Domenico Ghirlandaio, peintre.

Domenico di Tommaso Curradi di Doffo Bigordi, appelé couramment Domenico Bigordi dit Domenico Ghirlandaio, né le 2 juin 1448 à Florence et mort de la peste le 11 janvier 1494 à Florence, est un peintre de l’école florentine.

Il travaille principalement dans sa ville natale1 où il est l’un des protagonistes de la Renaissance à l’époque de Laurent le Magnifique. Vers 1480 notamment, il devient de facto le portraitiste officiel de la haute société florentine grâce à son style précis, agréable et rapide. À la tête d’un important atelier, dans lequel Michelangelo Buonarroti, âgé de 13 ans, fait ses premiers pas dans le domaine de l’art, il marque son époque par ses grands cycles de fresques, notamment à la chapelle Sassetti et la chapelle Tornabuoni à Florence, et par certaines scènes de la chapelle Sixtine à Rome1. Domenico fait partie de la dite « troisième génération » de la Renaissance florentine, avec des maîtres tels que Verrocchio, les frères de Pollaiolo (Antonio et Piero) et le jeune Sandro Botticelli.


Oeuvre de Ghirlandiao, carte maximum, Italie, 2010.

Domenico est d’abord apprenti orfèvre dans l’atelier de son père. Vasari raconte comment il se consacre à contrecœur à cette profession, préférant passer du temps à peindre les passants. Finalement, le père doit renoncer à son projet de faire succéder à la tête de l’entreprise familiale son fils aîné et lui permet de se consacrer à l’apprentissage des techniques artistiques, en particulier de la peinture et de la mosaïque, le plaçant dans l’atelier d’ Alesso Baldovinetti, information confirmée également au XVIe siècle dans les mémoires de Francesco Baldovinetti, un descendant du peintre. Baldovinetti est un artiste reconsidéré au cours des cinquante dernières années par les études historico-artistiques, comme un interprète raffiné de l’héritage florentin et des influences flamandes (Rogier van der Weyden et surtout, à cette époque, Hans Memling et Hugo van der Goes), capable de mettre en valeur le paysage qui devient alors un protagoniste de la représentation et non plus un simple arrière-plan.

Les historiens de l’art ont pensé que Domenico s’était rapproché de l’atelier de Verrocchio, l’un des plus actifs de la ville, où se forma une nouvelle génération d’artistes, comme Sandro Botticelli, Perugino, Lorenzo di Credi et, quelques années plus tard, Léonard de Vinci. Cependant, les documents d’archives ont plutôt rapporté que l’artiste s’est formé dans l’atelier de l’orfèvre Bartolomeo di Stefano4. De plus, les exemples de Benozzo Gozzoli, au goût narratif vif, et de Filippo Lippi, qui a une prédilection pour le dessin et la couleur douce, ont dû avoir une certaine influence sur son style au cours de sa formation.

En 1472, Ghirlandaio s’inscrit à la Compagnie des Peintres de San Luca, ce qui marque la fin de son apprentissage.

Ses premières œuvres indépendantes se trouvent dans des églises de campagne de l’arrière-pays florentin. La première œuvre connue est une fresque dans l’église paroissiale Sant’Andrea a Cercina sur la commune de Siesto Fiorentino , Saint Jérôme, sainte Barbe et saint Antoine abbé, datable vers 1471-1472. Il s’agit du décor de la bande médiane d’une niche semi-circulaire, dans laquelle le peintre a peint une fausse architecture avec des niches en marbre séparées par des piliers reposant sur un cadre mouluré au-dessus de quelques panneaux en faux marbre. Dans les niches se trouvent les saints Jérôme, Barbe et Antoine abbé, caractérisés par une ligne de contour fine et fluide et une couleur vive et harmonieuse, dérivée de l’exemple de Domenico Veneziano. Le Saint Jérôme surtout, laisse

apparaître les réminiscences de Andrea del Castagno l’attention anatomique et de la force plastique d’Andrea del Castagno, bien que l’ensemble soit doux et avec un mouvement à peine évoqué, dépourvu de drame. La recherche illusionniste de certains détails qui « sortent » des niches est également intéressante, comme les pieds saillants ou les mains particulièrement réalistes de l’homme sur les marches sous sainte Barbe8. Murée en 1660, la fresque a été redécouverte en 1923.

Immédiatement après, l’artiste entre au service de la riche famille Vespucci, alliée des Médicis, en peignant pour eux une Madonna della Misericordia et une Pietà dans leur chapelle de l’église Ognissanti à Florence. La chapelle, constituée d’une niche dans la nef unique, fortement transformée lors de modifications ultérieures, est construite en 1472 ; les fresques sont peintes en 1475. Dans le groupe de personnages protégés sous le manteau de la Vierge, figure le jeune Amerigo Vespucci, futur navigateur.

