Henri Beyle, dit Stendhal, écrivain français

Henri Beyle, plus connu sous le pseudonyme de Stendhal,  né le à Grenoble et mort d’apoplexie le dans le 2e arrondissement de Paris, est un écrivain français, connu en particulier pour ses romans Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme.

Stendhal aurait voulu consacrer sa vie à la rêverie, à la « chasse au bonheur », aux arts et à l’amour ; bien malgré lui, il a eu une vie mouvementée. Après la mort d’une mère trop aimée, il souffre d’une enfance étouffante à Grenoble auprès d’un père qu’il méprise et d’un grand-père qu’il adore. Il trouve refuge dans la littérature avant de partir de Grenoble, en 1799, pour aller étudier à Paris. En réalité, il s’est découvert une vocation, et abandonne ses études : il veut être comic bard, il rêve d’écrire des comédies. Ses cousins Daru le forcent à entrer au ministère de la Guerre. C’est ainsi qu’il est envoyé à Milan en mai 1800. Il découvre, émerveillé, en même temps la guerre, l’Italie, l’opéra, l’amour et le bonheur. Il ne cessera de retourner en Italie entre ses missions administratives. De tempérament timide et romanesque, souffrant de l’hypocrisie de la société de son temps, il invente pour lui-même une « méthode pratique du bonheur », le beylisme.

Perdant son emploi au moment de la chute de l’Empire, il se consacre à ses passions : l’Italie, la musique, la peinture. Il écrit Vie de Haydn, Mozart et Métastase, puis Histoire de la peinture en Italie, dont il perd le premier manuscrit dans la Retraite de Russie, et Rome, Naples et Florence, journal de sensations plutôt que guide touristique. En 1819, son chagrin d’amour pour Matilde Dembowski lui fait écrire un traité, De l’amour, tentative d’analyse du sentiment amoureux, paru en 1822, dont à peine quarante exemplaires seront vendus. C’est à partir de 1827, à l’âge de quarante-quatre ans, qu’il se lance dans le roman, avec Armance, mal compris de ses contemporains ; puis c’est Le Rouge et le Noir, paru juste après la Révolution de Juillet 1830, qui lui confère une certaine notoriété, dont il ne profite pas, ayant été nommé consul à Civitavecchia par le gouvernement de Juillet. Malgré l’ennui dans lequel le plongent ses nouvelles fonctions, Stendhal ne cesse d’écrire : il commence des autobiographies (Souvenir d’égotisme, Vie de Henry Brulard) et des romans (Lucien Leuwen, Lamiel), qu’il n’achève pas. Lors de l’un de ses congés à Paris, il écrit La Chartreuse de Parme, qui suscite l’admiration d’Honoré de Balzac. Il meurt à Paris le 23 mars 1842, à la suite d’une crise d’apoplexie survenue en pleine rue quelques heures auparavant.

Ses romans de formation Le Rouge et le Noir (1830), La Chartreuse de Parme (1839) et Lucien Leuwen (inachevé) ont fait de lui, aux côtés de Balzac, Hugo, Flaubert ou Zola, un des grands représentants du roman français au XIXe siècle. Dans ses romans, caractérisés par un style économe et resserré, Stendhal cherche « la vérité, l’âpre vérité » dans le domaine psychologique, et campe essentiellement des jeunes gens aux aspirations romantiques de vitalité, de force du sentiment et de rêve de gloire.

Alors que sa notoriété naissante et le courage des Parisiens lors de la Révolution de Juillet commençaient à lui faire aimer Paris, il doit quitter la France. Ses amis ont parlé de lui au comte Molé, ministre des Affaires étrangères de Louis-Philippe. Nommé consul à Trieste, il part le 6 novembre 1830, jour où il demande la main de Giulia Rinieri, à son oncle. Elle ne lui sera pas accordée. Metternich lui refuse l’exequatur, à cause de ses positions libérales et de son mépris des Autrichiens qui transparaît dans Rome, Naples et Florence. En attendant qu’on lui trouve un autre poste, il se rend à Venise, où il fréquente le salon de la comtesse Albrizzi. En raison de son éloignement, il ignore la réception du Rouge et le Noir. Admiré par Sainte Beuve, il est honni par Victor Hugo : « chaque fois que je tente de déchiffrer une phrase de votre ouvrage de prédilection [répondant à Rochefort, admirateur du Rouge], c’est comme si on m’arrachait une dent… Stendhal ne s’est jamais douté un seul instant de ce que c’était que d’écrire. »

