Giacomo Leopardi, écrivain, poète et philosophe.

Giacomo Leopardi, né le 29 juin 1798 à Recanati (États pontificaux) et mort le 14 juin 1837 à Naples (Royaume des Deux Siciles), est un écrivain, poète et philosophe italien, souvent considéré comme le deuxième plus célèbre et influent écrivain italien après Dante Alighieri.

La qualité lyrique de sa poésie lui a donné une influence internationale sur les générations suivantes. Sa méditation métaphysique et lyrique sur le tragique de l’existence en fait un précurseur de Schopenhauer, de Nietzsche, de Freud, de Cioran.

Le débat sur l’œuvre de Leopardi à partir du xxe siècle, notamment par rapport à la pensée existentialiste entre les années 1930 et 1950, a conduit les exégètes à approfondir leur analyse philosophique du contenu et de la signification de ses textes. Bien que rendus surtout dans les œuvres en prose, ils trouvent des correspondances précises au niveau lyrique dans une ligne unitaire d’attitude existentielle. La réflexion philosophique et l’empathie poétique font que Leopardi, comme Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche et plus tard Kafka, peut être considéré comme un existentialiste ou au moins un précurseur de l’existentialisme.


Leopardi, carte maximum, Italie.

Fils aîné du comte Monaldo Leopardi et de la marquise Adélaïde Antici, Giacomo Leopardi est issu d’une famille noble de province. Son éducation est rigide et religieuse, sa santé très délicate (il est bossu) ; sa vie à Recanati est monotone. Le jeune Leopardi mène une vie solitaire dans la bibliothèque paternelle dont il dévore les ouvrages, tout en souhaitant constamment que la mort le délivre : « Je suis mûr pour la mort. »

Il est perçu dans le monde littéraire comme « poète du pessimisme », comme l’illustre le célèbre vers d’Alfred de Musset : « Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi ». Ses ouvrages en prose traduisent également cet état d’âme : Petites Œuvres morales (Operette morali, 1826-1827), Les Cent Onze Pensées (Cento undici pensieri, posthume, 1845) et son énorme journal philosophique, le Zibaldone, paru de façon posthume en 1900.

Leopardi s’adonne à la philologie dès l’âge de quinze ans. À seize ans, il annote La Vie de Plotin par Porphyre de Tyr et écrit un essai sur Les erreurs populaires des anciens.

À vingt ans, il écrit Premier Amour à la suite d’une désillusion amoureuse. Sa disgrâce physique et sa pauvreté affectent sa vie.

Durant cette même période, il fait la connaissance de Pietro Giordani ; mais les espoirs déçus que cette amitié suscite précipitent sa rupture avec la foi religieuse. Giordani, moine émancipé, n’a pas perçu le besoin de Leopardi d’avoir un ami qui le sorte de sa solitude. La foi de Leopardi chavire, ses opinions philosophiques changent radicalement, ce qui l’oppose à son père, lui-même écrivain. La maison familiale, qu’il ne parvient pas à quitter, lui devient insupportable (« abborrito e inabitabile Recanati »).

Dans une lettre du 6 mars 1820, Leopardi relate un rêve à Giordani : « Ces luttes de l’esprit et de l’âme, ce moment précis où la crise éclate dans toute son intensité et l’on s’aperçoit tout à coup que l’on vient de franchir la limite cruciale entre la foi et le doute… »

C’est une conception identique de la vie qui émerge, au même moment, chez Leopardi confiné dans sa petite ville de Recanati et chez le philosophe allemand Schopenhauer. Ces deux hommes ne se sont jamais rencontrés ni écrit, et Leopardi n’a pas lu le livre de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation. Leopardi résume sa philosophie du pessimisme dans le concept d’« infelicità ». Leopardi n’écrit pas pour propager ses idées ; il chante en poète son mal de vivre et en tire une vision de la condition humaine. Il ne veut pas adhérer à l’école des lyriques et des désespérés qui l’ont réclamé pour leur frère. Il ne veut pas du désespoir intellectuel et garde sa liberté de pensée.

