Élisabeth de Wittelsbach, dite “Sissi”, impératrice d’Autriche.

Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, duchesse en Bavière puis, par son mariage, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie, est née le 24 décembre 1837 à Munich, dans le royaume de Bavière, et morte assassinée le 10 septembre 1898 à Genève.

Mariée dès l’âge de 16 ans à l’empereur François-Joseph Ier, le 24 avril 1854, elle refuse régulièrement de se plier aux usages de la monarchie, ce qui provoque un conflit durable avec sa belle-mère, l’archiduchesse Sophie de Bavière. Ne pouvant s’adapter à la vie de la cour de Vienne, Elisabeth passe une grande partie de son existence à voyager. Elle perd deux enfants de son vivant, ainsi que des membres de sa famille, parfois de façon tragique. Elle est en partie à l’origine du compromis austro-hongrois de 1867. Son assassinat, en 1898, fait manchette en Europe, car elle jouit d’une bonne réputation sur le continent à cause de sa beauté et des tragédies qui ont marqué sa vie.

Régulièrement peinte de son vivant, sa vie a aussi inspiré des romans et des films. Elle est connue sous le surnom de « Sissi », en référence aux films d’Ernst Marischka, qui révèlent Romy Schneider dans ce rôle.


Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, dite « Sissi » ou « Sisi » comme elle signe parfois, est née le 24 décembre 1837 dans le palais de la Ludwigstrasse à Munich, résidence hivernale de ses parents. La sage-femme constate que l’enfant à peine née possède une dent sur la gencive.

Sissi est le quatrième enfant et la deuxième fille du duc Maximilien en Bavière et de la duchesse née Ludovica de Bavière. Le duc est le chef de la branche cadette des Wittelsbach à qui n’est accordé qu’en 1845 le prédicat d’« Altesse royale ». La duchesse Ludovica de Bavière est la benjamine des filles du roi Maximilien Ier de Bavière et de sa seconde épouse, née Caroline de Bade.

Leur mariage est au sens le plus strict un mariage dynastique servant à réconcilier les branches aînées et cadettes de la maison de Wittelsbach. Les deux époux n’ont aucun goût en commun. La duchesse, dont les sœurs contractent des unions brillantes, est une princesse des plus conformistes et est éprise de l’ex-roi du Portugal Michel Ier. Elle vit son mariage avec un « cadet » comme une humiliation. Le duc Maximilien se révèle un époux excentrique et volage. Grand voyageur, il délaisse très souvent femme et enfants, allant par exemple jouer de la cithare en haut de la pyramide de Khéops. Le père du duc, le duc Pie en Bavière, vivant en reclus, neurasthénique et misanthrope, est décédé peu avant la naissance de sa petite-fille. Le mariage de ses filles est, pour elle, une revanche sur le destin.

L’enfant reçoit le prénom d’Élisabeth en l’honneur de sa marraine et tante maternelle, la reine de Prusse Élisabeth de Bavière. Les autres sœurs et demi-sœurs de sa mère sont Augusta-Amélie de Bavière, duchesse de Leuchtenberg, belle-fille de l’ex-empereur des Français Napoléon Ier et veuve de son fils adoptif l’ex-vice-roi d’Italie, l’impératrice douairière Caroline-Auguste de Bavière, les reines consorts de Saxe Marie et Amélie ainsi que la fameuse archiduchesse Sophie de Bavière, mère de l’empereur François-Joseph Ier d’Autriche.

Le père de Sissi est fils unique. Son père, le duc Pie-Auguste de Bavière épouse Amélie Louise d’Arenberg, fille du duc d’Arenberg. Il s’agit d’un mariage convenable, ce dont on raille plus tard l’impératrice. Le duc Pie meurt l’année même de la naissance de Sissi en 1837.

