Charles Delestraint, héros de la résistance, premier chef de l’armée secrète.

Charles Delestraint (surnommé Vidal) né le 12 mars 1879 à Biache-Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais et mort le 19 avril 1945 à Dachau en Allemagne est un général français, héros de la Résistance, premier chef de l’Armée secrète.

Après des études secondaires, chez les Pères maristes, à Lille, Charles Delestraint, fils de comptable, entre à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1897, promotion de Bourbaki (1897-1899). Nommé sous-lieutenant des chasseurs à pied, il est admis à l’École de Guerre en mars 1914. Le capitaine Delestraint s’illustre en août 1914 dans une mission spéciale près de Haybes, en Belgique où il permet la liaison des IVe Armée et Ve Armée. Il est fait prisonnier le 30 août 1914 lors de l’attaque de Chesnois-Auboncourt et ne sera libéré qu’en novembre 1918.

Régulièrement promu de 1918 à 1936 jusqu’au grade de colonel, il commande la 3e brigade de chars au Quartier Lizé à Metz et compte le lieutenant-colonel, puis colonel, Charles de Gaulle parmi ses subordonnés, qui commande le 507e régiment de chars de combat. Les deux hommes ont hérité du général Jean-Baptiste Eugène Estienne la même vision novatrice de l’utilisation des blindés dans la stratégie moderne. Le 23 décembre 1936, Charles Delestraint est élevé au grade de général de brigade de chars à Metz.

Général Delestraint, carte maximum, Biache-St-Vaast, 16/10/1971.

Le général Delestraint, placé dans le cadre de réserve depuis mars 1939 pour cause de limite d’âge, est rappelé dans le cadre d’active le 1er septembre 1939 lors de la mobilisation générale de septembre 1939. Il commande les chars de combat de la VIIe Armée puis, à compter du 2 juin 1940, le Groupement Cuirassé, avec lequel il couvre le repli de deux armées et réduit la poche d’Abbeville.

Général Delestraint, essais de couleurs.

Tout au long de la retraite, après avoir mené des combats jusqu’à Valençay, le général Delestraint refuse la défaite et l’armistice et entre dès juillet 1940 en résistance en manifestant ses convictions. Il fait ses adieux à ses soldats au camp de Caylus, en Tarn-et-Garonne et se replie à Bourg-en-Bresse où il est mis au cadre de réserve. En août 1942, après avis d’Henri Frenay, et sur proposition de Jean Moulin, le Général de Gaulle le choisit pour organiser et commander l’Armée secrète qui doit regrouper différents mouvements de la Résistance en zone Sud : Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur. Delestraint accepte les ordres de son ancien subordonné, prend le pseudonyme de « Vidal » et travaille en coordination avec Jean Moulin pour élargir la structure à la zone Nord. Il avait comme secrétaire pendant cette période François-Yves Guillin, comme chef du 2e bureau de son état-major Joseph Gastaldo dont l’adjoint est André Lassagne. Malgré les pièges tendus, Vidal organisera, structurera et commandera l’Armée secrète jusqu’à son arrestation.

Général Delestraint, épreuve d’artiste.

Le général est arrêté par un agent de l’Abwehr de Dijon au métro La Muette (16e arrondissement de Paris), le 9 juin 1943, douze jours avant l’arrestation de Jean Moulin, alors qu’il a rendez-vous avec plusieurs responsables dont René Hardy et Joseph Gastaldo. Le général Delestraint fut arrêté par Moog et Multon, le 9 juin. Or, les mêmes Moog et Multon avaient arrêté René Hardy dans le train de Paris dans la nuit du 7 au 8. Il est avéré que René Hardy n’était pas au courant du rendez-vous de Delestraint que Jean Multon avait appris en relevant une boîte aux lettres d’Henri Aubry.

Après plus de 50 heures d’interrogatoire ininterrompu, le général Delestraint est placé en détention à la maison d’arrêt de Fresnes en juillet 1943 puis déporté, en application du décret Nacht und Nebel, au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace.

Il est transféré au camp de Dachau en septembre 1944. Vers la mi-avril 45, le curé Lavigne répare la culotte décousue du général Delestraint emprisonné avec l’évêque de Clermont-Ferrand Mgr Gabriel Piguet. Les trois hommes discutent, puis le général donne à Élie Lavigne une glace, un tricot, un peigne et surtout un morceau de papier hygiénique faisant office de lettre. Ce message demande à Edmond Michelet de prendre la suite de la direction de la résistance à Dachau.

Il aurait été abattu, sur ordre, d’une balle dans la nuque le 19 avril 1945 quelques jours avant l’arrivée des Alliés. Cependant selon le récit en 1946 d’un témoin oculaire, M. Penchenat, déporté à Dachau qui en sa qualité de chiropracteur était affecté à l’infirmerie, le général était « mort dans ses bras » des suites d’une dysenterie et autres mauvais traitements. Son corps est incinéré au crématoire du camp.

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Sources : Wikipédia, YouTube.