Fidel Castro, révolutionnaire et homme d’état.

Fidel Castro, né le 13 août 1926 à Birán (dans la province de Holguín) et mort le 25 novembre 2016 à La Havane, est un révolutionnaire et homme d’État cubain. Il dirige la République de Cuba, pendant 49 ans, comme Premier ministre de 1959 à 1976 et ensuite comme président du Conseil d’État et président du Conseil des ministres de 1976 à 2008. C’est son frère Raúl Castro qui lui succède.

Il est un des principaux dirigeants de la Révolution cubaine qui renversa le régime dictatorial de Fulgencio Batista. Fidel Castro, Raúl Castro, et Ernesto Guevara (dit « le Che ») donnent à la révolution,  officiellement nationaliste au départ, une orientation marxiste-léniniste au début des années 1960, au moment de son affrontement avec les administrations américaines de l’époque. Le pays se rapproche alors de l’URSS. À la suite de la révolution, le régime cubain instaure  progressivement une république socialiste à parti unique.

Fidel Castro est également député de Santiago à partir de 1976 et premier secrétaire du Parti communiste de Cuba à partir de sa refondation en 1965.

Considéré assez différemment à travers le monde, il est perçu par certains mouvements socialistes et communistes comme une icône alors que d’autres le voient comme un homme ayant instauré un régime autoritaire. Il est aujourd’hui généralement considéré comme un dictateur.


Né à Birán, près de Mayarí, dans la province de Holguín (anciennement appelée province d’Orient), le 13 août 1926, Fidel Alejandro Castro Ruz est issu de la bourgeoisie cubaine. Son père est un ancien soldat de la guerre d’indépendance cubaine 1895, sympathisant franquiste et riche planteur sucrier. De nombreux biographes pensent qu’il est né le 13 août 1927, considérant que son père avait modifié son certificat de naissance afin qu’il puisse entrer en seconde au collège Dolorès des jésuites à Santiago. Fidel Castro, « contrairement à une légende complaisante, a un vif souci de son image », et entretiendra cette tromperie en affirmant qu’à l’école des Frères des écoles chrétiennes chez les Frères maristes, il a « sauté » sa huitième en raison de bonnes notes.

Il passe ses toutes premières années dans la ferme d’une famille aisée mais fort compliquée. Il est le fils d’Ángel Castro Argiz, immigrant espagnol (galicien) analphabète qui est ensuite devenu un riche propriétaire terrien, et de sa cuisinière d’origine espagnole née à Cuba, Lina Ruz González, alors que Don Ángel est encore marié avec son épouse délaissée, père de cinq enfants, et que le divorce n’est pas autorisé par la loi (Ángel, devenu citoyen cubain en 1941, épouse Lina en 1943 lorsque la Constitution légalise le divorce). Sept enfants naissent hors mariage, Fidel est le 3e et Raúl le 4e (des rumeurs font de Raúl un demi-frère de Fidel, la mère de Fidel l’ayant eu d’un sergent, Felipe Miraval métissé chinois et mulâtre, qu’Ángel Castro Ruz a reconnu néanmoins, après la prononciation du divorce avec sa première femme). Fidel, enfant illégitime, est placé à l’âge de 5 ans à Santiago de Cuba, et ne sera baptisé, de père inconnu, qu’en janvier 1935. Il ne sera reconnu officiellement par son père, et ne prendra le nom de Castro, qu’en décembre 1943.

Enfant, il est confronté à un univers patriarcal brutal, et est en contact avec les fils des paysans pauvres qui se tuent à la tâche pour son père.

Le 28 février 2012, il perd sa sœur Ángela Castro Ruz, âgée de 88 ans et atteinte de la maladie d’Alzheimer. Son frère aîné Ramón Castro Ruz meurt le 23 février 2016.

