Francis Drake, corsaire, explorateur et homme politique.

Sir Francis Drake, né vers 1540 à Tavistock (Devon), Angleterre, et mort le 27 janvier 1596 à Portobelo (Panama), est un corsaire, explorateur et homme politique anglais du XVIe siècle. Drake effectue la deuxième circumnavigation de la Terre entre 1577 et 1580, après celle de Magellan-Elcano entre 1519 et 1522.

La reine Élisabeth Ire d’Angleterre le fait chevalier en 1581. Il est commandant en second de la flotte anglaise qui affronte l’Invincible Armada espagnole en 1588. Il meurt de la dysenterie en janvier 1596 après l’attaque avortée de San Juan à Puerto Rico.

De son vivant, ses exploits sont légendaires aux yeux des Anglais alors qu’il n’était considéré que comme un pirate par les Espagnols, qui l’avaient surnommé « El Draque » ou « El Dragón ». Le désastre militaire de son expédition punitive appelée Contre Armada par les Espagnols, bien supérieur en pertes au désastre de l’Invincible Armada, et l’échec de ses dernières expéditions viennent néanmoins nuancer la légende.


Âgé de vingt-trois ans, Drake effectue son premier voyage aux Amériques, naviguant en compagnie de son cousin issu de germain, Sir John Hawkins, sur l’un des bâtiments de la flotte possédée par la famille de ce dernier, les Hawkins établis à Plymouth. Cette flotte se rend d’Angleterre en Afrique pour y acheter des esclaves et les revendre dans les colonies du Nouveau Monde. En 1568, Drake navigue à nouveau en compagnie de la flotte des Hawkins lorsque cette dernière est enfermée par les Espagnols dans le port de San Juan de Ulúa. Drake et Hawkins parviennent à s’échapper de justesse.

À la suite de cette défaite, Drake jure de prendre sa revanche. Il effectue deux autres voyages dans les Antilles, en 1570 et 1571, dont on sait peu de choses.

En 1572, il embarque pour sa première entreprise indépendante. Il envisage une attaque sur l’isthme de Panama, connu chez les Espagnols sous le nom de Tierra Firme et par les Anglais sous celui de Spanish Main. C’est à cet endroit que l’or et l’argent pillés au Pérou étaient acheminés pour y être envoyés en métropole à bord de galions composant la flotte des Indes. Drake quitte Plymouth le 24 mai 1572, avec un équipage de 73 hommes répartis sur deux petits bâtiments, le Pascha (de 70 tonneaux) et le Swan (de 25 tonneaux), pour capturer la ville de Nombre de Dios et de Venta-de-Cruz situées sur la côte orientale de l’isthme de Panama.

Francis Drake, carte maximum, Saint-Thomas, 1982.

Grâce à l’aide d’esclaves marrons du Panama, il lance un premier raid à la fin du mois de juillet 1572. Drake capture la ville et ses trésors. Lorsque ses hommes s’aperçoivent que Drake saignait abondamment d’une blessure qu’il avait reçue, ces derniers préfèrent battre en retraite et abandonner leur trésor pour sauver la vie de leur capitaine. Drake se rétablit et reste pendant près d’un an dans la région, attaquant plusieurs bâtiments espagnols et cherchant à prendre un galion.

En 1573, il se joint à Guillaume Le Testu, un explorateur et cartographe français, pour attaquer un convoi de mules richement chargé. Drake et son allié réalisent, une fois le convoi pris, que celui-ci contient vingt tonnes d’argent et d’or. Ils en enterrent une partie, ce poids de métal étant trop important pour qu’ils puissent tout rapporter jusqu’à leurs bâtiments (un récit de cet événement pourrait avoir donné naissance à des récits de pirates et de trésors enfouis). Blessé, Le Testu est capturé par les Espagnols et par la suite décapité. Le petit groupe d’aventuriers rapporte autant d’or et d’argent que possible à travers les 30 kilomètres de jungle montagneuse qui les séparait de la mer. Lorsqu’ils atteignent la côte, ils n’aperçoivent plus leurs bateaux. Drake et ses hommes, abattus, fatigués et affamés, n’avaient nulle part où aller et se savaient recherchés par les Espagnols.

