Georg Friedrich Haendel, compositeur.

Georg Friedrich Haendel ou Georg Friederich Händelb (en anglais ou Frederick Handel est un compositeur saxon, devenu sujet anglais, né le 23 février 1685 à Halle-sur-Saale et mort le 14 avril 1759 à Westminster.

Haendel personnifie souvent de nos jours l’apogée de la musique baroque aux côtés de Jean-Sébastien Bach, Antonio Vivaldi, Georg Philipp Telemann et Jean-Philippe Rameau, et l’on peut considérer que l’ère de la musique baroque européenne prend fin avec l’achèvement de l’œuvre de Haendel. Né et formé en Saxee, installé quelques mois à Hambourg avant un séjour initiatique et itinérant de trois ans en Italie, revenu brièvement à Hanovre avant de s’établir définitivement en Angleterre, il réalisa dans son œuvre une synthèse magistrale des traditions musicales de l’Allemagne, de l’Italie, de la France et de l’Angleterre.

Virtuose hors pair à l’orgue et au clavecin, Haendel dut à quelques-unes de ses œuvres très connues — notamment son oratorio Le Messie, ses concertos pour orgue et concerti grossi, ses suites pour clavecin (avec sa célèbre sarabande de Haendel), ses musiques de plein air (Water Music et Music for the Royal Fireworks) — de conserver une notoriété active pendant tout le xixe siècle, période d’oubli pour la plupart de ses contemporains. Cependant, pendant plus de trente-cinq ans, il se consacra pour l’essentiel à l’opéra en italien (plus de 40 partitions d’opera seria), avant d’inventer et promouvoir l’oratorio en anglais dont il est un des maîtres incontestés.

Son nom peut se trouver sous plusieurs graphies : son extrait de baptême en allemand, utilise la forme Händel, son nom s’écrit également Haendel (le « e » remplaçant l’umlaut — traduit par le tréma), et cette forme, habituelle en français depuis longtemps, est en outre celle retenue dans l’importante biographie par Romain Rolland. Après son installation en Angleterre, lui-même l’écrivait Handel sans tréma, manière quasi homophone retenue par les anglophones, et signait George Frideric Handel.


La cité hanséatique grande et très prospère est alors le principal centre culturel et musical de l’Allemagne du Nord ; l’activité artistique y est  intense et attire depuis longtemps nombre de musiciens, instrumentistes et compositeurs ; c’est ici qu’a été fondé dès 1678 le premier théâtre d’opéra allemand, l’Oper am Gänsemarkt. L’opéra allemand, alors à ses débuts, est sous l’influence dominante de l’opéra italien, particulièrement vénitien, les textes des livrets combinant de façon improbable textes italiens et allemands sur une musique de caractère cosmopolite.

À l’époque où Haendel arrive, l’opéra est dominé par Reinhard Keiser, à la direction du Gänsemarktoper depuis 1697. Haendel peut y trouver un poste de second violon puis de claveciniste, peut-être par l’entremise de Johann Mattheson, rencontré dès le 9 juillet à l’orgue de l’église Sainte Marie-Madeleine. Ce dernier a quatre ans de plus qu’Haendel, mais il est déjà un musicien célèbre, ayant été engagé à l’opéra de Hambourg comme chanteur à l’âge de quinze an4. Ils se lient d’amitié et Mattheson, introduit dans tous les milieux qui comptent à Hambourg — il devient même en novembre, précepteur chez l’ambassadeur d’Angleterre — y fait connaître son nouvel ami, Haendel. C’est en tout cas ce qu’il affirmera plus tard dans ses écrits.

