Eugène Viollet-le-Duc, architecte.

Eugène Viollet-le-Duc, né le 27 janvier 1814 à Paris et mort le 17 septembre 1879 à Lausanne, est l’un des architectes français les plus célèbres du XIXe siècle, connu auprès du grand public pour ses restaurations de constructions médiévales, édifices religieux et châteaux.

Un mouvement de restauration du patrimoine médiéval apparaît en France dans les années 1830, porté notamment par Prosper Mérimée qui devient inspecteur général des monuments historiques, et qui demande à Viollet-le-Duc d’entreprendre des restaurations. Celui-ci restaure donc de nombreux édifices, dont le mont Saint-Michel, la cathédrale Notre-Dame de Paris, la cité de Carcassonne et le château de Pierrefonds.

Outre son travail de restaurateur, on lui doit aussi d’avoir posé les bases de l’architecture moderne, par ses écrits théoriques marqués par le rationalisme (Entretiens sur l’architecture, 1863), et d’avoir directement inspiré de nombreux architectes : Victor Horta, Hector Guimard, Henri Sauvage, Émile Gallé et l’École de Nancy, Eugène Grasset, Antoni Gaudí, Hendrik Petrus Berlage, Louis Sullivan, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier, Auguste Perret, l’École de Barbizon…


Viollet-le-Duc, carte maximum, Paris 16/02/1980.

Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc naît au 1 rue Chabanais (aujourd’hui dans le 2e arrondissement de Paris). Il est le fils d’Emmanuel-Louis-Nicolas Viollet-le-Duc (1781-1857), conservateur des résidences royales à l’intendance générale de la liste civile sous le règne de Louis-Philippe Ier dès 1832, hommes de lettres (Nouvel Art poétique, Paris, Martinet, 1809) et de Élisabeth Eugénie Delécluze (1785-1832), fille de l’architecte Jean-Baptiste Delécluze (1745-v. 1805), femme du monde qui tenait un salon où était reçu, entre autres, Stendhal.

Une correspondance fournie montre la proximité et l’affection entre Eugène Viollet-le-Duc et son père, encore plus après la mort de sa mère, en 1832, victime de l’épidémie de choléra qui touche alors Paris, Viollet-le-Duc n’est âgé que de 18 ans. Son père l’encourage dans sa voie professionnelle.

Il est également très proche de son oncle, Étienne-Jean Delécluze, peintre et critique d’art, qui était le frère aîné de sa mère. Celui-ci recevait à son domicile du 1 de la rue Chabanais, des artistes, des peintres et des architectes au sein d’un salon littéraire. Ces personnalités (comme Prosper Mérimée) aidèrent plus tard le jeune Viollet-le-Duc dans sa carrière.

Eugène avait un frère cadet, Adolphe Viollet-le-Duc (1817-1878), qui fut peintre. Du fait de la fonction occupée par leur père dans l’administration, toute la famille Viollet-le-Duc était logée au palais des Tuileries.

Entre 1826 et 1829, il est en pensionnat à l’institut Morin, à Fontenay-aux-Roses.

Le 3 mai 1834, à vingt ans, il épouse Élisabeth Tempier, qu’il a rencontrée chez son ami le compositeur Émile Millet, frère du sculpteur Aimé Millet, avec qui il avait l’habitude de voyager. Ils ont un fils, qu’ils nomment également Eugène (Eugène-Louis), né en 1835 et mort en 1910, et une fille, Marie-Sophie, née en 1838. Celle-ci se marie plus tard avec Maurice Ouradou, un élève de son père et de Lebas. Viollet-le-Duc lui confie plusieurs travaux, dont la construction du château du Tertre d’Ambrières. Ouradou est également architecte diocésain à Châlons en 1862.

Viollet-le-Duc, épreuve d’artiste.

En 1834, Viollet-le-Duc devient également professeur suppléant de composition et d’ornement à la « petite école » de dessin (ancienne École royale gratuite de dessin, qui devint plus tard l’École nationale supérieure des arts décoratifs). Il faut toutefois indiquer que Viollet-le-Duc n’a pas suivi de cours à l’École des Beaux-Arts de Paris, ce qui lui vaut le mépris de nombreux architectes de son temps.

Viollet-le-Duc, essais de couleurs.

Après un voyage au mont Saint-Michel l’année précédente, Eugène Viollet-le-Duc part le 12 mars 1836 faire un voyage d’études de dix-huit mois en Italie. À son retour, il entre au Conseil des bâtiments civils comme auditeur, et est nommé sous-inspecteur des travaux de l’hôtel des Archives du royaume. C’est le début de sa collaboration aux Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France du baron Taylor.

