Enver Hoxha, homme d’état.

Enver Hoxha, également retranscrit en français sous l’orthographe phonétique Enver Hodja, né le 16 octobre 1908 à Gjirokastër et mort le 11 avril 1985 à Tirana, est un homme d’État albanais.

Il fonde en 1941 le Parti communiste d’Albanie (rebaptisé par la suite Parti du travail d’Albanie) et dirige la République populaire socialiste d’Albanie de 1945 jusqu’à sa mort, en tant que Premier secrétaire du parti.

Sous le régime qu’il met en place, l’Albanie subit un profond isolement du reste de l’Europe et une adhésion sans concession au stalinisme. Sa dictature est considérée comme l’une des plus répressives et des plus sanglantes de l’histoire contemporaine de l’Europe.

Il proclame en 1967 l’Albanie : « premier État athée du monde ».


Enver Hoxha naît à Gjirokastre en 1908, une ville d’Albanie méridionale (dans l’Empire ottoman) où son père, de religion musulmane, est  commerçant. Enver, qui a trois sœurs et un frère, est surtout élevé par son oncle, Hysen Hoxha.

Il étudie de 1923 à 1927 au lycée français de Gjirokastre puis à celui de Korçë jusqu’en 1930.

En 1930, il obtient une bourse d’État pour étudier les sciences à l’université de Montpellier. Il abandonne ses études en 1933 et se rend à Paris, où il côtoie des communistes français et albanais en exil. Il devient l’année suivante secrétaire particulier du consul albanais à Bruxelles. Il y suit des cours de droit à l’Université libre de Bruxelles, à nouveau sans obtenir de diplôme. De retour en Albanie en 1936, il enseigne à Tirana, puis au lycée français de Korçë.

Il en est renvoyé fin 1939 pour avoir participé dans la ville à une  manifestation de la célébration de la fête de l’indépendance à caractère anti-fasciste. Cet événement peut être vu comme le début réel de la carrière politique d’Enver Hoxha. Il revient alors à Tirana et devient bistrotier et marchand de tabac.

Dès l’invasion italienne de l’Albanie en 1939, Enver Hoxha cherche à organiser la résistance et reçoit l’aide d’émissaires du parti communiste yougoslave envoyés par le Komintern. Le parti communiste albanais est fondé le 8 novembre 1941. Il faut toutefois modérer l’importance du PC d’alors. Si des sections locales existent depuis 1929 (notamment à Korçë ou à Tirana), leur influence politique est très faible, et des dissensions et  scissions internes n’arrangent pas la situation.

Ce n’est qu’en novembre 1941, soit quelques mois après le retournement de l’Allemagne nazie contre Staline, qu’Enver Hoxha est élu secrétaire général d’un nouveau parti communiste dont l’unification des anciennes sections est ordonnée par le Komintern. Le choix d’Hoxha semble tenir à son  instruction et à son passage de quelques années en France — bien que peu profitable sur le strict plan des études. Ce nouveau PC, fort d’à peine quelques centaines de membres, établi sur un modèle titiste, est sous l’emprise idéologique du PC yougoslave voisin.

Bien que souhaitant une union nationale devant déboucher sur une « Grande Albanie », Hoxha, critiqué par le Parti communiste yougoslave, rompt en 1943 l’accord de Mukje entre résistants nationalistes, royalistes et communistes.

Les groupes de partisans communistes albanais et yougoslaves sont encadrés et formés par des instructeurs militaires britanniques appartenant au Special Operations Executive.

En mai 1944, devant le recul de la Wehrmacht, le Mouvement de Libération Nationale – LNÇ, contrôlé par les communistes depuis novembre 1943, décide de se muer en gouvernement provisoire. Hoxha est élu dirigeant du comité exécutif de ce gouvernement.

Hoxha commence alors à adopter des mesures qui visent à consolider le pouvoir du Parti communiste d’Albanie, qui se transforme en 1948 en Parti du travail d’Albanie. D’abord, les groupes de résistance n’appartenant pas au MLN sont déclarés illégaux – les partisans albanais combattaient jusqu’alors avec l’aide de partisans communistes grecs, des républicains du Balli Kombëtar et des monarchistes fidèles au roi Zog Ier.

Puis, une réforme agraire est adoptée en août 1945, confisquant 52 % des terres appartenant aux beys et aux grands propriétaires fonciers (avec cette réforme, leur part descend à 16 %) qu’il donne sans compensation aux paysans. Hoxha estime également que la population albanaise doit augmenter : en conséquence, le gouvernement interdit l’avortement, sauf dans le cas de viol ou lorsque la vie de la mère est en danger.

Peu après la libération, il épouse Nexhmije Xhuglini, une figure du Parti communiste. Ils ont trois enfants, deux fils, Ilir Hoxha et Sokol, ainsi qu’une fille, Pranvera.

Le 22 octobre 1945 est fondé le « gouvernement démocratique d’Albanie », dont Hoxha est nommé à la fois président et ministre de la Défense. En quatre ans, il parvient ainsi à passer de chef d’un petit parti de 200 membres à dirigeant d’un pays à peine libéré, en pleine guerre civile, mais à la tête de dizaines de milliers de partisans.

Si l’année 1945 est plus difficile pour Hoxha, qui doit faire face à la montée en puissance des courants pro-yougoslaves et rattachistes au sein du PC, le Front démocratique dont l’influence a décru, et dans lequel le Parti  communiste est dominant, remporte les premières élections d’après-guerre avec 93 % des voix le 2 décembre 1945. La République populaire d’Albanie, proclamée le 11 janvier 1946, est aussitôt reconnue par la France du général de Gaulle, qui est d’ailleurs l’un des seuls États occidentaux, avec l’Italie, l’Autriche et la Suisse, à entretenir des relations diplomatiques avec l’Albanie communiste.