Après des études dans des écoles catholiques, le cours préparatoire de l’école des Frères des écoles chrétiennes à Santiago de Cuba chez les Frères maristes de 1934 à 1939, puis chez les jésuites, d’abord à l’école Dolores de 1939 à 1942 puis au prestigieux lycée Belén de La Havane de 1942 à 1945, Fidel Castro entre à l’université de la capitale le 4 septembre 1945 d’où il sort docteur en droit, licencié en droit diplomatique et docteur en sciences sociales en 1950.

C’est à travers le militantisme étudiant qu’il éveille sa conscience politique. Il devient délégué de la FEU (Fédération des étudiants d’université), qui s’oppose au régime corrompu de Ramón Grau San Martín. En mai 1947, il adhère au Parti orthodoxe, un parti nationaliste à tendance socialiste, dirigé par Eduardo Chibás, anti-communiste mais aussi anti-impérialiste c’est-à-dire anti-nord-américain. Il restera six ans dans cette organisation, jusqu’en 1953. En juillet 1947, il participe, soutenu par certains des membres du gouvernement cubain dont José Alemán, avec un millier d’hommes dont Juan Bosch et Carlos Franqui, à la tentative manquée de débarquement en République dominicaine pour renverser le dictateur Trujillo15. En avril 1948 il participe au Bogotazo, émeutes de Bogota, consécutives à l’assassinat du libéral de gauche Jorge Eliécer Gaitan qui était candidat à la présidence de la Colombie, qui firent 3 000 morts.

Castro organise alors une réaction armée en attaquant la caserne de  Moncada le 26 juillet 1953 dans l’objectif de provoquer une insurrection locale et une grève générale, mais l’assaut est un désastre. Quatre-vingts des assaillants sont exécutés sommairement après leurs captures. Fidel Castro lui-même est capturé mais est épargné avec quelques autres survivants grâce au sergent Pedro Sarría, qui désobéit à ses instructions et ne fait pas fusiller ses prisonniers. C’est à cette occasion qu’il rédige sa plaidoirie : « L’histoire m’acquittera », discours passionné défendant son action et explicitant ses thèses politiques. Libéré lors d’une vague d’amnistie en mai 1955, il s’exile avec son frère Raúl au Mexique où il rencontre Ernesto Guevara puis aux États-Unis pour collecter des fonds afin d’organiser le débarquement du Granma : il fonde le Mouvement du 26 juillet. À cette époque, Castro se définit comme un adepte de la philosophie jeffersonienne et adhère à la formule Lincoln de coopération entre le capital et le travail ; ainsi, en mars 1959, peu après son arrivée au pouvoir, il  affirmera au U.S. News and World Report qu’il n’envisage aucune nationalisation.

Le 2 décembre 1956, il rentre clandestinement à Cuba, avec 80 autres exilés et Che Guevara, sur le navire de plaisance Granma. La traversée s’effectue dans des conditions contraignantes puisque le navire n’offrait une capacité que de 25 personnes, et l’un des hommes tombe à la mer, mais ses compagnons réussissent à le sauver. Au moment où Castro et ses hommes débarquent, dans la Province orientale (au sud-est de Cuba), l’armée de Batista les attend. Après quelques jours de combats, seuls 16 des 82 hommes engagés ont survécu. Ils se réfugient dans la Sierra Maestra d’où ils mènent une guérilla contre l’armée de Batista, soutenue par le gouvernement américain qui lui fournit de l’argent et des armes19. Batista commet une erreur stratégique en ne les repoussant pas à la mer : il déclare que « personne ne survit dans la Sierra Maestra », mais Castro et ses hommes le démentent dans les faits. Parmi les survivants se trouvent Che Guevara, Raúl Castro et Camilo Cienfuegos.

