Guiseppe Garibaldi, homme politique.

Giuseppe Garibaldi, né Joseph Marie Garibaldi le 4 juillet 1807 à Nice (département des Alpes-Maritimes sous le 1er Empire) et mort à Caprera (royaume d’Italie) le 2 juin 1882, est un général, homme politique et patriote italien. Il est considéré, avec Camillo Cavour, Victor-Emmanuel II et Giuseppe Mazzini, comme l’un des « pères de la patrie » italienne.

Garibaldi est un personnage fondamental du Risorgimento italien, pour avoir personnellement conduit et combattu dans un grand nombre de campagnes militaires qui ont permis la constitution de l’Italie unifiée. Il a essayé, le plus souvent, d’agir sous l’investiture d’un pouvoir légitime, ce qui ne fait pas de lui à proprement parler un révolutionnaire : il est nommé général par le gouvernement provisoire de Milan en 1848, général de la République romaine de 1849 par le ministre de la Guerre, et c’est au nom et avec l’accord de Victor-Emmanuel II qu’il intervient lors de l’expédition des Mille.

Il est surnommé le « Héros des Deux Mondes » en raison des entreprises militaires qu’il a réalisées aussi bien en Amérique du Sud qu’en Europe, ce qui lui a valu une notoriété considérable tant en Italie qu’à l’étranger. Celle-ci est due à la couverture médiatique internationale exceptionnelle dont il a bénéficié pour l’époque, et qui a relaté, parfois avec romantisme, son épopée. Les plus grands écrivains, notamment français, Victor Hugo, Alexandre Dumas, George Sand lui ont montré leur admiration. Le Royaume-Uni et les États-Unis lui ont été d’une grande aide, lui proposant, dans les circonstances difficiles, leur soutien financier et militaire.

Garibaldi, carte maximum, Saint-Marin.

Républicain convaincu, il met entre parenthèses ses idées, reconnaissant l’autorité monarchique de Charles-Albert et Victor-Emmanuel II, les fédérateurs de l’action unitaire. Il s’oppose en cela à Mazzini bien qu’il ait été un de ses adeptes au début de sa vie politique. L’expédition des Mille sera l’élément culminant de son action : il conquiert le sud de la péninsule qu’il remet à Victor-Emmanuel II, le faisant roi d’Italie. Ses derniers combats destinés à intégrer Rome dans le royaume d’Italie sont des échecs dus à l’opposition de la France de Napoléon III. La monarchie confiera à d’autres le soin de conquérir Rome.

Garibaldi est, à l’époque, un mythe qui connaît aussi des détracteurs : le milieu réactionnaire et clérical, anti-républicain et anti-socialiste.


La péninsule italienne est partagée depuis la chute de l’Empire romain en une multitude de petits États indépendants. La Révolution française et la constitution de la République cisalpine puis italienne et le Royaume d’Italie (1805-1814) suscitent un sentiment national et républicain. Des mouvements insurrectionnels naissent tels ceux de 1820 et 1831. Garibaldi, comme beaucoup de sa génération, fait l’apprentissage d’une conscience nationale italienne.

Pour Garibaldi, les thèses pour la lutte de l’unité de l’Italie de Giuseppe Mazzini semblent être la conséquence directe des idées de Barrault, moment initial de la rédemption de tous les « peuples opprimés ». Ce dernier voyage change la vie de Garibaldi ; dans ses mémoires, il écrit : « Colomb n’éprouva certainement pas autant de satisfaction à découvrir l’Amérique que je n’en éprouvai à trouver quelqu’un qui s’occupait de la rédemption de notre patrie ». L’historiographie officielle veut que Giuseppe Garibaldi ait rencontré Giuseppe Mazzini en 1833 à Marseille et qu’il ait adhéré à Giovine Italia (Jeune Italie), l’association politique secrète de Mazzini dont l’objectif est de transformer l’Italie en une république démocratique unitaire. L’historien Alfonso Scirocco fait remarquer que lorsque Garibaldi débarque à Villefranche-sur-Mer, en août 1833, Mazzini a déjà quitté Marseille pour Genève en juin.

