Danielle Casanova, militante communiste et résistante.

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Danielle Casanova, née Vincentella Perini le 9 janvier 1909 à Ajaccio (Corse) et morte le 9 mai 1943 en déportation à Auschwitz, est une militante communiste et résistante française. Elle a été responsable des jeunesses communistes et a fondé l’Union des jeunes filles de France.

Fille d’instituteurs, d’une famille de cinq enfants, Vincentella Perini poursuit ses études secondaires à Ajaccio puis au collège et au Luc (Var) où elle suit la femme de l’un de ses professeurs. Après un bref passage en classe préparatoire, elle s’inscrit à l’école dentaire de Paris et participe à plusieurs associations étudiantes. Elle adhère à l’Union fédérale des étudiants dont elle devient rapidement la responsable de la branche dentaire. En 1928, elle s’engage dans les Jeunesses communistes. Vers 1930, elle rencontre un étudiant en droit, Laurent Casanova, qui milite au sein de cette organisation. Elle le fait adhérer au parti communiste et celle qui se fait alors appeler Danielle Perini devient, par son mariage le 12 décembre 1933, Danielle Casanova.

Danielle devient très vite secrétaire du groupe de la faculté de médecine. Tout en poursuivant ses études, puis en exerçant son métier dans un petit cabinet dentaire du 6e arrondissement parisien6, elle rejoint le Comité central du mouvement de la jeunesse communiste au VIIe congrès en juin 1932, puis est membre de la direction des jeunesses communistes en février 1934, où elle est la seule femme. Elle suivit, en juin 1934, une école du parti pendant un mois et participe, en 1935, au congrès de l’Internationale communiste des jeunes à Moscou. À son retour, elle commence à écrire des articles invitant les femmes et les jeunes filles à s’intéresser à la politique et à s’y investir.

Danielle Casanova, carte maximum, Paris, 8/03/1983.

Face à la très rapide augmentation des effectifs de la jeunesse communiste, le VIIIe congrès réuni à Marseille en 1936 la charge de fonder l’Union des jeunes filles de France (UJFF). Cette organisation, proche de la jeunesse communiste, a vocation à créer un large mouvement de jeunes filles, pacifiste et anti-fasciste. L’UJFF a ses bureaux face à l’Opéra de Paris d’où est édité un bulletin d’informations demandant aux femmes de donner des vêtements et du lait pour enfants qui sera envoyé aux combattants des Brigades internationales en Espagne et organise également des cours de russe. Lorsque la guerre éclate, l’UJFF compte plus de 20 000 membres.

Élue secrétaire générale de l’UJFF lors de son premier congrès en décembre 1936, elle organise dans le cadre de ce mouvement des actions humanitaires vis-à-vis des républicains espagnols à l’issue de la guerre civile. Danielle Casanova jouit d’une grande autorité parmi les jeunes communistes en raison de ses qualités naturelles, de son âge, un peu plus élevé que celui de ses camarades et peut-être de ses bonnes relations avec Maurice Thorez, dont son mari Laurent Casanova est devenu le secrétaire.

Lors de l’interdiction du PCF en septembre 1939, et de toutes les organisations qui lui sont liées, Danielle Casanova passe dans la clandestinité et, comme d’autres membres de l’Union des jeunes filles de France, joue un rôle important pour renouer les liens entre les militants et dirigeants plongés dans la clandestinité et aurait été responsable avec Victor Michaut de la propagande politique dans l’armée. À Paris, les membres de l’UJFF utilisent les black-out de la Drôle de guerre pour apposer sur les murs de Paris des messages sur la liberté d’expression et les droits des travailleurs. Le magazine édité est lui distribué aux étudiantes et lycéennes de la ville et lors de l’Occupation de la France en juin 1940, elle fait disparaître tous les journaux incriminant. Au début, les femmes n’étant pas inquiétées par les patrouilles allemandes qui ne les considèrent pas comme de potentielles menaces, Danielle Casanova organise un distribution d’exemplaires de L’Humanité par les membres de son organisation. Elle organise aussi des manifestations pacifistes pendant lesquelles des femmes vont se servir dans les épiceries – contenant les meilleurs produits – réservées aux Allemands.

Son mari est prisonnier de guerre1. À partir d’octobre 1940, elle participe à la mise en place des Comités féminins en région parisienne et dans la zone occupée. Danielle Casanova maintient ses liens avec les dirigeants des jeunesses communistes et participe à leur implication dans la lutte armée à partir de juillet 1941. Elle influe sur la décision de nommer Albert Ouzoulias responsable des Bataillons de la jeunesse. Elle est arrêtée par la police française le 15 février 1942 alors qu’elle ravitaillait Georges Politzer et sa femme : il faisait froid et elle leur apportait du charbon, elle est accueillie chez eux par les inspecteurs des brigades spéciales qui viennent d’arrêter le couple.

Elle est d’abord conduite au dépôt où elle reste jusqu’au 23 mars 1942 puis emprisonnée à la prison de la Santé où elle est détenue au secret, dans une cellule qu’elle partage avec deux autres prisonnières. Lors de ses mois à la Santé, elle organise un bulletin d’informations journalier transmis de cellules en cellules par les prisonnières à travers les fissures du plancher. Elle y reçoit comme punition une semaine de cachot pour avoir transmis des informations aux prisonniers masculins qui se trouvent dans l’aile de la prison en face de la sienne. Au printemps, elle convainc les autres femmes de casser un carreau de la fenêtre de leur cellule et en profite pour leur crier des informations, des projets et des encouragements. Découverte, elle est privée de nourriture pendant quatre jours. Ensuite, à partir du 24 août 1942, au fort de Romainville. Elle ne cesse jamais de militer, organisant publications et manifestations clandestines au dépôt, puis au fort. Le 24 janvier 1943, elle est déportée à Auschwitz. Le train parti de Compiègne emmène dans ses wagons plombés deux cent trente femmes, dont la majorité sont des résistantes. Il arrive à Auschwitz le 27 janvier. Danielle Casanova y sert dans l’infirmerie du camp en tant que chirurgien-dentiste, le précédent dentiste du camp venant de mourir du typhus et un appel ayant été lancé lors de l’arrivée des femmes au camp. Le fait d’être dentiste du camp lui permet d’échapper à la tonte de ses cheveux, d’être correctement nourrie et habillée et de vivre dans le bâtiment chauffé où se trouve le cabinet dentaire. Ce cabinet sert à soigner les détenues de droit commun qui font régner l’ordre en terrorisant les autres déportées. Elle utilise sa place pour tenter d’obtenir aux déportées qui sont venues par le même train qu’elle des postes de travail moins durs et leur transmet de la nourriture quand elle le peut.

En avril 1943, une forte épidémie de typhus tue de nombreuses déportées. Le médecin-chef du camp obtient que Danielle Casanova soit vaccinée, mais cette vaccination arrive sans doute trop tard : elle tombe malade le 1er mai 1943 et meurt le 9 mai suivant.

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Sources : Wikipédia, YouTube.