Les troupes rebelles obtiennent d’importants appuis chez les paysans pauvres de la sierra Maestra, victimes de l’arbitraire des grands  propriétaires, et le mouvement regroupe bientôt 800 hommes. Le mouvement révolutionnaire est d’ailleurs très populaire aux États-Unis, le New York Times et CBS envoient leurs journalistes, Castro apparaît alors comme un héros de la démocratie. Le gouvernement des États-Unis, gêné par la brutalité du régime de Batista, retire l’aide militaire américaine qu’il lui apportait et commence à voir en Castro une alternative à Batista. Le retrait de cette aide n’entraine toutefois que peu de conséquences, les États-Unis continuant de fournir en armement les dictatures de Somoza au Nicaragua et Trujillo en République dominicaine qui toutes deux soutiennent Batista. Le 24 mai 1958, Batista envoie dix-sept bataillons (plus de 10 000 hommes) contre Castro lors de l’Opération Verano. Bien qu’en infériorité numérique, Castro remporte des victoires, aidé en cela par des désertions massives dans l’armée de Batista. Le traitement des prisonniers par les deux forces belligérantes contraste sensiblement et favorise les désertions dans les rangs gouvernementaux. Alors que les guérilleros prodiguent des soins médicaux aux soldats capturés et autorisent les visites de la Croix-Rouge, des cadavres de rebelles torturés à mort sont pendus aux arbres par les forces de Batista. Au cours de la contre-offensive de  l’automne 1958, les forces révolutionnaires prennent Santiago de Cuba, la deuxième ville du pays, et Santa Clara. Fidel Castro s’illustre personnellement dans ces combats, au point qu’Ernesto Guevara et une quarantaine d’officiers de la guérilla lui écrivent une lettre commune pour lui demander de cesser de s’exposer ainsi en première ligne.

Fidel Castro comprend très vite que la seule force organisée à Cuba est le Parti communiste (Partido socialista popular) dont son frère Raul fut membre. Il resserre ses relations avec ce parti, qui deviendra rapidement le pilier central du régime révolutionnaire. Castro donne immédiatement des gages sérieux au PC ; les secteurs-clés de l’économie, l’énergie et l’industrie sucrière sont nationalisés, les salaires des ouvriers sont augmentés, des terres sont distribuées aux paysans et les loyers baissés de moitié. Les propriétaires des journaux sont expropriés et les salariés encouragés à participer directement au contenu des publications. Bientôt, les journaux seront placés sous la tutelle du Parti communiste.

Toutes les formes de ségrégations raciales qui prévalaient à Cuba dans l’accès aux emplois, plages, parcs ou centres de loisirs sont interdites. Par ailleurs les biens de la mafia, devenue très influente sous le régime de Batista, sont nationalisés. Le chef mafieux Meyer Lansky se déclarera « ruiné » par la révolution cubaine. Selon Enrique Cirules, historien spécialisé sur la mafia, Cuba est le seul pays où la mafia a connu une chute aussi vertigineuse. Cependant, le géographe Yves Lacoste soutient qu’initialement, la mafia « qui combat ouvertement Batista », avait fourni aux partisans de Fidel Castro pendant sa prise de pouvoir des armes envoyées par voie maritime et installé une station de radio émettant sur toute l’île au sommet de la Sierra Maestra.

Les États-Unis reconnaissent le nouveau gouvernement de Manuel Urrutia. Mais une tension se développe alors qu’il commence à exproprier des industries américaines telles que United Fruit, proposant une compensation uniquement fondée sur la taxe foncière que ces dernières s’étaient arrangées pour maintenir artificiellement basse. Le 6 juin 1958, Fidel Castro écrit pourtant une lettre dans la Sierra Maestra, qui fut publiée par la suite par l’un de ses partisans Carlos Franqui et dans laquelle il explique : « Quand cette guerre sera finie, commencera pour moi une guerre plus importante, plus longue : celle que je vais mener contre les Nord-Américains. Je suis certain que cela sera mon véritable destin. ». En avril 1959, Castro rencontre le vice-président Richard Nixon à la Maison-Blanche. On raconte qu’Eisenhower évita Castro, prétextant une partie de golf, pour laisser Nixon discuter avec lui et déterminer s’il était communiste. La politique économique de Castro avait inquiété Washington, qui pensait qu’il avait fait allégeance à l’Union soviétique. À la suite de cette rencontre, Nixon expliqua que Castro était naïf mais pas forcément communiste. Il n’est alors qu’un réformateur humaniste et explique : « Le capitalisme sacrifie l’Homme… Le communisme sacrifie les droits de l’Homme. »