En sa qualité de marin, Garibaldi doit effectuer un service militaire de cinq ans dans la marine sarde ; ainsi s’enrôle-t-il en décembre 1833. Respectant la tradition, il adopte pour nom de bataille Cléombrote, un héros de Sparte. Avec ses amis Edoardo Mutru et Marco Pe, il cherche à faire du prosélytisme pour leur cause, s’exposant avec légèreté. Ils sont signalés à la police qui les surveille ; Mutru et Garibaldi sont mutés sur la frégate Comte de Geneys, le 3 février, prête au départ pour le Brésil.

Le 11 février 1834, il doit participer au mouvement insurrectionnel mazzinien de l’arsenal de Gênes ; celui-ci doit accompagner l’opération militaire du général Ramorino dans le Piémont le 1er février 1834 destinée à renverser la royauté. Garibaldi descend à terre pour se mettre en contact avec les mazziniens, mais l’échec de la révolte en Savoie et la mise en alerte de l’armée et de la police provoquent l’échec de l’opération. Garibaldi, ne retournant pas à bord du Comte de Geneys, est considéré comme déserteur. Reconnu comme un chef de la conspiration, il est condamné « à la peine de mort ignominieuse » par contumace, en tant qu’ennemi de la patrie et de l’État.

Garibaldi devient ainsi un « bandit ». Il se réfugie d’abord à Nice puis franchit la frontière pour rejoindre Marseille, hôte de son ami Giuseppe Pares. Pour éviter d’être suspecté, il prend le nom de Joseph Pane ; en juillet il embarque pour la mer Noire et, en mars 1835 on le retrouve en Tunisie. Garibaldi reste en contact avec l’association mazzinienne par l’intermédiaire de Luigi Cannessa et en juin 1835 il est initié à la Jeune Europe, prenant comme nom de bataille Borel en souvenir du martyr de la cause révolutionnaire.

L’Italie étant devenue désormais inaccessible en raison de la peine de mort qui pèse sur lui, il envisage des horizons plus lointains. Une occasion se présente à lui, le brigantin Nautonnier devant se rendre à Rio de Janeiro au Brésil, le 8 septembre 1835, Garibaldi embarque à Marseille, sous le nom de Giuseppe Pane, avec l’intention de diffuser les idéaux mazziniens32. De plus, Rio comprend une importante communauté de marins ligures, ce qui doit permettre une arrivée inaperçue.

Après la conquête napoléonienne de l’Espagne, les colonies sud-américaines s’engagent dans un processus d’indépendance qui se termine par la défaite de l’Espagne. Les vice-royautés se divisent en une série de républiques indépendantes parmi lesquelles la Province cisplatine, la Confédération argentine, le Paraguay. En ce qui concerne le Brésil, après l’invasion du Portugal par Napoléon, la famille royale s’exile à Rio de Janeiro et la colonie est élevée au rang de royaume. Jean VI rentre à Lisbonne en raison de la révolution libérale de 1820 pendant que son fils Pierre devient régent du Brésil. En 1822, il devient empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier. La politique centralisée du souverain conduit à des mouvements insurrectionnels et, en 1832, il est contraint d’abdiquer en faveur de son fils Pierre II.

Il règne en 1835 dans toute l’Amérique du Sud une grande tension en raison de guerres d’indépendances et intestines.

Entre décembre 1835 et 1848, Garibaldi passe une longue période d’exil en Amérique du Sud, répondant aux sollicitations de tous ceux qui veulent lutter pour l’indépendance avec la même ardeur que s’il s’agissait de sa patrie. Il s’installe d’abord à Rio de Janeiro, accueilli par la petite communauté d’Italiens exilés et émigrés. Au cours de cette période, il diffuse les sentiments révolutionnaires auprès de ses compatriotes et reste en contact avec les activistes en Europe, Mazzini et ses correspondants Antonio Ghiglione et Luigi Canessa.

