Dimítrios Vikélas, homme d’affaires et écrivain.

Dimítrios Vikélas (grec moderne : Δημήτριος Βικέλας) est un homme d’affaires et un écrivain grec, né le 15 février 1835 (27 février dans le calendrier grégorien) à Ermoúpoli dans l’île de Syros et mort le 7 juillet 1908 (20 juillet dans le calendrier grégorien) à Athènes. Il est le premier président du Comité international olympique (CIO).

Après une enfance passée en Grèce, à Constantinople et à Odessa, il fait fortune à Londres, où il se marie. Il s’installe ensuite à Paris en raison de l’état de santé de son épouse. Ayant abandonné les affaires, il se consacre à la littérature et à l’histoire. Il publie de nombreux romans, nouvelles et essais qui lui valent une réputation certaine. Il fréquente les milieux littéraires et artistiques.

Sa renommée et le fait qu’il habite Paris le font choisir pour représenter la Grèce à un congrès convoqué par Pierre de Coubertin en juin 1894. Ce congrès décide de rétablir les Jeux olympiques et de les organiser à Athènes en 1896, désignant Dimítrios Vikélas pour présider le comité d’organisation. Après les Jeux, il se retire à Athènes où il meurt en 1908.


En 1852, il quitta ses parents afin de travailler pour l’entreprise Melas Bros, appartenant à ses oncles Leon et Vasileios Melas dans la City à Londres comme trésorier puis comme partenaire. Il habitait chez ses oncles, à deux pas du British Museum. Il commença aussi à entretenir une correspondance hebdomadaire avec sa mère. Cette correspondance, conservée, est une des sources les plus importantes pour établir sa biographie. Il tenait aussi un journal où il consignait non seulement les faits de sa vie quotidienne, mais aussi, sur les conseils de son oncle Leon, ses réflexions sur les livres qu’il lisait ou les pièces de théâtre auxquelles il pouvait assister.

Après sa journée de travail dans l’entreprise commerciale de ses oncles, il allait suivre les cours du soir de l’University College (la seule université londonienne qui n’exigeait pas de ses étudiants d’être du rite anglican). Il y obtint une licence en botanique (la seule matière qui offrait des cours du soir). Il apprit l’allemand et l’italien. Il se mit aussi à l’escrime, à l’équitation et à l’aviron. Mais, comme il le signale dans ses Mémoires, les circonstances ne lui permirent pas de continuer à pratiquer. Il était devenu aussi très érudit et commença à publier : un recueil de poèmes en 1862 et de nombreux articles dans des périodiques londoniens, sur la presse  britannique ou sur la culture du coton en Grèce. Lors des événements politiques de 1863 en Grèce, à la suite de la révolution, qui mena à l’éviction d’Othon et à l’élection de Georges Ier, Vikélas s’engagea pour son pays en organisant des collectes de fonds pour soutenir le gouvernement provisoire. Il écrivit aussi des lettres aux principaux journaux de l’époque pour demander que les droits de la Grèce soient respectés. Il se fit définitivement connaître du monde intellectuel britannique après 1866, lorsqu’il contacta auteurs et universitaires pour les sensibiliser à la cause crétoise lors de l’insurrection de 1866-1867 pour laquelle il organisa encore des collectes de fonds.

En 1866 aussi, il épousa Kalliope Geralopoulou, une jeune sœur de Katerini, l’épouse d’un de ses oncles, elle aussi membre d’une riche famille de commerçants grecs de Londres. Il devint alors partenaire dans l’entreprise de ses oncles.

Il se lia aussi d’amitié avec Charílaos Trikoúpis (par la suite premier ministre de Grèce), qui commençait alors sa carrière politique en tant qu’attaché puis Chargé d’Affaires à l’Ambassade de Grèce en Grande-Bretagne où l’ambassadeur n’était autre que Spiridon Trikoupis, père de Charilaos, homme politique et historien. Les deux hommes entretinrent une abondante correspondance.

Il continua à agir en faveur de la Grèce : il publia en 1868, un article statistique d’une trentaine de pages sur le royaume des Hellènes à la suite d’une conférence à la Royal Statistical Society ; il fonda en 1870 une école pour les jeunes Grecs installés en Angleterre. Tout son travail, polémique, politique, journalistique, historique ou littéraire avait un double but : relever le moral et le niveau intellectuel de son pays mais aussi en changer la réputation auprès du reste du monde. Il écrivit à propos de son essai historique de 1874, On the Byzantines, qu’il voulait restaurer la réputation de l’Empire byzantin.

En 1876, à la suite de la crise économique qui avait commencé en 1873, et afin de ne pas perdre les bénéfices de leur travail, Dimítrios Vikélas et ses oncles liquidèrent l’entreprise « Melas Bros / D. Vikélas ». Il se trouva alors à la tête d’une confortable fortune qui lui permit de se consacrer définitivement à la littérature.

Paris, la maladie de son épouse et la littérature[modifier | modifier le code]
En 1874, à la suite du décès de son père, Kalliope commença à souffrir de troubles mentaux et fit un certain nombre de tentatives de suicide. Le couple tenta de voyager pour soulager ses maux. À Paris, à la suite d’une nouvelle crise, les médecins déclarèrent Kalliope Vikelas folle et elle fut internée pendant sept mois et demi à l’asile de Jules Bernard Luys à Ivry-sur-Seine. Fidèle à son habitude, Vikelas enregistra jour par jour l’évolution de la santé mentale de sa femme, pendant les vingt ans qui suivirent.

