George W. Bush, 43ème Président des Etats-Unis.

George Walker Bush, généralement appelé George W. Bush, né le 6 juillet 1946 à New Haven (Connecticut), fils de George H. W. Bush et de sa femme, née Barbara Pierce, est un homme d’État américain, 43e président des États-Unis, en fonction du 20 janvier 2001 au 20 janvier 2009.

Membre du Parti républicain, il est élu à deux reprises gouverneur du Texas en 1994 puis 1998. Candidat à l’élection présidentielle de 2000, il l’emporte face au démocrate Al Gore à l’issue d’une rude bataille, incluant un long et contesté recomptage en Floride. Il est élu président pour un second mandat le 2 novembre 2004.

Durant son mandat, il pratique sur le plan intérieur une politique néoconservatrice, rompant ainsi clairement avec la politique démocrate de son prédécesseur Bill Clinton mais aussi avec celle plus modérée de son père George H. W. Bush et renouant avec celle de Ronald Reagan. Sa présidence est notamment marquée par les attentats du 11 septembre 2001, par la politique internationale dite de « guerre contre le terrorisme », par les guerres d’Afghanistan et d’Irak, par l’adoption par le Congrès des États-Unis de l’USA PATRIOT Act et la création du département de la sécurité intérieure, puis par la crise des subprimes et le plan Paulson mis en place pour faire face à la crise financière de 2008 à la fin de son mandat.

Avec John Quincy Adams, il est dans l’histoire des États-Unis le second fils de président à accéder à cette fonction.


Aîné d’une famille de six enfants, George W. Bush naît la première année du baby-boom à New Haven, dans le Connecticut. Il a deux sœurs, dont Robin Bush, décédée quand elle avait trois ans à la suite d’une leucémie, et trois frères, dont John Ellis Bush (« Jeb ») qui naît sept ans après lui.

La famille Bush emménage en 1959 à Houston où le père a déménagé sa prospère compagnie pétrolière.

Durant son enfance George W. Bush est envoyé au pensionnat pour garçons de la Phillips Academy à Andover, au Massachusetts, considéré à l’époque comme la « plus dure école privée d’Amérique » par le Time Magazine. Il est ensuite admis à l’université Yale, dont son grand-père était administrateur, pour poursuivre des études supérieures. Il obtiendra un Bachelor of Arts in History (licence d’histoire). Il est à l’époque membre d’une confrérie  estudiantine secrète devenue célèbre par la suite : les Skull and Bones, comme son père George H. W. Bush (1948), son grand-père Prescott Bush (1917) et John Kerry, son futur rival à l’élection présidentielle de 2004.

George W. Bush en uniforme de la garde nationale dans les années 1970.
Il fait son service militaire en s’engageant dans la Garde nationale aérienne du Texas en 1968 où il devient pilote d’un F-102. Son unité, surnommée « l’escadron champagne » est chargée de la défense aérienne du sud du pays et du golfe du Mexique. Lors de la campagne électorale de 2004, une controverse concerne cette affectation. En effet, la Garde nationale ne participa pas à la guerre du Viêt Nam et George Bush est critiqué pour y être entré afin d’éviter de participer à cette guerre. La polémique est au plus fort quand CBS News révéla les documents Killian, des papiers compromettants où Bush aurait eu un piston pour ne pas faire l’armée mais on découvrit que ce sont des forgeries.

Pendant son incorporation, il profite de ses congés pour participer à des campagnes électorales auprès de son père ou d’amis. Lorsque son service militaire se termine, après avoir été cependant refusé à la faculté de droit de l’université du Texas, le jeune Bush est admis à la prestigieuse Harvard Business School. Il y obtient son MBA en 1975.

En 1978, il se présente au Texas à l’élection pour la Chambre des  représentants mais avec 47 % des voix, il est battu par le représentant sortant, Kent Hance, son adversaire du Parti démocrate.

