Clovis 1er, roi des Francs.

Clovis Ier, en latin Chlodovechus, né vers 466 et mort à Paris le 27 novembre 511, est roi des Francs saliens, puis roi de tous les Francs de 481 à 511.

Issu de la dynastie des Mérovingiens, il est le fils de Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai (en actuelle Belgique), et de la reine Basine de Thuringe. Chef militaire, il accroît considérablement le territoire du petit royaume des Francs saliens dont il hérite à la mort de son père, pour finir par unifier une grande partie des royaumes francs, repousser Alamans et Burgondes et annexer les territoires des Wisigoths dans le sud de la Gaule.

Le règne de Clovis est surtout connu par la description qu’en fit Grégoire de Tours, évêque gallo-romain dont l’Histoire des Francs est riche d’enseignements, mais dont la visée, essentiellement édifiante, s’accompagne d’un manque de précision et de cohérence historique. Les éléments de la vie de Clovis ne sont pas connus de manière certaine et leur « habillage » est le plus souvent suspect. Néanmoins, Clovis est considéré dans l’historiographie comme un des personnages les plus importants de l’histoire de France.

À la mort de son père, en 481 ou 482, Clovis hérite d’un royaume qui correspond à la Belgique seconde (à peu près la région de Tournai en actuelle Belgique), petite province située entre la mer du Nord, l’Escaut et le Cambrésis, soit un territoire allant de Reims jusqu’à Amiens et Boulogne, à l’exception de la région de Soissons, qui est contrôlée par Syagrius.

Clovis prend la tête du royaume franc salien. Le titre de « roi » (en latin rex) n’est pas nouveau : il est notamment dévolu aux chefs de guerre des nations barbares au service de Rome. Ainsi, les Francs, anciens fidèles serviteurs de Rome, n’en demeurent pas moins des Germains, des barbares païens, bien éloignés par leur mode de vie des Gaulois romanisés par près de cinq siècles de domination et d’influence romaine.

Clovis, carte maximum, Reims, 5/11/1966.

Clovis n’est alors âgé que de quinze ans et rien ne prédispose ce petit chef barbare parmi tant d’autres à supplanter ses rivaux. Les historiens ont longtemps débattu sur la nature de la prise du pouvoir par Clovis. Au XVIIIe siècle, ils s’affrontent sur l’interprétation d’une lettre de l’évêque Remi de Reims. Montesquieu, dans l’Esprit des lois, penche pour une conquête du royaume par les armes, alors que l’abbé Dubos prône la dévolution, par l’Empire romain finissant, de la Belgique seconde à la famille mérovingienne37. Aujourd’hui, cette dernière thèse l’emporte.

À la lumière des événements postérieurs, sa réussite militaire doit évidemment à ses qualités personnelles de chef (« astutissimus »), mais au moins autant à l’acquisition depuis longtemps par les siens de l’expérience romaine de la guerre — la discipline exigée de ses soldats lors de l’épisode de Soissons en témoigne, tout comme la tombe de son père Childéric — et à sa conversion au christianisme et, à travers celle-ci, son alliance avec les élites gallo-romaines.

Ainsi, le règne de Clovis s’inscrit-il plutôt dans la continuité de l’Antiquité tardive que dans le Haut Moyen Âge pour de nombreux historiens. Il contribue cependant à forger le caractère original de cette dernière période en donnant naissance à une première dynastie de rois chrétiens et, en raison de son acceptation par les élites gallo-romaines, en créant un pouvoir original en Gaule.

En 491, Clovis déclare la guerre aux Thuringiens, dont une hypothèse veut que le royaume s’apparente en fait à celui du roi des Francs saliens Cararic, qui aurait eu pour capitale la cité de Tongres et dont le contour est mal défini mais s’étend probablement dans la région de Trèves ou sur les bouches du Rhin. Cararic s’étant joint à Clovis dans la guerre contre Syagrius, celui-ci est donc son allié. Mais il aurait attendu le déroulement de la bataille pour intervenir auprès du vainqueur, chose que n’apprécie pas Clovis qui finit par le soumettre et le fait tondre avec son fils pour les faire entrer dans les ordres, respectivement en tant que prêtre et diacre. Après avoir eu connaissance de menaces de mort le concernant, Clovis les fait finalement assassiner et s’empare du royaume.

Une seconde hypothèse veut que cette guerre soit simplement la réponse à la menace qu’exercent les Thuringiens sur les royaumes francs. Avant 475, le roi des Wisigoths Euric s’est allié à ce peuple, juste après avoir défait les Francs saliens, dont les pirates attaquent la côte occidentale de la Gaule.

