Georges Seurat, peintre et dessinateur.

Georges Seurat, né à Paris le 2 décembre 1859 et mort le 29 mars 1891, dans la même ville, est un peintre et dessinateur français, inventeur de la technique dite divisionniste, de division du ton, appelée également peinture optique ou chromo-luminarisme, et plus couramment pointillisme. Considéré avec Cézanne, Gauguin et Van Gogh, comme un des quatre grands peintres du post-impressionnisme, auteur d’œuvres devenues iconiques de la peinture du 19e siècle, il est l’auteur d’une œuvre restreinte (six grandes compositions, une trentaine de marines et scènes de port, environ 160 petites peintures sur panneaux dites croquetons, et environ 800 dessins) mais qui a fortement influencé les avant-gardes du 20e siècle, fauvisme, cubisme, futurisme, mouvements qui se sont revendiqués de lui. Seurat est l’un des principaux artistes français et a fait l’objet de très nombreuses études par les historiens d’art français et étrangers, notamment André Chastel, Roger Fry, Robert Goldwater, Louis Hautecœur, Robert L. Herbert, Benedict Nicolson, Walter Pach, Robert Rey, Meyer Schapiro.

Georges Seurat naît le 2 décembre 1859 à Paris, dans une famille bourgeoise. Son père Chrysostome Antoine Seurat, un huissier de justice auprès du tribunal de la Seine, est un homme solitaire, un caractère dont hérite son fils. Sa mère, Ernestine Faivre, a une sœur, Anaïs, épouse de Paul Haumonté, marchand de toile et peintre amateur qui comptera dans la première formation du jeune Georges. Georges Seurat peindra sa tante sur son lit de mort en 1887.

Georges Seurat commence à dessiner dès son enfance à l’âge de sept ans. Au début de son adolescence, il fait la connaissance (dans l’école municipale d’art qu’il fréquente) d’Edmond Aman-Jean, qui sera un de ses amis intimes.

En 1876 il suit ses cours à l’École des beaux-arts de Paris, et, en février 1878, il est accepté dans la section peinture, où il fréquente l’atelier d’Henri Lehmann, mais sans briller par ses travaux. Ces études révèleront, par contre, un excellent dessinateur, captant par un clair-obscur, et des traits affirmés, l’impression visuelle d’un sujet. En 1879, il décide avec ses amis peintres, Edmond Aman-Jean, et Ernest Laurent de prendre en location un atelier, et de suspendre leurs cours à l’École des beaux-arts de Paris.

La même année, la conscription obligatoire l’amène à effectuer son service militaire à Brest durant un an. il réalise durant cette période de nombreuses esquisses de bateaux, de plages et de la mer. En 1882, il se consacre à la maîtrise du noir et blanc et commence à peindre réellement.

Il invente la technique du chromo-luminarisme (plus couramment appelé pointillisme), qui s’inspire des écrits théoriques du critique Charles Blanc (Grammaire des arts du dessin, 1867) et de sa lecture de la loi du contraste simultané des couleurs du chimiste Michel-Eugène Chevreul et de la Théorie scientifique des couleurs, (1881), d’Ogden Rood. Il achève, en 1884, Une baignade à Asnières (Londres, National Gallery), le premier des six grands tableaux qu’il va peindre dans sa courte vie. En 1884, Une baignade à Asnières est proposé à la quatrième exposition des impressionnistes, mais celui-ci est refusé.

Georges Seurat, “le Cirque” essais de couleurs, feuille complète datée du 27/06/1969.

Seurat participe à la formation de la Société des artistes indépendants, ouverte sans jury ni récompenses. Il expose Une baignade à Asnières au premier Salon des artistes indépendants, en 1884, avec les jeunes peintres, Paul Signac, Henri-Edmond Cross, Charles Angrand, Maximilien Luce, ainsi que Camille Pissarro. Il est fortement soutenu dans ses recherches picturales par le critique, Félix Fénéon, qui nomme pour la première fois cette nouvelle école le néo-impressionnisme, dans le numéro du 1er mai 1887 de la revue belge L’Art moderne. Félix Fénéon acquerra Une baignade à Asnières après la mort de Seurat et sera son exécuteur testamentaire avec Paul Signac et Maximilien Luce, et l’initiateur du catalogue raisonné de son œuvre, achevé par César M. de Hauke en 1961.

