Fernão Mendes Pinto, soldat, écrivain, aventurier et explorateur.

Fernão Mendes Pinto (Montemor-o-Velho, c. 1511 — Almada, Pragal, 8 juillet 1583) est un écrivain, soldat, diplomate, aventurier et explorateur portugais. Il est vraisemblablement l’un des premiers Européens à avoir foulé le sol japonais. Sa Pérégrination, qui témoigne de l’épopée collective des Portugais en Orient, est actuellement considérée comme l’un des plus grands récits de voyage du XVIe siècle. Traduite dans la plupart des langues européennes dès le XVIIe siècle, elle est un classique de la littérature portugaise, et elle figure à ce titre à la septième place sur la “Liste des 50 œuvres essentielles de la littérature portugaise” établie en 2016 par le très prestigieux Diário de Notícias. Elle est également une source historique fondamentale pour la connaissance des sociétés asiatiques de la période Moderne. En plus de son œuvre monumentale, Mendes Pinto laisse deux lettres, l’une écrite à Malacca datée du 5 décembre 1554, et l’autre écrite à Macao datée du 20 novembre 1555.

Symbole de la Renaissance et de l’Âge d’or du Portugal, Fernão Mendes Pinto est un écrivain majeur de la littérature portugaise et mondiale. Il a contribué, aux côtés de son contemporain le poète Luís de Camões8, à enrichir et à faire évoluer la langue portugaise. Il laisse par ailleurs un

Mendes Pinto, carte maximum, Portugal.

Il a reçu d’innombrables hommages au Portugal et dans le monde. Il est l’un des personnages représentés sur le Monument aux Découvertes de Belém, inauguré en 1960 à Lisbonne. Une statue sculptée par António Duarte, inaugurée le 31 décembre 1983, est érigée en son honneur à Pragal, dans la ville d’Almada11. Son nom est également attribué à la place sur laquelle elle figure, le Largo Fernão Mendes Pinto, entre la rue Cidade de Ostrava et la rue Direita, près de l’école primaire de Pragal11. En 2011, le Portugal célèbre les 500 ans de sa naissance en faisant frapper une pièce commémorative de 2 euros. La TAP-Air Portugal lui rend également hommage en attribuant son nom à l’un de ses aéronefs. Un grand nombre d’écoles portent son nom dans le monde lusophone. Il existe en outre des rues Fernão Mendes Pinto un peu partout dans le monde, à Lisbonne, Porto, Montemor-o-Velho, Guimarães, Portimão, Ovar, Freixo de Espada à Cinta et Loures au Portugal, à Rio de Janeiro et São Paulo au Brésil, à Luanda en Angola, à Maputo au Mozambique et à Macao en Chine.


Fernão Mendes Pinto naît en 1511 à Montemor-o-Velho, dans la province de Beira Litoral. Issu d’une famille pauvre, il a deux frères et au moins deux sœurs. Alors qu’il est encore très jeune, le 13 décembre 1521, un oncle l’emmène à Lisbonne et le met au service de la maison de George de Lancastre, fils bâtard du roi Jean II de Portugal (D. João II), duc de Coimbra, Grand-Amiral du Portugal, maître de Santiago, et administrateur de l’ordre Saint Benoît d’Avis. Il y reste durant presque cinq ans et devient même pendant deux ans garçon de chambre (moço de câmara) attaché directement au service de George lui-même, à Setúbal, poste plus élevé que de ce que laissait augurer la situation économique précaire de sa famille.

Cependant, confronté à des problèmes dans le cadre de son service, il est forcé de fuir et s’embarque le 11 mars 1537 pour l’Orient où il pense retrouver des membres de sa famille. Des lettres prouvent que son frère Álvaro est présent à Malacca en 1551 et d’autres indiquent que son autre frère a souffert le martyre dans cette même ville. Un riche cousin, Francisco García de Vargas, est présent à Cochin en 1557 À l’époque, l’expatriation vers l’océan Indien est une pratique courante pour échapper à la justice.

De 1537 à 1558, tour à tour trafiquant, naufragé, pirate, mercenaire à la solde des gouvernants locaux, esclave, négociant aisé, ambassadeur, « treize fois captif et dix-sept fois vendu », il voyage en Abyssinie, parcourt l’Arabie, l’Inde, Malacca, Sumatra, Java, l’actuelle Birmanie, le Siam, le Tonkin, la Chine et le Japon.