Les deux musiciens se portent une admiration mutuelle, et échangent connaissances, idées, conseils : Haendel est très fort à l’orgue, en fugue et contrepoint, en improvisation ; quant à Mattheson, il a plus d’expérience de la séduction mélodique et des effets dramatiques. Le 17 août, ils partent ensemble pour Lübeck afin d’y entendre et rencontrer Dietrich Buxtehude, le plus fameux organiste du temps, peut-être dans l’espoir d’y recueillir sa succession à la prestigieuse tribune de la Marienkirche ; mais la condition comme de tradition – qui a été satisfaite en son temps par Buxtehude lui-même – d’épouser la fille de l’organiste titulaire, ce qui ne tente aucun des deux jeunes gens (semblable aventure se reproduira dans deux ans pour Jean-Sébastien Bach venu ici dans la même intention).

Les deux amis retournent à Hambourg où Haendel se familiarise jour après jour avec le monde de l’opéra. Grâce à Mattheson, il trouve à donner des leçons de clavecin. Nombre de pièces pour cet instrument remonteraient à cette période hambourgeoise, comme de très nombreuses sonates et les concertos pour hautbois. On lui a attribuera longtemps une Johannis Passion (Passion selon Saint Jean) représentée le 17 février 1704, qui aurait été sa première œuvre importante. En fait, selon Winton Dean, elle serait due à Mattheson ou à Georg Böhm.

En décembre 1704, un incident l’oppose à Mattheson, qui aurait pu lui coûter la vie : lors d’une représentation de l’opéra Cleopatra de Mattheson dans lequel ce dernier tient lui-même le rôle d’Antoine, Haendel refuse de lui céder la place au clavecin après la mort, sur scène, du héros : l’affaire se termine par un duel au cours duquel l’épée de Mattheson le manque de très peu. Les deux hommes se réconcilient peu de temps après. De fait, les relations ne sont plus aussi bonnes qu’auparavant, car Haendel supporte de moins en moins l’air important, le ton protecteur de son ami. De même avec Keiser, les relations sont devenues tendues.

Il aborde l’opéra pour la première fois avec Almira (titre complet : Der in Krohnen erlangte Glücks-Wechsel oder Almira, Königin von Castilien) sur un livret de Friedrich Christian Feustking, dont la première a lieu le 8 janvier 1705. C’est une œuvre hybride à l’exemple de ce qui se fait à Hambourg : ouverture à la française, récitatifs en allemand, arias en allemand ou en italien, machinerie, danses, présence d’un personnage bouffon42 ; la musique de Haendel, qui a peut-être été aidé par Mattheson35 et bien qu’elle « manque encore de maturité » lui assure un succès considérable (plus de vingt représentations) et la jalousie de Keiser. Le succès ne se renouvelle pas pour le deuxième opéra, Nero, présenté le 25 février 1705 et honoré de deux ou trois représentations seulement (la musique en est perdue). Keiser réplique à Haendel par la composition de deux opéras sur les mêmes intrigues : Almira et Octavia.

Les relations conflictuelles avec Keiser, la situation difficile de l’opéra, due à sa direction désordonnée et l’échec de Nero jouent probablement un rôle important dans la décision que prend Haendel de partir pour l’Italie, sur les conseils de Gian Gastone de’ Medici, futur grand-duc de Toscane rencontré à Hambourg (à moins qu’il ne s’agisse de son frère aîné Ferdinando). Il a auparavant composé un dernier opéra, Florindo, dont la musique est presque entièrement perdue, et qui est représenté en 1708 après son départ, d’ailleurs scindé en deux (Florindo et Daphne) pour cause d’une longueur excessive.

Les conditions et le trajet du voyage qui le mène en Italie ne sont pas connues (Mattheson indique qu’il aurait accompagné un certain von Binitz). Quant au séjour italien lui-même, qui doit durer trois ans et qui est décisif dans l’évolution de son style et de sa carrière, les informations dont on dispose sont imprécises et lacunaires ; elles prêtent à de nombreuses interprétations ou suppositions contradictoires.

