Giovanni Pierluigi da Palestrina, compositeur.

Giovanni Pierluigi da Palestrina, né à Palestrina (États pontificaux) près de Rome, vers 1525 et mort le 2 février 1594 à Rome, est un compositeur italien de la Renaissance.


Ni l’année ni le jour exacts de la naissance de Pierluigi ne sont connus. L’acte en présence du notaire rédigé à la mort de la « Donna Iacobella », grand-mère paternelle de Giovanni, constitue la première mention faite du nom de l’enfant, ainsi que la première indication concernant les membres de la famille Pierluigi. Il est daté du 22 octobre 1527 — sans doute Giovanni est-il né depuis peu — et dicte, en présence de sept témoins, le partage des biens de Iacobella entre ses quatre enfants Francesco, Sante, Nobilia et Lucrezia, sa bru Palma, ses sœurs Perna et Geronima, en enfin son petit-fils Giovanni. Parmi les biens légués figure le nombre important de quinze matelas, ce qui laisse supposer que Iacobella louait des chambres à des voyageurs et que les témoins n’étaient que de simples clients. De ce partage, Giovanni reçoit dix pièces de vaisselle d’étain et un matelas ; Sante, le père de Giovanni, deux couvertures de lit ; sa bru Palma, enfin, hérite de sa cape de deuil2. Francesco et Sante reçoivent également la maison de Palestrina, sous réserve de verser treize ducats à leur sœur Nobilia et vingt-sept à leur sœur Lucrezia. Les deux frères s’engagent également à tester en faveur de leurs sœurs et vice-versa5. Le nom de l’époux de Iacobella, Pierluigi, fait désormais office de nom de famille et sera transmis comme tel aux fils, petit-fils et arrière-petits-fils.

En l’absence de documents, les spécialistes du musicien fixent la date de sa naissance aux environs de 1525. Il naît à Palestrina, petite ville proche de Rome la capitale6, sous l’épiscopat du cardinal florentin Lorenzo Pucci, nommé en 1524. Le testament de Iacobella permet de déduire qu’il est l’aîné de la famille. Son enfance est imprégnée de la religion : les membres de sa famille font partie de confréries, alors nombreuses à Palestrina, et la proche capitale est tout juste sortie du Moyen Âge, où société et religion sont encore étroitement liées.

À la suite de la mort du Vénitien Francesco Corner, seniore, le 1er octobre 1543, le Romain Giovanni Maria Ciocchi del Monte est élu le 5 au siège de l’évêché. Grand amateur de musique et très attiré par les arts en général, il est peut-être à l’origine de la nomination officielle de Giovanni, le 25 octobre 1544, au poste d’organiste de la cathédrale Saint-Agapit et d’instructeur des chanoines, et éventuellement des enfants en remplacement d’un chanoine qui serait empêché. Avant l’arrivée de Giovanni Pierluigi, le vieux maître de chapelle Ludovico de Sonnino se contentait d’accompagner chaque jour les chanoines dans la psalmodie grégorienne de l’office divin, mais à son arrivée on pensa hausser le niveau des exécutions polyphoniques. En plus de sa charge d’enseignant, il doit faire « sonner l’orgue » les jours de fête solennelle et se charger  quotidiennement de la partie chorale de la messe, des vêpres et des complies. Son salaire est identique à celui des chanoines, qui, par ailleurs, lui jurent de leur loyauté.

En 1547, Giovanni se marie à une Prénestine nommée Lucrezia. Le contrat de mariage est signé le 12 juin par le père de Giovanni, Sante, et par les deux beaux-frères de Lucrezia, qui est orpheline. Il précise qu’elle apporte en dot cent florins, qui proviennent de l’héritage paternel. La cérémonie religieuse se fait à Saint-Agapit et l’échange des anneaux chez la mariée, où le mariage est officiellement prononcé. Le 7 novembre suivant est dressée la liste de ses biens, second contrat sur lequel apparaît pour la première fois le diminutif familier de « Giannetto » inscrit par le notaire pour désigner Giovanni : ce diminutif sera présent tout au long de sa vie. Enfin, le troisième acte du contrat matrimonial, qui partage les biens entre les héritiers, est signé le 16 novembre. Lucrezia reçoit en héritage une petite entreprise de tannage, deux terrains exemptés d’hypothèques et d’impôts, ainsi qu’un pré et une vigne.

L’activité musicale de Giovanni Pierluigi dans la ville n’est pas connue avec exactitude. Probablement assumait-il régulièrement ses fonctions d’organiste car les livres de comptes signalent à la fin de novembre 1547 le remplacement d’un ou de plusieurs « souffleurs » par un nouveau préposé à qui sont assurés emploi et paiement réguliers.