Drake rassemble ses hommes, leur ordonne d’enterrer le trésor à proximité de la plage et de construire un radeau afin qu’il puisse parcourir, en compagnie de deux volontaires, les quinze kilomètres de côtes balayées par les vagues et rallier l’endroit où il avait laissé son vaisseau amiral. Lorsque Drake finit par atteindre ce dernier et qu’il monte sur le pont, les hommes qui étaient restés à bord sont frappés par sa mine défaite. Ne voyant pas le reste des hommes restés sur la plage et craignant le pire, ils lui demandent comment s’était déroulé le raid. Drake, ne pouvant résister à la tentation de leur faire peur, feint dans un premier temps l’abattement, avant de se mettre à rire et de sortir de sous son habit un collier en or espagnol et de s’exclamer « Notre voyage est réussi, les gars ! ». Le 9 août 1573, ils atteignent à nouveau Plymouth. La reine Élisabeth est alors en pleine négociation avec le roi d’Espagne Philippe II qui offre une récompense de 20 000 ducats soit environ 4 millions de £ pour sa capture mort ou vif. Philippe fait pression sur la reine pour qu’elle lui livre son protégé, aussi ce dernier disparaît entre 1573 et 1575, année où il réapparaît en Irlande au service de Walter Devereux, comte d’Essex. En 1575, la reine qui pressent une guerre ouverte avec les Espagnols le rappelle à Londres.

Grâce à ses succès rencontrés dans son raid contre les possessions espagnoles dans l’isthme de Panama, la reine Élisabeth Ire fournit à Drake des lettres de marque et lui demande de monter une expédition contre les établissements espagnols situés sur la côte Pacifique de l’Amérique du Sud.

Drake commence sa circumnavigation en longeant les côtes européennes puis la côte occidentale de l’Afrique. La flotte traverse ensuite l’océan Atlantique pour atteindre la partie australe de l’Argentine et remonte les côtes américaines jusqu’à San Francisco pour ensuite traverser le Pacifique jusqu’en Indonésie. Il termine son tour du monde en passant sous l’Afrique pour remonter jusqu’en Europe. Il s’agit de la deuxième circumnavigation de l’histoire après la flotte de Magellan, Drake étant le premier capitaine à terminer le tour du monde16.

L’expédition est composée de cinq navires — le Pelican, l’Elizabeth, le Christopher, le Swan et le Benedict — emportant 164 hommes. Francis Drake embarque, lui, à bord du Pelican. La flotte embarque de Plymouth le 15 novembre 1577 mais est prise dans une tempête. Celle-ci est contrainte de trouver refuge à Falmouth, avant de rentrer à Plymouth pour être réparé.

À peine partis, ils arraisonnent un navire espagnol. Le 30 janvier 1578, au large des îles Cap-Vert, les Anglais capturent deux navires portugais dont le plus gros, le Santa Maria, est rebaptisé par Drake le Mary et est ajouté à l’expédition, ainsi que le pilote de ce navire Nuno da Silva, un homme possédant une grande expérience des eaux sud-américaines.

Lors de la traversée de l’Atlantique, la flotte est prise dans une violente tempête. Le Christopher et le Swan sont sabordés ; les deux navires n’ayant plus assez d’hommes pour les manœuvrer. Le 18 juin 1578, la flotte arrive dans la morne baie de San Julián, en Patagonie. Ferdinand Magellan y avait fait exécuter des mutins, plus d’un demi-siècle auparavant. Drake et ses hommes aperçoivent les sinistres gibets espagnols d’où pendent encore des squelettes blanchis par les éléments. Suivant l’exemple de Magellan, Drake fait juger Thomas Doughty et le condamne à mort pour mutinerie. Le Mary, jugé en trop mauvais état, est brûlé. Pendant cette escale, le Pelican est rebaptisé Golden Hind. Drake prend la décision de passer l’hiver (mai–août 1578) dans la baie de San Julián avant de tenter le passage du détroit de Magellan. Le 20 août 1578, les trois navires rescapés, abordent le détroit de Magellan, dont la traversée durera 16 jours. Au sud de la Terre de Feu, le passage de Drake, ouvert en 1616, lui rend hommage.

À la sortie du détroit de Magellan, les navires sont pris dans une nouvelle tempête interminable dans l’océan Pacifique. Le Benedict est perdu et coule et le Golden Hind (navire commandé par Drake) est séparé de l’Elizabeth, poussé par un vent violent, et est déporté en direction du Sud, ce qui lui permet d’infirmer la présence d’un continent austral à ces latitudes. Il fait la découverte d’îles que Drake baptise île Elizabeth, en hommage à sa souveraine. Drake, comme d’autres navigateurs avant lui, atteint probablement 55° de latitude sud (d’après les données astronomiques citées par Richard Hakluyt dans sa The Principall Navigations, Voiages and Discoveries of the English Nation de 1589) le long des côtes chiliennes.

