Frédéric François Chopin, compositeur.

Chopin, Frédéric François, né à Żelazowa Wola (Varsovie) 22 février ou 1er mars 1810, mort à Paris 17 octobre 1849.

Sa famille paternelle est originaire du dauphiné et de Lorraine. Ses grands-parents, François Chopin et son épouse Marguerite Deflin sont établis à Marainville sur Madon dans le département des Vosges. À cette époque, le roi Leszcynski, beau-père de Louis XV a la souveraineté des duchés de Lorraine et de Barrois. François Chopin, vigneron et charron, est syndic du village. À ce titre, il est en relations avec le comte lituanien Michael Pac, propriétaire du château Marainville et avec son régisseur Adam Weydlich. Il peut donner à son fils Nicolas, né le 15 avril 1771, une éducation soignée.

En 1787 le château est vendu, Adam Weydlich propose à Nicolas Chopin qui a 16 ans, de l’accompagner en Pologne. Il y est pendant deux ans comptable à la manufacture des tabacs de Varsovie. À la fermeture de l’entreprise il est peut-être précepteur chez Jan Dekert, le directeur. Il est pendant trois anx précepteur dans les environs de Kalisz et revient à Varsovie en avril 1794, au moment de l’insurrection menée par Kościsko. Il participe à l’insurrection dans la Garde Nationale. Le 10 octobre Kościsko est arrêté, la révolte est matée.

Il est précepteur des enfants de Maciej Łączyński, staroste de Kiermozia, à 70 kilomètres de Varsovie, puis à partir de 1802, il est régisseur et précepteur des quatre enfants de la comtesse Ludwika Skarbek, à Żelazowa Wola, proche de Varsovie. Il y rencontre Justyna Kryżanowska. Ils se marient le 2 juin 1806.

Frédéric Chopin reçoit ses premières leçons de piano de sa mère. En 1816 on confie sa formation pianistique à Wojciech Żywny avec lequel il étudie les

En 1817, son père fait graver sa première œeuvre, Polonoise pour le pianoforte dédiée à Son Excellence Mademoiselle le Comtesse Victoire Skarbek, faite par Frédéric Chopin.

Il joue pour la première fois en public le 24 février 1818, pour un concert de bienfaisance, organisé par la princesse Zofia Zamoyska.

Il entre au Lycée de Varsovie. Il passe les étés à la campagne, chez des amis de la famille ou dans des résidences de l’aristocratie, comme chez les Radziwiłł. Il y prend de l’intérêt pour les fêtes et le musiques populaires.

L’éditeur Brzezina édite le Rondo en ut mineur en juin 1825, qui est la seconde œuvre de Chopin à être publiée. Il ne passe pas les épreuves de la « Maturitas » qui couronnent les études au lycée.

À la rentrée de 1826, il ne reprend pas les cours du lycée et entre à l’École supérieure de musique (Szkoła Główna muzyki) dirigée par Józef Elsner. Parallèlement il s’inscrit à l’université de Varsovie et suit les conférences de littérature de K.Brodziński, et Ludwik Osinski. Il se lie d’amitié avec des représentants de l’école romantique (et patriotique) polonaise — Maurycy Mochnacki (1803-1834), Dominik Magnuszewski (1810-1845), Bohdan Zaleski (1802-1886), Stefan Witwicki (1801-1847). On le presse, de prendre une part musicale au mouvement patriotique, Elsner, son professeur en tête, le pousse à composer des opéras polonais. Il prendra quelques cours d’italien peut être en ce sens.

Frédéric Chopin, carte maximum, Paris, 1956.

Le 10 avril 1827 sa sœur Émilia meurt de la tuberculose pulmonaire. Peu après, il se lie d’amitié avec Hummel, alors en tournée de concerts à Varsovie.

En septembre 1828 il fait un court séjour à Berlin avec un ami de son père, Feliks Jarocki, zoologue qui doit y assister à un congrès. Chopin se rend à de nombreux concerts, visite des fabriques de pianos, l’éditeur de musique Schlessinger. Il est en présence de Spontini, de Zelter et de Mendelssohn, mais ne prend pas contact avec eux. De retour à Varsovie il s’engoue pour le théâtre amateur qu’il pratiquera de longues années.

Chopin fréquente la jeunesse frondeuse opposée à l’occupation russe. Il compose ses premières mélodies, essentiellement sue les poèmes de Witwicki. Il s’éprend de la cantatrice Konstancja Gladowska (1810-1889) qui, selon sa correspondance avec son ami Tytus Woyciechowski lui inspire quelques compositions.