Dans ces œuvres, la personnalité artistique de Domenico est déjà bien établie, notamment en ce qui concerne la vivacité des traits physionomiques des figures représentées, qui font l’objet d’une étude soigneuse, ce qui rend les personnages si différents les uns des autres.

Le Baptême du Christ, et une Vierge en majesté entre saint Sébastien et saint Julien, fresques de l’église Sant’Andrea a Brozzi près de Florence, remontent à ces mêmes années.

En 1481, sur la suggestion de Laurent le Magnifique, un groupe d’artistes florentins est convoqué à Rome par le pape Sixte IV pour peindre les fresques du projet grandiose de chapelle Sixtine, scellant également ainsi la réconciliation du pape avec Florence et les Médicis. Ghirlandaio est accompagné de Sandro Botticelli, la Cosimo Rosselli et du Perugin, maintenant florentin d’adoption, mais qui était peut-être déjà à Rome. Chaque artiste est suivi d’un nombre important d’aides, dont font partie des artistes qui vont bientôt émerger, tels que Luca Signorelli, Pinturicchio, Filippino Lippi, Piero di Cosimo. Le thème des fresques est la célébration de la papauté à travers les Histoires de Moïse et les Histoires du Christ, mis en parallèle pour souligner la continuité du message divin, qui, selon la loi juive est repris par le Christ et transmis par celui-ci à Pierre, puis aux pontifes, ses successeurs. L’entreprise, en ce qui concerne le premier groupe de peintres, s’achève rapidement en 1482.

Ghirlandaio se voit confier deux fresques, la Vocation des premiers apôtres et la Résurrection, cette dernière est déjà très endommagée à l’époque de Vasari et est repeinte plus tard, à la fin du XVIe siècle. L’attribution du Passage de la mer Rouge est incertaine. En outre, il est possible qu’il ait été l’un des artistes qui ont peint la série des trente premiers papes au-dessus des panneaux des grandes histoires de Moïse et de Jésus, mais les repeints ultérieurs ne permettent que des évaluations générales.

La Vocation est une œuvre où Ghirlandaio utilise une solennité qui ne se retrouve pas dans ses œuvres ultérieures. Le décor, les vêtements, les couleurs de certains personnages et certaines attitudes rappellent la scène du Paiement du Tribut de Masaccio dans la chapelle Brancacci, œuvre du début de la Renaissance florentine que Ghirlandaio a également pu étudier, selon le témoignage de Vasari. Les couleurs sont vives et lumineuses, particulièrement efficaces pour rendre la délicatesse de la peau ou pour assortir les couleurs des vêtements contemporains.

L’habileté de portraitiste de Ghirlandaio atteint ici, pour la première fois, des sommets de réalisme, après ses premiers essais dans les fresques de la chapelle Santa Fina (1475), devenant l’une de ses caractéristiques les plus reconnues et les plus appréciées.

De Rome, Ghirlandaio rapporte avec lui de nombreux dessins et études de monuments anciens qu’il va souvent utiliser dans ses œuvres ultérieures.

De retour au pays, Ghirlandaio est littéralement submergé de demandes, devenant bientôt l’artiste préféré de la bourgeoisie florentine la plus riche et la plus cultivée. Selon Vasari, l’une des premières œuvres commandées après son retour est une fresque avec l’histoire de San Paolino pour Santa Croce, dont subsiste peut-être quelques fragments du cadre architectural dans le bas-côté gauche, près de la tombe de Michelangelo Buonarroti.

Alors qu’il s’apprête à conclure le contrat pour le cycle de fresques de la chapelle Sassetti il reçoit en 1482, de la seigneurie de Florence, la commande de fresques pour décorer la Sala dei Gigli du Palazzo Vecchio. Au départ, cette commande devait être répartie entre les principaux artistes travaillant dans la ville, soit, en plus de Ghirlandaio lui-même, Sandro Botticelli, Pietro Perugino et Piero Pollaiolo, mais au final, seul Domenico s’en est occupé. La décoration, qui ne concerne que le mur est, comprend une Apothéose de saint Zenobius et un cycle d’hommes illustres, qui, cependant, ont été largement réalisés avec l’aide de l’artiste qui œuvra avec lui dans la chapelle de Francesco Sassetti. La médiocrité de l’exécution se révèle surtout dans la scène centrale de l’Apothéose, tandis que les deux lunettes d’Hommes illustres de l’antiquité dégagent une énergie qui provient certainement d’une plus grande présence de la main du maître.