Il commence alors sa carrière dans l’industrie du pétrole avec la création de Arbusto Energy (« arbusto » signifie « bush » [« buisson »] en espagnol), une entreprise de recherche de pétrole et de gaz. Parmi ses associés, figure James Reynolds Bath, qui a été accusé d’agir dans cette opération comme prête-nom de la famille Ben Laden et de Khalid Bin Mahfouz, avec lesquels il est en affaires au Texas. Cette entreprise doit faire face à la crise en 1979 et, après l’avoir renommée Bush Exploration, George W. Bush la revend en 1984 à Spectrum 7, un de ses concurrents texans dont il prend la tête. Spectrum 7 connaît à son tour des difficultés financières et est rachetée en 1986 par Harken Corp. George W. Bush reste au conseil. Dès 1987, Harken est au bord de la faillite et est renflouée par un prêt de la BCCI (Bank of Credit and Commerce International) et une participation au capital d’un Saoudien. En 1990, une concession importante lui est octroyée par l’émir de Bahreïn, dont le frère siège à la BCCI. Peu après, George W. Bush revend ses actions avec une confortable plus-value, une semaine avant qu’Harken n’annonce des pertes record et dévisse en bourse. De 1983 à 1992, il fait partie du directoire de la société de productions cinématographiques Silver Screen Partners, détenue par Roland W. Betts, un ami et ancien confrère d’université. De 1989 à 1993, il est un des administrateurs de Caterair International que le groupe Carlyle vient de racheter.

Après avoir travaillé sur la campagne victorieuse de son père, en 1988, il rassemble de proches amis et achète les Rangers du Texas, une équipe de la Major League Baseball, en 1989. Il en est managing general partner jusqu’en 1994.

Il est domicilié à Crawford, où il possède un ranch dans lequel il passe ses vacances.

Bush est élu en 1994 gouverneur du Texas avec 53 % des suffrages contre 47 % à Ann Richards, la populaire démocrate et gouverneur sortante. Il est alors le deuxième gouverneur républicain du Texas depuis 1877. En 1998, il est réélu avec 69 % des voix.

Une de ses premières décisions concerne la construction d’un stade de  hockey à Dallas, qui pourrait accueillir l’équipe de hockey sur glace des Stars de Dallas, que possède un des contributeurs de sa campagne, Thomas Hicks. Un an après cette construction, Hicks rachète l’équipe de baseball des Texas Rangers, à trois fois le prix payé par Bush et ses partenaires en 1989. Thomas Hicks a été nommé par Bush à la tête de l’organisme chargé de gérer les fonds de l’université du Texas, de l’ordre de 13 milliards de dollars, et en a placé une partie dans le groupe Carlyle. C’est à la même époque que le groupe Ben Laden a pris une participation dans Carlyle, qu’il sera forcé de vendre en octobre 2001. Mais l’avocat des Bush, James Baker, devenu associé en 1993, y reste encore quelques années.

Sa politique est très remarquée en Europe pour l’utilisation de la peine de mort, 153 exécutions ont en effet lieu durant son mandat de gouverneur.

Il manœuvre habilement avec les élus démocrates, majoritaires au Congrès local, si bien qu’une part d’entre eux se rallieront à lui lors de sa campagne présidentielle de 2000, alors qu’il s’est déjà posé comme candidat adverse.

L’élection présidentielle de 2000 met face à face George W. Bush et Al Gore, vice-président des États-Unis sortant et candidat du parti démocrate.

Après s’être imposé avec difficulté lors des primaires contre John McCain, le sénateur de l’Arizona, George W. Bush axe sa campagne sur les affaires intérieures du pays, proposant notamment d’abaisser substantiellement le niveau d’engagement extérieur des États-Unis, conformément à la tradition isolationniste du parti républicain. Malgré tout, des analystes considèrent qu’il mène une campagne plutôt centriste, la première pour un républicain depuis Gerald Ford en 1976.

Durant cette campagne, Bush s’entoure d’experts politiques comme Karl Rove (un ami de la famille et stratège confirmé en campagne électorale), Karen Hughes, une conseillère du Texas ou encore Dick Cheney, ancien secrétaire à la Défense, qu’il choisit comme candidat à la vice-présidence.

Au soir des élections, Gore devance Bush de près de 550 000 voix au niveau national mais les deux candidats sont au coude à coude au niveau des États et des grands électeurs lesquels élisent le président. Les résultats sont si serrés dans certains États, comme le Nouveau-Mexique et la Floride, qu’il faut parfois mettre en place un second décompte. Des défauts et ambiguïtés dans certains formulaires de vote provoquent des disputes dans des bureaux de vote, en particulier en Floride où l’écart n’est que d’une centaine de voix, et où plusieurs milliers de bulletins sont déclarés invalides.

Au Nouveau-Mexique, après avoir été déclaré vainqueur avec dix mille voix d’avance, un nouveau recomptage voit l’avance d’Al Gore fondre à trois cents voix. En Floride, certains bureaux de vote sont officiellement fermés pour irrégularités. Le décompte des voix est long car un recomptage méthodique est ordonné en particulier dans trois comtés litigieux, mais à la fin de celui-ci George Bush est encore gagnant avec environ 1 500 voix d’avance.

