Henri Collet, compositeur et critique musical.

Au mélomane averti, le nom d’Henri Collet n’est pas inconnu. Deux activités professionnelles lui sont associées : chroniqueur musical (comment oublier qu’il fut l’ “inventeur” du Groupe des Six, en janvier 1920) et musicologue (de nos jours, font encore autorité ses nombreuses publications sur la musique espagnole au Moyen-Age, à la Renaissance et au XXe siècle). Mais ces deux activités masquent l’essentiel : il fut, d’abord, compositeur.

Né en 1885 à Paris, Henri Collet passa sa jeunesse à Bordeaux. Musicien très précoce, il se passionna tôt pour la culture hispanique, et c’est en Espagne qu’il accomplit l’essentiel de ses études musicales, tout d’abord avec Federico Olmeda, puis et surtout, avec Felipe Pedrell, l’ “éveilleur” de toute la jeune génération de la musique espagnole au début du XXe siècle : Albéniz, Granados, Turina, Mompou, Rodrigo et surtout de Falla qui lui enseigna l’orchestration. De retour en France, il reçut les conseils de Déodat de Séverac et termina ses études auprès de Gabriel Fauré.

Henri Collet, carte maximum, Paris 29/05/1998.

Ayant ainsi pénétré l’âme espagnole au cours de son long séjour en Espagne, Henri Collet a écrit une musique principalement d’essence castillane qui, si elle est ouvertement populaire (par ses thèmes et par leurs harmonisations), subit des traitements “savants” (entre autres, la cyclicité si prisée par la Schola Cantorum). En outre, la tonalité y est contestée par

Henri Collet, épreuve d’artiste signée.

les échelles modales que Henri Collet avait auparavant apprises auprès des musiciens populaires espagnols et dans les œuvres des vieux maîtres médiévaux et renaissants. Son catalogue compte des recueils pour le piano (de brèves et racées pièces de “caractère”, dans la ligne dessinée par Couperin), un important et essentiel corpus de musique de chambre, d’admirables mélodies (de véritables condensés de la nature castillane où le charme le dispute à la nostalgie), une œuvre symphonique importante d’inspiration andalouse, et d’amples pièces scéniques (opéra, opéra-comique, zarzuelas et ballets).

Singulièrement, Henri Collet allie une inspiration espagnole (les abondants hommages de ses – presque – compatriotes en font foi) à une écriture française. Regrettons seulement que son ardeur, jusqu’à sa mort en 1951, à faire découvrir la musique des maîtres espagnols (vivants ou anciens) ait masqué sa propre musique. Il est temps de réparer cet injuste oubli.

Henri Collet, épreuve de luxe.

Source : Durand Salabert-Eschig.

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