Démosthène, homme d’état.

Démosthène (en grec ancien Δημοσθένης / Dêmosthénês), né à Athènes en 384 av. J.-C., mort à Calaurie en 322 av. J.-C., est un homme d’État athénien. Grand adversaire du roi de Macédoine Philippe II, au travers notamment de ses quatre Philippiques, il est considéré comme l’un des plus grands orateurs de l’Antiquité.

Ses problèmes d’élocution lui valent le surnom de « bègue », défaut qui selon la légende l’a contraint à s’entraîner à parler avec des cailloux dans la bouche. Toutefois, il s’est amélioré, se hissant même dans le classement des 10 meilleurs orateurs grecs selon le Canon alexandrin.


 A l’âge de 20 ans, Démosthène intente une série de procès contre ses anciens tuteurs, avec son premier discours judiciaire, Contre Aphobos, suivi du Contre Onètor. Pourparlers et discussions durent trois années au bout desquelles il gagne enfin sa cause en 363 av. J.-C., mais il ne peut recouvrer qu’une partie de son héritage initial, estimé à 14 talents (une fortune considérable pour l’époque). Il obtient un préjudice de 10 talents,  remportant donc son procès.

Démosthène se lance ensuite dans la carrière de son maître Isée, devenant ainsi logographe. En effet, il se consacre en premier lieu à la rédaction de discours pour des procès privés. Il la mène avec un certain succès puisqu’il a comme clients certains des plus riches Athéniens, comme Phormion, pour lequel il écrit le Pour Phormion. L’affaire porte sur la somme considérable de 20 talents.

À 25 ans, Démosthène fait de nouveau une apparition publique avec deux discours politiques. Les deux, Contre Leptine et Contre les immunités, sont dirigés contre une proposition de loi interdisant d’excepter aucun citoyen des liturgies, sauf les descendants d’Harmodios et d’Aristogiton, les tyrannoctones, assassins du tyran Hipparque.

À partir de 351 av. J.-C., Démosthène s’attaque à un défi d’une toute autre ampleur : il s’efforce de combattre le pouvoir grandissant du roi de Macédoine Philippe II dont le royaume, jusque-là périphérique, est devenu la puissance majeure du monde égéen. Le Macédonien vient d’intervenir en Thrace, menaçant ainsi les clérouquies d’Athènes et ses routes  d’approvisionnement en blé. Les Athéniens sont démoralisés et enclins au défaitisme.

C’est alors que Démosthène prononce sa première Philippique. Il commence par montrer à ses concitoyens que la situation n’est mauvaise qu’en raison de leur inactivité, et qu’inversement un sursaut d’énergie peut renverser les choses. En pratique, il propose d’envoyer un corps expéditionnaire en  Macédoine même. Démosthène s’oppose donc, par son volontarisme, à la politique défensive prônée par l’orateur Euboulos. La majorité du peuple suit ce dernier.

Parallèlement, la cité d’Olynthe, alliée d’Athènes, s’inquiète elle aussi de l’accroissement du pouvoir du Macédonien. Elle a commencé à se  rapprocher d’Athènes et a même signé une paix séparée pendant l’hiver 352/351. En 349, Philippe exige d’Olynthe qu’elle lui remette deux réfugiés politiques macédoniens. Devant le refus de la cité, il envahit la Chalcidique. Olynthe appelle aussitôt Athènes à l’aide.

Démosthène soutient la requête de la cité dans sa première Olynthienne (c’est-à-dire son premier discours, sa première intervention oratoire concernant la cité d’Olynthe), où il pointe de nouveau du doigt l’inaction de ses concitoyens. Il propose un plan double : le premier volet consiste à aider Olynthe en lui envoyant un contingent. Le second propose de frapper de nouveau le royaume du Macédonien. Si les Athéniens concluent bien un traité d’alliance avec Olynthe, ils rechignent à expédier des troupes, effrayés par la perspective d’une guerre avec Philippe. Pour achever d’emporter leur assentiment, Démosthène prononce sa seconde Olynthienne, dans laquelle il entend démontrer la fragilité de la puissance de Philippe : ses alliés se retourneront contre lui, promet-il, au premier échec. Ce second discours n’est suivi d’aucune mesure effective, aussi Démosthène compose-t-il sa troisième Olynthienne, attaquant la loi d’Euboulos : cette loi imposait de transférer les excédents du μερισμός / merismós (sorte de budget de la cité) au fonds des spectacles, le θεωρικόν / theôrikón, alors que depuis  Thémistocle ils étaient affectés aux dépenses militaires de la cité. Les Athéniens refusent d’abroger cette loi, mais votent l’envoi de secours — si faibles qu’ils n’empêchent pas Olynthe de capituler. Qui plus est l’attention des Athéniens est détournée par la révolte d’Eubée, l’un de leur allié. Cette rébellion est poussée par le roi macédonien.