Les avocats d’Al Gore obtiennent cependant de la cour suprême de Floride (dont six juges sur sept sont démocrates) un nouveau recomptage manuel dans trois comtés, ceux de Miami-Dade, Palm Beach et Broward. Ce faisant, la cour de Floride dépasse ses compétences judiciaires et réécrit le code électoral ce qui sera immédiatement contesté devant la Cour suprême des États-Unis par les avocats de George W. Bush, d’autant plus que les trois comtés litigieux sont majoritairement dominés par les démocrates et sont les plus aptes à apporter à Al Gore une réserve de voix suffisante pour le faire élire.

Après un premier avertissement à la Cour suprême de Floride sur le dépassement de ses prérogatives et son empiétement sur le domaine législatif, la Cour suprême des États-Unis (dont sept juges sur neuf ont été nommés par des présidents républicains) finit par annuler par l’arrêt Bush v. Gore l’ultime recomptage manuel des voix en Floride, jugé illégal par cinq voix contre quatre alors que seul le comté de Miami-Dade n’a pas fini de procéder au recomptage manuel et qu’Al Gore est toujours devancé de plus d’une centaine de voix. Et c’est ainsi que George W. Bush est finalement désigné président des États-Unis par la Cour suprême, de justesse, grâce aux voix de Floride qui lui permettent d’obtenir les suffrages de 271 grands électeurs contre 266 à Al Gore. Le résultat officiel final est donc de 50 459 211 voix pour Bush (47,9 %), 51 003 894 pour Gore (48,4 %), Ralph Nader (écologiste) en obtient 2 834 410 (2,7 %) et Patrick Buchanan (Reform Party) 446 743 (0,4 %). Douze autres candidats obtinrent également des voix (en tout 0,6 %).

À aucun moment pendant le recomptage des voix en 2000, Al Gore n’a réussi à devancer George Bush lors des recomptages de Floride. Cependant, en mars 2001, un consortium de plusieurs journaux américains font effectuer à leurs frais un recomptage des bulletins dans les trois comtés clés, mais aussi dans toute la Floride. Selon les différentes hypothèses envisagées, leurs conclusions furent que si la Cour n’avait pas interrompu le recomptage manuel, George Bush n’aurait pas gagné l’élection face à Al Gore.

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire du pays qu’un président est investi avec moins de voix que son adversaire au niveau national. Au XIXe siècle, Rutherford B. Hayes et Benjamin Harrison ont été aussi élus avec moins de voix que leur adversaire.

Le 29 octobre 2002, Bush signa un projet de loi du Congrès, intitulé le Help America Vote Act of 2002, afin de généraliser l’utilisation des machines pour enregistrer les votes.

Il est le deuxième fils de président élu de l’histoire américaine, après John Quincy Adams, fils du président John Adams, l’un des pères fondateurs de la nation.

L’une de ses premières décisions dans ce domaine est le retrait des États- Unis du protocole de Kyoto. Bill Clinton avait échoué à faire ratifier ce protocole par le Sénat et son retrait définitif par Bush participe à son impopularité en Europe. Le 30 juillet 2005, les États-Unis signent un accord moins contraignant dit du groupe Asie-Pacifique avec la Chine, l’Australie, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud sur le climat auquel s’est joint le Canada le 24 septembre 2007 dans ce qui est devenu en 2006 le Partenariat Asie-Pacifique sur le développement propre et le climat (Asia-Pacific Partnership on Clean Development and Climate), basé sur des cibles volontaires et sur des objectifs de réduction à long terme.

En 2002 et 2003, George W. Bush fait voter des lois permettant  l’exploitation des ressources naturelles souterraines des forêts des parcs naturels. Lors des incendies liés à la sécheresse planétaire de l’été 2003, il met en avant le besoin de déboiser davantage pour des raisons de sécurité. En novembre 2005, la Chambre des représentants renonce à voter le projet d’exploitation pétrolière dans un territoire protégé de l’Alaska et fait retirer du budget des projets d’exploitation pétrolière dans des secteurs protégés par un moratoire.

Il modifie le Clean Air Act, texte sur le contrôle de la pollution de l’air, afin de le rendre moins strict.

En juin 2006, c’est après avoir visionné le film de Jean-Michel Cousteau Voyage to Kure que le président Bush fait classer les îles du nord-ouest de l’archipel d’Hawaï comme monument national américain. Ces îles constituent alors la plus grande zone marine protégée du monde à l’abri de la pêche commerciale. D’une superficie de plus de 350 000 km2, ce nouveau monument national s’étire sur près de 2 300 km, comprend une dizaine d’îles inhabitées ainsi qu’une centaine d’atolls et abrite également de nombreuses espèces en danger. Ce faisant, il a enjoint au Congrès de passer des lois sur le contrôle des pêcheries et le développement de l’aquaculture qualifiant la surpêche de « nuisible à notre pays et nuisible au monde ».