Le 17 mars 1960, le gouvernement Eisenhower a pris la décision formelle de renverser le gouvernement cubain. Cette nouvelle politique se base sur plusieurs piliers : l’annulation de la quote-part sucrière cubaine, la fin des livraisons de ressources énergétiques telles que le pétrole, la poursuite de l’embargo sur les armes imposé en mars 1958 et la mise en place d’une campagne de terrorisme et de sabotage ainsi que l’organisation d’une force paramilitaire destinée à envahir l’île et destituer Fidel Castro. En avril 1960, Castro signe un accord avec l’URSS pour l’achat de pétrole à la suite du refus du gouvernement des États-Unis de livrer les raffineries américaines implantées à Cuba. Lors des premières livraisons de pétrole par l’URSS, le refus de ces compagnies, qui suivaient une directive de l’administration Eisenhower, de raffiner ce pétrole, entraîne leur nationalisation automatique. Les États-Unis suppriment alors l’importation du sucre cubain, lequel représentait 80 % des exportations de Cuba vers ce pays et employait près de 25 % de la population. À la grande inquiétude de l’administration Eisenhower, Cuba resserre progressivement les liens avec l’Union soviétique. Nombre de conventions sont signées entre Fidel Castro et Nikita Khrouchtchev concernant une aide substantielle en matière économique et militaire. En 1968, Fidel Castro ne condamne pas l’intervention de l’armée soviétique en Tchécoslovaquie pour écraser le Printemps de Prague. Dès 1960, la CIA prend contact avec la mafia pour élaborer un projet commun d’assassinat de Fidel Castro.

Les États-Unis soutiennent en matériel et en entraînement les exilés cubains anti-castristes qui préparent un débarquement à Cuba.

Une guerre du renseignement menée avec le KGB, les services cubains et des agents doubles au sein des exilés permet aux autorités cubaines d’être informées longtemps à l’avance de la préparation de ce débarquement. Alors que le débarquement est imminent, Fidel Castro déclare le 17 avril 1961 la nature « socialiste » de la révolution cubaine.

Le débarquement de la Brigade 2506, composée de 1 400 exilés cubains financés et entraînés par la CIA, sous la direction des agents Grayston Lynch (en) et William Robertson a lieu sur la côte sud de Cuba, à la plage Girón appelée la Baie des Cochons.

La CIA pense que le débarquement va provoquer un soulèvement populaire contre Castro. Or, il n’en est rien, et les forces débarquées sont capturées, alors que le Président Kennedy retire au dernier moment son soutien à l’opération. Deux navires de la marine américaine, venus en support, sont coulés par l’aviation cubaine et neuf personnes sont exécutées à la suite de cet échec.

Castro, présent personnellement sur le champ de bataille, y gagne une popularité supplémentaire auprès des Cubains.

Le 2 décembre de cette même année, lors d’une intervention télévisée, Castro se définit comme un « marxiste-léniniste » et annonce que Cuba adopte le communisme. Pendant les années soixante, plusieurs autres tentatives de moindre ampleur sont menées. Les exilés cubains, financés et équipés par la CIA, tentent d’imiter la révolution castriste, formant des guérillas qui opèrent en particulier dans la Sierra de Escambray une région proche de Trinidad. Mais le régime cubain est désormais doté en armes lourdes venues du bloc de l’est, la guérilla est quadrillée par les forces révolutionnaires castristes et bien qu’une petite partie de la population de la région ait apporté un soutien à cette “guerre de bandits”, ils furent finalement arrêtés.