Si l’on se base sur sa relation, la Peregrinação (Pérégrination), peu de temps après son arrivée, alors qu’il est réquisitionné par la Couronne portugaise pour effectuer une expédition en mer Rouge en 1538, « Mendes Pinto participe à un combat naval contre les Ottomans, où il est fait prisonnier et vendu à un Grec, [puis] par celui-ci à un Juif qui l’emmène à Ormuz, où il [est] racheté par des Portugais. » Après un passage par Goa, la capitale des Indes portugaises, il accompagne le capitaine Pedro de Faria à Malacca. Partant de Malacca, il parcourt, pendant vingt-et-un ans, les côtes de Birmanie, du Siam, de l’archipel de la Sonde, des Moluques, de la Chine et du Japon2. Il pratique notamment la piraterie avec le pirate Antonio de Faria au large du Champa et de la Chine des Ming. Il fréquente les communautés de mercenaires portugais de Birmanie et de Thaïlande. Ayant rejoint la communauté marchande de Liampo (Ningbo), il prend part à la première expédition portugaise qui atteint le Japon à Tanegashima, en 1543. Il est à ce titre l’un des introducteurs des armes à feu dans l’archipel. Celles-ci provoquent une profonde mutation de la société nippone pendant les cinquante années qui suivent, qui aboutit à l’unification politique du Japon.

Revenu à Goa, en janvier 1545, alors qu’il se prépare à retourner au Portugal avec Anjirō, un criminel japonais réfugié à Goa et devenu son ami, il rencontre saint François Xavier, missionnaire jésuite en Orient. Influencé par sa personnalité, il décide d’entrer dans la Compagnie de Jésus et de promouvoir une mission jésuite au Japon. Il libère ses esclaves, lègue toutes ses richesses à la Compagnie, et s’y rend donc, comme novice et comme ambassadeur du Vice-Roi D. Afonso de Noronha auprès du daimyo de Bungo, sur l’île de Kyushu. Il navigue en compagnie du Père Belchior Nunes. Mais le voyage est un désenchantement pour lui, en raison du  comportement de son compagnon, et du fonctionnement de la Compagnie. Cette partie de sa vie, dont il ne reste pas un mot dans sa Pérégrination, ne nous est connue que par le témoignage du père Francisco de Sousa, dans son histoire de la Compagnie de Jésus, l’Oriente conquistado, publié à Lisbonne en 171015. Au terme de sa mission, déçu, Mendes Pinto abandonne le noviciat et décide de retourner au Portugal. Après une longue absence de vingt-et-un ans, il arrive à Lisbonne le 22 septembre 1558, la veille de ses cinquante ans.

Au Portugal, Mendes Pinto parvient se procurer des documents prouvant les sacrifices consentis pour la patrie en Orient avec l’aide de l’ancien gouverneur des Indes Francisco Barreto. Ceux-ci lui donnent théoriquement droit à une pension, mais il finit par ne jamais la recevoir. Désillusionné, il s’installe au Vale de Rosal, à Almada, où il reside jusqu’à sa mort, consulté comme spécialiste des questions orientales, et où il écrit, entre 1570 et 1578, l’œuvre monumentale qu’il lègue à ses enfants, la Pérégrination. Celle-ci n’est éditée que trente ans après la mort de l’auteur, en 1614, et l’on redoute que l’original n’ait souffert quelques altérations, des coupures notamment, auxquelles les jésuites ne seraient pas étrangers2,16. En dépit de la censure, l’ouvrage, écrit dans un style populaire très libre,

reste un roman autobiographique dense, inclassable, à la fois récit de voyage, roman initiatique, épopée en prose, roman picaresque, constitué d’aventures, d’anecdotes, d’observations très pointues, de réflexions, de témoignages directs ou indirects. Écrit par un homme du peuple, le livre conserve, à tous égards, un caractère extraordinaire, tant sur la forme que sur le fond, au point qu’on ne croit pendant longtemps pas à la véracité de ses propos. Cet aspect inclassable et surprenant font que le nom de l’auteur se prête même par la suite à un jeu de mot : Fernão Mendes Minto, sous-entendant : Fernão, mentes ? Minto !, c’est-à-dire « Fernand Mendes Je-mens », ou « Fernand tu mens ? Oui je mens ! »

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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