Lors de son discours sur l’état de l’Union de janvier 2007, il annonce un plan de réduction de la consommation d’essence de 20 % au cours des dix prochaines années. En vertu de l’initiative présidentielle, les émissions annuelles de gaz carbonique résultant de la circulation automobile aux États-Unis diminueraient de 10 % d’ici à 2017. Cette réduction s’ajouterait au plan déjà en place de réduction de l’intensité des gaz à effet de serre de l’économie américaine de 18 % d’ici à 2012.

Le 6 janvier 2009, le président Bush désigne trois « monuments nationaux marins » dans l’océan Pacifique d’une superficie totale de plus de 505 000 km2. Il s’agit de protéger les fonds sous-marins de la fosse des Mariannes, de l’atoll Rose et des îles mineures éloignées des États-Unis couvrant le récif Kingman, les atolls Palmyra et Johnston ainsi que des îles Howland, Baker, Jarvis et Wake.

En 2006, il se prononce tout à la fois pour la régularisation des clandestins présents sur le territoire américain (11 millions de personnes selon certaines estimations) et l’envoi de 6 000 gardes nationaux pour contrer  l’immigration illégale à la frontière mexicaine. Il s’agit pour lui de rallier à son projet de réforme l’aile droite de son parti (très divisé) en durcissant la répression. Dans son discours télévisé du 15 mai 2006, il précise qu’il ne s’agit pas d’« amnistier » les clandestins mais d’instaurer un programme de travail temporaire pour les étrangers, insistant sur la maîtrise de l’anglais pour pouvoir prétendre à la citoyenneté. Cette tentative de régularisation massive a échoué en juillet 2007 devant le refus de ramener la question de l’immigration à l’ordre du jour au Congrès à la suite des dissensions des deux grands partis qui voulaient amender ce projet selon leurs points de vue divergents.

George W. Bush connaît une impopularité certaine en dehors de son pays, en particulier dans certains pays d’Europe et dans les pays arabes depuis la guerre d’Irak. Cette guerre entraîne également un regain de contestation de la politique du président au Moyen-Orient et au Proche-Orient.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la stratégie en matière de sécurité nationale fait de l’aide au développement l’un des trois piliers de la politique étrangère des États-Unis, aux côtés de la diplomatie et de la défense, cela étant une partie intégrante du soft power.

Du fait que des conflits peuvent se déclencher sans préavis sur le globe, les Forces armées des États-Unis se doivent d’être plus réactives et effectuer leur « révolution des affaires militaires » selon Bush. À cet effet et avec l’objectif affiché de ne pas perdre leur supériorité technologique sur les concurrents, le budget de la Défense cesse de baisser comme depuis la fin de la guerre froide et passe de 3 % du produit national brut en 2001 à 3,7 % en 2007.

La plupart des grandes garnisons en Europe et en Asie sont peu à peu démantelées dans le cadre du BRAC et sont remplacées par des points d’appui logistique. Parallèlement à l’édification d’une défense antimissile et en vertu du traité Sort de désarmement stratégique signé en 2002 avec la Russie, les États-Unis se sont engagés à réduire entre 2 200 et 1 700 le nombre de leurs armes nucléaires déployées d’ici 2012 contre les 4 000 en service en 2008 (soit un retour au niveau des stocks des années 1950).

À la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York et Washington, D.C., George W. Bush réunit le pays derrière lui (avec 90 % d’opinions favorables), en particulier après son discours prononcé au Capitole, devant les deux chambres réunies. Il déclare la « guerre au terrorisme » et utilise un vocabulaire contesté par ses détracteurs (« mort ou vif », « croisade » et « États voyous »), mais bien perçu dans une Amérique traumatisée. Parallèlement aux préparatifs de la guerre contre les Talibans en Afghanistan, qui ont refusé d’extrader Oussama ben Laden et les membres d’Al-Qaïda, Bush instaure une politique de sécurité incarnée par le USA PATRIOT Act, voté par le Congrès à l’unanimité en novembre 2001, mais jugé dangereux pour les droits de l’homme par la Fédération internationale pour les droits humains.

Le 7 octobre 2001, en réponse aux attaques du 11 septembre et dans le but de traquer Oussama ben Laden et les responsables d’Al-Qaïda selon les autorités américaines, les troupes américaines commencent à pilonner les grandes villes d’Afghanistan. C’est l’opération Liberté immuable, à laquelle participent plusieurs pays de l’OTAN.