En 1829, en prévision de voyages dans les capitales européennes, il prend quelques cours d’anglais. Une bourse destinée à couvrir les frais lui est refusée par les autorités. Le 20 juillet de la même année, il obtient son diplôme de composition.

Il part presque aussitôt en périple avec un groupe de jeunes. Après Cracovie, il est à Vienne, où grâce à un jeu de relations, il donne un premier concert au Théâtre Impérial de la Porte de Carinthie, le 11 août. C’est un succès, les organisateurs décident de produire un second concert le 18 août. C’est un triomphe. Il est ensuite à Prague, puis à Dresde

Il donne ses premiers récitals publics à Varsovie, au Théâtre National, les 17 et 22 mars 1830. La même année il fait la connaissance, à Varsovie, d’Henriette Sontag, cantatrice adulée.

Chopin, entier postal de Pologne.

Après un concert d’adieu, il quitte Varsovie le 2 novembre 1830, passe la frontière polonaise le 5 novembre, en compagnie de son ami Tytus Woyciechowski. Après un court séjour à Wrocław, où il donne un concert impromptu accueilli avec réserve, il est de nouveau à Dresde, fréquente les salons mondains de la communauté polonaise, puis après une étape à Prague, il arrive le 23 novembre à Vienne. Ses premières démarches ne trouvent pas un écho favorable, et l’insurrection qui éclate à Varsovie le 29 novembre, indispose une partie des Viennois à l’égard des Polonais. Tytus retourne en Pologne pour lutter dans les rangs des patriotes. Chopin décide de rester seul à Vienne.

Il retrouve avec plaisir Hummel, dont le fils fait son portrait. Il fait la connaisance de Sigismond Thalberg. Chopin admire sa virtuosité pianistique, mais ne semble pas apprécier le personnage. Il se lie avec le pianiste Joseph Slavik (1806-1833).

Le 11 juin 1831, il a l’occasion de se produire en public, comme trois ans auparavant, au Théâtre de la Porte de Carinthie. Le 20 juillet il se met en route en direction de Munich. Il y séjoune un mois et se lie avec le milieu musical. Il donne un concert le 28 août sous la direction de Joseph-Hermann Stuntz (1793-1850).

Au début de septembre 1831, il est à Stuttgart, au moment où l’insurrection polonaise est écrasée par les troupes russes. Après un moment de panique, il reçoit des nouvelles rassurantes de sa famille et de ses amis. Il décide de gagner Paris, ville dont il rêve depuis des années.

Il loge 27 boulevard Poissonnière. Paris semble répondre à ce qu’il en attend. De plus, le Paris populaire manifeste sa solidarité à la Pologne, alors que le gouvernement français a refusé son aide militiare. Grâce à quelques lettres de recommandation d’Elsner, il prend contact avec le monde musical Parisien et obtient une autorisation de séjour auprès des autorités.

Il travaille le piano avec Kalkbrenner, contre l’avis d’Elsner et de ses nouveaux amis rencontrés à Paris : Hiller, Liszt, Mendelssohn. Il rencontre, également le fabricant de pianos Camille Pleyel, avec lequel Kalkbrenner est associé depuis 1824. C’est chez Pleyel, après plusieurs ajournements, que Chopin se produit pour la première fois en public à Paris. C’est un succès.

Il signe un contrat pour cinq œuvres avec orchestre, avec l’éditeur Aristide Farrenc (le mari de la pianiste et compositrice Louise Farrenc), mais Chopin tarde à livrer les œuvres, l’affaire tourne court. C’est avec Schlessinger qu’il publie d’abord ses œuvres pour piano. Les Mazurkas opus 7, le Trio opus 8, et les Nocturnes opus 9, paraissent en 1832  en Allemagne et à Paris en juillet 1833.

Il a des élèves de la bonne société, et peut occuper un appartement plus confortable au numéro 4 de la Cité Bergère dès 1832, année où il fait la connaissance de Berlioz et celle d’Auguste Franchomme. Il se fait une réputation en jouant dans les salons mondains et devient un personnage à la mode. L’apport financier consécutif à de nouvelles pubications de ses œuvres lui permettent de reprendre, en colocation avec son ami Jan Matuszynski, l’appartement de la Chaussée d’Antin, libéré par le docteur Franck Hermann, chez lequel se réunissait des musiciens et des écrivains, dont Heinrich Heine.

