Charles IV (empereur du Saint-Empire).

Charles IV (en allemand : Karl IV, en tchèque : Karel IV., né le 14 mai 1316 à Křivoklát (Bohême) et mort le 29 novembre 1378 à Prague), de la maison de Luxembourg, est roi de Bohême de 1346 à sa mort, puis également empereur des Romains de 1355 à sa mort, en 1378.

Il est le fils de Jean l’Aveugle, roi de Bohême et comte de Luxembourg, et d’Élisabeth de Bohême, héritière par son père Venceslas II de la couronne de Bohême.


En 1331, aux côtés de son père et âgé d’à peine quinze ans, il participe à sa première bataille en Italie. De fait, entre 1331 et 1333, date de son retour à Prague, il est régent des seigneuries appartenant à la maison de Luxembourg en Italie.

Charles IV, carte maximum, Tchécoslovaquie.

Dès 1333, à dix-huit ans, outre le margraviat de Moravie qui lui est nominalement attribué en tant qu’héritier de la couronne de Bohême, il est, de fait, le régent du royaume, en raison des absences fréquentes de son père, parfois surnommé le « chevalier-errant ».

Charles est élu roi des Romains (rex romanorum) le 11 juillet 1346 par cinq princes-électeurs avec l’appui de Clément VI (ce qui lui vaut le surnom de rex clericorum) contre Louis IV et couronné à Bonn le 26 novembre 1346. Louis s’était fait beaucoup d’ennemis parmi la haute noblesse allemande, bien qu’il disposât de l’appui des villes franches et des ordres de chevaliers (en particulier des Chevaliers teutoniques). Charles n’est d’abord considéré que comme un anti-roi, la réalité du pouvoir restant au prince Louis le Bavarois de la Maison de Wittelsbach. Une guerre civile menace l’Empire, que seule la mort soudaine de Louis IV, en 1347, d’un infarctus lors d’une chasse au sanglier, permet d’éviter ; au terme d’une année de combats ponctuée de multiples intrigues entre ducs et évêques (dont l’élection d’un nouvel anti-roi à la mort de Louis le Bavarois), Charles parvient à contraindre le parti des Wittelsbach à lui remettre la couronne des rois Ottoniens.

Entre-temps, à la suite du décès de Jean l’Aveugle à la bataille de Crécy, le 26 août 1346, Charles est couronné roi de Bohême le 2 septembre 1347. Il devient également comte de Luxembourg, et ce jusqu’en 1353, quand il laisse le comté à son demi-frère cadet, Venceslas Ier de Luxembourg. C’est à cette époque qu’il écrit une autobiographie en latin1, la première autobiographie d’un souverain d’importance dans l’histoire  occidentale depuis l’empereur Auguste.

Charles IV, entier postal, Tchéquie.

La suite est une formalité issue des limbes féodales du Saint-Empire : il est élu, après avoir éliminé l’opposition menée par son compétiteur Gunther de Schwarzbourg, le 17 juin 1349, roi de Germanie, et couronné le 25 juillet de la même année ; mais le second couronnement à Aix-la-Chapelle (donc cette fois dans la ville héraldique légitime), qui se déroule après un délai convenu entre les parties, a lieu sans que les joyaux aient été remis. En février 1350, Charles doit négocier de nouveau avec l’électeur palatin Robert ; la paix de Bautzen du 14 février 1350 lui permet de conclure favorablement l’affaire, et les reliques sont restituées au nouvel empereur le 4 avril de la même année.

Un mois plus tôt, Charles a dépêché à Munich des émissaires qui, le 12 mars 1350, se sont fait remettre le trésor sacré et les regalia, comme cela est consigné dans un acte dressé pour l’occasion. Charles fait porter la couronne et les autres emblèmes sans retard à Prague. Il parade avec au dimanche des Rameaux, le 21 mars 1350, sur le Hradschin, pour les exhiber au peuple. Peu après, il les expédie à Nuremberg, où il tient une Diète d’Empire le 4 avril. Là encore, il se produit devant la population en procession. À chacun des bans d’Empire, Charles continue ainsi de faire montre de son pouvoir.

En 1353, l’official du défunt archevêque de Brandebourg, Dietrich Kagelwit, rejoint sa cour : c’est un conseiller avisé qui redresse les finances du royaume de Bohême. Son ambassade auprès du pape aboutit au couronnement de Charles de Bohême en tant que roi des Romains le 6 janvier 1355, puis empereur romain germanique le 5 avril (jour de Pâques) de la même année, à Rome en l’archibasilique Saint-Jean de Latran par le cardinal d’Ostie.

Le 4 juin 1365, comme son prédécesseur Frédéric Barberousse, Charles relève un titre impérial désuet qui en dit plus sur ses intentions historico-impériales que sur son pouvoir réel en Provence : il se fait couronner roi d’Arles en la cathédrale Saint-Trophime d’Arles.

Charles IV sut tirer parti d’une querelle entre les héritiers de Louis l’aîné, mort en 1361 : contre la reconnaissance de la succession, il se fit promettre par Louis le romain et Othon que la marche de Brandebourg reviendrait à son propre fils Venceslas s’ils n’avaient pas d’enfant ; or Louis mourut sans enfant en 1365, et lorsqu’en 1371 son frère Othon, qui venait d’épouser une fille de Charles IV, entreprit de transmettre le Brandebourg à sa propre famille, l’empereur Charles lui déclara la guerre ; mais dès 1373, Othon accepta, par le traité de Fürstenwalde, de céder la marche de Brandebourg moyennant la somme de 500 000 florins d’or.

Un an à peine après son couronnement impérial, c’est à Metz que Charles IV promulgue la Bulle d’or qui codifie les élections impériales, et qui est restée en vigueur jusqu’à la dissolution du Saint-Empire romain germanique en 1806.

