et s’installe avec Ninon dans une plus grande maison (la Casa Hesse, parfois aussi appelée Casa Rossa) dans les hauteurs de Montagnola, construite selon ses souhaits et mise à sa disposition par son ami Hans C. Bodmer. Cette maison est actuellement un bien privé et ne peut être visitée.

Source : Wikipédia.

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