En été 1833 il fait un court séjour à Bruxelles en compagnie du harpiste François-Joseph Dizi (1780-1840). Il n’y donne pas de concert, mais il se produit en privé sur un piano Pleyel que Kalkbrenner lui a fait parvenir. Puis, avec Franchomme, il séjourne une dizaine de jours chez des amis du violoncelliste, à Azay-sur-Cher en Tourraine.

Le 15 décembre 1833, au Conservatoire de Paris, il interprète le Concerto en ré pour trois claviers de Bach en compagnie de Liszt et de Hiller. En 1834, en compagnie de Liszt et de Hiller, il fait la connaissance d’Alfred de Vigny chez les Berlioz, à Montmarte.

Au printemps 1834 il est à Aix-la-Chapelle, en compagnie d’Hiller, pour assister au Festival du Rhin, où ils rencontrent Mendelssohn qui se joint à eux, et les invite à Düsselforf. La même année, il a la possibilité de régulariser son statut de nationalité. N’ayant pas participé à l’insurrection, il a la possibilité d’obtenir un passeport russe, mais n’entame pas la démarche.

En août 1835 il rejoint pour trois semaines ses parents en cure à à Carlbad, y retrouve son ami le compositeur Joseph Dessauer. Puis ils se rendent au château du comte de Thun-Hohenstein à Děčín, où Chopin est invité. Le 14 septembre ses parents reprennent le chemin de Varsovie. Le 19, il quitte Děčín en compagnie de Frédéric de Thun. À Dresde il rencontre la famille du comte Wodziński dont les enfants ont été pensionnaires, et compagnons de jeu, chez les Chopins. Il tombe amoureux de Maria Wodzińska qui a seize ans. Les sentiments sont partagés. Il quitte Dresde le 26 septembre en offrant à Maria la Valse en la bémol majeur, op 69, n°1.

A Leipzig, il rencontre Mendelssohn qui vient d’être nommé à la tête du « Gewenhaus », le plus prestigieux orchestre d’Allemagne. Ils font ensemble de la musique. Chez les Wieck ( la famille de Clara Schumann ) il rencontre Robert Schumann. Clara Wieck interprète deux de ses études, il joue un nocturne. Il reprend le chemin de Paris. Reçu par la baronne Diller à Heidelberg, il tombe malade et reste alité. Il est de retour à Paris à la mi-octobre 1835.

Chopin, entier postal de Pologne.

Au début de l’année 1836, il fait la connaissance et se lie d’amitié avec Astolphe de Custine qui défraie la chronique, tout comme sa proche amie, la cantatrice Delfina Potocka ( Delfiny Potockiej, 1805-1877 ), à laquelle il dedie son second Concerto ( opus 21 ) publié à Leipzig en avril 1836.

En été 1836, il rejoint la famille Wodzińska à Marienbad. On parle mariage. Chopin accompagne Madame Wodzińska et ses filles à Dresde. Contrairement à ce qui était prévu, les parents de Chopin ne viennent pas à Dresde, et Madame Wodzińska met en avant la mauvaise santé de ChopinDinu Lipatti interprète
la Valse no14 en mi mineur , pour retarder la réalisation du projet de mariage, qui est considéré comme acquis.

Sur le chemin du retour, il séjourne à Leipzig et passe la journée du 10 septembre avec Schumann.

On ne sait pas avec exactitude, quand il fait la connaissance de George Sand. Le 5 décembre 1836, elle participe à une soirée chez Chopin, avec Liszt et Marie D’Agoult, Custine, Pixis, Schoelcher, Nourrit, Berryer, Jóseph Brzowski.

Chopin mène un grand train de vie mondaine, a de nombreuses heures d’enseignement, reçoit, fréquente les bons restaurants, amuse la galerie. Au point que chez ses éditeurs et amis allemands, comme Schumann, on pense que la vie parisienne lui fait perdre son temps.

En hiver 1837, sa mauvaise santé est aggravée par la grippe, on remarque sa toux persistante. Il ne modifie pas pour autant son mode de vie.

Dans une lettre du mois de juin 1837, Maria Wodzińska fait comprendre à Chopin qu’il n’y aura pas de mariage. Il semble que le père y soit opposé. Peut-être est-ce par crainte de la séparation, ou de la vie dissipée qu’on pense être celle de Paris, peut être pour des raisons politiques. Avoir Chopin comme gendre, peut entraver les efforts pour entretenir des relations avec les autorités russes en Pologne. Les Wodzinski désirent rentrer en Pologne, et retrouver leurs biens. Chopin ne semble pas être affecté par cette rupture, bien que Custine redouble alors d’attentions pour lui.