Monaco épreuve d’artiste sans valeur faciale

Il est finalement nommé en 1831 à Civitavecchia, seul port des États Pontificaux, « trou abominable » de sept mille cinq cents habitants, dont mille forçats. Là, il est terrassé par l’ennui et la bêtise : aucun salon, aucun ami, aucune jolie femme, aucune discussion intellectuelle. Il se donne du courage avec son mot d’ordre, « SFCDT (Se Foutre Carrément De Tout) » et en commençant plusieurs romans : Une Position sociale en septembre 1832 ; deux essais d’autobiographie, Souvenirs d’égotisme de juin à juillet 1832 ; Lucien Leuwen en mai 1834, la Vie de Henry Brulard en novembre 1835. Il n’en termine aucun. Il écrit pour lui seul car il a décidé, en février 1831 de ne rien publier tant qu’il serait fonctionnaire, par crainte de déplaire à sa hiérarchie : « Je me fais plat, j’écris peu ou point… Tout mon but est d’être moral comme un sous-chef de bureau ». Pour s’occuper, il participe aux fouilles archéologiques menées par son ami Donato Bucci, se rend fréquemment à Rome, voyage à Florence, Naples… Il va souvent à Sienne rejoindre Giulia Rinieri. Leur liaison continue jusqu’en juin 1833, lorsqu’elle est obligée de se marier. En mai 1836, il obtient un congé de trois ans en France, jusqu’en avril 1839, qui lui permet d’écrire ses Chroniques Italiennes et La Chartreuse de Parme. Cela lui permet aussi de faire des voyages en France, en Suisse, aux Pays-Bas, et d’en tirer le livre Mémoires d’un touriste. À Paris, il retrouve, une fois de plus, Giulia, qui éprouve toujours pour lui beaucoup de tendresse.

4F Stendhal, épreuve de luxe 1942

En mars 1839, changement de gouvernement, Stendhal n’est plus sous la protection du comte Molé, il doit retourner à son poste. Le 6 avril, paraît La Chartreuse de Parme, qui remporte un vif succès (1 200 exemplaires vendus en dix-huit mois) puis L’Abbesse de Castro et trois autres chroniques en décembre de la même année. Entretemps, il avait commencé Lamiel, le Rose et le Vert (qui restera inachevé) et repris une Vie de Napoléon. Revenu à Civitavecchia le 10 août 1839, il est à nouveau malade d’ennui. Puis il devient réellement malade, étant frappé d’une syncope le 1er janvier 1840. Cela ne l’empêche pas de tomber amoureux d’une certaine Earline (peut-être la comtesse Cini, une de ses admiratrices) en février, ni de revoir Giulia à Florence.

En septembre 1840, un article élogieux d’Honoré de Balzac sur la Chartreuse de Parme l’étonne, l’amuse et lui fait plaisir. Une autre attaque d’apoplexie le frappe en mars 1841. Le 21 octobre, il retourne à Paris, en congé maladie. Se sentant mieux, il s’engage le 21 mars 1842, à fournir des nouvelles à la Revue des Deux-Mondes, juste avant d’être foudroyé par une nouvelle attaque, le lendemain, rue Neuve-des-Capucines, alors qu’il sortait d’un rendez-vous avec son ministre de tutelle François Guizot. Il meurt à son domicile parisien, Hôtel de Nantes au 22, rue Danielle-Casanova, le 23 mars à deux heures du matin.

Liste des femmes qu’il a aimées, insérée en 1835 dans Vie de Henry Brulard : « Je rêvais profondément à ces noms, et aux étonnantes bêtises et sottises qu’ils m’ont fait faire. » (De gauche à droite : Virginie Kubly, Angela Pietragrua, Adèle Rebuffel, Mina de Griesheim, Mélanie Guilbert, Angelina Bereyter, Alexandrine Daru, Angela Pietragrua, Matilde Dembowski, Clémentine Curial, Giulia Rinieri, Madame Azur-Alberthe de Rubempré)

Sa dépouille est inhumée au cimetière de Montmartre à Paris en présence de trois amis malgré son vœu testamentaire d’être enterré à Andilly, où il avait séjourné. Comme ultime provocation, il avait dès 1821 composé lui-même son épitaphe en italien Arrigo Beyle Milanese Scrisse Amò Visse (« Henri Beyle. Milanais. Il écrivit, Il aima, Il vécut ») que fait graver Romain Colomb, son cousin et ami d’enfance, exécuteur testamentaire. Méprisé et raillé par son siècle, il ne connaîtra qu’un succès posthume comme il l’avait prédit : « Je serai connu en 1880. Je serai compris en 1930 ». Le médaillon de sa tombe a été réalisé par Auguste Rodin.

Lorsque Stendhal fera le bilan de sa vie dans Vie de Henry Brulard en 1835, il écrira ceci :

« L’état habituel de ma vie a été celui d’amant malheureux, aimant la musique et la peinture […] Je vois que la rêverie a été ce que j’ai préféré à tout, même à passer pour homme d’esprit. »

Source : Wikipédia

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