Élisabeth grandit l’hiver à Munich et l’été dès que possible à la campagne, au château de Possenhofen, dit « Possi », petit château aux tourelles carrées situé sur les rives du lac de Starnberg. Paradoxalement, malgré les ambitions matrimoniales de sa mère pour ses filles, Sissi, comme ses frères et sœurs, est élevée sans contraintes ni manières. Elle est passionnée d’équitation, de poésie et adore faire de longues promenades en forêt. Élisabeth porte en elle la mélancolie des Wittelsbach, dont Louis II de Bavière, protecteur de Richard Wagner. Élisabeth est l’enfant préféré de son père. Cela s’explique par leurs caractères très proches : même goût pour les chevaux, l’indépendance, les voyages…

À 14 ans, la jeune duchesse s’éprend d’un écuyer de son père nommé Richard et songe à l’épouser. Refusant cette alliance trop peu brillante (l’adolescent est issu d’une famille comtale), la duchesse Ludovica éloigne le jeune homme qui meurt quelque temps plus tard de la tuberculose. Sissi est désespérée et se confie à son journal dans un poème déchirant.

Pour lui changer les idées, la duchesse, qui doit emmener sa fille aînée Hélène en Autriche, emmène son autre fille.

Le jeune empereur François-Joseph Ier, vivant dans une étroite complicité avec sa mère l’archiduchesse Sophie, demande d’abord la main de la princesse Anne de Prusse. Malgré l’intervention de la reine Élisabeth, sœur de l’archiduchesse Sophie, la cour de Berlin refuse cet honneur qui risque de contrarier ses ambitions hégémoniques. L’archiduchesse se tourne alors vers une autre de ses sœurs, la reine Marie de Bavière, mais sa nièce, la princesse Sidonie, ne plaît pas à son impérial cousin. L’archiduchesse se tourne en troisième choix vers la Bavière, troisième puissance allemande, et choisit l’aînée de ses nièces, la duchesse Hélène en Bavière, âgée de 19 ans.

Les fiançailles doivent être célébrées le 18 août 1853, dans la résidence impériale d’été de Bad Ischl, à l’occasion des fêtes données pour le vingt-troisième anniversaire du souverain autrichien.

Mais c’est de Sissi que le jeune souverain s’éprend. À la surprise de sa mère, il annonce le 19 août son intention d’épouser la jeune femme, sa cousine germaine, âgée de 15 ans et 8 mois.

Le mariage est célébré le 24 avril 1854 à Vienne, en Autriche. Contrairement à la tradition, la nuit de noces n’est pas publique. Elle se passe assez mal pour le jeune empereur, habitué à des dames consentantes, qui n’arrive pas à faire l’amour à la jeune femme vierge qu’il a épousée. La cour est surprise par cette jeune femme qui s’oppose aux volontés de l’empereur. En effet, à l’époque, une souveraine est la première sujette de son mari et doit, à ce titre, être disponible et soumise afin de donner le jour au plus tôt à l’héritier mâle nécessaire à la consolidation de la dynastie[réf. nécessaire]. De plus, la jeune impératrice, habituée aux manières simples de son entourage provincial, supporte mal la pesante étiquette viennoise, et s’enfonce vite dans une profonde dépression.

Les premiers temps du mariage, le couple prend ses quartiers au château de Laxenbourg, aux environs de la capitale. Élisabeth se sent perdue et surveillée par sa belle-mère — une femme intelligente mais dirigiste et traumatisée par la révolution autrichienne de 1848 — et par son entourage. L’empereur est peu présent. La guerre de Crimée vient d’être déclarée, opposant la France de Napoléon III et le Royaume-Uni de la reine Victoria à la Russie du tsar Nicolas Ier, précieux allié de l’Autriche pendant la révolution de 1848 puisqu’il a permis aux Habsbourg-Lorraine de conserver en leur possession le vaste royaume de Hongrie. Le jeune empereur est accaparé par les obligations de sa fonction et doit se rendre tous les jours à Vienne, au palais Hofburg ou au château de Schönbrunn, et n’en revient que très tard dans la soirée. Élisabeth se sent abandonnée.