Seurat et Paul Signac participent à la huitième et dernière exposition des impressionnistes en 1886. Seurat y présente Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte. Camille Pissarro a beaucoup œuvré pour imposer leur participation, qui provoque de vives tensions entre les peintres : Monet, Sisley et Caillebotte refusent d’exposer aux côtés de Seurat. La présence de plusieurs peintres non-impressionnistes à cette exposition (Seurat, Signac mais aussi Gauguin) signera la fin des expositions impressionnistes.

Durant l’été 1890, le peintre réside à Gravelines, où il exécute quatre toiles de marines ainsi que quelques dessins et « croquetons », petits panneaux de bois peints qu’il avait ainsi baptisés. Ses paysages assujettissent la nature aux rigoureuses « ponctuations » de sa théorie des couleurs, et il s’en dégage une paix intérieure prenant superbement le pas sur la confusion de la réalité. Il écrit une révision des concordances entre les caractères des tons (sombres ou clairs), des teintes (froides ou chaudes), des lignes (tombantes et tristes ou ascendantes et gaies). À son retour à Paris, il met en projet son tableau Le Cirque qu’il montre, inachevé, au huitième Salon des indépendants.

Il meurt subitement le 29 mars 1891, pendant l’exposition, à l’âge de 31 ans, probablement des suites d’une angine infectieuse (ou diphtérie). Sa famille découvrira à cette occasion qu’il entretenait depuis plusieurs années une liaison avec Madeleine Knobloch, de qui il avait eu un fils, Pierre Georges Knobloch, né le 16 février 1890, et qui devait d’ailleurs mourir deux semaines après son père, de la même infection. Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (66e division). À la demande de la famille, Félix Fénéon, Paul Signac et Luce sont désignés pour procéder à l’inventaire de son atelier.

De son vivant, Georges Seurat ne rencontre qu’indifférence ou mépris de la part de ses contemporains et des critiques (hormis Fénéon). Il se heurte aussi à l’incompréhension de nombreux peintres de son époque, en particulier de la plupart des impressionnistes, ce qui n’est pas surprenant puisqu’il s’oppose à leur doctrine. Ils sont aussi agacés par le sérieux de son œuvre et ses théories scientifiques sur son art pictural. Edgar Degas le caricature en le surnommant « le notaire ». Gauguin lui marque une hostilité non exempte de jalousie parce qu’il tient à être considéré comme le seul vrai novateur. Son ami Paul Signac dira à son sujet : « Au moment de la mort de Seurat, les critiques rendaient justice à son talent, mais trouvaient qu’il ne laissait aucune œuvre. Il me semble au contraire qu’il a donné tout ce qu’il pouvait donner, et admirablement. Il aurait certainement encore beaucoup produit et progressé, mais sa tâche était accomplie. Il avait tout passé en revue et instauré presque définitivement le blanc et le noir, les harmonies de ligne, la composition, le contraste et l’harmonie de la couleur. Que peut-on demander de plus à un peintre ? ».

La première grande exposition consacrée à Seurat a lieu près de dix ans après sa mort dans les locaux de La Revue blanche, boulevard des Italiens. Elle est organisée par Félix Fénéon, Paul Signac et une disciple de Seurat, Lucie Cousturier. Plus de trois cents œuvres sont présentées parce que la famille tient à les vendre. Trois toiles majeures sont vendues (Le Cirque à Signac, La Baignade à Fénéon et La Grande Jatte à Lucie Cousturier). Une cinquantaine de dessins sont vendus, Camille Pissaro en achète une dizaine pour les donner au musée du Luxembourg.

Une exposition se tient en décembre 1908 chez le marchand Bernheim-Jeune, sans doute à l’initiative de Félix Fénéon. Elle rassemble cinq des six grands compositions et un grand nombre d’autres toiles et dessins. Dans le catalogue, Fénéon écrivait : “Si l’on sait regarder, cette exposition consacrera une gloire qui, lentement, obscurément et irrésistiblement a grandi depuis 1891. En mars de cette année-là, Georges Seurat mourait. Mais il avait réalisé des œuvres définitives et qui donnent complète la mesure de sa puissance. Une carrière de sept ou huit ans, c’est peu sans doute : non, et il y a dans l’histoire de l’art quelques peintres déjà à qui un temps presque aussi bref a suffi”.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.