Henri de La Tour d’Auvergne, dit Turenne, militaire.

Henri de La Tour d’Auvergne, dit Turenne (Sedan, 11 septembre 1611-Salzbach, 27 juillet 1675), est un gentilhomme et célèbre militaire français passé à la postérité sous le nom que lui donne son titre de vicomte de Turenne.

Maréchal de France en 1643 et maréchal général des camps et armées du roi en 1660, il est l’un des meilleurs généraux de Louis XIII puis de Louis XIV. Figure populaire, stratège de grand talent, gloire militaire du Grand Siècle par excellence, sa carrière se trouve néanmoins entachée par la première série d’exactions commises en Palatinat du Rhin en 1674, plus généralement connue sous le nom de « ravage du Palatinat ».

Cadet d’une famille souveraine, il est destiné à la carrière des armes. Pendant la guerre de Trente Ans, par commission du 17 janvier 1625, le jeune vicomte lève à l’âge de 14 ans, un régiment d’infanterie qui porte son nom.

La même année, il fait ses premières armes dans l’armée hollandaise, sous les ordres de son oncle, le stathouder Frédéric-Henri d’Orange-Nassau, en tant que simple soldat puis il lui offre un commandement en 1626. Le régiment qu’il avait créé en France est licencié en mai 1626. En 1627 et 1628, il participe aux sièges de Klundert, de Willemstad et dans la plupart des expéditions contre Spinola. Il s’illustre notamment dans l’armée hollandaise, aux côtés de Frédéric-Henri d’Orange-Nassau, au siège de Bois-le-Duc en 1629, contre les Espagnols.

Cependant, il choisit l’année suivante de passer au service de la France, plus prestigieux et son régiment d’infanterie est rétabli, le 27 mars 1630, sous le nom de régiment d’Eu.

Turenne, carte maximum, Sedan, 11/06/1960.

Richelieu le nomme colonel et il participe au siège de La Mothe en 1634, où ses états de service lui valent une promotion au grade de maréchal de camp. Après avoir participé à diverses campagnes en Lorraine, sur le Rhin et dans les Flandres, il s’empare notamment de Saverne en 1636, où il manque de perdre un bras6, et de Landrecies en 1637. Il dirige l’assaut sur la puissante forteresse de Vieux-Brisach en 1638 et obtient sa capitulation le 17 décembre.

Sa réputation allant croissant, il sert en Italie de 1639 à 1641 sous le commandement d’Henri de Lorraine-Harcourt et s’illustre à plusieurs reprises, puis participe comme commandant en second à la conquête du Roussillon en 1642. Louis XIII disparaît le 14 mai 1643, et c’est Anne d’Autriche, régente de France, qui le fait maréchal de France, le 19 décembre. Turenne n’a alors que 32 ans. Il est envoyé en Alsace où les armées françaises sont en position délicate. Empruntant sur ses deniers, il réorganise l’armée et traverse le Rhin au mois de juin 1644 avant d’opérer sa jonction avec les forces de Condé, qui prend le commandement. Il participe aux sièges de Mayence et de Philippsburg et aux batailles de Fribourg (1644) et Nördlingen (1645) aux côtés de Condé. Celui-ci reparti, il mène ensuite avec ses alliés suédois une campagne décisive qui se termine par la victoire de Zusmarshausen le 17 mai 1648 et son armée dévaste la Bavière. Les traités de Westphalie sont signés peu après et mettent fin à la guerre de Trente Ans.

Un temps passé du côté des Frondeurs, il échappe à l’arrestation dont sont victimes d’autres princes (dont Condé) et cherche l’aide des Espagnols. Il connaît à cette occasion l’un de ses rares revers militaires en étant vaincu lors de la bataille de Rethel le 15 décembre 1650. Après la libération des princes, il se réconcilie avec Mazarin et obtient le commandement des armées royales lorsque Condé se révolte à nouveau. Après l’indécise bataille de Bléneau le 7 avril 1652, il bat l’armée espagnole commandée par Condé à la bataille du faubourg Saint-Antoine le 2 juillet 1652 et réoccupe Paris le 21 octobre 1652, obtenant définitivement le pardon de Louis XIV. Poursuivant la lutte contre Condé et les Espagnols, il les bat à Arras le 25 août 1654 mais est à son tour sévèrement battu à la bataille de Valenciennes le 16 juillet 1656. Il remporte néanmoins la décisive victoire des Dunes, près de Dunkerque, le 14 juin 1658, et le traité des Pyrénées signé l’année suivante met fin à la guerre franco-espagnole.

Durant la guerre de Dévolution, il dirige l’armée française qui envahit la Flandre et s’empare de plusieurs villes.

En 1672, il est nommé capitaine général par Louis XIV. Durant la guerre de Hollande, battu par les Impériaux de Raimondo Montecuccoli, il est obligé de repasser le Rhin en 1673. Il prend sa revanche le 16 juin 1674, à la bataille de Sinsheim, où il empêche la jonction des deux armées ennemies. Un mois plus tard, il ordonne le ravage du Palatinat. Il vainc à nouveau les Impériaux en Alsace à la bataille d’Entzheim en octobre 1674, mais devant la disproportion des forces, il se replie sur Saverne et Haguenau, laissant les Allemands prendre leurs quartiers d’hiver en Alsace.

En plein hiver il fond sur Belfort le 27 décembre 1674, entre dans Mulhouse le 29. Les Impériaux sont basés à Turckheim, dans une vallée des Vosges (côté alsacien). Sa stratégie consiste à surprendre l’ennemi en attaquant par la montagne. Il monte au-dessus de la ville de Thann, passe à côté du château de l’Engelburg (qui n’a pas encore été détruit par Louis XIV), et établit son camp à l’endroit encore dénommé aujourd’hui « camp Turenne ». Puis son armée longe la crête et, arrivée au-dessus du camp adverse le 5 janvier 1675, déboule dans la vallée et prend l’adversaire par surprise qui est mis en fuite.

Les Impériaux sont contraints de battre en retraite et de repasser le Rhin. Louis XIV donne de nouveau à Turenne le commandement de la campagne de 1675, où il se trouve de nouveau face à Montecuccoli. Pendant deux mois, tous deux déploient leurs dons de manœuvriers. Lors de la bataille de Salzbach, enfin Turenne est sur le point d’amener son adversaire sur les positions qu’il juge souhaitables pour une bataille décisive, lorsqu’il est tué par un boulet de canon. Raimondo Montecuccoli se serait alors écrié : « Il est mort aujourd’hui un homme qui faisait honneur à l’Homme ! ». Selon les mémorialistes du temps, la France entière le pleure, et le peuple rassemblé sur les routes honore « le bon Monsieur de Turenne » lors du passage du convoi funèbre vers Paris. Son oraison funèbre fut prononcée par Fléchier en l’église Saint-Eustache.

Source : Wikipédia.