En 1483, il participe à la décoration de la villa di Spedaletto près de Volterra, le programme décoratif le plus ambitieux initié par Laurent le Magnifique, pour lequel les meilleurs artistes florentins de l’époque sont appelés : Filippino Lippi, Pietro Perugino, Sandro Botticelli et Ghirlandaio qui peint Vulcain et ses assistants qui forgent la foudre. Les fresques de la villa ont été complètement perdues. Si elle avait été conservée, la fresque serait le seul exemple connu de peinture profane de l’artiste, en dehors des portraits ; Vasari se souvient aussi que le peintre y avait réalisé des nus, rares dans la production de l’artiste.

Domenico peint ensuite les fresques de la chapelle familiale des Sasseti à Santa Trinita de Florence11 et du chœur de Santa Maria Novella (1485-1490), œuvres qui confirment sa renommée. Les fresques de la chapelle Sassetti représentent six épisodes de la Vie de saint François, ainsi que quelques sujets liés à la prophétie païenne de la venue du Christ, datés de 1485. Les trois épisodes principaux sont Saint François recevant l’approbation de la Règle de son ordre du Pape Honorius III , ses Funérailles et la Résurrection d’un enfant de la famille Spini grâce à l’intercession du saint alors qu’il s’est tué en tombant d’une fenêtre. Un portrait de Laurent de Medicis apparait dans la première œuvre, et un autoportrait du peintre dans la troisième. Le retable de la chapelle Sassetti présentant une Adoration des bergers, complète le cycle de fresques.

Ce cycle de fresques reprend la composition de la chapelle Brancacci, avec les différentes scènes présentées sur deux étages superposés, délimités par des piliers cannelés, avec une application rigoureuse de la perspective. L’espace, rationnel et civil, montre des détails de la vie quotidienne florentine, mêlés aux scènes sacrées du premier plan. Les personnages contemporains, représentés avec précision dans leur dignité et leur raffinement, sont les protagonistes du récit vivant. Parmi les diverses influences, on peut relever des citations archéologiques, la minutie des détails de l’estampe flamande et la tradition florentine de Giotto. La veine narrative est riche et fructueuse et, bien qu’elle soit presque étrangère au pathétique, elle favorise l’harmonie linéaire, l’utilisation de couleurs vives, l’atmosphère sereine.

Immédiatement après avoir terminé les fresques de la chapelle Sassetti, Ghirlandaio est invité à restaurer les fresques du chœur de Santa Maria Novella, dans la dite chapelle Tornabuoni, du nom du riche client Giovanni Tornabuoni. La chapelle possède déjà des fresques d’Andrea Orcagna et appartient à la famille Ricci, mais celle-ci, aux moyens financiers désormais limités, confie la prestigieuse tâche de restauration à Tornabuoni sous certaines conditions. Les fresques, auxquelles divers assistants ont contribué, sont réalisées sur une période de quatre ans, comme l’exige le contrat, et sont disposées en quatre bandes le long des trois murs, avec des scènes de la Vie de Marie et de saint Jean-Baptiste comme sujet. Ces œuvres, outre leurs mérites artistiques, sont particulièrement intéressantes pour leurs nombreux portraits de valeur historique intrinsèque (pour la connaissance iconographique des personnages), ainsi que pour leur valeur technique (pour la capacité particulière de Ghirlandaio à représenter ses contemporains).

Il y a au moins vingt et un portraits de membres de la famille Tornabuoni et Tornaquinci : dans l’Ange apparaissant à Zaccaria, on retrouve entre autres ceux d’Ange Politien, Marsile Ficin ; dans l’Expulsion de Joachim du temple, Mainardi et Baldovinetti sont représentés (le dernier personnage est peut-être le père de Ghirlandaio). Le récit évangélique apparaît ainsi transposé dans un environnement proche et familier aux commenditaires des fresques, dans lequel le client et son entourage sont glorifiés pour leurs vertus morales et religieuses, avec une certaine ostentation qui est un témoignage de foi et de moralité officielle. Le « popolo grasso » présent parmi les saints rassure ainsi le « popolo minuto », lui indiquant que ceux qui le gouvernent sont pieux et vertueux et en soulignant que le pouvoir de la classe dirigeante n’est pas la résultante du seul pouvoir économique, mais aussi de la grâce divine.

Le retable, maintenant absent de la chapelle, a probablement été achevé après la mort de l’artiste par les frères de Domenico, Davide et Benedetto, peintres qui ne sont toutefois pas à sa hauteur. Le vitrail a été réalisé selon un dessin de Domenico.