L’intervention américaine s’accompagne d’une série d’opérations militaires menées en divers points du territoire par les différentes composantes du « Front Uni Islamique et National pour le Salut de l’Afghanistan » plus connue sous le nom d’Alliance du Nord. Elle débouche en décembre sur la chute du régime des Talibans et la mise en place du gouvernement d’Hamid Karzai.

Parallèlement à l’intervention en Afghanistan, il met en place fin 2001 sur la base militaire de Guantánamo à Cuba le camp de détention du même nom où sont incarcérés les combattants islamistes capturés. Incarcérés en dehors de tout cadre juridique, plusieurs rapports et témoignages font mentions d’actes de tortures lors des interrogatoires. Avec le temps, cette prison devient un symbole de la lutte des associations de défense des droits de l’homme contre la politique sécuritaire de l’administration de George W. Bush. La torture elle-même (désignée par l’euphémisme « méthodes fortes d’interrogatoire ») est autorisée par différents mémorandums du ministère de la Justice (John Yoo, etc.), induisant un débat national et international sur la légitimité de la torture dans la lutte anti-terroriste. L’autorisation accordée à sa pratique par l’administration Bush n’empêche pas celui-ci de déclarer, le 26 juin 2003, date de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture de l’ONU, que les États-Unis « se consacrent à l’élimination mondiale de la torture et qu'[ils] sont à la tête de ce combat en montrant l’exemple ». En dépit de cette déclaration, les procédures d’extraordinary rendition et l’autorisation de la torture ont étendu l’usage de celle-ci dans d’autres États, qui se voyaient légitimés par l’« exemple » américain.

Thème central de la pensée des néo-conservateurs, l’« expansion de la démocratie » devient le credo et l’objectif officiel de la politique américaine à partir du discours de George W. Bush devant le Congrès en janvier 2002, durant lequel il pointe du doigt les pays dits de l’Axe du Mal visant nommément l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord, à l’encontre de laquelle les néo-conservateurs renforcent la politique américaine de sanctions.

En février 2005, George W. Bush nomme John Negroponte à la tête de la toute nouvelle Direction du renseignement américain (DNI), nouvelle fonction créée dans le cadre de la réforme des services de renseignement américains à la suite des recommandations de la Commission du 11 septembre, dont les conclusions avaient été publiées durant l’été 2004.

En octobre 2005, il donne son aval à la création d’un nouveau service de renseignement, le National Clandestine Service (NCS) patronné par la CIA, pour s’occuper des opérations d’espionnage à l’étranger. Ce service des opérations clandestines coordonnera les opérations d’espionnage de la CIA, du FBI et du département de la défense, mais sans avoir le pouvoir  d’ordonner ou de les diriger.

C’est dans un tel contexte qu’en février 2006, l’entreprise émiratie « Dubai Ports World » annonce la reprise de l’opérateur portuaire britannique P&O, qui gère des terminaux portuaires dans six grands ports américains de la côte Est. Ce transfert de gestion déclencha une crise politique entre la Maison blanche favorable et les parlementaires américains, soutenus par l’opinion publique, qui y voient une menace pour la sécurité du pays.

Hillary Clinton proposa alors l’adoption d’une loi interdisant à toute société contrôlée par un État étranger de racheter des activités portuaires aux États-Unis. D’autres élus démocrates travaillèrent sur un amendement interdisant toute prise de contrôle d’opérations portuaires par « une société possédée ou contrôlée par un gouvernement qui avait reconnu le  gouvernement des talibans » en Afghanistan tandis que les élus républicains de la Chambre des représentants promettaient de voter une loi bloquant le projet de rachat, défiant le président au nom de la sécurité nationale, alors que celui-ci était prêt à mettre son veto si le Congrès légiférait pour torpiller la transaction.

Au bout du compte, l’entreprise émiratie annoncera le transfert de la gestion des six grands ports à une « entité américaine », au nom de l’amitié entre les États-Unis et les Émirats arabes unis.

Le 17 octobre 2006, George W. Bush signa et promulgua une loi sur les commissions militaires controversée autorisant la torture dans les interrogatoires contre les suspects de terrorisme (notamment le programme d’interrogatoires de la CIA), leur détention dans des prisons secrètes à l’étranger et leur jugement par des tribunaux militaires. Cette loi fut vivement critiquée par Amnesty International ou l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU). Toujours dans le domaine de la légalisation de la torture, il met son veto à une loi interdisant la torture par l’eau.