Grâce au soutien de Giuseppe Stefano Grondona, il devient président de la cellule de Giovine Italia sur le continent sud-américain. Il adhère aussi à la loge maçonnique Asilo di Vertud.

En septembre 1835, Bento Gonçalves da Silva mène une action séparatiste qui conduit à la République Riograndense (1836) provoquant la réaction de l’empire du Brésil. Garibaldi se déclare prêt à combattre pour défendre les idéaux humanitaires et, le 4 mai 1837, il obtient une lettre de marque du gouvernement du Rio Grande do Sul, rebelle à l’autorité de l’empire du Brésil. C’est en tant que corsaire qu’il défie un empire avec son bateau baptisé Mazzini. Le 11 avril 1838, il repousse un bataillon de l’armée impériale brésilienne (bataille de Galpon de Xarqueada) et il prend part au côté du général Davi Canabarro à la prise du port de Laguna, capitale de la province de Santa Catarina, (25 juillet 1839), ce qui facilite la création de la République Catarinense ou République Juliana. Le 15 novembre, l’armée impériale reconquiert la ville et les républicains reparaissent sur les hauteurs où se déroulent des combats avec plus ou moins de succès. Garibaldi est impliqué pour la première fois dans un combat exclusivement terrestre, à proximité de Forquillas : il attaque avec ses marins et oblige ses ennemis à se retirer.

Durant cette période, il a pour maîtresse Manuela de Paula Ferreira, nièce de Bento Gonçalves da Silva, à laquelle il renonce en raison de la différence de statut social. En 1839, alors qu’il se trouve à Laguna, il rencontre Ana Maria de Jesus Ribeiro, à peine âgée de 18 ans. Une idylle naît entre les deux jeunes gens alors que Anita est déjà mariée à Manuel Durante de Aguiar. Elle abandonne Manuel pour suivre Giuseppe, et ils se marient en 1842, après le décès du premier époux.

Mi-1841, ne voyant pas une conclusion rapide à la guerre, et à la demande de Francesco Anzani, un exilé lombard avec qui il se lie d’amitié et qui souhaite sa présence en Uruguay, Garibaldi et sa famille quittent, avec l’autorisation de Gonçalves, le Rio Grande pour Montevideo où se trouvent de nombreux étrangers, particulièrement français et italiens.

Là, la guerre oppose le président uruguayen Manuel Oribe, qui a été renversé mais est soutenu par le gouvernement de Buenos Aires de Juan Manuel de Rosas, et le nouveau gouvernement présidé par le général Fructuoso Rivera installé à Montevideo et qui compte sur l’appui du Brésil, des flottes françaises et anglaises, et des argentins « unitaires » (Partido Unitario, de tendance libérale). Déclarée en décembre 1838, la guerre nommée Grande Guerre dure de 1839 à 1851.

Installé à Montevideo, Garibaldi donne des cours de mathématiques.

Début 1842, la Confederación Argentina, l’Argentine, organise une expédition commandée par le président uruguayen Manuel Oribe. La flotte de la Confédération opère sous le commandement de l’amiral argentin d’origine irlandaise Guillermo Brown, tandis que celle de Montevideo est sous les ordres du commodore d’origine américaine John Coe. Le gouvernement de Montevideo fait appel à Garibaldi. Au río de la Plata, la marine argentine essaie de bloquer le port de Montevideo. Le 16 août 1842 une bataille navale a lieu sur le fleuve Paraná près de la localité de Costa Brava. Les vaisseaux commandés par Garibaldi sont battus par les forces de Brown dont les moyens en navires et en hommes sont supérieurs. Après avoir subi de lourdes pertes, Garibaldi incendie ses vaisseaux pour éviter qu’ils ne tombent aux mains de Brown ; il réussit à se mettre à l’abri avec l’équipage survivant.

La même année, Garibaldi épouse Ana Maria de Jesus Ribeiro qu’il a rencontrée en 1839 et dont il aura quatre enfants : Domenico, Menotti, Rosita qui meurt en bas âge, Teresita et Ricciotti.

