École d’art de Nancy (Meurthe-et-Moselle).

L’école de Nancy, Alliance provinciale des industries d’art (en général appelée seulement école de Nancy) est le fer de lance de l’Art nouveau en France, dont l’inspiration essentielle est à chercher dans les formes végétales : ginkgo, ombelle, berce du Caucase, nénuphar, chardon ou encore cucurbitacée ; et animales, comme les libellules. Cette alliance s’appuie sur une recherche d’utilisation poussée dans la verrerie, la ferronnerie, l’acier, le bois, pour mettre le beau dans les mains de tous et ainsi faire entrer l’art dans les foyers.

Les fondateurs définissent l’école de Nancy comme une « sorte de syndicat des industriels d’art et des artistes décorateurs, qui s’efforce de constituer en province, pour la défense et le développement des intérêts industriels, ouvriers et commerciaux du pays, des milieux d’enseignement et de culture favorables à l’épanouissement des industries d’art ». Son but, tel qu’il est décrit à l’article 1 des statuts de l’association, est de « favoriser la renaissance et le développement des métiers d’art en province ».

À sa création en date du 13 février 1901, l’association est dotée d’un bureau, composé d’un président, Émile Gallé, et de trois vice-présidents, Louis Majorelle, Antonin Daum et Eugène Vallin.

Ecole de Nancy, carte maximum, 22/05/1999.

L’objectif est notamment de faire rayonner la Lorraine, riche de ses nombreuses industries (aciéries, etc.) et artisanats d’art (cristalleries, ébénisteries, travail du verre, du bronze d’art, de la faïence et de la céramique), au filtre d’un sentiment patriotique issu de l’immigration de nombreux Français originaires d’Alsace et de l’actuelle Moselle qui, toutes deux, avaient été incorporées à l’Empire allemand depuis la guerre de 1870. L’École de Nancy se voulait un art total par la collaboration de tous les corps de métiers (architecture, ameublement, arts décoratifs), mais également l’héritière de l’école d’inspiration romantique de Metz, dissoute à l’annexion de 1871, et dont de nombreux membres ont émigré vers Nancy.

Ses promoteurs se fixent comme but de promouvoir les arts décoratifs. À la croisée de l’art et de l’industrie, cette école investit ainsi les domaines de l’architecture et du mobilier par l’intermédiaire des techniques les plus diverses.

Les ateliers conjuguent la création de pièces uniques avec une production en série, qui se veut à destination d’un public le plus large possible.

Les membres de cette école se sont illustrés dans de nombreuses disciplines, notamment l’architecture, la verrerie et la cristallerie, le vitrail, la ferronnerie, l’ébénisterie, le papier peint, la typographie, l’imprimerie, la reliure d’art. On peut citer également d’autres terrains d’investigation, tels la broderie (Fernand Courteix), l’orfèvrerie (André Kauffer), le dessin, l’estampe, l’affiche publicitaire, la photographie.

Au sein du style Art nouveau, l’école de Nancy se distingue par une réhabilitation du gothique flamboyant et du rococo, la première étant vraisemblablement un héritage de l’école de Metz.

La nature est une source d’inspiration importante. Elle s’inspire des décors floraux du Moyen Âge pour en faire le sujet premier de nombreuses œuvres. C’est ainsi qu’Émile Gallé fréquente l’école Forestière de Nancy et collabore avec le naturaliste Dominique Alexandre Godron. Il publie plusieurs articles scientifiques. Cette inspiration est facilitée par le fait que Nancy abrite un centre d’horticulture reconnu.

La présence du Japonais Hokkai Takashima à Nancy, de 1885 à 1889, aura un impact sur le thème oriental de nombreuses œuvres.

Présents depuis plusieurs années dans les expositions parisiennes, les artistes nancéiens ont l’occasion d’exposer pour la première fois en 1894 leurs productions d’art décoratif à Nancy. Plus de 76 exposants parmi lesquels Émile Gallé, Louis Majorelle, Eugène Vallin, proposent aux galeries Poirel 700 pièces dans diverses techniques confondues.

L’exposition d’art décoratif est le premier acte de la Société des arts décoratifs Lorrains, qui donnera lieux à la naissance de l’École de Nancy.

L’activité de cette école se déroule principalement à Nancy et s’impose lors de l’Exposition universelle de Paris de 1889, où Émile Gallé et Louis Majorelle voient leur talent reconnu, jusqu’en 1909 où le mouvement connaît sa dernière manifestation collective à Nancy, dans le cadre de l’Exposition internationale de l’Est de la France. Par la suite, le style évolue lentement vers ce qui constituera l’une des impulsions de l’Art déco français.