Le milieu du XIVe siècle marque la fin d’une longue période de conflits incertains entre les dynasties allemandes des Luxembourg, Wittelsbach et Habsbourg, conflits attisés par les papes, enclins à diviser pour mieux régner. Le summum de cette ingérence avait été atteint en 1343, quand le pape Clément VI invita les princes-électeurs à se réunir pour remplacer l’empereur Louis IV encore vivant. Qu’un roi des Romains soit élu du vivant de l’empereur est un fait exceptionnel qui témoigne d’une grave crise de pouvoir.

Les princes-électeurs se réunissent le 11 juillet 1346 et élisent Charles de Luxembourg, certes petit-fils de l’empereur Henri VII et héritier du trône de Bohême, mais en attendant, guère plus que margrave de Moravie, une province mineure de l’Empire, même pas allemande. On comprend le surnom de rex clericorum, roi des ecclésiastiques, dont Charles IV hérite de cette première élection.

On comprend mieux, ainsi, cette bizarre deuxième réélection au titre de roi des Romains, en 1349, pour définitivement asseoir sa légitimité. On saisit aussi la décision fondamentale d’organiser institutionnellement l’élection royale : l’empereur convoque la Diète d’Empire qui s’ouvre à Nuremberg le 25 novembre 1355 pour mettre de l’ordre dans les institutions et corriger les plus graves de leurs défauts ; de ce programme, une partie seulement est réalisée. Les travaux reprirent à Metz, le jour de Noël 1355. À la suite de cela, la Bulle impériale est édictée le 10 janvier 1356.

Charles IV, entier postal, Tchéquie.

Ce code impérial (Kaiserliches Rechtsbuch), appelé communément à partir du xve siècle « Bulle d’or », règle minutieusement la désignation du souverain et le statut des princes constituant le corps électoral.

Autrefois étendu à l’ensemble des princes allemands, réduits à dix princes-électeurs dès 1125, le droit de vote est limité aux sept princes qui, dans les faits, l’avaient accaparé depuis le milieu du XIIIe siècle.

Ce collège électoral comprend trois ecclésiastiques : l’archevêque de Cologne, l’archevêque de Mayence et l’archevêque de Trèves ; et quatre laïcs : le roi de Bohême (maison de Luxembourg), le comte palatin du Rhin (maison de Wittelsbach), le margrave de Brandebourg (maison de Wittelsbach) et le duc de Saxe (maison de Wittenberg).

Afin d’éviter à l’avenir confusions et disputes, les électorats sont déclarés indivisibles : ils sont transmis par primogéniture en ligne directe et, en cas de minorité, l’oncle le plus âgé du prince voterait à sa place jusqu’à ce qu’il eût dix-huit ans. Si le lignage s’éteignait, l’empereur serait libre d’en désigner un autre à sa guise, sauf en Bohême, où le droit d’élire un nouveau monarque appartient à la diète des États de Bohême.

Trouver des prétextes légaux à la désignation d’un anti-roi n’est plus possible et l’ingérence étrangère en général et papale en particulier est réduite à néant.

Selon les normes électorales fixées par la Bulle d’or, le roi est élu à la majorité des voix du collège électoral, et non plus à l’unanimité afin d’éviter les élections doubles et rivales, sources de guerres civiles.

Le candidat élu par les princes-électeurs garde le titre carolingien de « roi des Romains » et devient in imperatorem promovendus soit « devant être promu empereur ».

La bulle reste silencieuse quant à la confirmation par le pape. La dignité impériale étant octroyée par les sept princes-électeurs, ce n’est plus le couronnement (par le pape) qui fait l’empereur, mais l’élection. La puissance impériale se sécularise.

Aix-la-Chapelle est le lieu exclusif du couronnement, alors qu’avant, pour se voir confirmer dans son titre impérial, l’empereur devait se rendre à Rome et se faire couronner par le pape en personne ou son représentant. Le pape est dépourvu de la possibilité de refuser de couronner un candidat qui n’aurait pas l’heur de lui plaire. Charles IV qui avait été traité non sans raisons de « roi des prêtres » choisit de régler les problèmes de l’approbation et la confirmation revendiquées par le pape en ne les posant pas. La Bulle passe également sous silence le vicariat auquel le Saint-Siège pouvait prétendre pendant la vacance du pouvoir impérial.

Le rôle des princes-électeurs est également élargi : la Bulle d’or en fait des conseillers qui, une fois au moins par an, délibèrent avec l’empereur des affaires du royaume.

Charles IV assure définitivement l’indépendance du Saint-Empire, en fixant, par la Bulle d’or, les règles qui, tout en réduisant les risques de double élection, privent également le pape de toute capacité d’arbitrage entre les élus, donc de choix entre les candidats. Cette situation engendrée par la sécularisation du Saint-Empire ne peut convenir au Saint-Siège et le pape Innocent VI la rejette.

Bulle d’or mise à part, Charles IV montre une grande complaisance envers l’Église, établit en faveur du Saint-Siège des impôts onéreux, affranchit le clergé de toute autorité temporelle et s’attire par là de grandes difficultés. C’est contre cet aspect « clérical » de sa politique que les villes libres de l’Empire formèrent la ligue de Souabe.

En 1347, Charles IV, prince allemand par son père et tchèque par sa mère, tente une œuvre œcuménique au cœur de l’Europe, à la frontière entre les mondes slave orthodoxe et germain catholique, en fondant le cloître d’Emmaüs. Bien que catholique et dépendant de l’ordre de Saint-Benoît, le monastère des emmaüsiens s’est longtemps distingué pour célébrer la liturgie en vieux slave et avoir été un centre important de diffusion et d’éducation du vieux slave et de l’alphabet glagolitique.

Source : Wikipédia.

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