Beaucoup plus tard, elle confie à sa fille Marie-Valérie que « le mariage est une institution absurde. Enfant de 15 ans, j’ai été vendue… ». Cependant, elle est rapidement enceinte et donnera naissance à quatre enfants :

  • Sophie Frédérique Dorothée Marie Josèphe (1855-1857), archiduchesse d’Autriche ;
  • Gisèle Louise Marie (1856-1932), archiduchesse d’Autriche. Elle épouse (en 1873) le prince Léopold de Bavière (1846-1930) ;
  • Rodolphe François Charles Joseph (1858-1889), archiduc d’Autriche et prince héritier de l’Empire austro-hongrois. Il épouse (en 1881) la princesse Stéphanie de Belgique (1864-1945). Il meurt avec sa maîtresse Marie Vetsera dans le pavillon de chasse de Mayerling en 1889 ;
  • Marie-Valérie Mathilde Amélie (1868-1924), archiduchesse d’Autriche. Elle épouse (en 1890) l’archiduc François-Salvator de Habsbourg-Toscane, prince de Toscane (1866-1939).

L’archiduchesse Sophie, trouvant que sa jeune nièce est quelque peu immature, décide de prendre en charge l’éducation des trois premiers enfants du couple ; cela entraîne des conflits à répétition. De plus, la mort de Sophie, la première fille d’Élisabeth, marque profondément sa mère. La naissance difficile de Rodolphe par la suite et la culpabilité qui la ronge n’arrangent rien ni avec François-Joseph, ni avec sa belle-mère.

Les relations entre Élisabeth et sa belle-mère (qui est aussi sa tante), sont souvent orageuses. Bien au-delà du conflit familial traditionnel, il y a entre elles le fossé de deux visions différentes des devoirs d’une souveraine. Sophie a sacrifié sans remords les espérances d’une jeune fille romantique, qui doit accepter son destin de princesse mariée malgré elle.

Contrairement à la légende, Sophie n’a pas été déçue du choix d’Élisabeth ; surprise certes, mais pas déçue. En femme politique, elle souhaite une alliance avec la Bavière et l’a conclue ; peu lui importe la personne choisie par son fils. Sur le plan dynastique et diplomatique, une duchesse en Bavière en vaut bien une autre : l’essentiel est de trouver des alliés au sein de la Confédération germanique pour contrer les ambitions du royaume de Prusse.

Elle aime sa belle-fille et apprécie ses qualités personnelles. Seulement, Sissi n’a aucun goût pour la vie de la cour, et elle souffre d’un protocole auquel elle ne sait s’adapter.

L’archiduchesse Sophie reproche à sa belle-fille, qui refuse de sacrifier sa vie privée et ses goûts à ses devoirs, un tempérament « puéril et égoïste ». Intelligente, sensible et cultivée, ayant sacrifié sa vie, ses ambitions et ses amours à une union certes prestigieuse mais avec un homme sans éclat, Sophie ne peut comprendre ni admettre que la jeune impératrice, mariée à un prince séduisant et très épris d’elle, n’aime pas être une souveraine, et surtout qu’elle rechigne à remplir ses devoirs de représentation.

De fait, Élisabeth devient rapidement impopulaire tant à la ville qu’à la cour de Vienne. Elle ne sait réagir que par un mépris affiché pour la capitale autrichienne et ses institutions.Malgré tout, elle est très populaire partout dans l’Empire d’Autriche, surtout en Hongrie, pays qu’elle aime beaucoup.