Du 10 au 28 juillet 1837 il séjourne à Londres. La ville ne lui plaît pas outre mesure, il ne prend pas contact avec les milieux musicaux, il semble qu’il ait, avec Pleyel qui l’accompagne, plutôt l’envie d’y faire la fête dans les meilleurs endroits, que d’y développer sa carrière.

En 1838 Heinrich Heine écrit un article élogieux qui scelle les images dont se nourrira jusqu’à nos jours le romantisme : il affirme que l’artiste est un être dévoué à son art, que sa technique y est asservie ( en écho au duel de virtuositétapageur et « superficiel » entre Thalberg et Liszt). Il souligne la chevaleresque et la souffrance polonaises, l’élégance française et la profonde rêverie allemande.

Le16 février 1838, il joue aux Tuileries devant la famille royale et reçoit en cadeau un service en porcelaine précieuse à l’éffigie de la famille royale. Le 3 Mars, dans les salons de Pape, il prend part à l’exécution à huit mains, de l’Andante et du Finale de la 7e symphonie de Beethoven, avec comme partenaires son élève Gutmann, Zimmermann, et Alkan, auteur de la transcription.

Neuf jours plus tard, il est à Rouen à la demande de son ancien condisciple à l’École de musique de Varsovie, Antoni Orlowski, qui dirige la Société Philharmonique de Rouen. Orlowski est aussi le compagnon de boisson de Flaubert, et professeur de musique de sa sœur Caroline.

Le 17 avril 1838, George Sand s’installe à Paris à l’occasion de son procès en divorce. Elle loge chez le Consul Emmanuel Marliani et son épouse Charlotte, qui tient un salon à la mode rue de la Grange Batelière. Chopin et George Sand s’y rencontrent souvent. Leur liaison amoureuse débute certainement au début de l’été 1838.

Le scandale de leur liaison, le scandale d’être simplement George Sand, la mauvaise santé de Chopin, les poussent à aller passer l’hiver dans le Sud. Il quitte Paris le 27 octobre 1838,retrouve George Sand quatre jours plus tard à Perpignan. Le 2 novembre ils sont à Barcelone, le 7 à Palma, le 15 ils emménagent à Establiments, où il est malade. Le 15 décembre, ils s’installent à la chartreuse de Valdemosa, à Majorque.

En octobre 1847, il revient seul à Paris. George Sand désire passer l’hiver à Nohant. En Juillet, au milieu d’imbroglios familiaux et d’agitation sociale, la rupture entre George Sand et Chopin est définitive. Elle est scellée par une lettre de George Sand du 28 juillet. Seul à Paris, il se rapproche de la diaspora polonaise et de l’entourage de Jane Stirling, une de ses élèves.

Le 16 février 1848 il donne un concert à guichets fermés dans les salons Pleyel, qui est encore un triomphe. Peu après, le 24 février, éclate la Révolution de 1848. Chopin, reservé, prend des distances avec les socialistes, tandis que George Sand s’engage et engage sa plume en faveur du mouvement républicain. Ils se rencontrent une dernière fois, se croisant par hasard à la porte des Marliani.

Le 2 avril 1848, la « Revue et Gazette Musicale » annonce qu’il part à Londres pour la saison. Jane Stirling, fille de banquier fortuné et sa sœur, élèves de Chopin, s’occupent du séjour britanique qui débute à Londres le 20 avril 1848. Il est spacieusement logé. Les maisons de pianos Pleyel, Erard et Broadwood lui ont chacune envoyé un piano. Ils sont installés dans le salon.

En janvier 1849, il a la force de reprendre ses leçons et la vie mondaine. Il marche péniblement, il faut le porter dans les escaliers. Au cours du mois de mai, il déménage au 74 rue de Chaillot, à l’époque, la campagne. En juillet, son état s’aggrave. Il demande à sa sœur de le rejoindre. Les Stirling le soutiennent financièrement. Sa sœur Ludwika arrive à Paris le 9 août. Delfina Potocka propose de l’héberger dans sa villa de Nice. Les médecins s’opposent au voyage. En septembre il ne peut plus donner de leçons. Tytus Woyciechowski en compagnie duquel il était sorti de Pologne, est bloqué en Belgique, faute de passeport, et ne peut le rejoindre. Le 29 septembre, on le transporte dans un bel appartement ensoleillé place Vendôme.

Il s’oppose à toute publication posthume des musiques inachevées, demande à ce qu’on les brûle après sa mort. Il lègue le début d’une méthode de piano à Alkan et à Reger pour qu’ils en tirent utilité.

Source : Misicologie.