Emmanuel-Joseph Sieyès, homme d’église, politique et essayiste.

Emmanuel-Joseph Sieyès ou l’abbé Sieyès (la prononciation ancienne était [sjɛs]), né le 3 mai 1748 à Fréjus et mort le 20 juin 1836 à Paris, est un homme d’Église, homme politique et essayiste français, surtout connu pour ses écrits et son action pendant la Révolution française. Directeur, il est, au début du Consulat, consul provisoire. Il est ensuite président du Sénat conservateur et comte de l’Empire.

Il est le fils aîné d’Honoré Sieyès (1700-1782), receveur des droits royaux et maître de poste de Fréjus, et d’Anne Angles. Il est le frère de Joseph Barthélémy Sieyès La Baume (1749-1830) et de Joseph Honoré Léonce Sieyès (1751-1830).

Il fait ses études à Draguignan puis au séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Il entre dans les ordres comme prêtre en 1774. Par la suite, il devient en 1775 chanoine de Tréguier, attaché comme secrétaire à l’évêque de Lubersac, l’aumônier de Madame Sophie, la tante de Louis XVI. En 1783, il est vicaire général de Chartres et est pourvu du Canonicat de la Cathédrale de Chartres par suite du décès de son dernier titulaire, Thomas Louis de la Chambre1, et conseiller commissaire à la chambre supérieure du clergé. En 1788, il est pourvu de la chancellerie de la cathédrale de Chartres, en remplacement de Mr de Segonzac qui vient de mourir.

Sieyès, carte maximum, Fréjus, 25/02/1989.

Sieyès devient célèbre dès 1788 par son Essai sur les privilèges. Mais c’est plus encore sa brochure de 1789 Qu’est-ce que le Tiers-État ?, texte fondateur de la Révolution française, qui obtient un grand retentissement et assure sa popularité. Il prend ainsi une part active à la Révolution française jusqu’à sa fin, par sa participation au coup d’État du 18 brumaire.

En 1789, élu député du Tiers état de Paris aux États généraux, il joue un rôle de premier plan dans les rangs du parti patriote du printemps à l’automne 1789. Le 16 juin, il propose que la Chambre du Tiers état se proclame Assemblée des représentants de la Nation connus et vérifiés, mais Thouret s’y oppose. Lors de la séance royale du 23 juin, il lance : Vous êtes ce jour ce que vous étiez déjà hier, formule éclipsée par celle de Mirabeau.

En revanche, il s’oppose à la suppression des dîmes induite par la nuit du 4 août 1789. De même, il n’accepte la mise à disposition des biens du clergé qu’à la condition que l’État subviendrait au traitement des prêtres, à l’entretien des écoles, des hôpitaux et des établissements de charité. Élu président de l’Assemblée en juin 1790, il travaille à la rédaction de la Constitution, mais essuie plusieurs échecs, sur la question du veto ou de la seconde chambre.

Il est élu, en février 1791, administrateur du département de Paris et, trois semaines plus tard, membre du directoire de ce département, mais démissionne après la séparation de la Constituante, en septembre suivant. En mars 1791, il refuse de se porter candidat à l’archevêché de Paris, tout comme Loménie de Brienne et Talleyrand : Gobel est élu.

Retiré à la campagne, il est élu en septembre 1792 dans trois départements à la Convention et opte pour la Sarthe. Dans cette assemblée, il siège sur les bancs de la Plaine mais, lors du procès du roi, vote avec la Montagne contre l’appel au peuple, pour la mort et contre le sursis. Élu au Comité de constitution, il en démissionne. S’étant heurté à Barère au Comité de défense, il opte pour le Comité d’instruction. Lorsque Lakanal présente, en juin 1793, un rapport restreignant l’enseignement primaire, Robespierre, qui défend le plan de Lepeletier de Saint-Fargeau dénonce ce projet en affirmant qu’il se méfie de son véritable auteur, désignant Sieyès sans le nommer. Il le surnomme alors la taupe de la Révolution ne cessant d’agir dans les souterrains de l’assemblée.

Il vit 273 rue Saint-Honoré, non loin d’autres révolutionnaires comme Robespierre.

En juin-juillet 1793, il participe à la rédaction du Journal d’Instruction Sociale aux côtés de Condorcet et de Duhamel.

Le 16 novembre 1793 (20 brumaire an II), il abandonne sa charge de prêtre selon les modalités en vigueur de la Constitution civile du clergé, puis cesse de paraître à la Convention durant la Terreur.

Réapparaissant en décembre 1794 (nivôse an III), il est élu à la commission des vingt-et-un chargée d’examiner la conduite des membres des deux comités de gouvernement durant cette période, se chargeant personnellement de Barère. Le 5 mars 1795 (15 ventôse), il entre au Comité de salut public, où il prend des mesures contre l’agitation populaire. Élu à la Commission des Onze qui doit préparer la constitution, il prononce, le 20 juillet 1795 (2 thermidor), un discours resté célèbre au cours duquel il propose la mise en place d’un jury constitutionnaire, premier projet d’un contrôle étendu de la constitutionnalité des actes des organes de l’État.