Élisabeth ne souhaite pas être impératrice, mais elle profite largement des avantages financiers de sa position. Comprenant tout le parti qu’elle peut tirer de sa beauté, qu’elle entretient avec soin, elle dépense sans compter en toilettes, chevaux, équipages et voyages. François-Joseph paie toutes ses dépenses sans jamais lui en faire le reproche. Pour l’encourager à rester proche de la cour tout en respectant son plus cher désir de ne pas se sentir observée, François-Joseph lui a fait construire la Villa Hermès située à l’ouest de Vienne. En 1875, à la mort de l’empereur Ferdinand Ier, qui a abdiqué en sa faveur en 1848, François-Joseph remet à Élisabeth des sommes importantes prélevées sur cet héritage considérable, car il a reçu la possession de tous les biens du défunt. Ils seront ensuite partagés entre les héritiers d’Élisabeth à sa mort.

Si sa beauté est unanimement admirée et célébrée, ses aptitudes équestres sont également remarquables.

En 1859, après la guerre contre la France et le royaume de Sardaigne, l’empereur revient à Vienne après sa défaite. Dans la foule, on crie à l’abdication en faveur de Maximilien. De plus, il ne reconnaît plus sa femme et s’en éloigne. Il part retrouver les comtesses qu’il voyait avant son mariage, et on ne se gêne pas pour en parler à la cour, en espérant que cela arrive aux oreilles d’Élisabeth. C’est la goutte d’eau qui provoque son mal. L’impératrice, qui a 22 ans, se met à tousser et on la croit perdue comme sa belle-sœur et cousine, Marguerite de Saxe, décédée l’année précédente à l’âge de 18 ans. Les médecins diagnostiquent une tuberculose, mais il s’agit peut-être d’une conséquence de son anorexie ou de la pression psychologique qu’elle subit depuis 5 ans.

Les médecins préconisent une cure dans une région ensoleillée et l’on pense aux provinces dalmates du sud de l’Empire où la sécurité de la souveraine peut être facilement assurée, mais l’impératrice s’y refuse. Elle choisit l’île de Madère, une île portugaise au large de l’Afrique, qui est, pour l’époque, très exotique et surtout très lointaine. Elle veut fuir la cour d’Autriche, quitter Vienne.

Sa maladie est la conséquence d’une série d’événements. Il y a d’abord la mort de sa première fille ; la culpabilité qui la ronge, les tracasseries perpétuelles de sa belle-mère, notamment le fait qu’elle l’accuse sans cesse d’avoir tué sa fille ; puis la naissance de Rodolphe qui l’a affaiblie. Le peu de soutien qu’elle reçoit de son mari, toujours soumis au caractère impérieux de sa mère l’archiduchesse Sophie, peut aussi avoir déçu la jeune souveraine peu au fait des relations interpersonnelles au sein de la cour impériale.

C’est à cette époque que François-Joseph part faire la guerre contre Napoléon III et laisse son épouse seule à Vienne. Élisabeth combat son désœuvrement en inaugurant un hôpital au château de Franzensburg pour soigner les blessés qui reviennent vers la capitale. Elle y passe des journées entières et suscite même l’admiration de sa belle-mère, qui reconnaît son courage.

Quand elle n’en peut plus des blessés, elle part des journées entières à cheval pour épuiser ses forces. La nuit, elle écrit à son mari, l’implorant de revenir et détrempant le papier par ses larmes. Elle s’est mise à fumer et scandalise la cour. Surtout que beaucoup de jeunes filles se mettent à l’imiter, ce qui conduit à un drame. Une de ses jeunes cousines, l’archiduchesse Mathilde de Teschen, promise au prince héritier d’Italie, entendant son père arriver et voulant cacher sa cigarette dans un des pans de sa robe, meurt brûlée en 1867.

Pour célébrer le printemps, Élisabeth organise des bals privés dans ses appartements avec de jeunes couples de petite noblesse, mais elle se lasse très vite. Elle vit la nuit et le jour, épuise ses forces et mange très peu. De plus, à la cour, il y a maintenant une nouvelle rivale : sa belle-sœur Charlotte de Belgique, qui épouse en 1857 l’archiduc Maximilien, futur empereur du Mexique.