Basine, la mère de Clovis, étant thuringienne, une explication à cette expédition guerrière accrédite l’idée que Clovis tente de récupérer le territoire dont sa mère était originaire. Cette expédition n’entame pas pour autant la souveraineté de la Thuringe vu qu’il faut attendre le règne de ses fils, Thierry Ier et Clotaire Ier, pour qu’elle soit intégralement soumise, rattachée en partie au royaume des Francs et en partie aux territoires saxons.

L’évêque de Reims, le futur saint Remi, cherche alors probablement la protection d’une autorité forte pour son peuple, et écrit à Clovis dès son avènement. Les contacts sont nombreux entre le roi et l’évêque, ce dernier incitant d’abord Clovis à protéger les chrétiens présents sur son territoire. Grâce à son charisme et peut-être en raison de l’autorité dont lui-même jouit, Remi sait se faire respecter de Clovis et lui sert même de conseiller.

À la suite d’ambassades répétées auprès du roi Gondebaud, Clovis choisit de prendre pour épouse Clotilde, une princesse chrétienne de haut lignage, fille du roi des Burgondes Chilpéric II et de la reine Carétène (ce peuple voisin des Francs était établi dans les actuels Dauphiné et Savoie).

Le mariage qui a lieu à Soissons en 492 ou en 493 concrétise le pacte de non-agression avec les rois burgondes. En choisissant une descendante du roi Athanaric de la dynastie des Balthes, Clovis se marie avec une épouse de premier rang qui lui assure un mariage hypergamique, lui permettant de hisser les Francs au rang de grande puissance.

Dès lors, selon Grégoire de Tours, Clotilde fait tout pour convaincre son époux de se convertir au christianisme. Mais Clovis est réticent : il doute de l’existence d’un dieu unique ; la mort en bas âge de son premier fils baptisé, Ingomer, ne fait d’ailleurs qu’accentuer cette méfiance. D’autre part, en acceptant de se convertir, il craint de perdre le soutien de son peuple, encore païen : comme la plupart des Germains, ceux-ci considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au combat. S’ils se convertissent, les Germains deviennent plutôt ariens, le rejet du dogme de la Trinité favorisant en quelque sorte le maintien du roi élu de Dieu et chef de l’Église.

Néanmoins, Clovis a plus que tout besoin du soutien du clergé gallo-romain, car ce dernier représente la population gauloise. Les évêques, à qui échoit le premier rôle dans les cités depuis que se sont effacées les autorités civiles, demeurent les réels maîtres des cadres du pouvoir antique en Gaule. C’est-à-dire également des zones où se concentrait encore la richesse. Cependant, même l’Église a du mal à maintenir sa cohérence : évêques exilés ou non remplacés en territoires wisigoths, successions pontificales difficiles à Rome, mésentente entre pro-wisigoths ariens et pro-francs (Remi de Reims, Geneviève de Paris…), etc.

Clovis meurt à Paris le 27 novembre 511, âgé de 45 ans. On présume qu’il est décédé d’une affection aiguë au bout de 3 semaines. Selon la tradition, il aurait été inhumé dans la basilique des Saints-Apôtres (saint Pierre et saint Paul), future église Sainte-Geneviève, qu’il avait fait construire sur le tombeau même de la sainte tutélaire de la cité, à l’emplacement de l’actuelle rue Clovis (rue qui sépare l’église Saint-Étienne-du-Mont du lycée Henri-IV).

Clovis fut inhumé, comme l’écrit Grégoire de Tours, dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres situé sous l’actuelle rue Clovis, c’est-à-dire dans un mausolée construit exprès à la manière de la sépulture qui avait accueilli l’empereur romain chrétien Constantin le Grand aux Saints-Apôtres à Constantinople, en annexe, sans doute greffé sur le chevet du monument. Les sarcophages royaux furent probablement posés sur le sol et non enfouis, selon l’usage qui s’imposa dès la génération des fils de Clovis. Malgré le souhait de Clovis, la basilique ne servit pas de mausolée à la dynastie mérovingienne. On ignore ce qu’il advint des tombes du couple royal ainsi que celles de leur fille Clotilde, et leurs petits fils Thibaud et Gonthier, assassinés à la mort de Clodomir. Comme l’illustre l’exemple des tombes princières de la cathédrale de Cologne, il est possible que les sarcophages aient été enfouis dans le sous-sol au moment où un agrandissement nécessitait son arasement ; si ces travaux n’eurent pas lieu avant la seconde moitié du IXe siècle, il est possible que les tombeaux aient été pillés ou détruits à l’occasion des invasions normandes (845, 850 et 885).

L’église ne fut pas détruite ; on se contenta à chaque fois de quelques réparations. Les châsses des saints furent évacuées en lieu sûr, puis replacées après les attaques. Si l’on est informé du sort des reliques, on ignore en revanche ce qu’est devenu le tombeau de Clovis durant ces attaques normandes.

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https://www.youtube.com/watch?v=356sUghcSZg

Sources : Wikipédia, YouTube.