Président de la Convention du 20 avril au 6 mai 1795 (1er-16 floréal), il part ensuite avec Reubell à La Haye pour signer un traité avec la République batave, mais se brouille avec son collègue. En effet, il espérait un retour de la paix.

Ses projets de constitution ayant été rejetés par ses collègues, il démissionne de la Commission des Onze.

Après l’adoption de la nouvelle constitution, il est nommé professeur d’économie politique à l’École centrale de Paris. Réélu par quatre départements, il opte de nouveau pour la Sarthe. Classé au Conseil des Cinq-Cents, il ne se manifeste pas avant le 13 vendémiaire. Élu quatrième des cinq directeurs du Directoire le 31 octobre 1795 (10 brumaire an IV), il refuse cette fonction, de même que le poste de ministre des Affaires étrangères, par antipathie à l’égard, au moins, de Reubell et de Barras, et par opposition à cette constitution qu’il ne juge pas viable.

Nommé membre de l’Institut à sa création, il ne revient sur la scène politique qu’à l’occasion de la réaction qui suit l’affaire du camp de Grenelle : il est élu président Conseil des Cinq-Cents le 21 novembre 1796 (1er frimaire an V). Mais, inquiet des menées royalistes, il se rapproche du Directoire et approuve le coup d’État du 18 fructidor an V.

Lors des élections de l’an VI, il l’emporte dans l’Aube et les Bouches-du-Rhône à la suite d’une scission dans les assemblées électorales. La première est invalidée, la seconde validée, par la loi du 22 floréal. Mais il ne siège pas, ayant été nommé par le Directoire ambassadeur à Berlin le 8 mai 1798. Durant cette mission de moins d’un an (il arrive à Berlin le 21 juin 1798 et en repart le 24 mai 1799), il parvient à maintenir la neutralité de la Prusse, mais ne parvient pas à obtenir une alliance contre l’Autriche (19 floréal).

Auréolé de cette ambassade, il est réélu député dans l’Indre-et-Loire le 6 avril 1799 (17 germinal an VII) et entre, le 17 mai (27 floréal) au Directoire en remplacement de Reubell. Tout le monde est conscient que, s’il a accepté la charge de directeur, contrairement à 1795, c’est pour œuvrer à la révision de la constitution.

Son projet est facilité par l’élimination de trois des cinq directeurs lors du coup d’État du 30 prairial an VII et la nomination, parmi leurs remplaçants, d’un proche, Roger Ducos.

Un délai de neuf ans étant nécessaire pour aboutir à la révision, ses partisans optent pour un coup d’État. À la recherche d’une épée, Sieyès pense l’avoir trouvée en Joubert, qu’il fait nommer commandant en chef en Italie, mais il est tué à la bataille de Novi. Effrayé par les progrès des néo-jacobins, il fait remplacer Bernadotte, qu’il juge trop lié à la gauche, au ministère de la Guerre et nommer Fouché au ministère de la Police. De plus, il considère Masséna, victorieux à Zurich, et Brune, victorieux en Hollande, comme des jacobins, et se méfie de Barras.

Le retour d’Égypte de Bonaparte, dont il avait signé la lettre de rappel en juillet sans la croire possible, lui donne l’occasion de mettre en œuvre son projet. Conformément aux plans, il démissionne de son poste de directeur, lors du coup d’État du 18 brumaire, et un consulat provisoire, comprenant Bonaparte, Sieyès et Ducos, est formé. Mais le général a d’emblée l’ascendant sur ses deux collègues. Dans les discussions qui suivent, il rejette les propositions de Sieyès sur la « jurie constitutionnaire » et le poste de grand électeur que celui-ci se réservait.

En échange, Sieyès obtient la charge de sénateur, la propriété de l’un des grands domaines nationaux et 200 000 livres de rente. Il devient président du Sénat conservateur sous le Consulat. Il est nommé comte d’Empire en mai 1808.

Absent de la séance du Sénat qui proclame la déchéance de Napoléon en 1814, il demeure à l’écart durant la Première Restauration. Créé pair de France pendant les Cent-Jours sans y avoir formellement adhéré, il choisit de se fixer à Bruxelles, en Belgique, à la Seconde Restauration, sans attendre la loi du 27 janvier 1816, et ne rentre en France qu’en 1830. Il termine ses jours sous la monarchie de Juillet, honoré comme un vieux sage, mais dans une retraite complète.

Il est inhumé civilement le 22 juin 1836 dans la division 30 du cimetière du Père-Lachaise.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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