Il est probable – c’est ce qu’affirme Mainwaring – que sa première étape soit Florence où il arrive à l’automne 1706. Une certaine déception est peut-être au rendez-vous, car le prince régnant, Cosme III, est de caractère austère et ne s’intéresse ni à l’art en général, ni à la musique en particulier ; quant au soutien obtenu du prince héritier Ferdinand, il reste mesuré. Haendel y fait cependant des rencontres intéressantes, comme celle d’Alessandro Scarlatti, alors présent au service de Ferdinand, et, peut-être, de Giacomo Antonio Perti : il entend probablement des opéras de ces deux compositeurs représentés au théâtre privé de Pratolino, comme Il gran Tamerlano de Scarlatti, ou Dionisio re di Portogallo de Perti. À Florence il fait aussi très certainement connaissance d’Antonio Salvi, médecin et poète à la cour grand-ducale, dont il utilisera plus tard plusieurs livrets d’opéras. Datant de 1707, Rodrigo est le premier opéra de Haendel écrit pour la scène italienne, représenté probablement en novembre 1707 au Teatro Cocomero à la suite d’une commande de Ferdinand de Médicis, qui récompense Haendel en lui donnant 100 sequins et un service de porcelaine.

Ce dernier y aurait aussi gagné les faveurs de la prima donna Vittoria  Tarquini — l’une des seules liaisons féminines de Haendel rapportées par la tradition. Il fera, semble-t-il, chaque année qui suit, d’autres séjours assez prolongés à Florence.

Bien que luthérien, Haendel ne tarde pas à avoir ses entrées auprès de  personnalités influentes de la cité papale, notamment le marquis Francesco Ruspoli et au moins trois cardinaux : Benedetto Pamphili, Carlo Colonna et Pietro Ottoboni, fastueux mécène. Au palais de ce dernier, comme dans le milieu prestigieux des lettrés de l’Académie d’Arcadie dont font partie certains de ses protecteurs, il fréquente de nombreux artistes et musiciens, parmi lesquels Arcangelo Corelli, Antonio Caldara, Alessandro Scarlatti et son fils Domenico, Bernardo Pasquini, probablement Agostino Steffani ; son talent est apprécié et lui ouvre toutes les portes.

C’est au palais d’Ottoboni, à une date indéterminée, qu’il participe à une joute musicale l’opposant à Domenico Scarlatti, claveciniste éblouissant, qui a le même âge que lui. Si les deux musiciens sont jugés, peut-être, égaux au clavecin, Scarlatti lui-même reconnaît la supériorité de Haendel à l’orgue. Mais les deux jeunes gens resteront liés par une amitié et une considération mutuelle indéfectibles. Dès avant mai 1707, il compose son premier oratorio, sur un livret du cardinal Pamphili : Il trionfo del Tempo e del Disinganno. Il est accueilli et engagé, de façon intermittente et assez informelle, par le marquis Ruspoli, qui le loge, pour composer des cantates séculières interprétées dans ses résidences de campagne de Cerveteri et de Vignanello. Il y fait la connaissance de chanteurs et musiciens qu’il retrouvera plus tard à Londres, notamment la soprano Margherita Durastanti.

Le séjour romain est extrêmement fécond. Haendel compose de la musique religieuse : les psaumes Dixit Dominus (avril 1707), son premier grand chef-d’œuvre, Laudate Pueri Dominum, et Nisi Dominus (juillet 1707). On lui suggère d’ailleurs de passer au catholicisme, invitation qu’il décline avec politesse et fermeté. Pour Ruspoli, il compose un grand oratorio dramatique, également considéré comme un de ses premiers chefs-d’œuvre, La Resurrezione, sur un livret de Carlo Sigismondo Capece. L’œuvre représentée les 8 et 9 avril 1708 dans un théâtre spécialement aménagé dans le palais du commanditaire est interprétée sous la direction de Corelli avec la participation de la Durastanti ; le succès est exceptionnel. Pour ses protecteurs ou les séances de l’Académie d’Arcadie, il compose un nombre considérable de cantates profanes (150 au dire de Mainwaring, et il en subsiste près de 120) ainsi que des sonates et autres musiques. Pas d’opéra, cependant : ce genre est en effet prohibé à Rome depuis des années, par décision du pape Innocent XII.

