Frida Kahlo, peintre.

Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderón, simplement appelée Frida Kahlo, est une artiste peintre mexicaine, née le 6 juillet 1907 dans une démarcation territoriale de l’actuelle entité fédérative de Mexico, la délégation de Coyoacán, et morte au même endroit le 13 juillet 1954.

Tout au long de sa vie, elle garde une santé fragile, souffrant de poliomyélite depuis l’âge de six ans puis victime d’un grave accident de bus. Elle devra subir de nombreuses interventions chirurgicales. Après son accident, elle se forme elle-même à la peinture.

En 1922, elle falsifie sa date de naissance en 7 juillet 1910, année du début de la révolution mexicaine, associant sa naissance à celle du Nouveau Mexique. En 1929, elle épouse l’artiste Diego Rivera, mondialement connu pour ses peintures murales.


La mère de Frida Kahlo, Matilde Calderón y González (1876-1932), est née à Mexico. Elle est la troisième fille d’Isabel González y González, issue d’une famille de généraux d’origine espagnole, et du photographe Antonio Calderón, originaire de la ville de Morelia. Illettrée, dévote, peu argentée, elle sombre dans la dépression après avoir perdu son fils à la naissance de Frida.

Son père, Guillermo Kahlo (1871-1941), né Carl Wilhelm Kahlo à Pforzheim, dans le grand-duché de Bade, en Allemagne, n’était pas, comme le voudrait une légende répandue, juif d’origine germano-austro-hongroise, mais un Allemand de confession luthérienne, fils du bijoutier et orfèvre Jakob Kahlo et de Henriette Kaufmann, issu de la bourgeoisie badoise. C’est à son arrivée au Mexique en 1891, à l’âge de 19 ans, qu’il modifia son prénom. Il est d’abord le photographe officiel au temps de Porfirio Diaz. Ruiné par la Révolution, il termine sa carrière comme simple photographe à Mexico.

Frida Kahlo peint en 1936 Mes grands-parents, mes parents et moi où elle raconte l’histoire de ses origines, tel un arbre généalogique. Elle a symbolisé ses grands-parents maternels mexicains par la terre, et ses grands-parents paternels allemands au moyen de l’océan. Elle est la petite fille du jardin de la « Maison bleue » où elle est née et décédée. Au-dessus figurent ses parents dans la pose de leur photo de mariage, puis ses grands-parents paternels et maternels.

C’est la troisième des quatre filles de Matilde et Guillermo Kahlo.

À l’âge de six ans, Frida est victime d’une poliomyélite. La conséquence est que sa jambe droite s’atrophie et son pied ne grandit plus. Elle n’atteindra jamais la taille qu’elle devrait avoir. C’est ce qui lui vaudra le surnom de « Frida la coja » (Frida la boiteuse) par ses camarades de classe. Il a été supposé qu’elle souffrait de spina bifida, une malformation congénitale de la colonne vertébrale, qui pourrait également avoir affecté le  développement de la jambe.

En 1922, alors âgée de 15 ans, elle quitte le cours supérieur du Colegio Alemán à Mexico et intègre la Escuela Nacional Preparatoria, considérée comme le meilleur établissement scolaire du Mexique. Frida Kahlo est l’une des trente-cinq premières filles admises sur un total de 2 000 élèves. Elle s’intéresse beaucoup aux sciences naturelles et souhaite alors devenir médecin. Malgré l’intérêt qu’elle porte aux beaux-arts, qu’elle doit à son père, excellent photographe et accessoirement peintre d’aquarelles, elle n’envisage pas de se lancer dans une carrière artistique.

Le 17 septembre 1925, Frida prend le bus pour rentrer chez elle après ses cours. Soudain, l’autobus sort de la route et percute un tramway. Plusieurs personnes trouvent la mort lors de l’accident. Frida, elle, est grièvement blessée. Son abdomen et sa cavité pelvienne sont transpercés par une barre de métal : ce traumatisme est responsable d’un syndrome d’Asherman, et sera la cause des fausses couches de Frida Kahlo. Il explique également le thème de nombre de ses œuvres. Sa jambe droite subit un grand nombre de fractures, onze au total. Son pied droit est également cassé. Le bassin, les côtes et la colonne vertébrale sont eux aussi brisés. L’épaule n’est que démise. Elle reste alitée pendant trois mois, dont un mois à l’hôpital. Mais environ un an après l’accident, elle doit retourner à l’hôpital, car on remarque qu’une de ses vertèbres lombaires est fracturée. Frida sera contrainte de porter durant neuf longs mois des corsets en plâtre. C’est alors qu’elle commence à peindre. Elle déclare alors : « Je ne suis pas morte et j’ai une raison de vivre. Cette raison, c’est la peinture ». Pour l’aider, sa mère lui offre une boîte de couleurs, lui fait fabriquer un chevalet spécial et fait installer un baldaquin au-dessus de son lit avec un miroir pour ciel. Elle peut ainsi se servir de son reflet comme modèle, ce qui est probablement l’élément déclencheur de la longue série d’autoportraits qu’elle réalisera. En effet sur 143 tableaux, 55 relèvent de ce genre. L’artiste doit subir de nombreuses interventions chirurgicales qui l’obligent à rester couchée sur un lit d’hôpital.