À la suite du mouvement Arts & Crafts né en Angleterre, l’Art nouveau se généralise en Europe durant les décennies 1880-1890. Il atteint des villes très importantes comme Barcelone, Bruxelles, Paris, Munich, Vienne, Glasgow, Prague… Le nouvel intérêt des artistes et des artisans pour la vie quotidienne rencontre l’attrait du public pour la modernité, que ce soit dans les décors urbains ou à l’intérieur des maisons9. Émile Gallé expose dès 1889 à l’exposition universelle de Paris. Les artistes nancéiens se font connaître lors du salon de la Société nationale des beaux-arts de Paris en 1891 et 1893.

Après le rattachement à la France au XVIIIe siècle, Nancy a perdu une grande partie de son attractivité et, en 1850, elle ne compte plus que 40 000 habitants. Les constructions du canal de la Marne au Rhin en 1851, et de la ligne de chemin de fer reliant Paris à Strasbourg, en 1856, permettent le développement des industries chimique et sidérurgique en entraînant un nouvel essor de la ville. Des activités traditionnelles, comme la céramique et le travail du verre, trouvent un nouveau regain.

Mais c’est l’annexion de 1871 qui fait de Nancy la capitale de l’est de la France. L’afflux d’Alsaciens-Mosellans fuyant l’annexion allemande entraîne le développement de l’activité économique et intellectuelle ainsi que la construction de nouveaux quartiers. L’Art nouveau sert de ciment culturel pour ces optants, qui ont trouvé refuge à Nancy.

Cependant, la pression croissante sur les loyers entraîne la relégation des classes populaires dans les quartiers de la vieille ville et du canal.

En 1894, une exposition d’arts décoratifs et industriels lorrains est organisée dans les galeries Poirel par l’architecte Charles André. Les membres de la commission de cette manifestation fondent alors la Société des arts décoratifs lorrains. C’est la première fois que les artistes nancéiens exposent ensemble.

En 1900, Émile Gallé, Louis Majorelle et les verreries Daum présentent leurs travaux à l’Exposition universelle de Paris.

En 1901, Émile Gallé rédige une lettre ouverte, publiée le 11 janvier, dans le quotidien L’Étoile de l’Est, et le 15, dans la revue La Lorraine-Artiste. Dans cet article, il propose de créer un groupement visant à la promotion du développement d’une industrie d’art en Lorraine.

L’Association de l’école de Nancy ou Alliance Provinciale des Industries d’Art est créée le 13 février 1901. Elle a pour but :

  • de promouvoir le rayonnement culturel de la ville de Nancy ;
  • de trouver des pratiques et thèmes propres à unir les productions des membres de l’association, tout en préservant leur autonomie ;
  • de valoriser les industries d’art en créant une école, un musée, des expositions…

Elle regroupe des artistes et artisans mais aussi des entrepreneurs, des journalistes, des amateurs d’arts…

Faute de financement, seuls Majorelle et Daum peuvent participer à l’exposition des Arts Décoratifs de Turin, en 1902.

En 1903, l’École expose au pavillon de Marsan, dans le palais du Louvre, à l’initiative de l’Union centrale des arts décoratifs.

Une nouvelle exposition est organisée dans les galeries Poirel en 1904.

Gallé décède le 23 septembre 1904, Victor Prouvé le remplace à la tête de l’association.

En 1909 est organisée, à Nancy, l’Exposition internationale de l’Est de la France. Les artistes de l’École de Nancy, regroupés dans un pavillon du parc Sainte-Marie, exposent ensemble pour la dernière fois.

La guerre de 1914, puis le développement du mouvement Art déco, par exemple par Daum, Gruber ou Majorelle, marginalisent l’Art nouveau18. Comme dans le reste de l’Europe, le style est dédaigné jusqu’au début des années 1980.

Le musée de l’École de Nancy est inauguré en 1964.

Dans les années 1970, des opérations d’urbanisme comme celle du quartier de la gare de Nancy entraînent la destruction de nombreux bâtiments appartenant à ce courant. La verrière de Jacques Gruber, située dans l’actuel bâtiment Crédit Lyonnais, est menacée de destruction en 1976. Elle est sauvée par le service des monuments historiques.

En 1999 est célébrée l’année de l’École de Nancy. Cet anniversaire est l’occasion de restaurer et d’exposer des œuvres qui étaient jusque-là conservées dans les réserves du musée. Entre 1998 et 2000, on réalise une opération de restauration et de mise en valeur de près de 350 ouvrages d’architecture.

Aujourd’hui, les œuvres de l’École de Nancy participent à l’identité de la ville et constituent un vecteur de communication. En 2012, on remarquera parmi les clins d’œil à ce mouvement artistique, le nouveau logo de Telecom Nancy, école d’ingénieurs de l’Université de Lorraine.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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