En novembre 2010, George W Bush a d’ailleurs reconnu qu’il avait personnellement autorisé l’utilisation de cette « technique coercitive ». Contre l’avis de la plupart des juristes, il refuse pourtant de reconnaître qu’il s’agit d’une torture. C’est en application de cet ordre nominatif que les agents de la CIA ont utilisé le « waterboarding » à 183 reprises sur Khalid Cheikh Mohammed.

En 2002, influencé par les théories des néo-conservateurs, George W. Bush évoque la nécessité d’un changement de régime en Irak, indiquant que les États-Unis ont des raisons de croire que le président irakien Saddam Hussein possède des liens avec des groupes terroristes et continue de développer un programme d’armes de destruction massive (ADM).

Le 8 novembre 2002, la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations unies exige du régime irakien une « coopération active, totale et immédiate » avec les équipes d’inspections dépêchées sur place.

Estimant que les conditions de coopération ne sont pas remplies, George W. Bush donne le signal le 20 mars 2003 d’une invasion militaire de l’Irak en vue de renverser le régime en place. La victoire militaire est acquise rapidement dès le 10 avril et début mai, le président Bush proclame  unilatéralement la cessation des hostilités.

George W. Bush et Tony Blair se félicitant mutuellement lors du transfert de souveraineté de l’Irak lors du sommet de l’OTAN à Istanbul le 28 juin 2004.
George W. Bush fait passer le décret 13303 donnant l’immunité totale aux compagnies pétrolières en Irak, tout procès à leur encontre étant immédiatement considéré comme nul et non avenu aux États-Unis.

À partir de juin 2003, des attentats terroristes sont commis contre les forces militaires américaines puis contre les civils irakiens sans distinction ainsi que des prises d’otages.

Depuis le début de l’invasion en mars 2003, on estime que plusieurs dizaines de milliers d’Irakiens ont été tués par l’armée américaine ou par des attentats terroristes, ainsi que plus de 2 000 soldats américains. Les armes de destruction massive (un « prétexte bureaucratique » selon Paul Wolfowitz) qui avaient effectivement servi sous le régime de Saddam Hussein contre les Kurdes ou les Chiites, n’ont pas été trouvées et auraient finalement bien été détruites dans les années qui avaient suivi la guerre du Golfe de 1991. Quant aux liens du régime avec les organisations terroristes, ils avaient cessé depuis longtemps (Sabri al Banna, Carlos) ou restaient faibles se limitant au financement des familles des kamikazes palestiniens et à la présence sur le sol irakien de membres d’organisations terroristes (Moudjahidines iraniens).

Cependant, selon le général Georges Sada, deuxième adjoint des forces aériennes irakiennes sous la dictature de Saddam Hussein, troisième personnalité militaire du régime, des armes de destruction massive étaient bien encore détenues par l’Irak au début de l’année 2003. En 2006, il explique en effet dans son livre Saddam’s secrets, avoir recueilli les témoignages de pilotes de 747 qui ont utilisé leurs avions pour transporter des ADM en Syrie, en février 2003.

Pour les partisans de l’intervention américaine, la mise au jour de charniers contenant des centaines de milliers de victimes du régime de Saddam Hussein, a justifié le renversement par la force du dictateur irakien.

D’autre part, l’intervention américaine a permis au pays de connaître le 31 janvier 2005 ses premières élections démocratiques depuis cinquante ans puis en octobre 2005, l’adoption d’une Constitution démocratique approuvée par référendum.

Les sondages d’opinions longtemps très favorables à George W. Bush concernant sa gestion de la guerre d’Irak ont commencé à basculer en juin 2005 et sont devenus négatifs à partir du mois de septembre 2005. Si une majorité d’Américains considèrent dorénavant que l’engagement en Irak était une erreur, ils souhaitent un retrait de leurs troupes (mais pas cependant encore dans n’importe quelle condition). La guerre d’Irak fut à l’origine d’un mouvement non officiel d’opposants réclamant la destitution de ses fonctions par le biais de la procédure de l’impeachment, autrefois utilisée sans aller à son terme contre Richard Nixon ou sans rencontrer de succès contre Andrew Johnson et Bill Clinton. Une tentative en ce sens, menée par le représentant démocrate de l’Ohio, Dennis Kucinich, en juin 2008, avait été déposée à la chambre des représentants dans l’indifférence générale des membres du Congrès et renvoyée en commission.

Cette guerre est à l’origine de graves tensions diplomatiques au sein de l’ONU, de l’OTAN et avec certains pays comme la France et l’Allemagne. Les motivations américaines dans cette affaire sont encore discutées.