Elle embarque, avec sa suite, le 17 novembre 1860 à bord d’un yacht prêté par la reine d’Angleterre. Elle passe cinq mois sur l’île de Madère, puis on la fait revenir à Vienne le 28 avril 1861. Dès son retour, son mal réapparaît encore plus fort que lorsqu’elle est partie. On l’emmène à Corfou, croyant qu’elle n’en reviendra pas. Là-bas, les médecins cherchent à soigner son aversion pour Vienne et pour la cour, bien plus que son mal physique. C’est à Corfou qu’elle commence une collection de photos de femmes en tout genre, afin de l’aider à apprivoiser son image. Elle revient à Vienne après deux ans d’absence. Plus sereine, prête à accepter la cour et le palais qu’elle appelle sa « prison dorée », elle a pourtant envie de voyager de par le monde, ce qu’elle fait très souvent, délaissant ses devoirs de représentation, son mari et ses enfants.

Bien qu’Élisabeth n’ait pas eu le droit d’éduquer ses trois premiers enfants, elle a su intervenir quand il le fallait, par exemple pour le choix du précepteur de l’archiduc héritier Rodolphe. Elle ne craint pas de menacer son mari de quitter la cour, ce qui n’aurait pas manqué de créer un scandale retentissant et nui au prestige de l’Autriche (1865).

Pour éviter de prendre du poids, elle s’astreint à la pratique du « corsetage », qui consiste à enserrer l’abdomen dans un corset extrêmement serré et à consommer uniquement du lait, du bouillon de poulet et des substances très nourrissantes (par exemple le jus de six kilos de viande de bœuf en guise de déjeuner) mises au point pour combler les besoins alimentaires des ouvriers trop pauvres pour acheter la nourriture normale des marchés. Dans le même but, elle passe beaucoup de temps à la marche forcée, à cheval, une à deux heures chaque matin à la gymnastique, notamment dans des salles d’agrès aménagées dans tous ses appartements. Ainsi, dans le palais de la Hofburg, un portique en bois comporte onze agrès, des barres parallèles et deux anneaux9 encore visibles10. L’impératrice est tellement obsédée par la peur de grossir — elle vise un poids maximum de 50 kg pour 1,72 m — que certains la considèrent a posteriori comme souffrant d’anorexie mentale.

Souffrant de neurasthénie, elle drape ses pièces de noir et les orne de statues cadavériques et exige que ses domestiques portent une livrée noire.

Le 8 juin 1867, Élisabeth, passionnée par la Hongrie, sa langue et son peuple, est couronnée reine de Hongrie aux côtés de son mari (c’est la naissance de la double monarchie austro-hongroise). Le compositeur Franz Liszt, présent à la cérémonie, dit d’elle, émerveillé : « Elle n’avait jamais été aussi belle… elle apparaissait comme une vision céleste dans le déroulement d’un faste barbare ».

Élisabeth traduit spontanément son prénom en hongrois Erzsébet. Elle est une souveraine admirée et acclamée par le peuple magyar, ravi par la mesure de clémence consécutive au couronnement, l’amnistie de tous les délits politiques commis en Hongrie depuis 1848. L’État hongrois lui offre à cette occasion le château de Gödöllő situé à une trentaine de kilomètres de Budapest. C’est le seul endroit où elle se sent véritablement chez elle. Elle s’y rend très souvent.

Le rôle politique d’Élisabeth dans l’élaboration du Compromis austro-hongrois, sans avoir été déterminant, est incontestable. Au moins dans l’influence qu’elle a auprès de François-Joseph pour surmonter sa répugnance vis-à-vis des Magyars et auprès de ces derniers pour celle à l’encontre de leur roi. La répression de la révolution hongroise de 1848 a laissé des traces d’amertume d’autant plus profondes dans les élites et dans le peuple hongrois qu’il a fallu que François-Joseph, tout jeune souverain, fasse appel aux troupes russes pour rétablir l’ordre.