Il voyage beaucoup mais ses ressources financières sont faibles. Au mois d’octobre 1822, sur les instances de quelques amis, il quitte Recanati pour Rome. Il rencontre des amis — Barthold Georg Niebuhr, ministre de Prusse à la cour pontificale, Alessandro Manzoni, le baron Christian Cari Josias Bunsen (1791-1860), diplomate, archéologue et historien, successeur de Niebuhr comme ministre de Prusse, Johann Gothard Reinhold (1771-1838), ministre de Hollande, bibliothécaire d’Angelo Mai — et se fait des ennemis — le bibliothécaire Guglielmo Manzi. Il ne trouve pas de situation stable, refuse d’entrer en prélature et ne se résout pas à un emprunt qui aurait amélioré sa condition. Il ne demande rien à son père qui ne lui propose aucune aide financière. Tout juste Leopardi opte-t-il pour du travail d’édition et se voit-il chargé de dresser le catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque Barberine. Les quelques voyages hors de la maison familiale seront brefs, à Bologne, Pise ou Florence. Ses lectures sont  impressionnantes, tant par l’étendue et la variété que par sa capacité de pénétration.

Son patriotisme apparaît dans ses poèmes À l’Italie, Sur le monument de Dante (1818) ou À Angelo Mai (1822). Il est fasciné par la gloire passée de l’Italie mais, après Dante, Le Tasse et Alfieri, ne lui voit plus aucun avenir et condamne la France pour avoir envoyé à la mort les légions italiennes durant la campagne de Russie. Dante a préféré l’enfer à la Terre, et Leopardi lui-même, dans le poème Paralipomènes de la Batrachomyomachia, décrit de façon sarcastique sa propre descente aux enfers.

Brutus le Jeune (1821) est une illustration du pessimisme de Leopardi ; Brutus était le dernier des anciens sages et il ne reste après lui aucune noble espérance. Leopardi s’oppose aux romantiques dans son Discours sur la poésie romantique (1818) et découvre un an plus tard la philosophie sensualiste du Siècle des Lumières qui influencera considérablement son œuvre. Il chante le néant de l’homme face à la nature avec Le Genêt ou la Fleur du désert, et son désespoir dans La Vie solitaire (1821), L’Infini (1819) et À Sylvie (1828).

Leopardi, dès son enfance, cherche à atteindre la « gloire des lettres ». Il se réfugie pour cela, dès l’âge de dix ans, dans la grande bibliothèque de son père, où il passe « sette anni di studio matto e disperatissimo » (sept années d études folles et profondément désespérées) au cours desquelles il apprend seul le latin, le grec, l’hébreu et plusieurs langues modernes dont l’anglais et le français.

Les premières œuvres sont des produits de pure érudition classique et des traductions philologiques que l’on appelle « puerilia ».

C’est en 1816 que Leopardi traverse une première période de transformation poétique, appelée par les critiques « conversion littéraire », c’est-à-dire un passage de l’érudition au sentiment philosophique du beau.

Une deuxième conversion se produit en 1819, celle-ci est la « conversion philosophique », marquée par le passage du beau au « vrai ». Leopardi se rend compte de la nullité des choses humaines ; il écrit dans le Zibaldone « nel nulla io stesso » (« dans le néant moi-même »).

Il est atteint en 1819 par une ophtalmie qui l’empêche de lire et le conduit à une tentative de suicide.

En 1822, Leopardi s’échappe du « natìo borgo selvaggio » (« bourg sauvage natif », c’est-à-dire Recanati). Il se rend à Rome mais la ville le déçoit et il parcourt toute l’Italie : Milan, Florence, Pise, Naples.

Cette première période, jusqu’en 1822, est caractérisée par une production littéraire constituée notamment par des chansons patriotiques (All’Italia) et des idylles (du nom des œuvres du grec Moschus, que Leopardi avait traduites en 1815).

En 1824, il fait paraître à Bologne dix grandes Canzoni (Chansons) accompagnées de précieuses notes, où se dessine une poétique originale, appuyée sur sa réflexion approfondie de la langue italienne au tournant du xixe siècle (et du premier Romantisme) ; une édition bilingue, procurée par Jean-Charles Vegliante, est éditée par Le Lavoir St. Martin, Paris, 2014.

Leopardi écrit : « Les œuvres de génie ont le pouvoir de représenter crûment le néant des choses, de montrer clairement et de faire ressentir l’inévitable malheur de la vie, d’exprimer les plus terribles désespoirs, et d’être néanmoins une consolation pour une âme supérieure accablée, privée d’illusions, en proie au néant, à l’ennui et au découragement ou exposée aux peines les plus amères et les plus mortifères. En effet, les œuvres de génie consolent toujours, raniment l’enthousiasme et, en évoquant et représentant la mort, elles rendent momentanément à l’âme cette vie qu’elle avait perdue. »

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Sources : Wikipédia, YouTube.

 

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