Dans ses mémoires, Khrouchtchev raconte qu’il était en vacances en Crimée le 17 avril 1961 lorsqu’il eut l’idée de placer des missiles à Cuba afin de dissuader les États-Unis d’agresser l’île ou directement l’URSS. Ayant consulté l’État-major soviétique, il rencontra en juillet une délégation cubaine conduite par Raúl Castro afin d’en préciser les modalités. Des missiles balistiques à moyenne portée R-12 devaient être déployés sur le sol cubain, mais les États-Unis découvrirent la construction des installations lance-missile le 15 octobre 1962, avant le déploiement des armes. Le gouvernement américain, considérant l’installation d’armes nucléaires soviétiques à 90 miles de Miami comme une agression et une menace directe contre la sécurité des États-Unis, annonça publiquement leur découverte et mit en place un embargo autour de Cuba, susceptible d’arrêter tout navire à destination de l’île. Dans une lettre que Castro adressa à Khrouchtchev le 27 octobre 1962, il lui demanda de réagir par la force nucléaire si Cuba venait à être envahie. Mais le premier secrétaire rejeta l’idée. Les militaires soviétiques présents à Cuba furent cependant autorisés à utiliser des armes tactiques nucléaires en cas d’attaque américaine.

Khrouchtchev accepta finalement de retirer les lance-missiles en échange d’une promesse américaine de ne pas envahir Cuba et du retrait secret de leurs missiles Jupiter de Turquie et d’Italie. À la suite de cet évènement, les États-Unis ne tentèrent plus d’invasion de Cuba, mais leurs relations restèrent tendues, notamment via l’embargo, et la CIA aurait continué de soutenir nombre de projets d’assassinat (638 selon le général Fabian Escalante, ancien chef des services secrets cubain) pendant les années qui suivirent.

Lors d’une conférence à La Havane en janvier 1992, Robert McNamara, l’ancien secrétaire à la Défense américaine, « a demandé à Castro s’il savait qu’il y avait des armes nucléaires soviétiques à Cuba, si, dans ces circonstances, il aurait quand même déclenché une attaque en cas d’invasion américaine, et s’il était conscient de ce qui se serait alors passé pour La Havane. Castro a répondu “oui” aux deux premières questions en ajoutant qu’il avait compris que Cuba aurait dans ce cas disparu de la carte ».

En 1958, le régime de Fulgencio Batista entretient une armée forte de 40 000 hommes. En 1960 les forces armées cubaines comportent, selon une estimation du New York Times, 240 000 militaires. En 1961, Jacques Grignon Dumoulin du Monde diplomatique évoque : « la plus grande force armée d’Amérique latine ». Pour l’historienne Jeannine Verdès-Leroux, Fidel Castro utilisa des ressources financières importantes pour construire une force armée capable de soutenir sa volonté de jouer un rôle  international de premier plan. Ces financements « eussent sans aucun doute été utiles à l’île dont la misère est toujours imputée au seul impérialisme américain ».

Dès les années 1960, Cuba soutint de façon plus ou moins discrète des mouvements de guérillas communistes en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique mais à partir de 1975, l’armée cubaine intervint de façon directe dans des conflits sur ce dernier continent.

Cuba envoya en été 1975 des conseillers militaires au MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola) qui avait pris le pouvoir en Angola lors de son indépendance, proclamant la République populaire d’Angola.

En novembre, en réponse à l’intervention militaire sud-africaine sur le sol angolais, des unités régulières sont déployées et participent à la guerre civile angolaise : il y aura jusqu’à 50 000 hommes en permanence, et 300 000 soldats cubains auront été présents en 13 années de conflit. Cette aide militaire de Cuba à l’Angola est connue comme l’« Operación Carlota ».

L’armée cubaine disposait de son propre état-major et constituait en fait la principale force militaire du MPLA avec des régiments d’artillerie et des blindés engagés, tandis que les forces du MPLA constituaient l’infanterie chargée des ratissages, etc. L’URSS s’était chargée du pont aérien, et a également fourni des avions MiG-21 avec des pilotes à l’armée cubaine.