La joie éprouvée lors du compromis avec la Hongrie ravive pour une courte période sa relation avec François-Joseph et Sissi revient sur sa décision de ne plus avoir d’enfant. Un an après le couronnement, c’est à Budapest qu’elle choisit de donner le jour à son quatrième enfant, une fille, prénommée Marie-Valérie (inspirée de la Valérie ou Pannonia Valeria, soit l’ancienne province romaine correspondant au sud de la Hongrie). La reine de Hongrie aurait préféré un fils qui serait devenu plus tard roi de Hongrie, consommant la séparation des deux monarchies. Cependant, cette couronne de Hongrie et la naissance de cette enfant, pour laquelle elle éprouve toute sa vie un amour exclusif et oppressant, marquent un tournant dans la vie d’Élisabeth. Elle s’est enfin imposée.

L’archiduchesse Sophie, encore sous le choc de l’exécution de son fils, l’empereur Maximilien à Querétaro au Mexique, n’est plus que l’ombre d’elle-même. La création de la double monarchie signe l’échec de sa vision politique de l’Autriche. Elle meurt cinq ans plus tard.

Si le couronnement de François-Joseph et d’Élisabeth comme roi et reine de Hongrie le 8 juin 1867 consacre le rôle politique de l’impératrice ; si, dans le même temps, la beauté et la grâce de la souveraine sont renommées dans toute l’Europe et au-delà même des frontières du continent ; si, ayant acquis de haute lutte sa liberté personnelle, l’impératrice souhaite devenir mère une quatrième fois, la joie du triomphe s’efface rapidement devant les tragédies qui touchent ses proches.

L’année a pourtant commencé par une grande joie : l’annonce officielle des fiançailles de Sophie-Charlotte en Bavière, la plus jeune des sœurs de l’impératrice, avec leur cousin, le roi Louis II de Bavière. Cependant, ne pouvant se résoudre à s’unir à une femme, Louis II, après avoir plusieurs fois repoussé la date des noces, rompt ses fiançailles en octobre. Entre-temps, désorientée, la jeune Sophie-Charlotte a noué une chaste mais compromettante idylle avec le fils du photographe de la cour.

Le 9 mars meurt l’épouse de Charles-Théodore en Bavière, frère préféré de l’impératrice. Sophie de Saxe, dont la santé a été très éprouvée par son premier accouchement, est emportée par une méchante grippe à l’âge de 22 ans. Le jeune duc en est désespéré. Il quitte bientôt l’armée pour entreprendre des études de médecine, au grand dam de sa famille pour qui un prince ne peut être que soldat, prélat ou diplomate.

Bien plus tragique est la mort de l’archiduchesse Mathilde de Teschen, âgée de 18 ans, deux jours avant le couronnement. La jeune archiduchesse, destinée à ceindre la couronne d’Italie, meurt brûlée un soir de bal. Pour imiter l’impératrice, l’archiduchesse Mathilde s’est mise à fumer, ce que son père réprouve avec véhémence. Une soirée se donne au théâtre de Vienne et la jeune archiduchesse se prépare pour cet événement. Déjà parée, elle allume une cigarette quand elle entend le pas de son père se dirigeant vers ses appartements. Prestement, elle dissimule la cigarette dans son dos. La robe, enduite de glycérine pour mieux lisser les tissus, s’enflamme et l’archiduchesse, en quelques secondes, est transformée en torche vivante sous les yeux de son père horrifié. Elle meurt deux semaines plus tard, le 6 juin 1867.

À la fin du mois de juin, c’est le mari d’Hélène, Maximilien de Tour et Taxis, qui est emporté par la maladie à l’âge de 36 ans, laissant son épouse et ses quatre jeunes enfants désespérés.