Bien qu’il doive déjà avoir de nombreuses compositions à son actif, sa première œuvre n’est éditée qu’en 1554 (soit trois ans après son entrée à la chapelle Giulia), probablement pour des raisons économiques. Il s’agit d’un premier recueil de messes, dédié à son protecteur de pape Jules III en latin, et intitulé Ioannis Petri Loisij Praenestini in basilica S. Petri de urbe cappellae Magistri Missarum Liber Primus. La première page est illustrée de nombreux instruments, dont un petit orgue portatif, ainsi que des livres imprimés frappés du sceau de l’éditeur et le personnage de Giovanni Pierluigi, agenouillé, offrant au pape assis sur son trône un exemplaire du livre ouvert. Cette gravure est la même, hormis quelques retouches aux visages, que celle utilisée pour l’édition, dix ans plus tôt, du Second Livre de messes de Cristobal de Morales. Le recueil, imprimé par les frères Dorici (parmi les meilleurs imprimeurs italiens de musique), est publié de façon que toutes les parties puissent être lues simultanément et que toutes les voix passent ensemble à la page suivante, à la manière des précieuses partitions chorales manuscrites et enluminées des riches chapelles.

La même année, un petit madrigal à quatre voix, Con dolce altiero ed amoroso cenno est publié dans un recueil de pièces de divers auteurs réunies par Antonio Gardane (ou Gardano), un grand éditeur vénitien. La même année également, Pierluigi est remarqué par un Allemand en pèlerinage à Rome, Matthaeus Rot : de retour dans son pays, le dévot rédige un texte, Itinerarium romanicum anno Domini 1554, dans lequel il fait remarquer qu’il se passe à Saint-Pierre, où Pierluigi dirigeait sans doute ses propres compositions, comme à Saint-Jean, où était présent l’étoile montante de l’école flamande, Roland de Lassus, « d’excellentes choses musicales ».

Le 23 mai 1555, le cardinal napolitain Caraffa devient pape sous le nom de Paul IV. Des rumeurs circulent sur ce qui se murmure dans l’entourage du nouveau pape concernant les chanteurs pontificaux. À partir du 18 juillet, Palestrina est noté malade et le 30, il est exclu par le pape de la chapelle avec Domenico Ferrabosco et Leonardo Barré (en poste depuis respectivement cinq et dix-huit ans), pour la raison qu’ils ont contracté un mariage. Pour les dédommager et respecter le statut qui les nomme à vie, le pape ordonne qu’il leur soit versé chaque mois six écus, à vie. Malgré la véritable raison du renvoi des trois musiciens, le motu proprio du 30 juillet indique qu’ils sont licenciés parce qu’ils ne sont pas reconnus aptes à exercer dans la chapelle en raison de capacités vocales insuffisantes ; il semble que cette accusation d’incompétence ait surtout permis de laver de l’offense les chanteurs non sanctionnés en la rejetant sur ces trois musiciens seuls, alors que Jules III l’avait de son temps reproché à la majeure partie des membres de la chapelle.

Le Premier Livre de madrigaux à quatre voix est daté de 1555 sans plus de précision. Peut-être son licenciement a-t-il retardé la publication ; en tout cas, il le signe « Giovanni Pierluigi da Palestrina, chanteur à la chapelle de Notre-Seigneur ». Il est édité une nouvelle fois par les frères Dorici, à Rome, et est dédié à Bernardo Acciaioli, membre d’une illustre famille toscane qui vient de connaitre la gloire avec les prédications du dominicain Zanobi Acciaiuoli. Il semble que son éclatante réussite lui ait déjà permis de tisser un réseau de hautes relations. Par ailleurs, la dédicace laisse entendre qu’il travaille chez le puissant cardinal Rodolfo Pio de Carpi, peut-être dans son palais du Champ de Mars ou dans sa villa du Quirinal, qualifiée de « paradis terrestre » pour ses collections d’antiques.

Ce congédiement marque profondément Palestrina qui, licencié de la chapelle pontificale, doit tout recommencer. Bien qu’il continue d’écrire, et que certaines de ses œuvres apparaissent dans des recueils ou anthologies, il ne refait appel à ses éditeurs que six à huit ans plus tard.

Le 1er mars 1561, le collège de chanoines de Sainte-Marie-Majeure, qui souhaitaient vivement son retour, vingt ans après son étude en tant  qu’enfant de chœur, le nomme maître de chapelle à l’unanimité. Il dispose d’un logement de fonction et d’un salaire mensuel de 16 écus, qui incluent les frais d’entretien et d’instruction de quatre enfants dont il a la charge. La discipline à Sainte-Marie-Majeure laisse à désirer et les absences sont très régulières, ce que fait remarquer Pierluigi aux chanoines : des pénalités sont mises en place pour toute transgression à la règle, sur le modèle de Saint-Jean-de-Latran. La chapelle doit, tout comme à la Vaticane, assurer des prestations extérieures.

En 1562, le cardinal Othon Truchsess de Waldbourg lui commande une messe à six voix qu’il adresse en novembre au duc de Bavière Albert V. Benedicta es est composée sur le célèbre motet de Josquin des Prés.

Peut-être en 1563, Palestrina fait publier son Premier Livre de motets, dans lequel figurent des compositions pour l’ensemble des fêtes religieuses et des commémorations d’un cycle liturgique d’une année entière et qui représente le travail de plusieurs années.

Source : Wikipédia.

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