Les bruits de guerre qui se rapprochent de Rome sont peut-être la cause d’un séjour prolongé à Naples à partir de mai ou juin 1708. L’aristocratie locale le reçoit avec empressement et lui prodigue une fastueuse hospitalité. Il compose notamment, pour un mariage ducal, la serenata à caractère festif Aci, Galatea e Polifemo ; il est aussi introduit auprès du vice-roi de Naples, le cardinal Vincenzo Grimani, prélat, lettré et diplomate issu d’une grande famille vénitienne propriétaire dans la Cité des Doges du Teatro San Giovanni Grisostomo : ce dernier va composer pour lui le livret d’un opéra qu’il pourra donc représenter à Venise. À Naples se noue aussi, peut-être, une idylle avec une énigmatique « Donna Laura ».

Peut-être est-il venu plusieurs fois à Venise : ce serait là qu’il aurait fait la connaissance de Domenico Scarlatti ainsi que de plusieurs musiciens de renom animant la vie musicale exceptionnelle de la cité, notamment Antonio Lotti, Francesco Gasparini, Tomaso Albinoni, peut-être Antonio Vivaldi et de plusieurs personnages influents tels le prince Ernest-Auguste de Hanovre et le baron von Kielmansegg qui joueront un rôle important dans sa carrière.

En tous les cas, c’est le 26 décembre 1709 qu’il assiste à la première de son opéra Agrippina sur le livret que lui a écrit le cardinal Grimani et dans le Teatro San Giovanni Grisostomo que celui-ci met à disposition. L’œuvre, représentée dans une distribution éclatante, recueille un succès immédiat et phénoménal au cours de 27 soirées – chiffre considérable à cette époque.

De retour en Angleterre, il vit pendant un an chez un certain Mr Andrews, mélomane fortuné, à Barn Elms (Barnes) dans le Surrey, avant d’être hébergé, de 1713 à 1716 chez le comte de Burlington à Picadilly. Richard Burlington est un riche mécène chez lequel il rencontre de nombreux lettrés et artistes parmi lesquels Pope, Gay, Arbuthnot. Il fait aussi à cette époque la connaissance d’une amie et admiratrice indéfectible, Mary Granville, devenue plus tard Mrs Delany puis Mrs Pendarves, qui, par sa  correspondance, est un témoin appréciable de l’activité musicale de Haendel. Chez Burlington, sa vie est tranquille et régulière : il compose le matin, déjeune avec l’entourage de son hôte et l’après-midi, joue pour la compagnie ou fréquente des concerts.

Dès le 22 novembre 1712, son opéra Il pastor fido est représenté au Queen’s Theatre ; mais l’œuvre, qui semble avoir été composée à la « va-vite » avec de nombreux réemplois d’œuvres antérieures, est un échec. C’est ensuite Teseo, représenté le 10 janvier 1713, qui a plus de succès, avec 12 reprises dans la saison, mais sans égaler celui de Rinaldo ; son livret est une adaptation par Nicola Francesco Haym de celui de Philippe Quinault pour le Thésée de Lully créé en 1675 : Teseo restera le seul opéra de Haendel comportant cinq actes selon la tradition de la tragédie lyrique française. Il sera suivi de Silla, représenté (en privé) une seule fois, le 2 juin 1713, probablement à Burlington House.

Pour le 6 février 1713, Haendel prévoit de donner à la Cour l’Ode for the Birthday of Queen Anne pour l’anniversaire de la reine, représentation qui n’a finalement pas lieu. En revanche le 7 juillet suivant, l’Utrecht Te Deum and Jubilate saluant la paix d’Utrecht est interprété à la cathédrale Saint Paul : Haendel s’assure une position officieuse de compositeur de la Cour et reçoit une pension annuelle de 200 livres sterling, rendant sa position délicate vis-à-vis de l’Électeur de Hanovre au service duquel il semble de moins en moins envisager de revenir.