Garibaldi se partage entre les opérations terrestres et maritimes ; il reconstitue une flottille à la tête de laquelle il réussit, en avril 1842, à empêcher les vaisseaux de Brown d’occuper l’Isla de Ratas, dans la baie de Montevideo (que l’on nomme de ce fait Isla Libertad — Île Liberté), parvenant ainsi à contrecarrer la tentative, par la flotte « rosista », de bloquer Montevideo.

En avril 1843, de retour à Montevideo alors qu’Oribe en fait le siège jusqu’en 1851, Garibaldi organise et prend la tête d’un groupe de volontaires appelé la Legión Italiana (légion italienne), qui se met au service du gouvernement de Montevideo, le Gobierno de la Defensa (gouvernement de la Défense). Ces hommes inexpérimentés, qu’il convient de former, font pâle figure lors des premiers combats. Ils se montrent plus aguerris lors du Combate de Tres Cruces (combat des trois croix), le 17 novembre 1843, dans les environs de Montevideo.

Une grande partie des défenseurs est d’origine étrangère, principalement française (2 500 hommes) et italienne (500 à 700 hommes), sur 6 500 défenseurs seuls 800 sont uruguayens. Voulant habiller le plus économiquement possible sa légion italienne, Garibaldi achète à prix réduit à une entreprise commerciale un lot de tuniques de laine rouge initialement destiné au marché de Buenos Aires alors fermé à cause du blocus : ces chemises rouges étaient à l’origine destinées aux ouvriers des abattoirs et saladeros (en) argentins, leur couleur faisant moins ressortir l’aspect sanglant du travail, aussi Garibaldi pensait-il que les hommes de sa légion qui devaient faire face à une armée de 30 000 hommes ne verraient pas leur sang couler. Cette chemise rouge est un élément essentiel du mythe garibaldien, mais il faut aussi mentionner le chapeau de gaucho et le poncho de la pampa.

Ses liens avec les loges maçonniques lui valent, en 1844, d’être admis chez « Les amis de la Patrie », qui dépend du Grand Orient de France.

Afin de défendre les intérêts de leurs ressortissants, les Français et les Anglais demandent aux Argentins de se retirer et devant leur refus, ils bloquent le port de Buceo et s’emparent de la flotte argentine. Brown retourne à la vie civile. Les relations entre les trois nations se durcissent, ce qui permet à Montevideo, avec le soutien de ses alliés, de desserrer l’étau du blocus.

En avril 1845, Garibaldi embarque sur une nouvelle flottille d’une vingtaine de vaisseaux et avec environ 900 hommes, les alliés débarquent pour occuper et piller Colonia del Sacramento avec la participation des escadres françaises et anglaises. En septembre il occupe l’île Martín García (île argentine dans le río de la Plata), défendue par dix soldats de la Confédération, et la ville de Gualeguaychú qu’il pille et en octobre il occupe la ville de Salto.

Le 8 février 1846, sur le territoire de Salto, à proximité de la rivière de San Antonio, affluent du rio Uruguay, Garibaldi et sa légion italienne livrent la bataille de San Antonio contre des forces supérieures de la Confédération, auxquelles ils infligent de nombreuses pertes, et parviennent à se retirer après avoir perdu approximativement le tiers de leurs effectifs. Les répercussions de cette victoire sont immenses, il obtient le statut de héros, sa renommée devient internationale et la presse italienne raconte son exploit. La presse de tous les pays ne se montre pas en sa faveur, notamment le Chili et les États-Unis en raison de l’ingérence des pays européens et des exactions commises lors des conquêtes.

Lorsque Garibaldi, qui est toujours resté en contact avec les patriotes italiens, apprend les bouleversements qui ont lieu en Italie, investiture du pape libéral Pie IX, insurrection dans le Royaume des Deux-Siciles, il se montre impatient de rentrer en Italie, d’autant plus que la paix semble imminente à Montevideo.

En janvier 1848, Anita rentre à Nice avec ses enfants suivie par Garibaldi en avril accompagné de 63 compagnons alors qu’initialement 150 hommes devaient le suivre. Il laisse la légion italienne aux mains de Antonio Susini.