Parallèlement, au début des années 1830, un mouvement de restauration du patrimoine médiéval apparut en France. Prosper Mérimée devenu inspecteur général des monuments historiques, demanda à Viollet-le-Duc – qui n’avait pas suivi d’enseignement à l’école des Beaux-Arts – de restaurer la basilique de Vézelay en 1840 et le mont Saint-Michel. Ce travail marqua le commencement d’une longue série de restaurations, dont les plus connues sont la cité de Carcassonne, la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1843 avec Jean-Baptiste-Antoine Lassus. Viollet-le-Duc doit beaucoup à cet architecte et historien de l’architecture et des arts décoratifs du Moyen Âge dont l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville est l’œuvre la plus achevée. Viollet-le-Duc travaille aussi sur les châteaux de Roquetaillade, de Montépilloy, de Coucy et de Pierrefonds.

Parallèlement à ces travaux, il occupe divers postes :

  • Chef du Bureau des monuments historiques (en 1846) ;
  • Membre de la Commission des arts et édifices religieux (en 1848) ;
  • Membre de la Commission supérieure de perfectionnement des Manufactures nationales de Sèvres, des Gobelins et de Beauvais (en 1849) ;
  • Inspecteur général des Édifices diocésains (1853) (avec Léon Vaudoyer et Léonce Reynaud);
  • Architecte des Édifices diocésains (en 1857) ;
  • Membre de la Commission des monuments historiques (en 1860) ;

En 1849, il est atteint du choléra dont il se remet et, l’année suivante, voyage en Angleterre avec Mérimée.

En 1863, il devient professeur d’histoire de l’art et d’esthétique à l’École des beaux-arts (la première chaire où figuraient explicitement les mots « histoire de l’art », discipline dont il fut un des fondateurs en France).

En 1866, impulsée par la visite de Napoléon III, il reprend la restauration de L’emblématique cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption qui se dresse sur la butte centrale de Clermont- Ferrand. C’est le premier et plus vaste édifice entièrement construit en lave de Volvic. On lui devra notamment ses deux flèches de 90 m de hauteur, un chevet caractéristique du style gothique de l’Ile-de-France. L’actuel maître-autel, les grilles du chœur et la chaire épiscopale ont été également dessinés par Viollet-le-Duc.

En 1868, il débute ses courses dans le massif du Mont-Blanc, il manque de se tuer deux ans plus tard, en 1870, en chutant dans une crevasse.

Alors que Mérimée meurt à Cannes en septembre 1870, Viollet-le-Duc est responsable des fortifications pendant le siège de Paris lors de la guerre franco-prussienne. Après la fin du siège de Paris, il quitte la capitale. Il va cette année-là voyager en Italie et publier son Mémoire sur la défense de Paris5. À la chute du Second Empire, il fait preuve d’ingratitude envers Napoléon III et l’impératrice Eugénie, qui l’avaient choyé et fait travailler prioritairement.

En 1872, il est chargé de la rénovation de la cathédrale de Lausanne en Suisse. Il préside également le comité d’exposition pour l’Exposition internationale de Lyon. L’année suivante, il est chargé d’organiser le retour des cendres de Louis-Philippe ; les dépouilles du roi et de la reine Amélie sont ramenées trois ans plus tard, en 1876, et inhumées dans la chapelle royale de Dreux.

À Lausanne, Viollet-le-Duc construit de 1874-1876 La Vedette, à la fois maison-atelier et demeure privée où loge sa confidente Alexandrine Sureda, accompagnatrice de l’architecte durant ses longues marches nécessaires à l’étude du massif du Mont-Blanc. Ce manifeste architectural de la fin de sa carrière, orné dans le grand atelier d’un décor peint sur toiles marouflées illustrant des montagnes, a été sacrifié à la spéculation immobilière en 1975, Année européenne du Patrimoine.

Il publie en 1874 une carte topographique du massif du Mont-Blanc et intervient l’année suivante au château d’Eu. En 1877, il travaille sur la préparation de l’Exposition universelle de Paris qui doit se dérouler l’année suivante.

Il perd son frère en 1878 et meurt à la fin de l’été 1879, à Lausanne, alors qu’il travaille sur le chantier de restauration de la cathédrale de la ville. Il est inhumé au cimetière du Bois-de-Vaux (concession 101) à Lausanne.

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Sources : Wikipédia, YouTube.