Le 24 septembre 2005, plusieurs dizaines de milliers de manifestants se rassemblent à Washington, D.C. pour protester contre l’engagement américain en Irak.

Le 6 octobre 2005, devant le National Endowment for Democracy (NED), Bush s’en prend aux opposants à la guerre aux États-Unis, qui préfèrent, selon lui, la facilité. « Il y a toujours la tentation au milieu d’une longue lutte de chercher une vie tranquille, d’échapper à ses devoirs et aux problèmes du monde et d’espérer que l’ennemi se lasse du fanatisme et des meurtres. Nous allons conserver notre sang-froid et remporter cette victoire. » Évoquant au moins dix attentats déjoués dans le monde depuis le 11 septembre 2001, il dénonce par ailleurs l’« islamo-fascisme » des terroristes d’Al-Qaida soutenus par des « éléments dans les médias arabes qui incitent à la haine et à l’antisémitisme » et « abrités par des régimes autoritaires, alliés de circonstances, comme la Syrie et l’Iran, qui partagent l’objectif de faire du mal à l’Amérique et aux régimes musulmans modérés et utilise la propagande terroriste pour reprocher leurs propres échecs à l’Occident, l’Amérique et aux Juifs ».

Le 14 décembre 2005, au cours d’un entretien avec un journaliste de Fox News, George W. Bush reconnaît avoir commis des « erreurs tactiques » en Irak notamment des décisions inadaptées dans l’entraînement des forces irakiennes, d’avoir fait le choix initial de grands projets de reconstruction au lieu de chantiers aux « effets immédiats sur la vie des gens ». Il a aussi regretté de ne pas avoir enclenché plus tôt le transfert de souveraineté aux Irakiens après la guerre mais a cependant réaffirmé que la décision d’attaquer Saddam Hussein était juste.

Le 25 mai 2006, George W. Bush et Tony Blair reconnaissent leurs erreurs en Irak. Le président américain déclare notamment que ses propos avaient « envoyé de mauvais signaux », que « les choses ne se sont pas déroulées comme nous l’avions espéré » et que « la plus grosse erreur, du moins en ce qui concerne l’implication de notre pays, c’est Abou Ghraib ».

Le 10 janvier 2007, lors d’une allocution télévisée, le président annonce que 21 500 militaires supplémentaires vont être envoyés en Irak pour permettre un retour à la paix plus rapide. Cette décision se heurte à un Congrès et une opinion publique hostile et majoritairement sceptique face à cette démarche.

En décembre 2007, des experts militaires estiment que la situation militaire et sécuritaire est désormais maîtrisée depuis l’arrivée de renforts mais restent extrêmement circonspects sur l’évolution politique de l’Irak.

En fin d’année 2007, devant la baisse des pertes militaires, l’opinion publique devient plus optimiste.

Le 8 mars 2010, soit plus d’un an après la fin de sa présidence, le magazine Newsweek, consacrant sa couverture à George W. Bush, titrait « Enfin, la victoire : l’émergence d’un Irak démocratique » (Victory at last: The emergence of a democratic Iraq) à propos des élections législatives tenues en Irak au début du mois de mars 2010, y voyant le signe de l’émergence de la démocratie. Le magazine faisait ainsi écho à l’annonce jugée prématurée par George W. Bush faite le 1er mai 2003, de la fin des « combats majeurs » dans le pays. Ainsi, selon le magazine américain, « le pays possède désormais des partis et institutions politiques diverses, une presse libre et une armée « respectée » partout dans le pays [concluant que] l’Irak, pour le meilleur ou pour le pire, démocratique ou pas, sera une puissance avec laquelle il faudra compter. Telle est la sombre victoire de l’Amérique ».

Lors de l’élection présidentielle de 2004, George W. Bush est opposé au sénateur démocrate John Kerry. Tout d’abord à la traîne dans les sondages, il profite du manque de dynamisme de son adversaire pour prendre une avance importante, avec une argumentation fondée sur le manque de constance politique du sénateur. Ce dernier surprend cependant le public lors du premier débat télévisé, attaquant frontalement le président sur la « colossale erreur » de la guerre en Irak : la campagne est relancée. Lors des deux débats suivants, les candidats s’affrontent sans que l’un des deux prenne réellement l’avantage. Le scrutin se présente une fois de plus comme étant très serré et c’est George W. Bush qui est réélu lors du vote du 2 novembre 2004 avec un score historique de plus de 62 millions d’électeurs contre 59 millions à John Kerry lequel admet sa défaite dès le lendemain du scrutin. Le camp républicain remporte également une victoire historique dans les élections pour le renouvellement du Sénat et de la Chambre des représentants.