Cette « désertion » aurait pu lui porter préjudice : la reine Anne décède le Ier août 1714 et son successeur désigné n’est autre que son cousin l’Électeur de Hanovre, arrière-petit-fils de Jacques Ier. Différentes versions existent, du retour en grâce de Haendel auprès du nouveau roi d’Angleterre arrivé à Saint James le 20 septembre. L’une d’elles (rapportée par Mainwaring) veut que Haendel compose une suite pour orchestre, sur la suggestion du baron Kielmansegg, afin d’accompagner une promenade de George Ier sur la Tamise. Une autre (selon Hawkins), que Geminiani exige d’être accompagné au clavecin par Haendel pour l’interprétation, à la Cour, de plusieurs de ses sonates. Enfin Winton Dean estime qu’il est « peu probable que le roi lui ait jamais retiré ses faveurs ». De fait, George Ier double la pension que lui a attribuée la reine Anne et celle-ci sera encore augmentée quand Haendel prendra en charge l’instruction musicale des princesses royales, filles du Prince de Galles.

Renouant avec la tradition française de Teseo et avec la veine « magique » qui a si bien réussi à Rinaldo, il compose en 1715 Amadigi sur un livret, adapté par Nicola Francesco Haym, de Antoine Houdar de La Motte : Amadis de Grèce et en réutilisant un matériel musical important repris de Silla. Malgré un succès honorable, et pour diverses raisons, Haendel délaissera l’opéra pendant près de cinq ans.

En 1716, il accompagne le souverain qui se rend à Hanovre. Il s’arrête à Halle, y visite sa mère et porte assistance à la veuve de Zachow (son ancien maître), puis à Ansbach où il retrouve un ancien condisciple, Johann  Christoph Schmidt, qu’il convainc de le suivre et qui deviendra son secrétaire en Angleterre, sous le nom anglicisé de John Christopher Smith. Le fils de ce dernier, portant le même prénom les rejoint également quelque temps après. Il n’est pas oublié dans son pays natal, où ses opéras sont et continueront d’être montés, éventuellement adaptés, à Hambourg, Wolfenbüttel, Brunswick…

Il compose peut-être pendant ce séjour en Allemagne la « Passion selon Brockes » sur un texte en allemand, déjà mise en musique par Keiser (1712) et Telemann (1716) et qui le sera aussi par Mattheson en 1718 et Bach en 1723. L’œuvre ne sera donnée à Hambourg qu’en 1719 après son retour en Angleterre.

C’est après ce retour, le 17 juillet 1717, qu’a lieu la célèbre et presque légendaire navigation nocturne sur la Tamise, entre Whitehall et Chelsea, du roi accompagné de ses courtisans, au son de la Water Music composée à cet effet. Le roi apprécie l’œuvre au point qu’elle est interprétée trois fois de suite ; elle reste aujourd’hui l’une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires.

Au cours de l’été, il s’attache au comte de Carnavon, futur duc de Chandos, richissime aristocrate et mécène fastueux, en tant que compositeur résident composant pour ses chanteurs et son orchestre privé, logeant probablement dans sa somptueuse résidence de Cannons. Il y compose les Chandos Anthems, le masque Acis and Galatea, une première version de l’oratorio Esther, un Te Deum, des concertos grossos… Il y noue aussi des amitiés durables parmi les lettrés et intellectuels qui fréquentent la résidence. Il apprend pendant cette période heureuse la mort à Halle de sa sœur Dorothea Sophia (juillet 1718) et se serait rendu en Allemagne, si un projet majeur ne le retenait à Londres : la création d’une Royal Academy of Music, entreprise spécialisée dans le montage d’opéras au King’s Theatre, financée par souscription, à laquelle il doit collaborer.