L’intervention cubaine en Angola s’est faite en deux temps. Le premier, immédiatement après l’indépendance de l’Angola (en fait les premiers hommes, habillés en touristes, arrivèrent un peu avant) fut décisif pour battre les milices soutenues par le Zaïre, les États-Unis et l’Afrique du Sud (alors sous le régime de l’apartheid) qui tentèrent de chasser le MPLA dès l’indépendance du pays. La colonne qui attaquait par le nord fut vite battue et le Zaïre préféra se retirer du conflit. Au sud la progression fut plus lente, mais l’armée angolaise et les Cubains finirent par récupérer le terrain  envahi. Des pourparlers de paix eurent alors lieu, où Cuba ne fut pas présente, qui reconnaissaient l’indépendance de l’Angola, l’Afrique du Sud promit de ne plus soutenir de mouvements subversifs en Angola, et les Cubains se retirèrent progressivement.

Le deuxième temps a lieu lorsque les forces cubaines se sont presque entièrement retirées[réf. nécessaire]. L’armée sud-africaine pense pouvoir profiter de l’occasion et lance une offensive de grande ampleur à partir de la Namibie. En janvier 1988, la bataille de Cuito Cuanavale oppose 20 000 soldats angolais et 5 000 soldats cubains à 7 000 soldats de l’armée sud-africaine et 10 000 combattants de l’UNITA. Cette bataille, qui constitue la plus importante engagée sur le continent africain depuis la Seconde Guerre mondiale, se solde par un échec relatif de toutes les forces engagées, en dépit des proclamations de victoire des uns et des autres, et marque les limites de la solution militaire. Au nombre impressionnant de soldats angolais et cubains tués répond l’absence de conquête territoriale de l’UNITA qui échoue à prendre la ville aux Cubains.

Le 20 juillet 1988, un accord en 14 points est trouvé entre l’Afrique du Sud, l’Angola et Cuba. Parmi ceux-ci, la mise en œuvre de la résolution 435 prévoyant des élections en Namibie sous le contrôle des Nations unies en contrepartie du repli du contingent cubain. Le protocole de Genève est signé le 5 août et le 22 août, l’accord de paix est signé entre l’Angola et l’Afrique du Sud à Ruacana. Le 22 décembre, par l’accord de Brazzaville, un calendrier sur la mise en œuvre de la résolution 435 et celui du retrait cubain d’Angola est ratifié par tous les participants au conflit.

Le soutien de Cuba à la lutte contre la politique d’Apartheid est reconnu par Nelson Mandela dès 1990 lors de sa libération puis plus tard quand, alors qu’il vient d’être élu à la présidence de l’ANC, il rend visite à Cuba en juillet, ceci après avoir rendu visite à Mouammar Kadhafi en mai 1990 après sa sortie de prison.

Cuba a également envoyé des troupes en Éthiopie en 1977, à partir du moment où la junte militaire dirigée par Mengistu Haile Mariam avait décidé de s’allier à l’URSS.

Dans les années 1980, plusieurs milliers de conseillers militaires furent envoyés pour soutenir le gouvernement sandiniste du Nicaragua.

Le 31 décembre 1958, alors que la situation est très incertaine, Batista fuit le pays avec 40 millions de dollars vers la République dominicaine, puis l’Espagne de Franco. Au 1er janvier 1959, Castro et le président élu Carlos Rivero Agüero survolent le pays et les forces castristes prennent La Havane le 8 janvier 1959. Le crédit de Castro auprès de la population cubaine est énorme. Un premier gouvernement temporaire est mis en place, associant toutes les forces d’opposition à Batista et avec comme président Manuel Urrutia. Ce gouvernement est reconnu par les États-Unis le 7 janvier 1959 et Fidel Castro est nommé Premier ministre en février. Ce gouvernement a pour mission de préparer des élections dans les 18 mois. Cuba devra  cependant affronter l’opposition croissante des États-Unis aux réformes nationalistes que Castro veut amener. Rapidement il sera confronté à un choix déterminant, soit renoncer aux réformes nationalistes désirées ou s’orienter vers la nationalisation complète de l’industrie, des banques et vers la réforme agraire qui concerne sa famille en tout premier lieu. Le gouvernement de Castro s’orientera vers la seconde possibilité.

