“De la terre à la lune”, selon Jules Verne.

De la Terre à la Lune, trajet direct en 97 heures 20 minutes est un roman d’anticipation de Jules Verne, paru en 1865. Il relate comment, après la fin de la guerre de Sécession, une association d’artilleurs et de scientifiques liés à l’industrie militaire tente d’envoyer sur la Lune un obus habité par trois hommes. De la Terre à la Lune forme la première partie d’un diptyque, qui se clôt avec Autour de la Lune, paru quatre ans plus tard. Plusieurs personnages de ces romans sont remis en scène dans Sans dessus dessous, publié vingt ans plus tard, sans grand succès, puis redécouvert en 1975.

L’œuvre figure parmi les romans les plus connus de Jules Verne. Elle est devenue une référence dans le domaine de la science-fiction, avec de nombreux héritiers comme le roman de H. G. Wells, Les Premiers Hommes dans la Lune, en 1901. Le roman a été adapté de nombreuses fois à l’écran, pour le cinéma et la télévision, et ce dès 1902 avec Georges Méliès et son Voyage dans la Lune.


Après la fin de la guerre de Sécession, le Gun Club de Baltimore, club d’artilleurs, végète par manque d’activité. Son président, Impey Barbicane, propose très sérieusement d’envoyer un boulet de canon sur la Lune. Après plusieurs réunions, le Gun Club s’organise et lance une collecte de fonds en direction de toute la planète. Après avoir récolté l’argent nécessaire, le projet se concrétise sous la forme d’un gigantesque canon d’une conception inspirée des Columbiad américains.

La volonté du club est de mener l’expérience sur le territoire des États-Unis. Après s’être renseigné auprès de l’observatoire de Cambridge (Massachusetts) pour connaître les contraintes physiques (vitesse, date, lieu) favorisant leur projet, les membres du club déterminent les caractéristiques du canon, du projectile et de l’explosif. Ils choisissent également un site près de Tampa en Floride pour y préparer le tir. Un télescope est enfin construit dans les Rocheuses, afin de pouvoir observer au mieux le projectile durant son vol.

Le Gun Club reçoit un télégramme du Français Michel Ardan, qui propose de fabriquer un projectile creux (au lieu du boulet plein prévu) dans lequel il pourrait prendre place afin d’aller sur la Lune. Après avoir vérifié l’existence de ce Français, Barbicane suspend la fabrication du projectile. Arrivé aux États-Unis, Ardan convainc l’opinion publique de la possibilité de son idée. Seul Nicholl, adversaire et rival de Barbicane, s’oppose à ce projet, de la même façon qu’il s’était opposé au projet initial de Barbicane. Ardan résout le conflit en persuadant les deux hommes d’entreprendre avec lui ce voyage vers la Lune.

Le tir est un succès. Sur Terre, après l’enthousiasme arrive l’inquiétude, car il est impossible de suivre le projectile à cause des nuages. Au bout de quelques jours, celui-ci est finalement découvert en orbite autour de la Lune et c’est cette partie qui sera contée dans Autour de la Lune.

Le monde que décrit Jules Verne est ici entièrement masculin. Il se compose d’anciens combattants, d’ingénieurs et de savants. Les premiers ont tous perdu quelque chose dans la guerre, qui un bras, qui une jambe, et paradoxalement ce sont les ingénieurs, Nicholl et Barbicane, ou l’aventurier polymathe Michel Ardan qui se révèlent être des hommes complets, à la fois hommes d’étude et d’action.