Avant même la chute d’Olynthe, Philippe a proposé la paix à Athènes, sans doute parce qu’il préfère se consacrer à l’expansion vers le sud et l’est. En réponse, l’orateur Philocrate fait voter un décret autorisant le Macédonien à envoyer des hérauts. Démosthène est associé depuis le début aux  entreprises de Philocrate. Il ne s’agit pas d’une volte-face : l’orateur entend profiter de ce répit pour renforcer les défenses d’Athènes. Parallèlement, Athènes approche les cités grecques, en leur proposant un sursaut panhellénique anti-macédonien. Cette initiative connaît l’échec, dans une relative indifférence athénienne. En effet, la cité a désormais le regard tourné vers les protagonistes de la troisième guerre sacrée.

Démosthène conseille à Athènes de ne pas s’allier à Sparte et Agis III (roi de Sparte) qui se soulève contre Antipater (régent de Macédoine en l’absence d’Alexandre). Ce conseil s’appuie sur le constat de la puissance de la flotte macédonienne, renforcée par l’ajout de la flotte phénicienne. Par ailleurs, Alexandre peut construire autant de navires qu’il le veut car il détient de nombreuses ressources de l’empire perse (en cours de conquête) ainsi que du bois de Macédoine. Alexandre redoute une alliance entre Sparte et  Athènes. En effet, la présence athénienne aurait incité d’autres cités à se joindre à eux.

Pour apaiser les tensions, Alexandre libère les prisonniers athéniens du Granique. Et assouvie la vengeance grecque pour les pillages de l’acropole faites par les Perses pendant les guerres médiques, en laissant ses soldats détruire Persépolis.

Démosthène ne souhaite pas que la cité s’engage dans cette alliance, car si Athènes avait été battue en mer, cela aurait été un grand choc pour les  Athéniens.

Eschine a tenté de faire chuter Démosthène en faisant valeur sa non  intervention comme de l’indécision et espérait ainsi obtenir le soutien des pro macédoniens. Or, Démosthène triomphe. Eschine reçoit une amende et une atimie partielle et décide de s’exiler. Démosthène n’encourage pas la cité à retrouver sa puissance d’antan (prudence). Ils leur conseillent d’être opportunistes. Il soutient la politique de reconstruction de Lycurgue. Mais la paix n’est plus synonyme de prospérité, car les Macédoniens dirigent les détroits ce qui entraine des difficultés de ravitaillement en blé pour Athènes. Les Athéniens sentent un déclin pour leur cité et deviennent  majoritairement anti macédoniens. Ce sentiment est renforcé avec le rescrit de Suse (Alexandre demande aux cités de lui vouer un culte divin). Démosthène menace de mener une graphè paranomôn (accusation publique d’illégalité). Au terme, il se rapproche de l’avis de Démade : « à force de vouloir préserver le ciel », « ils perdraient la terre ». Il intente un procès aux oligarques après qu’ils aient recontacté les bannis politiques (entorse au traité de Corinthe) mais il ne conteste pas l’édit d’Alexandre.

Démosthène est accusé d’avoir accordé l’asile à Harpale en échange de 350 talents. Cependant, rien n’est prouvé. Harpale (trésorier) s’enfuit avec le trésor babylonien. En punition, Démosthène reçoit une amende et s’exile. Il est surtout condamné car sa politique ne convient plus aux Athéniens, ce qui permet à Hypéride de s’imposer avec une politique anti macédonienne. A la mort d’Alexandre le Grand, lorsque la guerre lamiaque éclate en 323, Démosthène est rappelée par Athènes et y participe activement. Toutefois, Antipater l’emporte sur Athènes et réclame Démosthène pour punir l’insurrection athénienne.

Pour ne pas se faire capturer par Archias (le confident d’Antipater) et subir une condamnation macédonienne, Démosthène se réfugie dans le temple de Poséidon situé dans l’île de Calaurie (aujourd’hui Poros), le long de la côte de l’Argolide en 322. Après des négociations avec l’assaillant, Démosthène refuse de se rendre, et en prétendant écrire une lettre à sa famille, s’empoisonne en mordillant l’extrémité de son calame, comme il avait l’habitude de le faire en réfléchissant.

Source : Wikipédia.

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