Fidel Castro est d’abord ministre de la Défense, puis il devient Premier ministre par le décret du 16 février 1959.

Le 31 juillet 2006, à la suite d’une crise intestinale aiguë, Fidel Castro cède temporairement ses pouvoirs au premier vice-président du Conseil d’État, son frère Raúl Castro, et subit une opération chirurgicale. À la suite de cette grave hémorragie intestinale, il apparaît à la télévision cubaine, visiblement fragilisé, affirmant que sa récupération de l’intervention chirurgicale qu’il avait subie se passait bien. Des doutes persistent néanmoins quant au véritable état de santé du leader cubain. Selon des rapports des services de renseignement américains, Castro serait atteint d’un cancer en phase terminale. Cependant, le 30 janvier 2007, la télévision vénézuélienne diffuse une vidéo en contradiction avec les déclarations américaines, vidéo qui aurait été tournée trois jours auparavant. On y voit Castro debout, s’entretenant avec Hugo Chávez. Sur cette vidéo, il semble en regain de forme et parait avoir repris du poids par rapport à la dernière vidéo d’octobre 2006.

Le 20 avril 2007, après plusieurs mois d’éloignement de ses fonctions, Fidel Castro reçoit à La Havane une délégation officielle chinoise de haut niveau. La durée de la rencontre (une heure) ainsi que les photos parues dans la presse locale semblent confirmer l’évolution positive de l’état de santé du leader cubain.

Le 6 juin 2007, Fidel Castro fait sa grande réapparition, après plus d’un an d’absence, lors d’une interview de 52 minutes à la télévision nationale cubaine. « Tout ce que je puis dire à mes compatriotes, c’est que je fais maintenant ce que je dois faire et rien de plus, il n’y a aucun secret », a déclaré le leader cubain qui avait fait lui-même de sa santé un « secret d’État » dans son communiqué au lendemain de l’annonce de sa première opération. « Il n’y a aucun secret d’État », a-t-il répété, avant de viser « l’espionnage » américain en assurant qu’« avec leurs satellites, ils vérifient n’importe quelle personne qui se présente à l’entrée de (ma) porte ». Alors que les responsables cubains répètent depuis plusieurs mois qu’il reviendra prochainement aux affaires, le chef de l’État cubain n’a fait aucune allusion à la question, consacrant l’essentiel de l’entretien à rendre hommage au Viêt Nam, un « pays-frère » allié de Cuba.

À partir du 29 mars 2007, Fidel Castro signe des articles politiques publiés dans la presse officielle cubaine. Son allié le président vénézuélien Hugo Chávez affirme régulièrement que l’état de santé du leader cubain est bon et dément des spéculations sur sa mort. Enfin, le 21 septembre 2007, plus de trois mois après sa dernière prestation télévisée, Fidel Castro réapparait sur le petit écran pour démentir ces rumeurs. « Eh bien, je suis là. Il est moribond, il est mort, il va mourir après-demain. Eh bien, personne ne sait quel jour il va mourir » a plaisanté le leader cubain au terme de l’entretien d’une heure.

Le 2 décembre 2007, le leader cubain est choisi comme candidat à  l’Assemblée nationale en vue des élections du 20 janvier 2008 ce qui lui permet théoriquement de se présenter au scrutin présidentiel.

Puis, le 18 décembre 2007, Castro laisse entendre qu’il est prêt à  abandonner formellement le pouvoir. « Mon devoir élémentaire consiste à ne pas m’accrocher à des fonctions et à ne pas non plus faire obstacle à l’émergence de personnes plus jeunes » écrit-il dans une lettre adressée au peuple cubain.