Quelques semaines plus tard, la cour apprend l’exécution de l’empereur Maximilien Ier, frère de l’empereur d’Autriche et éphémère empereur du Mexique, le 19 juin après un simulacre de procès, tandis que sa femme Charlotte a sombré dans la folie. L’archiduchesse Sophie, brisée par la mort de son fils préféré, se retire du monde politique.

La seule bonne nouvelle de cette année est l’annonce de la quatrième grossesse de l’impératrice et reine. Encore cette annonce est-elle ternie par les rumeurs qui prétendent que le père de l’enfant à naître n’est pas l’empereur.

Au cours des années, les morts successives de sa fille aînée Sophie, de son beau-frère l’empereur du Mexique Maximilien Ier, celle prématurée de Maximilien, prince Maximilien de Tour et Taxis (mari d’Hélène) la même année, de son cousin le roi Louis II de Bavière, retrouvé noyé dans le lac de Starnberg, de son père le duc Maximilien en Bavière, de sa mère la duchesse Ludovica de Bavière, de son ami le comte Gyula Andrássy, de sa sœur Sophie-Charlotte en Bavière, duchesse d’Alençon, brûlée vive lors du Bazar de la Charité, la folie dont est atteinte sa belle-sœur Charlotte de Belgique qui dure 60 ans, mais surtout la mort restée mystérieuse et entourée d’une atmosphère de scandale de son fils unique, l’archiduc Rodolphe d’Autriche à Mayerling en 1889, plongent Élisabeth dans une douleur et une mélancolie indescriptibles.

Détruite psychologiquement par la mort de son seul fils, elle reste à jamais choquée. Le soir de l’inhumation de celui-ci, elle se rend à la crypte des Capucins pour voir Rodolphe. Elle demande alors aux moines de la laisser seule. L’impératrice reste quelques instants devant la tombe de son fils unique. Soudain, elle pousse deux horribles cris de douleur, appelant son fils à travers l’immensité de la crypte. Après s’être recueillie, elle rentre à la Hofburg, mais plus rien ne sera jamais comme avant.

Très tôt, elle voyage en Europe, notamment sur les conseils de ses médecins ; ainsi, elle séjourne durant l’été 1875 dans le château du village de Sassetot-le-Mauconduit. Elle se baigne aux Petites Dalles et parcourt à cheval la campagne environnante, en pays de Caux.

Une quinzaine d’années plus tard, peu après le décès tragique de son unique fils, l’archiduc Rodolphe d’Autriche, elle ne porte plus que le deuil. N’ayant plus de liens avec la cour de Vienne (sa fille Valérie s’est mariée en 1890), elle multiplie ses voyages à travers l’Europe.

Passionnée par la Grèce antique et les héros d’Homère, elle apprécie particulièrement Corfou, où elle fait construire un magnifique palais de style antique, l’Achilleion.

Elle séjourne aussi en 1896-1897 en France, à Roquebrune-Cap-Martin, au Grand Hôtel du Cap-Martin, près duquel est érigé un monument à sa mémoire dans le petit « square Sissi ».

L’impératrice est atteinte d’anémie, en raison de son régime alimentaire. Elle souffre aussi de névrite, d’insomnie et d’une légère dilatation cardiaque. Le 16 juillet 1898, elle part pour une nouvelle cure. Le 30 août 1898, elle arrive par le train à Munich après un périple en Allemagne avec une suite réduite. François-Joseph est resté pour fêter le 50e anniversaire de son accession au trône.

Le 10 septembre 1898, en sortant de l’hôtel Beau-Rivage de Genève, situé face au lac Léman, l’impératrice-reine est assassinée par un anarchiste italien, Luigi Lucheni. À son procès, il dit avoir voulu tout d’abord tuer le duc d’Orléans, puis s’être décidé ensuite pour l’impératrice et avoir voulu frapper à travers elle « les persécuteurs des ouvriers ». Il est condamné à la réclusion à perpétuité.

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Sources : Wikipédia, YouTube

 

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