À la fin du XIXe siècle, Montevideo a six rues au nom du héros et le pays comprend au moins cinq monuments. Le 4 juillet 1907, date du centenaire de la naissance de Garibaldi, le président José Batlle y Ordóñez décrète une journée de fête nationale et la commémore devant 40 000 personnes. Le 2 juin 1882, cinq jours avant la mort du héros, le Círculo Legionarios y Garibaldinos est créé qui existe encore sous la forme d’une association.

L’Europe connaît au cours de l’année 1848, une série de révolutions par lesquelles les peuples demandent plus de liberté, et que l’on nomme le printemps des peuples. Elle débute en France et donne naissance à la Deuxième République, s’étend à l’Allemagne, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne et l’Autriche.

Les États de la péninsule italienne, États pontificaux, Grand-duché de Toscane, Royaume de Sardaigne s’engagent dans des réformes constitutionnelles. Milan, lors des « cinq journées de Milan », connaît à son tour son mouvement insurrectionnel contre l’Empire d’Autriche qui dirige alors le Royaume lombard-vénitien créé par le congrès de Vienne de 1815. Le roi Charles-Albert de Sardaigne, soutenu initialement par une partie des États de la péninsule, prend fait et cause pour les Milanais et déclare la guerre à l’Autriche.

Le 23 juin 1848, après 14 ans d’absence, Garibaldi débarque à Nice avec ses compagnons ; la guerre est déjà engagée. Le 29, il quitte Nice pour Gênes avec 150 volontaires. Garibaldi, dont la réputation a précédé la venue, offre son épée au roi de Sardaigne tout en répétant qu’il est républicain, soucieux dans un premier temps de chasser l’Autrichien. Charles-Albert est contesté par les démocrates qui le soupçonnent de vouloir annexer le Milanais, et de ne s’être engagé que lorsque les Autrichiens eurent été chassés.

Il se rend, le 5 juillet, à Roverbella à proximité de Mantoue, pour se proposer comme volontaire auprès du roi Charles-Albert ; celui-ci, prévenu par ses conseillers de sa participation à l’insurrection de Gênes, le reçoit sans enthousiasme et refuse de le voir combattre aux côtés de l’armée régulière. Garibaldi se rend auprès du gouvernement provisoire de Milan qui le nomme général, il y retrouve Mazzini. Bien qu’il y ait eu des échanges de courrier, l’ambiance de la rencontre est froide, les deux hommes sont sur des voies divergentes ; Mazzini a pour objectif la révolution unitaire et républicaine, Garibaldi souhaitant se libérer de l’Autrichien, quitte à mettre de côté, provisoirement, les idées républicaines.

Garibaldi doit rejoindre Brescia avec la légion qu’il a organisée et qu’il nomme «Battaglione Italiano della Morte » (Bataillon italien de la mort, 3 700 hommes dont Mazzini) lorsque la défaite sarde de Custoza a lieu, le 25 juillet81. Désormais, l’entreprise du gouvernement provisoire milanais tire à sa fin et, le 9 août 1848, l’armistice est conclu entre l’Autriche et la Sardaigne, ce que Garibaldi reproche violemment à Charles-Albert.

Garibaldi refuse de cesser les combats malgré l’ordre du roi et fait appel à la jeunesse : « L’Italie a besoin de vous… Accourez, concentrez-vous autour de moi ». Il obtient un petit succès sur les Autrichiens qui décident alors de l’anéantir, aussi doit-il renoncer face à la puissance autrichienne. Le 27 août, Garibaldi passe en Suisse, puis en France pour rejoindre Nice. D’Aspre, commandant du IIe corps d’armée autrichien composé de 20 000 hommes, reste impressionné au point de faire son éloge au cours d’une réunion avec un magistrat italien : « l’homme qui aurait puissamment servi votre cause, vous ne l’avez pas reconnu : c’est Garibaldi ».

