Henri Sainte-Claire Deville, chimiste.

Henri Deville, de son nom complet Henri Sainte-Claire Deville, né le 11 mars 1818 à Saint-Thomas (Archipel des Antilles), décédé le 1er juillet 1881 à Boulogne-sur-Seine, inhumé au cimetière du Père-Lachaise, est un chimiste français, connu principalement pour ses travaux sur l’aluminium.

Henri Deville est né dans les Antilles sur l’île de Saint-Thomas, possession à l’époque du Danemark. Son père, qui avait conservé sa nationalité française, était armateur. Sa famille est originaire de la région française du Périgord.

Il revient en France avec sa famille en 1824. Il entreprend des études de médecine et obtient son doctorat à 25 ans en 1843. Il se passionne pour la chimie et suit les cours du chimiste Louis Jacques Thénard. Il crée dans un grenier son premier laboratoire1 et découvre le toluène. Sa thèse de chimie porte sur l’essence de térébenthine.

En 1845, lors de la réouverture de la faculté des sciences de Besançon, il est nommé professeur de chimie et doyen. Il restera six ans à Besançon ; en 1845, il est élu membre titulaire de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon2. Il met au point un nouveau procédé d’analyse pour analyser l’eau du Doubs. Il isole l’acide nitrique anhydre en faisant passer du chlore sur du nitrate d’argent. Cette découverte lui vaut sa première renommée auprès du monde scientifique européen.

En 1851, il est nommé maître de conférence de chimie à l’École normale supérieure de Paris à l’âge de 33 ans.

Il cultive ses relations en ouvrant son laboratoire le dimanche après-midi aux célébrités scientifiques (Louis Pasteur), littéraires (Renan) et politiques (Thiers).

En travaillant sur des corps supposés très stables tels que l’eau et le dioxyde de carbone, il met en évidence la notion de réversibilité et d’équilibre chimique. Ses travaux sur la dissociation seront repris et développés par ses élèves : Henri Debray, Louis Joseph Troost, Paul Hautefeuille, Alfred Ditte. En 1864, il donne sur ce sujet des conférences appelées « leçons de chimie » à la Société chimique de Paris.

Sainte-Claire Deville, carte maximum, Paris 5/03/1955.

Dès 1852, il est nommé professeur de chimie suppléant et en 1867 professeur de chimie titulaire à la Faculté de sciences de Paris à la suite de Dumas. Il est suppléé de 1875 à sa mort par Henri Debray et c’est Louis Joseph Troost qui lui succède.

Dès son arrivée à l’École normale, il cherche à déterminer les propriétés du silicium, du magnésium et de l’aluminium.

Pour produire de l’aluminium, il reprend les expériences de Friedrich Wöhler, ce dernier n’ayant réussi qu’à produire quelques paillettes d’aluminium au milieu de nombreuses impuretés. Pour réduire l’oxyde d’aluminium, à la différence de Wöhler, il remplace le potassium par du sodium. Il réussit à produire les premiers lingots d’aluminium. La production chimique de l’aluminium est née. En 1854, il fait une première communication sur ce sujet à l’Académie des sciences mais ne juge pas utile de déposer un brevet pour son procédé de fabrication.

En 1859, il publie un ouvrage sur l’aluminium où il prévoit l’utilisation future de ce métal : « L’aluminium est susceptible de devenir un métal usuel ». Parmi d’autres propriétés, il détermine sa conductibilité électrique : « La détermination de la conductibilité électrique a été faite au moyen de l’appareil de M. Wheatstone, en cherchant quelles étaient les dimensions d’un fil de clavecin et d’un fil d’aluminium qui opposaient au passage de l’électricité la même résistance électrique. »

En 1854, Henri Sainte-Claire Deville réalise la première production industrielle d’aluminium dans une usine de Javel à Paris. Les travaux sont financés par l’empereur Napoléon III. Les premiers lingots seront utilisés pour l’exposition universelle de 1855.

En 1856, l’usine s’installe dans le quartier de la Glacière puis en 1857 à Nanterre. En 1859, cette usine produira 500 kg d’aluminium principalement destiné à la bijouterie. En 1860, après avoir reçu un rapport à ce sujet de l’ingénieur des mines Gustave Noblemaire, il a l’intuition géniale de choisir la bauxite comme minerai pour produire l’alumine nécessaire à la production de l’aluminium, plutôt que la cryolithe d’Islande qui revient très cher5. Il met au point le procédé dit procédé Deville pour extraire l’alumine du minerai.

Il travaille sur les questions périphériques à la production de l’aluminium et met au point une méthode de production du sodium, matière première dont il a besoin. À la suite de ses travaux, le coût de production de ce métal passe de 1000 F à 10 F par kg.

Le procédé chimique de Sainte-Claire Deville se développera jusqu’en 1886, année où Paul Héroult et Charles Martin Hall découvriront le procédé électrolytique de production de l’aluminium. En 1854, Sainte-Claire Deville avait approché une méthode électrolytique, mais les cinq piles qu’il utilisait étaient incapables de lui fournir l’intensité nécessaire. Henri Moissan, prix Nobel de chimie en 1906, dira « Deville attendait la découverte de Gramme».

Source : Wikipédia.