Contrairement aux légendes populaires, il est improbable que Drake ait atteint le cap Horn ou le passage qui porte son nom, les descriptions des environs qu’il rapportera à son retour en Angleterre ne correspondant pas à ces lieux et ses hommes affirmant ne pas avoir vu de mer ouverte dans ces parages. Le premier rapport mentionnant sa découverte d’un bras de mer situé au sud de la Terre de Feu n’apparaît qu’après la publication en 1618 du récit du voyage de Willem Schouten et de Jacob Le Maire autour du cap Horn en 1616.

À la recherche de l’Elizabeth, le Pelican, désormais renommé Golden Hind en hommage à Sir Christopher Hatton (et d’après son blasonnement), remonte la côte ouest de l’Amérique du Sud (l’Elizabeth est en fait retourné en Angleterre repassant par le détroit de Magellan). Plusieurs navires espagnols sont capturés et Drake utilise les cartes qu’il trouve à bord, bien plus précises que celles dont il disposait. Le 25 novembre 1578, Drake fait escale à l’île Mocha, où l’équipage peut réparer les dégâts. Lors de l’exploration de l’île, les marins sont attaqués par des indiens Mapuches et Drake est blessé au visage. Drake capture ensuite un navire rempli de vin chilien.

Le 25 décembre, le navire arrive à Valparaíso, où ils trouvent amarré le navire espagnol, le Grand Captain. Le butin avoisinera les 25 000 pesos d’or péruviens représentant 37 000 ducats (soit l’équivalent de 7 millions de £). Arrivé à Callao le 13 février 1579, Drake met le port à sac, emportant 4 000 ducats d’or, avant d’apprendre la présence du Nuestra Señora de la Concepción que Drake surnomme le « Cagafuego » (littéralement « chie feu ») et de se lancer à la poursuite; il le rattrape dans la nuit de 1er mars et le prend. À bord, ses hommes trouvent 36 kg d’or pur, un crucifix en or, 200 000 livres de joyaux et de pierres précieuses, 13 coffres remplis de réaux d’argent et 26 tonnes d’argent. Le contenu du navire espagnol était estimé à 400 000 pesos. Drake est si content de sa bonne fortune qu’il décide de dîner avec l’équipage du galion capturé. Les prisonniers espagnols sont débarqués peu de temps après. Drake fait remettre, à chacun d’entre eux, un cadeau proportionnel à son rang, ainsi qu’une lettre de sauf-conduit.

Avec toutes ces richesses à son bord, Drake décide de rentrer en Angleterre. Il prend la décision de passer par l’hypothétique passage du Nord-Ouest, contrairement à l’avis de da Silva préconisant de traverser le Pacifique. Le navire serait monté jusqu’au site actuel de l’île de Vancouver ou peut-être même en Alaska21. Finalement, le 26 mai, devant le mauvais temps, particulièrement glacial, il fait demi-tour.

Le 17 juin 1579, Drake accoste quelque part au nord de la possession espagnole la plus septentrionale d’Amérique du Nord, Point Loma, en Alta California. Il trouve un bon port, débarque, répare et réapprovisionne ses navires (son navire), il peut rester sur place assez longtemps grâce à ses relations amicales avec les Amérindiens vivant aux alentours. Drake prend possession de cette terre, au nom de la Sainte Trinité et pour le compte de la couronne d’Angleterre, à laquelle il donne le nom latin de Nouvelle-Albion (car la cote, avec ses falaises blanches, ressemble à la cote sud de l’Angleterre, Albion étant l’ancien nom donné à la Grande-Bretagne à partir du VIIIe siècle. Certains historiens ont affirmé que Drake avait laissé une partie de ses hommes sur place, afin de former l’embryon d’une « colonie », mais ces hypothèses ont depuis été abandonnées.