Dans son journal, dès 1872, Dimítrios Vikélas exprimait la volonté d’aller s’établir à Athènes. En 1877, profitant d’une période de rémission de Kalliope, le couple s’installa dans la capitale grecque. Vikelas commença à se faire construire une résidence au coin des rues Panepistimiou (de l’Université) et Voukourestiou (de Bucarest). Cependant, l’état de santé de son épouse s’aggrava à nouveau et il l’accompagna en France où elle fut à nouveau internée à Ivry sur Seine.

Vikélas entreprit, lors de ses séjours parisiens de traduire Shakespeare en grec : Le Roi Lear, Roméo et Juliette et Othello lors du premier internement de son épouse (1878) ; Macbeth et Hamlet lors du deuxième (1881). Les lectures publiques de ses traductions reçurent un accueil enthousiaste dans les salons littéraires athéniens. Il écrivit aussi alors son œuvre littéraire principale : Loukis Laras5. Le livre parut d’abord à Athènes en feuilleton au début de 1879. La même année, il fut traduit en français et en allemand. La traduction française (qui connut une première réédition en 1880) fut incluse par le Ministre de l’Instruction publique Jules Ferry dans la liste des ouvrages pouvant servir de livres de prix récompensant les bons élèves.

Vikélas passa les quinze années suivantes à Paris, multipliant les contacts avec les milieux intellectuels et littéraires de la capitale française. Ainsi, Juliette Adam lui dédia son anthologie des Poètes grecs contemporains. parue en 1881 et il publiait dans sa Nouvelle Revue. Il y écrivit, ainsi qu’ailleurs, de nombreux articles (sur l’histoire byzantine, la Question d’Orient ou la vie politique grecque), des nouvelles (un recueil en français et grec parut en 1887) et même des guides de voyage.

Dans la controverse linguistique en Grèce, entre Katharévousa et démotique, Vikélas choisit une position médiane, refusant aussi bien les excès des démoticistes que ceux des défenseurs acharnées de la langue savante. Il suggérait d’utiliser le Katharévousa pour les discours parlementaires par exemple, mais la langue populaire pour la poésie.

Entre 1877 et 1892, il voyagea, car au plus fort de ses crises, sa femme ne pouvait supporter sa présence. Il retourna en Grèce, se rendit en Écosse, en Suisse, en Espagne et à Constantinople. En novembre 1889, il faisait partie des invités au mariage du Diadoque Constantin (prince héritier de Grèce) avec Sophie de Prusse. En 1892, il acheta un nouveau terrain à Athènes (angle des rues Kriezotou et Valaoriti) où il se fit construire une nouvelle résidence qui fut aussi sa dernière demeure.

En 1893, il participa au financement de la construction de l’église orthodoxe grecque de Paris.

En mai 1894, il reçut une requête de l’Association Panhellénique de Gymnastique. On lui demandait d’assister au Congrès sur  l’amateurisme organisé le mois suivant par Pierre de Coubertin. Après avoir hésité, il accepta de représenter l’association8. Lors de ce Congrès, il fut décidé de recréer les Jeux olympiques et de les organiser à Athènes. Vikélas fut élu Président du Comité international olympique.

Chargé de l’organisation des Jeux olympiques de 1896, Vikélas retourna en Grèce à l’automne 1894. Il n’y passa qu’une dizaine de jours. En effet, le 14 octobre, il reçut un télégramme du docteur Luys lui annonçant que l’état de son épouse avait empiré. Elle avait des œdèmes sur les cuisses, les mollets et à l’estomac. Elle ne pouvait plus s’alimenter. Il retourna de toute urgence à Paris. Il semblerait qu’elle mourut alors.

En novembre 1894, un certain nombre de jeunes officiers nationalistes, marqués par l’idéologie de la Grande Idée créèrent une société secrète, la Société Nationale (Ethniki Etairia) qui avait pour but de remonter le moral du pays et de préparer la libération des Grecs encore soumis à l’Empire ottoman. En septembre 1895, ils recrutèrent des civils, tous liés à l’organisation des Jeux olympiques, dont Vikélas lui-même, bien qu’il ait déclaré avoir uniquement cédé à la pression amicale, y avoir participé uniquement de façon financière et en avoir démissionné rapidement. Il avait été ici encore attiré par la possibilité de relever son pays.

Après les Jeux, il se retira du comité olympique où il fut remplacé, en tant que membre par le comte Alexandre Mercati, et en tant que président par Coubertin. La défaite lors de la guerre de 1897 contre la Turquie lui porta un coup sévère au moral. Il décida de quitter Paris pour s’installer définitivement à Athènes. Il s’y consacra à l’éducation populaire. Il fonda en 1899 une « Société pour la diffusion des livres utiles » à Athènes afin de relever le pays de sa défaite.

En 1905, il représenta l’Université d’Athènes lors du septième colloque du CIO à Bruxelles. Il était en effet resté un membre actif du comité olympique hellénique.

Il mourut à Athènes « d’une douloureuse maladie »14 en juillet 1908.

Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur le 31 décembre  1891, Docteur honoris causa de l’Université de St Andrews en novembre 1893 (le premier Grec à recevoir cet honneur)4. Il était membre (à partir de 1874 puis Président à partir de 1894) de la Société pour l’Encouragement des Études grecques, en France et de la Society for the Promotion of Hellenic Studies à Londres.

Il fit don de son immense bibliothèque à Héraklion qui fonda la bibliothèque Bikelaia.

Source : Wikipédia.

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