En septembre, Garibaldi est élu député au Parlement pour le collège de Cicagna, près de Chiavari, il rejoint Gênes le 26 après être passé par différentes localités, partout l’accueil est enthousiaste. Il s’ensuit une période d’incertitude : où intervenir ? Il décide de rejoindre la Sicile, se ravise, et pense regagner Venise qui résiste toujours après avoir constitué la République de Saint-Marc, mais alors qu’il est en chemin, il apprend le départ du pape Pie IX pour Gaète et décide de rejoindre Rome. En effet, après avoir soutenu la cause milanaise, Pie IX fait volte-face et rappelle ses troupes, ce qui provoque la colère des patriotes italiens. Il nomme Pellegrino Rossi chef du gouvernement mais celui-ci est assassiné le 15 novembre, ce qui ouvre la voie à l’émeute, à la fuite du pape et à la proclamation de la République romaine.

Le 12 décembre 1848, Giuseppe Garibaldi pénètre dans Rome tandis que sa légion de volontaires finit par être stationnée à Rieti. Garibaldi s’engage politiquement, le 21 janvier 1849, il est élu à l’assemblée constituante de la future République qui s’organise autour d’un triumvirat avec Carlo Armellini, Aurelio Saffi et Giuseppe Mazzini, qui n’arrive à Rome que le 6 mars. Le 8 février 1849, la République romaine est proclamée.

L’autre évènement majeur du mois de mars est la reprise des combats contre les Autrichiens par Charles-Albert et la victoire autrichienne de Novare (22-23 mars 1849) qui scelle la défaite définitive des Sardes, le retour des frontières à celles d’avant le début du conflit et l’abandon de Milan.

Le pape Pie IX fait appel à l’aide internationale à laquelle répondent l’Autriche, la France, l’Espagne et Naples. Louis-Napoléon, soucieux d’obtenir l’appui des catholiques français, se réserve l’honneur de rétablir le pape et, le 25 avril, 7 000 hommes commandés par le général Oudinot débarquent à Civitavecchia. Garibaldi, qui a été nommé général de brigade de la République romaine se montre le plus brillant général de l’armée romaine. Il est vainqueur des Français le 30 avril mais il ne met pas à profit sa victoire, sur ordre de Mazzini et pour des raisons d’ordre politique, ce qu’il lui reprochera fermement après le débarquement de nouvelles troupes françaises. C’est la première confrontation entre les deux hommes et Garibaldi gardera alors ses distances à l’encontre de celui qu’il nomme son « maître » (maestro).

Le 9 mai, Garibaldi affronte victorieusement les Napolitains avant de revenir sur Rome en raison de mouvements d’Oudinot. Les forces françaises sont portées à 30 000 hommes, il ne peut alors qu’animer la résistance en raison de la disproportion des forces en présence. Face aux troupes françaises bien entraînées et équipées, il résiste un mois, du 3 juin au 2 juillet, dans des combats féroces où nombre de ses amis tombent : Emilio Morosini, Luciano Manara, Andrea Aguyar. Il devient férocement anticlérical en raison de la position du clergé, en majorité fidèle au pape que soutiennent les Français et les Autrichiens.

Les presses italiennes et internationales suivent les actions de Garibaldi : L’Illustration décrit par une lithographie chaque étape de l’opération, en mars, la proclamation de la République, en avril-mai, le départ du corps expéditionnaire français, son débarquement, et un portrait de Garibaldi avec le titre « Garibaldi, général romain ». Quant au quotidien britannique The Times, il dépêche un envoyé spécial qui ne cache pas son admiration pour Garibaldi.

Deux jours après la défaite de Sedan pendant la guerre franco-prussienne de 1870, au cours de laquelle Napoléon III est fait prisonnier, une révolution à Paris abat le Second Empire et la Troisième République est proclamée. Garibaldi suit les événements de près. À la proclamation de la République, il envoie un message au Gouvernement de la Défense nationale, qui reste sans réponse « Ce qui reste de moi est à votre disposition, disposez ». La frange conservatrice et catholique ne voit en lui qu’un révolutionnaire et l’adversaire de 1849 et 1867. Finalement, certain du soutien des Comités populaires et de personnalités du gouvernement, Garibaldi, bien qu’affaibli par son arthrite, embarque pour Marseille où l’accueil est enthousiaste (7 octobre). Il réitère son soutien à la France républicaine : « Je viens donner à la France ce qui reste de moi. La France est une patrie que j’aime », « J’étais trop malheureux quand je pensais que les républicains luttaient sans moi ».