Le lieu précis du havre où Drake et ses hommes avaient débarqué est gardé secret afin d’éviter que les Espagnols n’essaient de s’y établir et plusieurs des cartes établies par Drake ont ainsi été volontairement faussées. Tous les témoignages directs de ce voyage, y compris les journaux de bord, peintures et cartes, seront perdus dans l’incendie du palais de Whitehall en 1698. Une plaque de bronze inscrite d’un texte proclamant la prise de possession par Drake de ces nouvelles terres – Drake’s Plate of Brass (en) – conformément au récit connu, est découverte dans le comté de Marin, en Californie avant d’être reconnu comme étant un faux. Selon certains, Drakes Bay, en Californie, est le lieu de débarquement de Drake où a été établie la Nouvelle-Albion, et a été officiellement reconnu comme tel en étant classé National Historic Landmark ; mais de nouvelles découvertes prouveraient que ce lieu serait à Nehalem Bay en Oregon.

Le 23 juillet, le navire quitte la colonie et traverse l’océan Pacifique, car la route du retour via le détroit de Magellan est infestée de galions espagnols. Le 30 septembre, ils arrivent aux îles des Voleurs (actuellement nommées les Iles Mariannes, ou Mariana islands), puis le 3 novembre aux Moluques — un groupe d’îles situées au sud-ouest du Pacifique en actuelle Indonésie — où ils peuvent acheter des épices recherchées. Le 18 janvier 1580, le Golden Hind heurte un récif au large des Célèbes. L’équipage attend pendant trois jours une marée favorable et est contraint d’alléger le navire en jetant à la mer des marchandises. Se liant d’amitié avec un sultan local, Drake et ses hommes participent à des intrigues avec les Portugais présents sur place. Le navire peut finalement repartir et il atteint Java le 12 mars. Le 15 juin, il passe le cap de Bonne-Espérance, le 22 juillet il atteint la Sierra Leone.

Le 22 août, le Golden Hind parvient aux îles Canaries , et le 26 septembre 1580, il atteint Plymouth en Angleterre, avec 59 survivants à bord. Le navire est rempli d’épices et des trésors espagnols capturés en Amérique du Sud. La part revenant à la reine, soit la moitié de la valeur de la cargaison du navire, surpasse alors le reste des revenus de la couronne pour l’année 1580. Drake est célébré comme étant le premier Anglais à effectuer une circumnavigation autour du monde (et le deuxième à effectuer un tel voyage et à revenir avec au moins un navire intact, après Juan Sebastián Elcano en 1520, survivant de l’expédition de Magellan).

La reine Élisabeth Ire d’Angleterre ordonne que tous les récits écrits du voyage de Drake lui soient remis et qu’ils deviennent des « secrets du Royaume ». Drake et l’ensemble des participants au voyage doivent jurer de garder le secret sur ce qu’ils ont vu, sous peine de mort. La reine tente ainsi de cacher les exploits de Drake aux yeux de l’Espagne. Drake se présente devant la reine avec des bijoux commémorant sa circumnavigation : de l’or émaillé, pris au large des côtes du Mexique, un diamant africain et un bateau miniature avec une coque en bois d’ébène.

En retour, la reine offre à Drake un bijou représentant son portrait, un présent extraordinaire pour un roturier. Drake l’arborera fièrement sur le portrait qu’il commande en 1591 à Marcus Gheeraerts actuellement exposé au National Maritime Museum de Greenwich. Ce bijou comporte sur l’une des faces un portrait de la reine Élisabeth réalisé par le miniaturiste Nicholas Hilliard, et sur l’autre un camée en sardonyx représentant un double portrait : une reine et un homme africain. Le « Drake Jewel », nom sous lequel le bijou est aujourd’hui connu, est l’un des rares bijoux subsistants du XVIe siècle ; il est conservé au Victoria and Albert Museum, à Londres.

Drake poursuit sa carrière maritime au delà de l’âge de cinquante ans. En 1595, il ne peut s’emparer du port de Las Palmas et, après une campagne désastreuse menée contre les possessions espagnoles en Amérique du Sud, au cours de laquelle il essuie plusieurs revers, il attaque sans succès San Juan de Puerto Rico, et est de nouveau défait.

Les artilleurs espagnols du fort San Felipe del Morro tirent un boulet à travers la cabine du vaisseau amiral de Francis Drake, mais celui-ci est épargné ; cependant, quelques semaines plus tard, en janvier 1596, il meurt de dysenterie à l’âge d’environ 55 ans, alors que ses vaisseaux étaient à l’ancre au large de Portobelo au Panama, où des galions espagnols remplis de trésors avaient trouvé refuge. À la suite de son décès, la flotte anglaise se retire.

Avant de mourir, il demande à être revêtu de son armure. Son corps est immergé dans un cercueil de plomb, à proximité de Portobelo. Des plongeurs continuent, aujourd’hui encore, à chercher son cercueil.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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