En 1928, son amie la photographe Tina Modotti l’incite à s’inscrire au Parti communiste mexicain. Elle s’intéresse particulièrement à l’émancipation des femmes dans la société mexicaine, encore très patriarcale. Elle décide dès son jeune âge qu’elle ne veut pas suivre le même parcours que la plupart des femmes mexicaines. Elle a un désir de voyages, d’études. Elle veut la liberté et le plaisir.

En novembre 1930, ils emménagent à San Francisco car Rivera a été chargé de réaliser des peintures murales pour le San Francisco Stock Exchange et pour la California School of Fine Art, l’actuel San Francisco Art Institute. Frida y fait la connaissance d’artistes, de commanditaires et de mécènes, dont Albert Bender. Celui-ci est parvenu à obtenir une autorisation d’entrée aux États-Unis pour Diego Rivera. En remerciement, Frida réalise en 1931 le portrait double Frida Kahlo y Diego Rivera inspiré de leur photo de mariage.

Day of the Dead, sculpture de Miguel Linares en papier mâché représentant Frida Kahlo et Diego Rivera. Collection du Musée des enfants d’Indianapolis.
En 1930, elle subit sa première fausse couche. Après l’accident, on lui avait pourtant dit qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfant à cause de son bassin, fracturé à trois endroits, qui empêcherait une position normale pour l’enfant et un accouchement sans problème. Lors de leur séjour à Détroit, elle est de nouveau enceinte. Au début de cette deuxième grossesse, Frida voit un médecin au Henry Ford Hospital qui lui conseille de garder l’enfant au lieu d’interrompre sa grossesse. Elle pourrait accoucher par césarienne. Malgré les prévisions du docteur, elle fait une autre fausse couche le 4 juillet 1932. Elle reflète ses sentiments, son impression de solitude et d’abandon après la perte de l’enfant dans le tableau Henry Ford Hospital ou Le Lit volant, dans lequel elle peint un fœtus masculin surdimensionné en position embryonnaire, l’enfant perdu lors de la fausse couche, le « petit Diego » qu’elle avait tant espéré porter jusqu’à terme.

Après ce pénible épisode, Frida Kahlo peint des tableaux qui traduisent sa lassitude et son dégoût des États-Unis et des Américains alors que son mari, lui, reste fasciné par ce pays et ne veut pas le quitter. Elle exprime son point de vue sur le pays des « gringos » dans Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les États-Unis et dans Ma robe est suspendue là-bas. Malgré son admiration pour le progrès industriel des États-Unis, la nationaliste mexicaine se sent mal à l’aise de l’autre côté du Río Bravo. Entre-temps, la mère de Frida meurt le 15 septembre 1932.

Dans les années 1930, après l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, Frida écrit son nom « Frieda », de Frieden, la paix en allemand.

En décembre 1933, Diego Rivera consent à rentrer au Mexique. Ils s’installent dans une maison à San Ángel, construite par un ami architecte et peintre, Juan O’Gorman. Des difficultés de santé obligent Frida à retourner à l’hôpital où elle doit subir un nouveau curetage.

En 1935, elle ne réalise que deux tableaux dont Quelques petites piqûres, qui évoque un meurtre par jalousie perpétré sur une femme. Frida Kahlo découvre que son mari a une liaison avec sa sœur, Cristina. Profondément blessée, elle quitte le foyer pour un appartement au centre de Mexico. Pendant cette période, elle a plusieurs relations extraconjugales,  notamment avec des femmes. Au milieu de 1935, elle part avec deux amies pour New York. Elle ne revient au Mexique qu’après la fin de la liaison entre sa sœur et son mari, à la fin de l’année.