Pourtant, la fusion avec la Yougoslavie est alors pressentie comme  imminente. Staline refuse de recevoir Hoxha, malgré la demande de soutien de celui-ci, et se déclare en privé favorable à l’incorporation de l’Albanie dans la Yougoslavie.

La situation ne se retourne qu’en 1948, à la suite de la rupture soviéto-yougoslave : le clan pro-yougoslave, se retrouvant soudainement isolé, est dénoncé par celui d’Hoxha, et ses principaux meneurs, Koçi Xoxe en tête, sont liquidés. Le premier congrès du PCA (qui est à cette occasion renommé Parti du travail d’Albanie), en novembre 1948, achève de restaurer Hoxha comme dirigeant de l’Albanie, et élimine les clivages du sein du Parti.

Les Britanniques et les Américains se mettent d’accord en 1949 pour mener une opération conjointe, dite projet Valuable, visant à déstabiliser le régime communiste. Les deux gouvernements sont inquiets d’une expansion communiste vers l’ouest, et pour la contenir, ils choisissent l’Albanie comme cible. Ils reçoivent le soutien tacite de Tito qui permet même aux commandos de réfugiés albanais de s’infiltrer en Albanie depuis le territoire yougoslave. En effet, les relations entre les frères ennemis sont au plus bas et Tito est redevable aux Britanniques de sa prise de pouvoir, grâce à la Mission du SOE de Fitzroy Maclean.

Admirateur inconditionnel de Staline, Hoxha utilise les mêmes méthodes pour se maintenir au pouvoir ; la Sigurimi, ou l’équivalent du KGB, constitue un réseau d’espionnage interne très efficace et redoutable ; un dixième de la population, considéré comme suspect, est interné dans des camps ; 170 cadres dirigeants du Parti sont liquidés et un Albanais sur trois a un jour ou l’autre affaire à la police politique.

En 1951 les dirigeants du parti font arrêter 22 personnes accusées d’attentat sur l’ambassade soviétique de Tirana, qui seront exécutées sans procès. L’accusation se révélera en réalité infondée et les victimes seront déclarées innocentes en 1991. Parmi elles, se trouve la biologiste Sabiha Kasimati, ancienne camarade de classe de Hoxha.

En 1967, Hoxha proclame l’Albanie premier État athée du monde et ordonne la fermeture immédiate des 2 000 mosquées et églises encore ouvertes, interdisant toute forme de pratique religieuse ; la célébration du Carême et du Ramadan est prohibée sous peine de prison. En 1991, il ne reste plus en Albanie que trente prêtres catholiques vivants, tous emprisonnés, contre plus de 3 000 en 1944.

Le régime d’Enver Hoxha prétend poursuivre une “révolutionarisation” constante de la société inspirée par d’authentiques principes marxistes-léninistes — en opposition avec le révisionnisme allégué soviétique — afin d’abattre les privilèges de classes. En conséquence, les écarts de salaires sont significativement réduits, les grades militaires sont abolis et les travailleurs intellectuels sont contraints, un mois chaque année, d’effectuer un stage auprès des travailleurs manuels.

En 1956, trois ans après la mort de Staline, Nikita Khrouchtchev prône la déstalinisation. La rupture est bientôt consommée entre l’Albanie et l’URSS : lors de la conférence mondiale des quatre-vingt-un PC, en 1960, Hoxha dénonce la non livraison de blé soviétique à l’Albanie et déclare à la tribune : « Les rats soviétiques sont nourris, alors que le peuple albanais meurt de faim » ce qui provoque un scandale énorme ; en février 1961, au cours du IVe Congrès du Parti du Travail, Hoxha attaqua violemment la direction du PCUS, ce qui provoqua l’expulsion de l’attaché militaire albanais d’URSS ; le PC albanais fut absent du XXIIe Congrès du PCUS, réuni à Moscou quelques mois plus tard. Hoxha procède alors à une sévère purge sanglante au sein de l’armée, pour prévenir un coup d’état. En revanche, la Chine, à la recherche d’alliés, accroît son aide à Tirana et conclut en 1961 une alliance officielle.

D’abord circonspecte face au rapprochement entre la Chine et les États-Unis (visite de Richard Nixon en Chine en 1972), puis devant la mort de Mao et la fin de facto de l’idéologie maoïste en Chine, l’Albanie provoque la rupture sino-albanaise en 1978, quand Hoxha prend le parti du Viêt Nam dans son conflit avec la Chine et rejette la nouvelle théorie des trois mondes, défendue par le successeur de Mao, Deng. Cette rupture provoque le rapatriement de tous les experts chinois et provoque des perturbations dans l’économie.

Hoxha est victime d’une crise cardiaque en 1973 dont il ne se remettra jamais complètement. Sa santé devient précaire à la fin des années 1970.

En décembre 1981, il sombre dans la paranoïa et organise l’élimination politique et physique de son plus fidèle compagnon, Mehmet Shehu, Premier ministre depuis 1954, parce qu’il était opposé à la rupture avec les Américains, les Soviétiques, les Yougoslaves, les Anglais et les Italiens, ce qui mettait le pays dans un isolement total.

Il transmet la plupart de ses fonctions à Ramiz Alia. Dans ces derniers mois, il ne se déplace qu’en chaise roulante et souffre de diabète, qu’il a  commencé à développer en 1948 et d’ischémie cérébrale dont il souffrait depuis 1983. Le 9 avril 1985, il est frappé d’une fibrillation ventriculaire et il meurt dans la matinée du 11 avril, à l’âge de 76 ans.

Source : Wikipédia.

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