François Duvalier, homme d’état.

François Duvalier, surnommé « Papa Doc », né à Port-au-Prince le 14 avril 1907 et mort dans la même ville le 21 avril 1971, est un médecin et homme politique haïtien devenu président de la République d’Haïti de 1957 à 1964, et président à vie de 1964 à sa mort en 1971. Son règne fut marqué par la corruption et l’utilisation de milices privées, les tontons macoutes. Autoritaire, il multiplie les actes d’arrestation et de condamnation à mort. Allié par intérêt aux États-Unis, il utilise le culte de la personnalité pour être vu comme un dieu vivant par la population. Avant sa mort, il met en place une loi de succession pour que sa famille se maintienne au pouvoir. Son fils, Jean-Claude Duvalier, lui succède à son décès.


Fils du Pr Duval Duvalier, juge de paix, professeur et journaliste, d’une famille originaire de Martinique, et de Uritia (ou Ulyssia) Abraham, il suit sa scolarité au lycée Pétion où il obtient son diplôme de fin d’études  secondaires en 1928. Il s’inscrit ensuite à l’École de médecine de Port-au-Prince, puis commence à pratiquer dans les régions rurales. Il s’attire alors la faveur des populations pour son aide à la lutte contre le typhus, le pian et d’autres maladies de l’extrême pauvreté. Il y gagnera aussi son surnom de « Papa Doc ». En 1939, il épouse à Pétion-Ville Simone Ovide, une infirmière que l’on appellera plus tard Maman Simone, avec laquelle il aura trois filles, Marie-Denise, Nicole et Simone, ainsi qu’un fils, Jean-Claude.

Duvalier fréquente à cette époque l’ethnologue Lorimer Denis, spécialiste du culte vaudou et militant de la cause noire. Il partage ses idées, qu’il développe dans les articles qu’il écrit pour des revues nationalistes comme Les Griots. Il y défend notamment l’idée que la lutte des classes, en Haïti, s’illustre par l’opposition entre les Noirs et les Mulâtres, et que les premiers sont appelés à diriger le pays au détriment des seconds.

Duvalier s’appuie sur les relations de Lorimer Denis pour rencontrer Daniel Fignolé avec lequel il participe à la fondation du Mouvement des Ouvriers Paysans en 1946 dont il devient secrétaire général. Sa popularité dans les campagnes et son introduction dans les milieux politiques incitent le  président Dumarsais Estimé à le nommer en 1946 directeur de la Santé Publique. En 1949, il devient ministre de la Santé Publique et du Travail. Après s’être opposé au coup d’État de Paul Magloire, qui renverse Estimé en 1950, il est poussé à l’exil et s’engage dans l’opposition.

Profitant de la chute de Magloire et de l’amnistie décrétée en 1956, il se porte candidat à la présidence de la République dans un climat d’agitation sociale et d’instabilité politique : entre décembre 1956 et juin 1957, cinq gouvernements provisoires se sont succédé, le parlement a été dissous et des factions de l’armée continuent à s’affronter.

Duvalier fait campagne avec un programme populiste qui vise à flatter la majorité afro-haïtienne en s’appuyant sur un discours noiriste prétendant favoriser les masses populaires « noires » au détriment de l’élite « mulâtre ». Les élections sont organisées le 22 septembre 1957 par le général Antonio Kébreau, président du Conseil Militaire du Gouvernement. Duvalier est élu avec 69,1 % des voix, son principal adversaire Louis Déjoie ne recueillant que 28,3 %.

Dix mois après son accession au pouvoir, en juillet 1958, François Duvalier doit affronter une tentative de coup d’État. Il réagit en instaurant l’état de siège et en exigeant du Parlement l’autorisation de gouverner par décrets (31 juillet 1958). Il écarte de l’armée les officiers qui ne lui sont pas fidèles, interdit les partis d’opposition et mène une politique de répression. Avec l’aide du chef de la police Clément Barbot et de la CIA, il organise la milice des Volontaires de la Sécurité Nationale, plus connue sous le nom de ses membres, les Tontons macoutes. Ce groupe paramilitaire de 5 000 à 10 000 membres, inspiré des chemises noires de l’Italie fasciste, ne touche aucun salaire.