En 1939, Frida se rend à Paris à la grande exposition sur le Mexique  organisée par le gouvernement Lázaro Cárdenas à la galerie Renou et Pierre Colle. Elle loge chez André Breton et rencontre les peintres Yves Tanguy, Picasso et Vassili Kandinsky.

Elle n’aime pas Paris, qu’elle trouve sale, et la nourriture ne lui convient pas ; elle attrape une colibacillose. L’exposition lui déplaît : son avis est qu’elle « est envahie par cette bande de fils de putes lunatiques que sont les  surréalistes », elle trouve superflue « toute cette saloperie » exposée autour du Mexique. Par-dessus le marché, l’associé de Pierre Colle refuse d’exposer toutes les œuvres de Frida dans sa galerie, il n’en retient que 6 sur 27, choqué par la crudité des tableaux. Elle n’apprécie guère plus le regard qu’A. Breton (« prétentieux ») porte sur son art, qu’elle perçoit comme teinté de mépris et d’incompréhension. Elle s’en console auprès de Jacqueline, avec qui elle a une liaison.

En 1942, l’artiste commence son journal où elle commente son enfance, sa jeunesse et sa vie. La même année, elle est élue membre du Seminario de Cultura Mexicana, organisation créée par le ministre des Affaires culturelles et composée de vingt-cinq artistes et intellectuels. Elle a pour mission d’encourager la diffusion de la culture mexicaine en organisant des expositions, des conférences et la publication d’ouvrages.

En 1943, Frida dirige une classe de peinture à l’académie des Beaux-Arts. Mais sa mauvaise santé l’oblige à enseigner chez elle. Des douleurs permanentes dans le pied droit et dans le dos l’empêchent de marcher correctement. Elle doit porter un corset de fer (que l’on retrouve dans La Colonne brisée). En juin 1946, elle subit une opération de la colonne vertébrale qui lui laisse deux immenses cicatrices dans le bas du dos.

À la fin des années 1940, l’état de santé de Frida Kahlo s’aggrave et, en 1950, elle doit entrer à l’hôpital ABC de Mexico. Elle y reste neuf mois. Sa nouvelle opération de la colonne vertébrale se complique d’une inflammation qui impose une troisième opération. Ce n’est qu’au bout de la sixième intervention (sur un total de sept) qu’elle peut se remettre à peindre, tout en restant couchée. Au printemps 1953, la photographe Lola Álvarez Bravo organise la première exposition monographique de Frida Kahlo au Mexique. Son médecin lui interdisant de se lever, c’est sur son lit d’hôpital qu’elle est transportée jusqu’à la galerie pour participer au vernissage.

En 1954, elle peint l’un de ses derniers tableaux : Autorretrato con Stalin (Autoportrait avec Staline).

En août 1953, on l’ampute de la jambe droite jusqu’au genou à cause d’une gangrène. Cette opération apaise ses souffrances, mais la plonge dans une profonde dépression :

« On m’a amputé la jambe il y a six mois qui me paraissent une torture séculaire et quelques fois, j’ai presque perdu la tête. J’ai toujours envie de me suicider. Seul Diego m’en empêche, car je m’imagine que je pourrais lui manquer. Il me l’a dit, et je le crois. Mais jamais de toute ma vie je n’ai souffert davantage. J’attendrai encore un peu… »
— Journal, février 1954

Affaiblie par une grave pneumonie, Frida Kahlo meurt dans la nuit du 13 juillet 1954, sept jours après son quarante-septième anniversaire, officiellement d’une embolie pulmonaire. Cependant, selon Hayden Herrera, les derniers mots de son journal (« J’espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir — Frida »26) et son dernier dessin suggèrent qu’elle se serait suicidée ; il affirme d’ailleurs que certains de ses amis ont cru que sa mort était due à une overdose de médicaments, qui n’était peut-être pas accidentelle. Toutefois, au cœur même de son dernier tableau, peint juste avant de mourir, elle a écrit : « Viva la Vida » (« Vive la Vie »).

Elle est incinérée le 14 juillet, comme elle le désirait : elle avait expliqué qu’elle ne souhaitait pas être enterrée couchée, ayant trop souffert dans cette position au cours de ses nombreux séjours à l’hôpital. Ses cendres reposent dans la Casa azul à Coyoacán, sur son lit, dans une urne qui a la forme de son visage.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube?

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.