Il rejoint Tours, siège de la délégation gouvernementale hors de Paris assiégé. Gambetta, ministre de l’Intérieur et de la Guerre et organisateur de la lutte contre les Prussiens ne lui offre qu’un petit commandement, aucun officier supérieur français n’acceptant d’être sous ses ordres. Craignant le départ de Garibaldi, Gambetta lui confie le commandement de tous les corps francs de la zone des Vosges, de Strasbourg à Paris et une brigade de gardes mobiles211 qui, comme il en a l’habitude, sont mal armés et mal équipés pour affronter un hiver particulièrement froid.

Garibaldi place son état-major à Dole (14 octobre) et, le 11 novembre, il organise l’Armée des Vosges en quatre brigades sous le commandement de ses deux fils, Ricciotti et Menotti, de Delpech qui sera remplacé par Cristiano Lobbia et du Polonais Jozef Bossak-Hauké. Son ami Philippe Toussaint Joseph Bordone est quant à lui chef d’état-major et le gendre de Garibaldi, Stefano Canzio, chef du quartier général avant de devenir commandant d’une 5e brigade.

Le 19 novembre, Ricciotti inflige une défaite aux Prussiens du général Werder à Châtillon-sur-Seine mais le théâtre des opérations reste Dijon. Le 26 novembre, la ville qui est occupée depuis le 31 octobre ne peut être reprise aux Prussiens. Ceux-ci sont repoussés lors d’une contre-offensive le 1er décembre. Il faut attendre le 21 janvier 1871 pour que Garibaldi s’installe à Dijon, évacuée par les Prussiens le 17 décembre, ces derniers étant informés de l’arrivée depuis le nord des troupes régulières françaises menées par le général Bourbaki. Les 21, 22 et 23 janvier 1871, Dijon est attaquée par 4 000 Prussiens : Garibaldi sort victorieux tandis que Ricciotti s’empare d’un drapeau du 61e régiment poméranien. Garibaldi pourra donc offrir à la France le seul drapeau pris à l’ennemi pendant la durée du conflit. Un armistice entre en vigueur le 28 janvier 1871 mettant fin à la participation de Garibaldi.

En février 1871, Alors que Bordeaux est la capitale provisoire de la France et que l’Assemblée nationale siège au Grand Théâtre, Garibaldi est élu sur les listes de l’Union républicaine, sans avoir été candidat, à l’Assemblée nationale française comme député de la Côte-d’Or, de Paris, d’Alger et de Nice. À Paris, il arrive en quatrième position derrière Louis Blanc, Gambetta et Victor Hugo. En raison de sa nationalité italienne qui invalide l’élection et face aux accusations de la nouvelle majorité monarchiste de la Chambre, qui affirme qu’il n’a pas vraiment combattu, il décline ses mandats avant même de se présenter à l’Assemblée nationale, auprès de laquelle il se rend afin de défendre la cause des hommes qu’il a commandés. La droite s’oppose violemment à toute intervention, aussi Garibaldi se retire. En descendant les escaliers du Grand Théâtre, spontanément les gardes nationaux lui font la haie d’honneur et lui présentent les armes. Thiers en colère, demande « pour qui un tel honneur ? ». Les gardes lui répondent « parce que c’est Garibaldi et qu’il a pris un drapeau aux Prussiens ». Des mouvements divers secouent la foule, les députés monarchistes et républicains s’insultent réciproquement. Garibaldi rejoint sa voiture et quitte Bordeaux précipitamment en déclarant « je suis venu non pour m’associer à des agissements monarchistes, mais pour défendre la République. Vive la France républicaine à jamais. »

Garibaldi est de nouveau élu en Algérie lors des élections supplétives, ce que l’Assemblée invalide, en mars, en raison du fait qu’il ne dispose pas de la nationalité française.