Le clivage entre les « États rouges » républicains et les « États bleus » démocrates est aussi tranché qu’en 2000 entre Bush et Gore.

Les villes intellectuelles du Nord-Est et du Nord comme Boston, New York et Chicago, les villes de la côte ouest comme San Francisco, Los Angeles et Seattle, qui représentent les États ayant les plus fortes concentrations de population, s’ancrent dans le camp démocrate. En réalité, les 32 villes de plus de 500 000 habitants que comptent les États-Unis ont presque toutes voté démocrate alors que la majorité d’entre elles se trouvent cependant dans des États républicains (Atlanta, Miami, Las Vegas, La Nouvelle-Orléans).

C’est en termes de comtés que l’avantage bascule nettement et largement vers les républicains. Les trois quarts des comtés américains ont voté pour Bush et seuls ceux des États de la Nouvelle-Angleterre et d’Hawaï ont voté majoritairement pour John Kerry. Ainsi, 54 des 67 comtés de Pennsylvanie ont voté pour George W. Bush mais l’État a été remporté de justesse par Kerry grâce à ses scores dans les deux grandes villes de Pittsburgh et Philadelphie. Les démocrates auraient aussi pu perdre les États de l’Illinois, du Michigan, de Washington et du Wisconsin s’ils n’avaient pas bénéficié de leur énorme majorité à Chicago, Détroit, Seattle ou Milwaukee. À l’inverse, les électeurs de San Diego en Californie choisissent George W. Bush dans un État « pro-Kerry ».

Cette opposition géopolitique s’explique notamment par le profil  sociologique des habitants de la plupart des grandes villes qui correspond ainsi à celui de l’électeur démocrate traditionnel (prépondérance des célibataires, des femmes, et des minorités ethniques) alors que la sociologie des banlieues (le borough de Staten Island à New York ou le comté d’Orange près de Los Angeles par exemple) et des villes rurales (Charleston en Caroline du Sud) correspond à celui de l’électeur républicain (hommes blancs, couples mariés avec enfants).

Le résultat définitif de l’élection est le suivant : George W. Bush obtient 62 041 268 voix (50,7 %) contre 59 028 548 à John Kerry (48,3 %), 463 635 à Ralph Nader (0,4 %) et 397 157 à Michal Badnarik (libertarien, 0,3 %). Les autres candidats recueillent ensemble 365 170 suffrages (0,3 %). Les grands électeurs se répartissent ainsi : 286 pour George W. Bush, 251 pour John Kerry et 1 pour John Edwards, le colistier de John Kerry.

En raison de la plus forte participation électorale, George W. Bush et John Kerry ont l’un et l’autre établi des records en ce qui concerne le nombre de voix recueillies. George Bush est passé de 50,4 à 62 millions (gain de 11,6 millions), John Kerry par rapport à Al Gore a gagné 8 millions de voix (de 51 à 59 millions). Ralph Nader s’est effondré, passant de 2,9 à 0,46 million.

L’élection de Barack Obama en novembre 2008 fait entrer George W. Bush dans la dernière étape de sa présidence. La transition avec l’administration Obama s’achève le 20 janvier 2009, date de passation des pouvoirs au quarante-quatrième président des États-Unis. Lors des dernières  conférences et discours de son mandat, prononcés en janvier 2009, Bush défend fermement sa présidence en parlant d’un « bilan bon et fort », rejetant les critiques sur sa gestion de la « guerre contre le terrorisme », l’Irak et l’économie. Il reconnaît toutefois quelques erreurs dont le déploiement de la bannière « mission accomplie » annonçant prématurément la fin des combats en Irak, le fait que l’on n’ait pas découvert d’armes de destruction massive en Irak et le scandale des abus dont ont été victimes des détenus à la prison d’Abou Ghraïb. Il estime néanmoins que l’histoire sera son juge « une fois qu’un certain temps aura passé », comme c’est le cas pour Harry S. Truman, président impopulaire lorsqu’il quitte ses fonctions mais aujourd’hui admiré pour l’ensemble de sa politique durant la guerre froide.

Le 13 janvier, les membres démocrates de la commission de la Justice de la Chambre des représentants publient un rapport à charge de 486 pages sur les leçons et recommandations liées à la présidence de George W. Bush, recommandant la création d’une commission d’enquête officielle. Ces recommandations resteront sans suite faute de soutien des élus du Congrès et du gouvernement fédéral.

Source : Wikipédia.

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