Dès son retour à Londres, Haendel se remet au travail ; ayant repris contact avec Heidegger, il commence à composer l’opéra Faramondo, travail bientôt interrompu : le 20 novembre, la reine Caroline meurt. Elle a connu Haendel enfant à Berlin et a été pour lui un soutien fidèle ; ce décès le touche profondément ; il compose un Funeral Anthem en son hommage, dont l’interprétation le 17 décembre 1737 lors des funérailles à l’abbaye de Westminster avec le concours de plus de cent instrumentistes et quatre-vingts chanteurs issus de plusieurs formations royales, est unanimement jugée admirable. Il termine Faramondo le 24 décembre et commence la composition de Serse deux jours après.

La première de Faramondo eut lieu le 3 janvier 1738, avec de nouveaux chanteurs, parmi lesquels Élisabeth Duparc dite La Francesina et le fameux (et insupportable) castrat Gaetano Caffarelli qui vient d’arriver d’Italie. Le succès ne se fut pas au rendez-vous, avec seulement huit représentations. Il en fut de même, en février pour le pasticcio Alessandro Severo.

Cependant, Haendel restait très populaire, l’assistance à ses concerts  étaient nombreuse et un admirateur, Jonathan Tyers, fit réaliser une statue en marbre blanc du compositeur, par le sculpteur Roubillac, afin de la dresser dans le parc de Vauxhall Gardens (honneur sans précédent pour un artiste vivant).

Le 15 avril eut lieu au Haymarket Theater la première de Serse, terminé depuis plus d’un mois. L’opéra, d’un genre hybride associant le sérieux et le comique, à l’ancienne manière vénitienne, décontenança le public et n’eut que cinq représentations, bien qu’aujourd’hui considéré comme « le dernier chef d’œuvre italien de Haendel ». Employant une dernière fois Caffarelli qui allait regagner bientôt l’Italie, il terminait la dernière saison complète d’opéra du compositeur. Au mois de juillet, le projet d’une prochaine saison ayant été abandonné, il commençait la composition d’un nouvel oratorio à sujet biblique sur un livret de Charles Jennens, Saul. Il n’est pas encore question de renoncer à l’opéra italien : dès le mois de septembre, Haendel commença l’écriture d’ Imeneo qu’il interrompit bientôt (il devait n’en reprendre l’écriture qu’après de nombreux mois). Mais le mois d’octobre tout entier fut occupé à la composition de l’oratorio Israel in Egypt, œuvre chorale monumentale sans exemple. Concommitamment, pour étayer sa situation financière, coup sur coup furent annoncées par John Walsh la future publication des six concertos pour orgue de l’Opus 4 et des sept sonates en trio de l’Opus 5.

Le 16 janvier 1739 eut lieu au King’s Theatre de Haymarket la première interprétation, en concert, de Saül, dont le succès est rapporté par plusieurs témoignages. Saül fut suivi par une reprise d’Alexander’s feast puis par la présentation d’Israel in Egypt qui, en revanche, ne fut pas appréciée du public : on trouva inconvenant de mettre en musique les termes mêmes de l’Écriture Sainte, dans l’enceinte d’un théâtre qui plus est … par ailleurs, l’excès de chœurs au détriment d’airs solistes a pu décontenancer les auditeurs. Déçu par la réception mitigée de son oratorio en anglais, Haendel fit produire un pasticcio en italien, Jupiter in Argos, aussi vite oublié qu’assemblé. La fin de l’année fut marquée par la composition de deux ouvrages beaucoup plus marquants : d’une part les douze concertos grossos de l’Opus 6, du 29 septembre au 30 octobre, d’autre part l’Ode for St.  Cecilia’s Day composée en neuf jours122 sur un texte de John Dryden dont la première représentation eut lieu le 22 novembre 1739, jour de la fête de Sainte Cécile au Theatre in Lincoln’s Inn Fields de Londres.

