Grigóris Lambrákis, athlète, médecin et homme politique.

Grigóris Lambrákis (Γρηγόρης Λαμπράκης), né le 3 avril 1912 à Kerasitsa dans le dème de Tégée (province d’Arcadie), mort le 27 mai 1963 à Thessalonique, est un médecin, athlète et surtout homme politique grec. Son assassinat est le sujet des roman et film Z, et a entraîné indirectement le coup d’État de 1967 qui instaure la dictature des colonels.


Il n’a pas de liens de parenté avec la famille Lambrákis, détentrice d’un des grands groupes de la presse grecque.

Après des études secondaires à Tégée, Grigóris Lambrákis entre à la faculté de médecine de l’université d’Athènes.

Dans les années 1930, c’est un sportif notable. Il est recordman de Grèce de saut en longueur de 1936 à 1959. Il participe aux Jeux balkaniques et y remporte plusieurs médailles d’or : en triple saut (1935 et 1936) et saut en longueur (1935, 1937 et 1938).

Pendant l’occupation allemande de la Grèce (1941-1944), il prend part aux activités de la Résistance ; il organise aussi, dans le cadre de l’Union des athlètes grecs qu’il a fondée, des compétitions sportives afin de lever des fonds pour l’assistance alimentaire, l’occupation étant en Grèce une période de famine pour les pauvres (300 000 morts de faim durant l’hiver 1941-1942).

Il termine ses études après la guerre et soutient sa thèse de doctorat en 1950, ayant choisi de se spécialiser en gynécologie. Il devient professeur à la Faculté de médecine d’Athènes.

La Grèce est alors une monarchie parlementaire dont le souverain est le roi Paul Ier, époux depuis 1938 de l’Allemande Frederika de Hanovre.

Les années 1950 sont marquées par les suites de la guerre civile (1946-1949). Les mesures du temps de guerre sont maintenues : interdiction du Parti communiste (1947), détention politique, détention administrative, etc. Les gouvernements sont centristes jusqu’en 1952, puis passent à la droite avec le parti du Rassemblement grec, dirigé par le général Alexandros Papagos, Premier ministre de 1952 à 1955. Son successeur, Constantin Caramanlis, qui rebaptise le parti Union nationale radicale (ERE), accentue l’autoritarisme de ce régime en principe démocratique, au nom de la lutte contre le communisme et de la Grèce éternelle. Les campagnes sont étroitement contrôlées par la gendarmerie ou l’armée ; les grandes villes sont un peu plus libres.

Face à la droite, le centre est divisé entre Plastiras, Venizélos, Papandréou ; la gauche est représentée par le parti de l’Union de la gauche démocratique (EDA) créée en 1951, qui est au départ une émanation du PC clandestin, mais à qui toute propagande communiste directe est interdite et qui devient progressivement autonome par l’adhésion de nombreux non-communistes.

En 1951, l’EDA a 9 % des voix et aucun député. En 1958, elle bénéficie de nombreuses voix centristes et atteint 25 % des suffrages (78 députés), mais retombe à 14 % en 1961. En revanche, les centristes réunis au sein de  l’Union du Centre emportent 33 % des voix ; Georges Papandréou en devient le leader et lance une stratégie de « lutte intransigeante » contre les dérives autoritaires du régime.

Grigóris Lambrákis est élu député de l’EDA en 1961, dans la circonscription du Pirée.

Son mandat est marqué notamment par la marche de Marathon à Athènes le 21 avril 1963, au départ prévue comme manifestation en faveur de la paix ; mais le gouvernement l’ayant interdite, la police intervient pour  l’empêcher, arrêtant entre autres Mikis Théodorakis. Lambrakis, protégé par son immunité parlementaire, l’effectue seul.

Ce même mois d’avril 1963, la reine de Grèce Frederika se trouve à Londres pour le mariage d’Alexandra de Kent. Lambrakis et d’autres Grecs (parmi lesquels Betty Ambatielos) profitent des libertés britanniques pour exprimer leur mécontentement. Lambrakis sollicite une entrevue pour évoquer le cas de certains prisonniers politiques grecs, mais Frederika refuse. Cet épisode provoque une certaine tension entre les gouvernements britannique et grec, le gouvernement britannique ne s’étant pas montré suffisamment ferme pour protéger (moralement) la personne royale.

Le mercredi 22 mai 1963 (veille de l’Ascension), à la sortie d’un meeting du mouvement pour la paix tenu à Thessalonique, Lambrákis est renversé par une motocyclette-triporteur sur laquelle se trouvent deux hommes, Emannouil Emannouilidis et Spyro Gotzamanis. Gravement touché à la tête, Lambrakis est hospitalisé dans le coma. Un autre député de l’EDA, Georges Tsaroukas, est lui aussi blessé, mais moins gravement. L’état de Lambrakis est très vite jugé désespéré, mais on fait venir plusieurs médecins de divers pays étrangers pour le soigner.

Durant l’agonie de Lambrakis, l’EDA envoie auprès de lui une délégation formée par le poète Yannis Ritsos, membre du Comité directeur, Mikis Théodorakis et Manólis Glézos. C’est à ce moment que naît l’idée d’un mouvement spécifique autour de Lambrakis.

Lambrákis meurt au bout de cinq jours, le lundi 27 mai à 2 h 30. Son corps est acheminé à Athènes par le train. Les autorités soumettent Athènes et Thessalonique à un déploiement de l’armée afin d’éviter toute manifestation, mais il s’en produit tout de même à Athènes.

Les funérailles ont lieu le 28. Une cérémonie religieuse a lieu dans la cathédrale orthodoxe d’Athènes, sous la direction de l’archevêque-primat de Grèce, en présence du leader de l’EDA, Ilias Ilou, des leaders de l’Union du Centre, Sophocle Venizelos et Georges Papandreou, du président de l’Assemblée, Constantin Rodopoulos.

Le trajet de l’église au cimetière s’étend sur 6 km9, le long desquels se presse une foule immense10 dans ce qui est une manifestation anti-gouvernementale de grande ampleur. Un accord a été conclu entre l’EDA et le gouvernement pour que les choses se passent bien et effectivement, la fin de la cérémonie n’est marquée par aucun incident, malgré une lourde présence policière.

Les participants ont proclamé Lambrakis « Immortel » en  criant : Athanatos. Peu après, apparaîtront sur les murs les « Z », abréviation de Zei (« Il est vivant »).

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.