Comme dans d’autres œuvres de Ghirlandaio, à partir des Histoires de Santa Fina, l’artiste alterne un double registre, typique de son style : solennel et pompeux pour les scènes de groupe, intime et recueilli pour celles d’intérieurs. Dans l’ensemble, le résultat final est inégal : les scènes inférieures, conçues directement par le maître, plus proches du spectateur, présentent de merveilleux portraits, des compositions équilibrées et des détails magnifiques ; les scènes supérieures, en revanche, sont plus statiques, donnent à voir des mouvements maladroits, une composition sommaire et une disparité dans le rendu des figures, ce qui suggère une intervention massive de l’atelier. Cette discontinuité a influencé négativement les critiques sur leur appréciation de l’œuvre de Ghirlandaio ː certains n’ont pas hésité à le requalifier comme un « portraitiste » important et rien de plus (en supposant une hiérarchie implicite entre les différents peintres selon leur « spécialité ») ; il n’a été de fait revalorisé que dans la seconde moitié du XXe siècle. Les scènes supérieures, avec moins de détails, présentent cependant de plus grandes ouvertures sur des paysages et un registre plus lâche et plus rapide, avec quelques figures juste dessinées, inspirés par le style plus agrégé de la peinture romaine.

En 1490, un agent du duc de Milan Ludovic Sforza se rend à Florence pour sonder l’environnement artistique local à la recherche d’un maître à qui confier la prestigieuse commande du retable de la Chartreuse de Pavie. La commande va à Filippino Lippi, puis, après sa mort prématurée, au Pérugin. L’agent signale également Ghirlandaio qu’il définit comme « Maître sur les planches de bois et encore mieux sur les murs. Ses œuvres ont un bon air. C’est un homme d’expérience à qui on commande de nombreuses œuvres ».

Tandis que Ghirlandaio travaille sur les grands cycles de fresques qui le rendent célèbre, il se consacre simultanément, avec son atelier, à la production de retables. Ce sont des peintures sur panneaux, dans lesquelles l’artiste utilise toujours la technique de la tempera sans s’aventurer dans la nouvelle technique à l’huile, malgré son intérêt pour l’art flamand. Parmi ses œuvres majeures, pour la plupart autographiées, il y a une série de panneaux pour les autels des principales églises florentines : la Conversation Sacrée de Monticelli (1483), la Conversation Sacrée des Ingesuati (1484-1486) et l’ Adoration des Mages (1488). Les portraits et les peintures, comme l’Adoration des Mages Tornabuoni, sont destinés à un usage privé. Le Couronnement de la Vierge de Narni et le Couronnement de la Vierge de Città di Castello sont des œuvres produites par son atelier, puis envoyées à l’extérieur de Florence.

Lorenzio Tornabuoni lui commande en 1491 un retable représentant la Visitation pour une des chapelles de l’église Santa Maria Maddalena dei Pazzi à Florence. Le tableau est aujourd’hui au musée du Louvre à Paris.

En 1492, Domenico peint deux retables pour l’abbaye des camaldules de San Giusto, près de Volterra. Un d’entre eux, un Christ en gloire, est conservé à la pinacothèque communale de Volterra, l’autre est perdu.

Dans sa production sur bois, les compétences de l’artiste se confirment dans son utilisation des couleurs, dans la création de compositions équilibrées et agréables, et dans la restitution analytique des détails. Ce sont des œuvres qui n’échappent pas aux limites des schémas traditionnels, bien que s’étant adaptées aux courants nouveaux.

Vasari, dans sa biographie minutieuse de Ghirlandaio, ne parle guère de son travail sur le bois, louant plutôt ses qualités de mosaïste qu’il a acquises lors de son apprentissage chez Alesso Baldovinetti. Les œuvres du mosaïste Ghirlandaio qui demeurent, se limitent au cas unique de l’Annonciation sur la lunette de la Porte de la Mandorlae du Duomo de Florence, dont l’exécution est cependant attribuée par certains critiques à son frère David.

Il peint vers 1490, Portrait d’un vieillard et d’un jeune garçon (conservé au musée du Louvre), connu pour son illustration réaliste d’un rhinophyma.

Il se retire souvent auprès des membres de sa famille, comme son beau-frère Sebastiano Mainardi et son frère David .

Domenico Ghirlandaio meurt brutalement le 11 janvier 1494, à l’âge de quarante-cinq ans, emporté en cinq jours par la peste, (selon Vasari) contractée alors qu’il préparait des œuvres pour Sienne et Pise. Il est enterré dans l’une des arcades du cimetière de Santa Maria Novella, dans la troisième tombe le long du mur droit de l’église à partir de la façade. Son portrait a été peint sous l’arche.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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