François Tombalbaye, homme d’état.

François Tombalbaye, dit Ngarta Tombalbaye, né le 15 juin 1918 à Bessada (près de Koumra) et assassiné lors d’un coup d’État le 13 avril 1975 à N’Djaména, est un homme d’État tchadien.


D’ethnie sara et originaire du Moyen-Chari1, instituteur de formation et de confession chrétienne protestante, François Tombalbaye est membre du Parti progressiste tchadien (PPT), section locale du RDA. Proche de la gauche française de la IVe République, il est élu conseiller territorial du Moyen-Chari en 1952 puis vice-président du Grand Conseil de l’AEF en 1957 (sous le statut de la loi-cadre Defferre de 1956).

Dès cette époque, il s’oppose au député antillais Gabriel Lisette. Les années qui précèdent l’indépendance sont celles où Tombalbaye consolide ses positions au sein du PPT. Il remplace ainsi son rival à la présidence du Conseil des ministres en mars 1959 puis en juin, investi par l’Assemblée nationale, dirige un Gouvernement d’union.

L’indépendance ayant été proclamée le 11 août 1960, il réussit à démettre Lisette de tous ses mandats en lui interdisant par télégramme de revenir au Tchad lors d’un voyage à l’étranger. De fait, il parvient à mettre en minorité son adversaire en s’appuyant sur les partis musulmans du Nord du Tchad qui avaient préféré Tombalbaye à Gabriel Lisette considéré comme un étranger. Il est le premier chef de l’État tchadien.

Élu président de la République en 1962, le PPT proclamé parti unique, il commence peu à peu à cumuler les fonctions : chef de gouvernement, puis après 1966, dirige lui-même plusieurs ministères.

En 1968, l’insurrection armée des régions de l’Est et du Nord, islamistes (donc opposées aux sudistes chrétiens), oblige la France à envoyer des troupes contre le Frolinat. La dérive autoritaire de Tombalbaye, déjà notable, s’accentue après cette date.

Réélu en juin 1969, il accapare tous les pouvoirs régaliens de l’État. Déjouant une tentative de coup d’État en 1971 (orchestrée par la Libye), il se lance, comme Mobutu au Zaïre, dans une violente campagne d’« authenticité » africaine (changement des prénoms empruntés de l’Occident aux prénoms d’origine africaine et tchadienne, lui-même passant de François à Ngarta, Fort-Lamy et Fort-Archambault deviennent respectivement N’Djaména et Sarh, exaltation du yondo, l’initiation culturelle systématique des jeunes garçons saras, etc.).

En 1972, il rompt avec la France et avec Israël ; il renoue les relations avec le Soudan et avec la Libye, pour qu’ils cessent alors d’aider le Frolinat ; dans le même temps, il se tourne vers les États-Unis dans le cadre de la recherche pétrolière au Tchad. En décembre 1972, il accepte l’occupation de la bande d’Aozou par la Libye en échange de l’arrêt du soutien au Frolinat. Six mois plus tard, les troupes libyennes investissent la région et ses principales villes, et créent une base aérienne près de l’oasis d’Aouzou.

Tout le long du début des années 1970. Tombalbaye critique les performances médiocres de l’Armée nationale tchadienne dans la guerre civile, cela irrite le corps des officiers et dissipe leurs loyautés. Il pratique de fréquentes purges et remaniements. En mars 1975, Tombalbaye ordonne l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs, comme suspects dans une tentative de putsch.

Le 13 avril 1975, plusieurs unités de la gendarmerie de N’Djamena, agissant sous la direction initiale de jeunes officiers, fomentent un coup d’État, l’un des motifs de celui-ci est la reculade devant la Libye. François Tombalbaye est assassiné dans des circonstances obscures. Le 15, l’ancien commandant de l’Armée nationale tchadienne, Félix Malloum, qui avait été arrêté en mars, est nommé Président par un conseil militaire. Malloum dénonce aussitôt le traité signé par son prédécesseur avec la Libye et reprend le soutien aux rebelles libyens opérant depuis le Tchad. Dans un film documentaire de Mériem Lay, intitulé Madame Claude, sexe, mensonges et secrets d’État, Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, déclare que Madame Claude et ses call-girls renseignaient les services de renseignements français (SDECE – Service de documentation extérieur et contre-espionnage). Or, selon Éric Denécé, ce sont des confidences sur l’oreiller, faites par le président tchadien François Tombalbaye à l’une des call-girls de Madame Claude, par lesquels il lui faisait part de son intention de se détourner de la France et de changer d’alliance, qui aurait entraîné le coup d’État de 1975 et sa chute.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.