Dans un texte publié le 24 janvier 2008 à la première page des quotidiens cubains, l’ancien révolutionnaire a dévoilé pour la première fois quelques détails sur cet épisode douloureux de sa vie. « Quand je suis tombé  gravement malade la nuit du 26 et à l’aube du 27 juillet, j’ai pensé que ce serait la fin », écrit-il. « Tandis que les médecins luttaient pour ma vie, le conseiller en chef du Conseil d’État a lu sur mon insistance le texte et j’ai dicté les changements à apporter », poursuit-il, faisant référence à ses mémoires.

Enfin le 19 février 2008, Fidel Castro annonce son retrait de la tête de l’État cubain. Les analystes politiques s’accordent à penser qu’il jouera un rôle de « patriarche » vigilant. Son frère Raúl Castro lui succède le 24 février. Fidel Castro détient le record de longévité à la tête d’un État, à l’exception des rois et des reines. C’est après 49 ans d’exercice du pouvoir qu’il transmet celui-ci à Raúl Castro.

Après son départ, Fidel Castro vit dans une maison à une dizaine de kilomètres à l’ouest de la Havane, décrite comme « confortable mais non luxueuse » par le journal El País. Dans cette résidence très gardée, il combat une santé qui se dégrade. Il n’effectue plus de déplacements à l’étranger et ses apparitions en public se raréfient. Les médias cubains révèlent qu’il se consacre essentiellement à l’écriture. Il reçoit également des visiteurs, en particulier des chefs d’État sud-américains comme le président vénézuélien Nicolás Maduro, les présidentes brésilienne Dilma Rousseff ou argentine Cristina Kirchner, mais également des dignitaires de pays alliés tel que le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung, le président russe Vladimir Poutine ou encore le ministre des affaires étrangères chinois Wang Yi. Il rencontre aussi le pape Benoît XVI. En avril 2013, il apparaît lors de l’inauguration d’une école de son quartier et rend hommage à l’occasion à son ami récemment disparu Hugo Chávez qu’il a reçu plusieurs fois. Le premier vice-président cubain Miguel Díaz-Canel affirme en avril 2014 que Fidel Castro « va bien ».

Malgré son retrait du pouvoir, Fidel Castro, même s’il ne gère plus les affaires quotidiennes, reste présent et influent dans la société cubaine. Il publie un livre, La Paz en Colombia (« La paix en Colombie »), téléchargeable librement, ainsi que le premier tome de ses Mémoires, Les chemins de la victoire. II continue d’intervenir dans le débat politique en multipliant ses réflexions sur l’actualité au travers de chroniques périodiques dans la presse cubaine.

Il réapparaît le 8 janvier 2014 lors d’une exposition d’art du peintre Kcho qui a lieu 55 ans jour pour jour après sa prise de pouvoir. L’ancien dirigeant cubain, âgé de 87 ans, y est apparu affaibli et vieillissant, voûté, montrant des difficultés évidentes à effectuer les gestes les plus simples, s’appuyant sur une canne pour progresser ou bien nécessitant une aide. Ensuite, ses rares apparitions publiques ne sont communiquées que par des  photographies comme lors de sa rencontre avec le président français François Hollande le 11 mai 2015, premier dirigeant occidental à mettre les pieds sur l’île depuis Jean Chrétien en 1998. Le 20 septembre 2015, il apparaît recevant à son domicile le pape François durant une quarantaine de minutes. Lors de cet entretien, les deux hommes parlent notamment d’environnement et s’échangent des livres.

Le 26 novembre 2016, son frère et successeur Raúl Castro annonce, lors d’une allocution télévisée, la mort à l’âge de 90 ans du « commandant en chef de la Révolution cubaine » survenue la veille au soir à 22 h 29 (heure locale). Il précise que selon les dernières volontés du défunt sa dépouille sera incinérée dès le lendemain aux premières heures de la matinée. Par ailleurs, neuf jours de deuil national sont décrétés par les autorités.

Source : Wikipédia.

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