Le roman est symbolique d’un nouveau paradigme héroïque : le héros guerrier, cassé comme un vieux jouet, est mis à la retraite et c’est l’explorateur savant qui le remplace, avide non plus de conquêtes mais de connaissances, prêt à sacrifier sa vie non pour son roi, sa religion ou sa nation, mais pour « savoir ». La curiosité est le moteur essentiel du héros vernien. Mus par la même curiosité et la même soif de savoir, les héros s’inscrivent délibérément dans la tradition des grands explorateurs. Barbicane déclare : « Il nous est peut-être réservé d’être les Colombs de ce monde inconnu » (chap. 2) et Michel Ardan renchérit :

« Aussi, dans ma parfaite ignorance des grandes lois qui régissent l’univers, je me borne à répondre : Je ne sais pas si les mondes sont habités, et, comme je ne le sais pas, je vais y voir ! » (chapitre 19).

Le roman de Jules Verne innove par son parti pris scientifique plutôt que moral ou merveilleux, mais n’est pas le premier à relater un voyage sur la lune ou en évoquer la possibilité. Il le reconnaît d’ailleurs volontiers lui-même et c’est à Barbicane qu’il confie le soin de rappeler ses illustres prédécesseurs.

Si celui-ci ne mentionne pas l’Histoire vraie, de Lucien de Samosate (IIe siècle), il cite David Fabricius, l’académicien Jean Baudoin auquel il attribue une traduction du Voyage fait au monde de la Lune par un certain Dominique Gonzalès, aventurier espagnol, en fait la traduction d’une œuvre de Francis Godwin (1562-1633) : The Man in the Moon, or a Discourse of a Voyage thither, by Domingo Gonsales (édition posthume en 1638). Il rend également hommage à Cyrano de Bergerac (1619-1655) et son Voyage dans la Lune & Histoire comique des états et empires du Soleil (éd. posthume 1655), à Fontenelle pour sa Pluralité des Mondes, et à Sir John Herschell, fils de William Herschel pour sa contribution aux progrès de l’observation astronomique. Enfin, il salue au passage le romancier et nouvelliste américain Edgar Allan Poe, dont il cite The Unparalleled Adventures of One Hans Pfaal qui décrit l’exploit extraordinaire d’un aérostier.

Verne semble méconnaître John Wilkins (1614-1672) et son roman The discovery of a world in the Moon qui date de 1638, et Marie-Anne Robert (1705-1771) qui fit publier Voyages de Milord Céton dans les sept planètes, ou Le nouveau Mentor à Paris en 1756 (réédité en 1766).

En revanche, il connaissait l’astronome Camille Flammarion (1842–1925), qui avait publié des ouvrages relevant plus de l’anticipation que de la science6, comme La Pluralité des mondes habités en 1862, et qui participait à la revue Le Cosmos.

Comme dans les autres romans de la série des Voyages extraordinaires, Jules Verne avait pour mission de vulgariser les connaissances scientifiques d’une façon distrayante. En choisissant d’imaginer un voyage vers la Lune, il se donnait les moyens d’instruire ses jeunes lecteurs dans des domaines aussi différents que l’astronomie et l’artillerie. Mais faisant également œuvre d’anticipation, il lui fallait extrapoler à partir de prouesses techniques déjà réalisées et s’appuyer sur des théories dont, faute de formation scientifique, il ne pouvait pas vérifier la vraisemblance. Il pouvait tout de même consulter les travaux de vulgarisation de François Arago sur l’astronomie, du mathématicien Joseph Bertrand (qui publie la même année et chez le même éditeur que Verne Les fondateurs de l’astronomie moderne, ouvrage que l’on retrouve ensuite sur les étagères du capitaine Némo dans Vingt mille lieues sous les mers), ou de son cousin Henri Garcet, professeur agrégé au lycée Henri IV, auteur des Éléments de mécanique et de Leçons

nouvelles de cosmographie. Une des solutions trouvées par Jules Verne pour rester dans la vraisemblance consiste à reproduire fidèlement les caractéristiques des inventions déjà existantes tout en multipliant la taille et les performances des objets qu’il décrit. Cependant, Jules Verne demeure conscient du risque d’erreur et procède avec prudence, soulignant systématiquement le caractère hypothétique de certaines théories, ce qui lui vaudra néanmoins des critiques, notamment de la part de Camille Flammarion.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.