En 1959, alors qu’il est soigné à l’hôpital pour une crise cardiaque, un commando tente de débarquer sur l’île. Le chef de la police secrète, Barbot, fait alors appel à la marine américaine pour empêcher l’opération. Sitôt rétabli, Duvalier fait emprisonner Barbot, qu’il soupçonne de vouloir prendre le pouvoir, et l’accuse de complot contre l’État. Barbot sera  finalement assassiné par les Tontons macoutes en 1963 avec ses deux frères et d’autres compagnons.

En quelques années, Duvalier devra faire face à une dizaine d’attentats, de tentatives de renversement et d’invasions. Il en tire parti à chaque fois pour renforcer son image de défenseur de la patrie, éliminer ses adversaires et durcir son pouvoir personnel. Il asservit l’armée, entretient la corruption, supprime les libertés civiles et institutionnalise la terreur : massacres, exécutions sommaires, pillages et viols deviennent le quotidien du pays.

S’appuyant sur le climat de guerre froide et sur le cas de la révolution cubaine, il exploite la peur du communisme pour justifier la répression et obtenir le soutien des États-Unis. Le 25 juin 1960, il prononce à Jacmel un discours qui met en relation l’orientation politique de son régime et l’aide américaine.

En avril 1961, deux ans avant la fin de son mandat, il réécrit la Constitution et organise une élection présidentielle à candidat unique. Il obtient 1,32 million de voix, et aucun vote contre. Réélu pour un autre mandat de six ans, il prononce la dissolution du Parlement. En réaction à l’opposition de l’église catholique romaine, il expulse plusieurs prêtres, l’archevêque de Port-au-Prince, Mgr Poirier, et deux évêques, ce qui lui vaut son excommunication en 1961. Trois ans plus tard, il expulse les jésuites.

À la suite de ce qui s’apparente à une tentative d’enlèvement de ses deux enfants, il commandite le massacre du 26 avril 1963 où plusieurs maisons ont été incendiées avec leurs occupants et des dizaines de personnes assassinées par balles ou encore enlevées pour ne plus jamais être revues. Lors de ce massacre, de nombreux haut-gradés des forces armées d’Haïti, soupçonnés d’être opposés à son pouvoir, sont entre autres ciblés.

Pour échapper à toute incertitude électorale, Duvalier se proclame président à vie en juin 1964, après un nouveau référendum qui l’approuve à 99,99 %. Libre de toute opposition, ses adversaires ayant été éliminés ou exilés à l’étranger, il modifie les couleurs du drapeau haïtien, qui devient noir et rouge au lieu de bleu et rouge, impose l’affichage de son portrait dans les rues, les bâtiments publics et les établissements scolaires. L’exil des cadres politiques, administratifs et techniques, le détournement des ressources de l’économie haïtienne mènent le pays à la faillite, le PIB chutant de 40 % entre 1960 et 1970.

En 1966, Duvalier reprend contact avec le Vatican et obtient le pouvoir de nommer la hiérarchie catholique haïtienne. Perpétuant un nationalisme noir, il réussit ainsi à renforcer son emprise sur l’île par le contrôle des institutions religieuses.

Parallèlement, il ranime les traditions du vaudou, les utilisant pour consolider son pouvoir : il prétendait être lui-même un hougan et a délibérément modelé son image sur celle du Baron Samedi pour se rendre encore plus imposant. Il portait souvent des lunettes de soleil et parlait avec un fort ton nasal associé au Lwa. À la mort de John Fitzgerald Kennedy, il déclara que l’assassinat était la conséquence d’un sort qu’il lui avait jeté.

En 1970, atteint par la maladie, il désigne son fils de 19 ans, Jean-Claude Duvalier comme héritier de sa dictature. Cette modification  constitutionnelle est validée par le référendum de 1971.

Il meurt quelques mois plus tard, le 21 avril 1971, après 13 ans et demi de pouvoir absolu. Son fils, qui sera surnommé « Baby doc », lui succède dès le lendemain.

Le 8 février 1986, quand tombe le régime des Duvalier, la foule s’en prend au mausolée de « Papa Doc », qui sera détruit à coups de pierres et à mains nues ; le cercueil est sorti, la foule danse dessus puis le met en morceaux ; elle s’empare du corps du dictateur pour le battre rituellement, joue avec ses lunettes, et chante « les tontons macoutes, ils mangent du caca ! ». Pendant cette journée, on dénombre une centaine de victimes, essentiellement des tontons macoutes.

Source : Wikipédia.

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