Victor Hugo s’éleva pour prendre la défense de Garibaldi : « Je ne dirai qu’un mot. La France vient de traverser une épreuve terrible, d’où elle est sortie sanglante et vaincue. On peut être vaincu et rester grand. La France le prouve. La France, accablée en présence des nations, a rencontré la lâcheté de l’Europe. De toutes ces puissances européennes, aucune ne s’est levée pour défendre cette France qui, tant de fois, avait pris en main la cause de l’Europe… Pas un roi, pas un État, personne ! Un seul homme excepté… Où les puissances, comme on dit, n’intervenaient pas, eh bien un homme est intervenu, et cet homme est une puissance. Cet homme, Messieurs, qu’avait-il ? Son épée. … Je ne veux blesser personne dans cette Assemblée, mais je dirai qu’il est le seul, des généraux qui ont lutté pour la France, le seul qui n’ait pas été vaincu. »

Puis il démissionne de son propre mandat en signe de soutien.

Le 10 mars, le corps des volontaires garibaldiens est dissous. Le 13, Garibaldi retourne à Caprera. Le 24, les insurgés de la Commune de Paris font appel à Garibaldi pour prendre la tête de la Garde nationale de Paris, mais il décline la proposition estimant qu’il s’agit d’une affaire intérieure française218. Il prend cependant position en faveur de la Commune « parce qu’elle proclame la fraternité des hommes quelle que soit la nation à laquelle ils appartiennent » et pour le socialisme naissant « contre le triple despotisme des monarchies, des prêtres et du privilège ».

En 1875, Garibaldi, alors député de Rome, apporte son soutien au projet de détournement du cours urbain du Tibre, argument central de la campagne électorale de 1876 qui voit la victoire de la gauche. Rome connaît d’importantes inondations, dont celles de l’hiver 1870, auxquelles aucune solution n’est apportée. Le projet est abandonné au profit de la construction de quais mais prend un enjeu politique, les entreprises romaines proches du Vatican sont, dans un premier temps, écartées. En 1881, il s’élève contre la signature du traité du Bardo qui permet la mainmise de la France sur la Tunisie où vit une forte colonie italienne.

Depuis 1865 Garibaldi a pour compagne Francesca Armosino, une Piémontaise d’origine humble avec qui il a trois enfants, Rosa morte en bas âge, Clelia et Manlio. Garibaldi est désormais usé par la maladie et les ressources pour faire vivre sa famille sont insuffisantes. Il reprend l’activité d’écrivain, sans succès. En 1880, il épouse Francesca après la dissolution de son mariage avec Giuseppina Raimondi. Ce n’est qu’après l’arrivée de la gauche au pouvoir (1876) qu’il accepte une rente de 100 000 lires de l’État italien, ce qui le met à l’abri du besoin.

Le 24 mars 1882 Garibaldi se rend à Naples puis à Palerme avant de retourner à Caprera en avril. Son état de santé ne fait qu’empirer et le 2 juin 1882, il expire dans sa maison, entouré de sa famille et de Menotti. Des messages de condoléances arrivent de toutes les parties du monde. Victor Hugo déclare : « L’Italie n’est pas en deuil, ni la France, mais l’humanité ». Dans son testament, dont une copie est exposée dans la maison-musée sur l’île de Caprera, Garibaldi demande expressément la crémation alors que la famille, sous la pression générale, décide de le faire enterrer. De nombreuses autorités se rendent sur l’île pour la cérémonie, le 8 juin, tandis que Rome l’honore le dimanche suivant. Les représentants des conseils municipaux de Paris, de Lyon et de Nîmes sont présents ainsi que les représentants du Conseil général de la Seine et de la presse française. Le 3 juin, la Chambre des députés lève la séance pour lui rendre hommage, malgré l’opposition du groupe clérical.

Aujourd’hui, sa dépouille repose à Caprera, dans un imposant sarcophage fermé par un bloc de granite blanc.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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