Pendant l’hiver 1740, Londres connut un froid intense au point que les théâtres durent fermer pendant quelque temps. Haendel devait pourtant présenter une nouvelle œuvre pour la nouvelle saison. Ce fut L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato, ouvrage hybride d’un genre inédit, tenant de l’oratorio, de l’ode ou de la cantate dont le texte, tiré de deux poèmes de John Milton, L’Allegro et Il Penseroso, auxquels Charles Jennens ajouta, à la demande du compositeur, Il Moderato, le tout arrangé par James Harris, autre ancienne relation fréquentée depuis Cannons. La première interprétation eut lieu le 27 février 1740 au Theater in Lincoln’s Inn Fields, les affiches annonçant ce concert précisaient bien que la salle serait chauffée ; cette première fut suivie de quatre autres.

John Walsh le publia pendant cette année 1740, de même que les concertos grossos de l’opus 6 et un recueil de concertos pour orgue dit Second set comprenant les concertos en fa majeur (HWV 295 – The Cuckoo and the Nightingale) et en la majeur (HWV 296) ainsi que des transcriptions pour clavier de quatre concertos de l’opus 6.

Il reprend cette année-là la composition d’Imeneo, travail interrompu deux ans auparavant ; l’opéra fut créé le 22 novembre au Theatre in Lincoln’s Inn Fields de Londres mais ne fut donné que deux fois. Ce fut l’avant dernier essai de Haendel dans le domaine de l’opéra italien avant Deidamia terminé le 20 novembre 1740, créé le 10 janvier 1741, qui ne connut que trois représentations et qui marque l’abandon définitif de la scène lyrique par Haendel qui se consacra dès lors entièrement, sauf rare exception, à celui de l’oratorio en anglais.

Dorénavant, il consacra sa production lyrique à l’oratorio et écrivit coup sur coup Le Messie (en anglais Messiah, un de ses plus grands chefs-d’oeuvre), en août-septembre, et Samson en octobre, puis il se rendit, sur l’invitation du lord lieutenant d’Irlande, à Dublin où il séjourna pendant plusieurs mois, jusqu’en août 1742 et où ses œuvres eurent de très grands succès.

De retour à Londres, il subit une seconde attaque de paralysie dont il se remit à nouveau. Il continua à composer de nombreux chefs-d’œuvre, dans le domaine de l’oratorio comme dans celui de la musique instrumentale. La Musique pour les feux d’artifice royaux (Music for the Royal Fireworks) est l’une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires. Composée en 1749 pour célébrer le traité de paix mettant fin à la guerre de Succession d’Autriche, cette musique fastueuse est emblématique de l’art de Haendel. Elle se situe dans la tradition de l’école versaillaise de Jean-Baptiste Lully, Delalande, Mouret, Philidor et en constitue comme le couronnement par son caractère grandiose et solennel particulièrement adapté à l’exécution en plein air. Les dernières œuvres furent, à nouveau, des oratorios comme Jephtha (1751), mais la santé du musicien déclinait malgré les cures thermales. Il subit de nouvelles attaques paralysantes et devint aveugle « malgré l’intervention manquée de deux célèbres praticiens de l’époque, dont John Taylor ». Il continua malgré tout à s’intéresser à la vie musicale, et mourut le 14 avril 1759, jour du Samedi-Saint. Ses obsèques se  déroulèrent devant 3 000 personnes. Il fut enterré à l’abbaye de Westminster, selon son désir.

À la mort de Haendel, sa fortune était évaluée à 20 000 livres sterling, somme considérable pour l’époque (cela correspondrait à environ 5 000 000 livres sterling aujourd’hui). Ne s’étant jamais marié, n’ayant donc pas eu de descendance, c’est sa nièce demeurée en Allemagne qui hérita en grande partie de sa fortune. Néanmoins, il en légua une partie à des amis, ainsi qu’à des œuvres de bienfaisance.

Source : Wikipédia.

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